-La fleur sous la pluie-

📖📖📖📖📖📖📖📖📖📖📖📖📖

-Si tu aimes la nature, la nature t'aimera en retour, ma puce.

La voix douce de Camélia Greenworld fit relever la tête de sa fillette à côté d'elle.

-Oui maman. Sourit Rosalie, s'essuyant le front, ses petites mains maculées de terreau. Regarde, j'ai réussi à planter les Mémaniums!

-Géraniums, chérie. La reprit patiemment sa mère, amusée et attendrie.

Le soleil brillait dans le ciel d'un bleu étincelant.

La mère et la fille, assises à genoux devant le massif de terre meuble, travaillaient depuis le début de la chaude matinée​.
Ce printemps s'annonçait prometteur, pour les fleurs et la couleur de leurs pétales ravissantes.

Un vent tiède et doux passa dans les cheveux brun chocolat de Camélia, la faisant soupirer de bien être et sourire, regardant sa petite Rosalie s'amuser en plantant de magnifiques hortensias.

Cette journée était parfaite, pleine de fleurs, de soleil et de tendresse...

Mais soudain, la fillette de six ans tourna brusquement la tête, la main devant la bouche, et toussa violement.

-Rosalie! S'inquiéta Camélia.

-Ma-Maman... Gémit​ Rosalie, retirant sa main tachée d'écarlate. Ça recommence...

-Ne t'inquiète pas, ma puce. Fit la mère en l'enlaçant, la berçant tout contre elle. Ça va aller...

-Ça fait mal, maman...

-Chutttttt... Tout va bien... Ça va passer, comme la dernière fois.

Camélia ne comprenait pas...
Déjà ? Le sort n'agissait déjà plus?
Les quintes de toux de sa fille se rapprochaient à chaque fois d'avantage, devenant toujours plus violentes.
Une nouvelle fois, elle se concentra et se promis de soulager son enfant.

Dans le dos de la fillette, les main de la mère s'illuminent d'une douce lumière verte, semblable à de la vapeur scintillante émeraude et dorée.

Sous elles, le sol verdit subitement, laissant sortir du terreau de jeunes pousses végétales qui grandirent, devenant des tiges aux bourgeons chatoyants.
Ceux ci s'ouvrirent, éclosant en jeune fleurs magnifiques.

Un arôme apaisant flotta dans l'air, comme une brume légère et entêtante.

Camélia commença à chanter, sa fille malade dans les bras.

-Doux parfum, éloigne le mal... Les fleurs sont mon bouclier...
Douce senteur, apporte la vie...
Et pénètre dans mon cœur...
Flagrance...

Le Psaume eu l'effet escompté.
La petite Rosalie cessa de gémir et de tousser.
Elle retrouva même des couleurs sur son visage tout pâle.

-J'aime bien quand tu chantes, maman... Dit-elle en s'écartant un peu. J'ai plus mal après.

Camélia sourit mais s'inquiéta d'avantage.
La tuberculose de sa fille empirait...
Et elle et son mari n'avaient pas les moyens de payer un bon docteur pour la soigner, n'ayant pas d'assurance maladie.

La Prieuse des Fleurs pouvait tout juste retarder ses symptômes, mais pas soigner son enfant...

Innocente, ne sachant rien de tout cela, Rosalie se détacha de sa mère et se retourna pour planter d'autres bulbes et rigola.

-Regarde maman, les fleurs sont arrivées ! Ça pousse drôlement vite, les fleurs!

-C'est parce que je les aimes. Dit la mère, regardant sa fille avec une tendresse fragile. Et toi, tu les aimes?

-Oh oui!

-Alors n'oublie pas, si tu aimes la nature... Commença Camélia en caressant la joue de Rosalie du pouce.

-La nature m'aimera en retour. Termina la fillette, heureuse, avec un grand sourire.

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-La nature m'aimera en retour... Dit mornement Rosalie, accoudée à la fenêtre de sa chambre.

Dehors, le tonnerre grondait et la pluie fouettait les carreaux à en faire trembler les fenêtres.

La jeune adolescente de treize ans tourna la tête vers un cadre photo, sur sa table de chevet, à côté d'un vase contenant une fleur de camélia, ouverte.

La femme sur la photo souriait, enlaçant devant elle une fillette qui rigolait.
Elle était belle, avec ses cheveux bruns et ses yeux verts, tendre comme les jeunes feuilles au printemps. Et même le tablier maculé de boue et de saletés ne parvenait pas à altéré l'éclat de sa mère.

Plus Rosalie grandissait, plus elle lui ressemblait.

