1: Bienvenue au P'Aradis~pioon! ❤️
Je cours.
Le ciel au dessus de moi est rouge sang, des nuages violets s'y déplaçant en accéléré.
Je cours, essoufflé.
Le sol est recouvert d'herbe haute arrivant à mi-cuisse, elle ondule férocement comme les vagues de la mer un jour de tempête alors qu'aucun vent ne soufflait.
Je cours, ressentant un puissant sentiment d'urgence.
À l'horizon, la coline semble inatteignable, toujours coiffée de ces dolmens où brille une lumière scintillante.
Je cours, tendant la main vers elle quand soudain...
Je tombais lourdement sur le sol de ma chambre, en sueur, comme si je venais réellement de me taper un marathon.
Grognant, je me redressai, le corps endolori par ma petite chute.
La lumière entrait à flot par la fenêtre de ma chambre.
Pas de coline, pas de ciel rouge et pas ces satanés nuages violets.
C'était un rêve. Juste un rêve.
"Un rêve que je fais un peu trop souvent, ces derniers temps." Pensais-je en me relevant, faisant craquer mes cervicales, étirant mes bras.
Mon téléphone sur ma table de chevet vibra en recevant un appel et je le saisis en étouffant un bâillement.
-Allô? Marmonnais-je en décrochant.
-MAIS TU VAS TE LEVER, OUI? Explosa la voix de mon meilleur ami, Thomas, à l'autre bout du fil, m'obligeant à écarter l'appareil de mon oreille. J'Y CROIS PAS, LE MEC, IL RONFLE ALORS QUE C'EST SON ANNIVERSAIRE, QUOI ! OH, DEBOUT FRANGIN! ALLEZ, ALLEZ, ALLEZ!
Je regardais l'heure sur l'écran: 9h17. Un samedi. Il était tout, sauf tard. Thomas continuait de monologuer de son côté, plus enthousiaste que fâché, à présent.
-... et on fera ça, et puis ça, et puis il faut absolument qu'on aille voir ce film et puis blablabla blabla blalabla...
Je m'appelle Jack Streamer.
J'habite seul avec ma mère, j'ai de bonnes notes en classe et je suis plutôt du genre passe-partout: yeux noisettes, cheveux brun-blond, une taille standard. Bref, je suis un garçon sans histoire qui va vivre une vie sans histoire et ça me convenait très bien.
Aujourd'hui, c'est le jour de mon dix-septième anniversaire et mon meilleur ami de toujours était fermement motivé à rendre ce jour "suprabuleux", comme il aime dire.
-... et on ira dans un club échangiste juste après, tu vas voir, ça va être... Suprabuleux !
-Euh... Je t'ai perdu quand tu as dis pingouin. Le coupais-je, dérouté.
-Je n'ai jamais dis "pingouin".
-Zut.
-Bref, je suis déjà en bas de chez toi, come on babe!
Je m'approchais de la fenêtre et regardais vers la rue où je vis effectivement Thomas me faire signe en agitant le bras comme un dingue auquel je répondis par un salut de la main.
-J'arrive! M'exclamais-je en riant.
La journée fut excellente. Suprabuleuse, même. On alla dans notre magasin de jeux préférés, au resto, l'après-midi à la fête foraine de la ville.
Mon rêve m'étais totalement sortit de la tête. Nous hurlions comme des gamins dans le circuit du grand huit et nous éclations de rire dans la maison fantôme. Thomas s'est même perdu dans le labyrinthe aux miroirs, se cognant la tête partout.
On ressorti de là complètement vanné mais heureux et encore plein d'adrénaline.
Le soleil descendait à l'horizon, teintant le ciel de belles couleurs orangées.
-Cette journée est passée en un clin d'œil. Dis-je déçu qu'elle se termine bientôt.
-Ouais, mais c'était d'enfer, avoue. S'esclaffa Thomas en croisant les mains derrière la tête, un large sourire sur le visage.
Il était grand, brun aux cheveux légèrement bouclé et toujours un air malicieux. La blague facile, c'était lui qui me faisait rire le plus. Lui aussi avoir dix-sept ans, depuis peu.
-Allez, je t'invite quelque part. Fit-il en faisant rebondir son porte-monnaie dans la paume de sa main. Ton repas d'anniversaire. Tu veux manger où?
-Baladons nous, on trouvera bien. Répondis-je, amusé. De préférence, pas chez le kebab de l'autre fois.
-J'étais malade comme pas possible... Geignis mon ami en faisant mine de se tenir le ventre avec une grimace.
-Fallait surtout pas en manger cinq!
On déambulait dans les rues de la ville, le soir tombant. On parlait de tout, de rien, je riais à ces plaisanteries douteuses. On s'interrogeait de la dissertation de philosophie qu'on devait rendre pour la semaine quand je m'arrêtai, surpris.
-Regarde moi ce gros pépère. Indiquais-je à Thomas qui s'arrêta à mes côtés, perplexe. Il est énorme.
-C'est pas gentil de se moquer des SDF. Rétorqua mon ami sans comprendre.
-Mais non, pas lui. Lui! Fis-je en pointant du doigt l'objet de ma curiosité.