-Oh maman... Soupira t-elle en effleurant la photo. C'est pas juste que tu sois parti si tôt...

Elle s'en souvenait.
Et elle détestait ce souvenir...

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C'était il y a maintenant cinq années, à un moment sombre de son enfance.

Elle avait toujours été une fillette fragile, malade.

Mais un soir, alors qu'elle était au plus mal, allongée dans son lit, pâle comme la mort, même respirer lui était devenu douloureux.

Sa gorge irritée la brûlait et tousser son propre sang lui volait les maigres réserves d'énergies qui lui restaient.

Le docteur releva la tête vers les parents au chevet de leur fille et fit un discret signe négatif, l'air peiné.

-Monsieur et Madame Greenworld... Commença le médecin. L'état de votre fille est...

-Docteur Maxwell. Fit le père de Rosalie, relevant son visage baigné de larmes de ses mains jointes. Vous pourrez la guérir, n'est-ce pas ? N'est-ce pas, docteur?

Croisant le regard de Camélia, le médecin baissa la tête, abattu.

-Monsieur Greenworld... Dit-il, peiné. La tuberculose de Rosalie est tellement avancée... Ces poumons sont abîmés à un extrême que je n'ai jamais vu... C'est un miracle qu'elle ai survécu aussi longtemps. Elle qui est si petite et si fragile...

Assise à côté de sa fille souffrante, Camélia ne disait rien, se contentant de caresser les cheveux mouillés de sueur de son enfant, lui souriant.

Ses lèvres tremblaient.
Une larme perla au coin de sa paupière et roula sur sa joue, solitaire.

La petite Rosalie la regarda.

-Maman. Fit-elle avant de tousser faiblement. Ça va? Tu pleures... Faut pas que tu sois triste, ça va aller...

Camélia serra les lèvres, fermant les yeux, refreinant l'envie d'éclater en sanglots.
C'était bien sa fille, ça... C'était elle qui allait mal mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour les autres.
Une enfant si gentille...

Écartant brièvement la larme de son visage, Camélia sourit et repassa sa main dans les cheveux de sa fille.

-Non... Dit-elle d'une voix douce, quoi qu'un peu tremblante. Tout va bien, ma puce.

-Pourquoi il pleure aussi, Papa? Demanda Rosalie d'une voix extenuée mais en fronçant les sourcils, perplexe.

Camélia tourna légèrement la tête vers son mari, en larme, le médecin lui parlant à voix basse, la main sur sa solide épaule et sourit à sa fille.

-Tu sais, ma puce, on peut aussi pleurer de joie. Dit-elle d'un ton réconfortant. Papa est contant parce que le docteur a trouvé un moyen que tu ailles mieux.

L'entendant, celui-ci releva la tête, surpris.

-Madame Greenworld... Commença t-il, attristé.

-Et tu verras, tu seras vite à nouveau sur pied. Repris Camélia, coupant le médecin, caressant toujours les cheveux de sa fille. Demain, il fait beau, tu sais... Continua t-elle d'une voix douce. Tu pourras aller dans le jardin et planter les belles graines qu'on a acheté hier, tu te souviens ?

La petite Rosalie regardait sa mère sans comprendre.
Pourquoi parlait elle de jolies choses alors que des larmes roulaient sans discontinuer sur ses joues?
Pourquoi ses lèvres tremblaient autant et pourquoi sa voix menaçait de se briser comme du verre trop fragile?

Camélia se força à sourire à travers ses larmes.

-Tu te souviens de comment on fait pour planter les graines, ma puce? Demanda t-elle.

La fillette paru réfléchir un instant.

-Tu me montreras encore, maman? Dit-elle, un peu penaude. Demain, tu me remontre?

La mère passa une main sur la joue pâle de sa fille et la regarda bien dans les yeux.
Ceux de Rosalie étaient aussi vert que les siens, mais la maladie les avaient rendu ternes et presque vitreux, trop grand pour son visage humide d'un filet de sueur.
Mais les yeux de Camélia avaient prit une expression déterminer et pleine de tendresse.

-Je serais toujours là pour toi, ma puce. Dit-elle en l'embrassant sur le front.

Elle se leva et inspira profondément.
Sa fille était tout pour elle.
Rosalie, son enfant, sa fleur, son bonheur, sa joie, son espoir...

-Jean. Dit-elle à son mari, venant près de lui. J'ai trouvé une solution pour Rosy...

L'homme releva la tête, son regard brun plein d'espoir à travers les larmes qui coulaient.

-Ma chérie... Fit-il, tremblant, heureux. Qu'est ce que tu dis? Tu... Tu peux faire quelque chose pour notre fille?

-Hum hum... Interrompit le médecin. Je suis désolé, Madame Greenworld. En tant que médecin professionnel, je ne...

-...Connait pas tout. Termina la mère d'un ton implacable.

-Camélia. Insista t-il encore. Au vue de l'état de votre fille, je suis au regret qu'elle ne verra pas dem-...

-Fermez la, docteur ! S'emporta Jean Greenworld, se levant brusquement, empoignant le col de la blouse blanche de l'intervenant. Ma Rosy ne mourra pas ce soir! Elle...

Camélia posa sa main sur le bras de son époux, le faisant lâcher le médecin en douceur.

-Jean... Dit-elle d'une voix tendre, se mettant face à lui et mettant ses mains en coupe sur ses joues rugueuses. Je vais sauver Rosalie. Je ferai tout pour notre fille...

-Moi aussi, ma chérie, mais... Mais comment ? Balbutia Jean, ne comprenant plus rien.

-Sache juste que je t'aime. Murmura Camélia avant de l'embrasser.

Ce fut un long baisé.
Le monde se rétrecissait autour d'eux tandis que des larmes salées se mêlaient à leurs lèvres.

-Camélia... Fit Jean, dérouté, se reculant légèrement.

Sa femme se retourna, essuyant ses yeux.

-Docteur Maxwell, emmenez mon mari au salon, s'il vous plaît. Demanda t-elle, de dos, d'une voix qui se voulait assurée. Je vous remercie de vos services.

-Madame Greenworld...

-Camélia...

Dans son lit, la petite Rosalie fut prise d'une quinte de toux, gémissant, des gouttes écarlates souillant les draps blancs.

-Dépêchez-vous​. Ordonna Camélia. S'il vous plaît.

Sans comprendre, le docteur Maxwell recula vers la porte, vite suivit par Jean.

-Camélia, ma chérie. Dit-il à sa femme d'un ton doux. Je t'aime plus que tout au monde. Je serai juste de l'autre côté, si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle moi. Je ferai n'importe quoi pour t'aider à sauver notre petite fille... Rosalie...

Il referma la porte.

Camélia se retrouva seule dans chambre, avec sa fille allongée sur son lit.
Elle la regarda.
Son enfant respirait à peine, du sang au bord des lèvres, les yeux fermés et les cheveux collés contre son crâne.

Si fragile...

Elle s'assit sur le bord du lit et caressa une dernière fois le visage de sa fille.

-Tu es telle une fleur, Rosalie Camélia Greenworld. Dit-elle avec tendresse. Tu deviendras belle et vigoureuse. Garde en toi cet esprit pur et reste toujours fidèle à toi même. Je t'aimerai toujours, toi, ma fille.

À ce moment, derrière la porte de la chambre, Jean et le docteur Maxwell virent un intense lumière verte filtrer de partout.
Autour de la porte, sous le linteau, par de micro fissures!
De l'extérieur, jaillissant de la fenêtre, la lumière émeraude éclaira la nuit comme un phare!

Le temps sembla ralentir et, comme en silence, Jean se précipita vers la chambre, ouvrant la porte à la volée, criant le nom de sa femme.

Rosalie rouvrit les yeux, des couleurs revenant sur ses joues, respirant avec beaucoup plus de facilité.

Camélia, étendue sur le sol, eu un ultime dernier sourire.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

-Hé! Hurla la voix graillarde de son oncle à l'étage inférieur. Descends, mes amis sont arrivés! Prépare la table!

Il éclata d'un rire de morse, rotant au beau milieu et Rosalie l'entendit ouvrir la porte de la maison.

Voilà maintenant quatre ans que son père était mort, lui aussi.
Quatre ans qu'elle vivait chez son oncle.
Quatre années en enfer.

Rosalie reposa le cadre photo et se regarda dans le miroir de sa commode.
Il fallait qu'elle remette du fond de teint sur ce bleu, qu'elle avait sur son épaule dénudée.
Et aussi masquer la marque violacée qui barrait sa cuisse.
Une marque ressemblant étrangement à... Des doigts humain.

Vêtue beaucoup trop légèrement, en nuisette noire beaucoup trop décolletée, pieds nus, elle descendit les escaliers vers le salon.
Rosalie ne choisissait pas ses habits.
Son oncle le faisait pour elle.

-Ah te voilà, ma belle salope! Ricanna ce dernier en la voyant arriver, lui envoyant sa main claquer ses fesses. Soit une gentille fille et occupe toi de mes amis.

Les yeux baissés, Rosalie se dirigea vers la cuisine, prête à prendre assiettes, couverts et plats pour préparer la table du salon.