Thomas suivit mon indication et vit ce qui m'avait interpellé: un papillon. Mis pas n'importe quel papillon ! Celui-ci était vraiment gros, l'envergure de ses ailes ayant la taille de ma main! Ses couleurs étaient chatoyantes, allant du violet foncé à un somptueux dégradé de rose. Un liseré jaune vif faisait le contour de ses ailes inférieures.
Il était perché sur une palissade, comme totalement sorti du décor.
-Ce n'est pas commun, comme insecte, ça. Soufflais-je en m'approchant. Il est magnifique. Ce n'est pourtant pas la saison.
Je tendis le doigt vers lui et, à ma grande surprise, il ouvrit ses ailes, voletant mollement vers moi et s'y posa.
-Genre tu l'apprivoises! S'exclama Thomas en le regardant de plus près. Mais c'est vrai qu'il est sacrément beau.
Le papillon déroula sa trompe en spirale et caressa mon doigt avant de rouvrir ses grandes ailes et s'envoler vers le ciel tandis que Thomas imitait le bruit d'un avion qui décolle pour l'accompagner.
-Le Boeing Butterfly vient de décoller, merci d'attendre le prochain vol!
-T'es bête. Rigolais-je.
-En japonais, on dit "baka". Ricana t-il. Ça signifie "idiot".
-Tu parles japonais, toi? Depuis quand?
-Depuis l'ère des mangas et des animés ! Tu ferais mieux de t'y habituer.
Le soir commençait à tomber et les réverbères s'allumèrent. Un petit vent frais nous fit frissonner.
Les gens autour de nous se faisaient plus clairsemés. Nous étions juste à côté du centre-ville.
-Trouvons un endroit où on sera au chaud. Dis-je en regardant autour de moi.
-Ouais.
On marchait dans les rues, la fraîcheur du sol devenant de plus en plus mordante. Une sorte d'appréhension étrange me tordait le ventre.
Alors qu'on passait devant une palissade et des grillages d'un entrepôt abandonné, Thomas se tourna vers moi.
-Demi-tour, copain, c'est un cul-de-sac. Dit-il en haussant les épaules. C'est crade en plus. Retournons au centre ville. On ne trouvera rien ici.
-Attend une seconde... Marmonnais-je.
Une sensation bizarre me caressait la peau, différemment du souffle froid du vent.
-Quoi? Demanda mon ami, perplexe. Tu veux dire bonjour aux déchets plastiques qui traînent ?
Il n'avait pas tort. De vieux papiers journaux ou des sacs poubelles vides voletaient au gré des rafales. Le lieux n'était en rien accueillant. Mon impression étrange avait disparu.
-Je ne sais pas. Dis-je en me reprenant. Allons-y.
On fit quelques pas en nous éloignant quand soudain, mon estomac se tordit à nouveau, me donnant la nausée.
Une rafale glacée jaillit sur ma droite, sortant d'une ruelle étroite, me décoiffant au passage.
J'aurais juré... J'aurais juré qu'elle n'était pas là avant qu'on entre dans ce cul-de-sac !
-Ça va? Me demanda Thomas en me jetant un coup d'œil. T'es tout pâle. Oh! S'exclama t-il en regardant l'étroite ouverture entre les murs des bâtiments. Je n'avais pas vu ce passage avant.
Je l'entendais comme en sourdine. Une lumière rouge et bleue clignotait dans une flaque d'eau de la petite cours entourée de murs de briques.
Des papiers volants s'engouffraient dedans comme s'ils m'invitaient à les suivre.
Je m'avançais dans la courte ruelle, débouchant sur une devanture de bar-restaurant un peu glauque, une enseigne néon grésillant rouge et bleue qui se reflétait partout.
"Le P'Aradis"
Thomas arriva par derrière moi, sifflant.
-Wow. Fit-il. On dirait que c'est tiré tout droit d'un jeu d'horreur en réalité virtuelle. Y a des zombies?
-Des zombies, je ne sais pas. Marmonnais-je. Mais j'ai une curieuse sensation...
-Oh non. Soupira mon ami. Toi et tes intuitions chelou, vous m'avez fait vivre un paquet de trucs. Tu te rappelles qu'on a découvert un bunker secret derrière un rayon de la bibliothèque, où était enfermé le cadavre de feu Adolf Hitler ?
-Euh... Non.
-Ouais, nan, moi non plus.
Je m'avançais sur les petites marches qui menaient à la porte.
-Attends, tu veux quand même pas rentrer là dedans! S'indigna Thomas derrière moi. C'est tout beurk, ici.
-C'est mon anniversaire. Lui rappelais-je avec un sourire crispé. On est ici, autant rentrer!
-Un vrai malade, ce type.
En vérité, la tension que j'avais dans mon ventre me poussait vraiment, vraiment !, à entrer. Je ne savais pas pourquoi. Je ne savais pas comment. J'avais conscience que cette situation n'était pas normale...
Mais il fallait que j'ouvre cette porte!
Ma main se posa sur la poignée.
-Jack, viens on s'en va. Se plaignit mon ami. Je te prendrai un super menu dans le fast-food le plus proche. Jack? Deux super menus?
J'actionnais la poignée, le cœur battant à la chamade.
-Trois super menus?
Je le sentais, il y avait là quelque chose de dingue!
J'ouvris la porte en grand.
-BIENVENUE AU P'ARADIS~pioon! ❤️ S'exclama joyeusement une voix féminine et chaleureuse. Une table pour deux?
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