Ils étaient sept.
Sept dans la petite pièce remplie d'immondices.
Une odeur rance flottait dans l'air, lourde et oppressante.

Rosalie n'avait que treize ans, pourtant, elle la reconnaissait.
L'odeur du tabac froid, du cuir, du graillon et... Du sexe.

En la voyant dans cette tenue légère, les amis de son oncle la sifflèrent, rigolant grassement.

-Eh ben ma mignonne, on fait la femme de ménage ?
-Viens par là, ma jolie.
-Qu'est-ce qu'elle est bonne, putain!
-C'est qu'une gamine...
-On s'en branle. Eh Charles! Elle peut venir, ta mioche? J'ai envie de m'amuser...

L'oncle Charles arriva, souriant de ses grosses dents jaunes, et détailla sa nièce et son ami avant d'éclater d'un nouveau rire gras.

-Clément, voyons! Dit-il d'un ton hilard en s'enfonçant dans un fauteuil près de la télé allumée passant en boucle des chaînes sportives que personnes ne regardait. C'est ma nièce ! Montre lui le respect qui lui est dû !

Ledit Clément le regarda, perplexe et Rosalie, dans la cuisine, releva la tête, n'osant en croire ses oreilles.
Mais l'oncle Charles reprit, avec un air sadique.

-Et le respect qui lui est dû, elle le mérite pas, cette pute! S'exclama t-il, décapsulant une canette de bière, la donnant à son pote. Elle est belle, hein, ma nièce ! Toute douce, toute jolie, hahaha!

-Elle est bonne, oui. Dit un gars qui ne lachait pas la jeune adolescente du regard, sa main  descendant de plus en plus vers son entrejambe. Eh, gamine! Appela t-il. Viens voir là...

Sous les rires et les réflexions ignobles des autres, Rosalie, les yeux baissés, arriva dans le salon, dans sa nuisette noire, laissant dans la cuisine les plats de la table.

-Hummm... Un régal pour les yeux, ta nièce, Charles... Susurra le même homme qu'avant, une lueur perfide et lubrique dans ses yeux bleus, un air pervert sur le visage.

Il se lécha la lèvre, la regardant s'approcher.

-Alors comme ça, tu es une bonne fille? Murmura t-il en caressant la joue de la jeune fille.

Rosalie hésita.
Elle connaissait son texte mais elle savait aussi ce qui allait se passer si elle jouait le jeu.
Elle regarda son oncle Charles, suppliante.

-Allez salope. Ricanna celui-ci. Je t'ai ordonné de t'occuper de mes amis, tu te souviens ? Je t'ai accepté chez moi, dans MA maison, après que mon imbécile de frère n'est le toupet de crever sans me laisser le moindre héritage ! Alors, c'est toi mon héritage, maintenant, ma poule! Je fais ce que je veux de toi, tu m'appartient, espèce de belle pétasse ! ET QUAND JE DIS QUE TU T'OCCUPES DE MES AMIS, TU O-BÉ-IS!

Le coup de ceinture partit tout seul.
La jeune fille se retrouva au sol, la main plaquée sur le visage où un filet de sang commençait à couler.
Les autres hommes rirent en la voyant tomber.

-Allez, ma chérie. Continua l'homme au yeux bleus, la tirant par le bras pour la relever durement. Dis ton joli petit texte. Et baisse les yeux !

Le regard inexpressif de Rosalie se retrouva rivé sur le sol.
Et, comme un automate, elle récita son texte.

Mieux valait ne pas mettre son oncle et ses amis en colère.
Elle avait déjà essayer, les premières fois.
Mauvaise idée.
Les coups de ceinture, elle s'y était habitué.
Mais les chaînes et les liens de cuir, le scotch et les baillons...
Plus jamais...
Surtout ne pas attiser la face cachée de l'homme aux yeux bleus.
Lui savait être particulièrement inventif.

-J'ai trop chaud, ma chérie. Dit ce dernier d'une voix lourde de sens. Enlève moi ma veste.

Sous les railleries des autres hommes qui s'étaient rapprochés, Rosalie obéit.
Surtout, ne pas les énerver.

-Le t-shirt, ma chérie...

Son oncle la regardait, son regard lubrique poser sur elle, se touchant allègrement dans son pantalon.
Surtout, ne pas les énerver.

-Le pantalon, ma chérie...

Les mains tremblantes, Rosalie défit la ceinture et les boutons de la braguette.
L'homme aux yeux bleus était surexcité et ça se voyait.

-Touche, ma chérie... Ordonna t-il, la voix rauque de désir, tandis qu'autour d'eux, les autres regardaient, gloussant et se touchant, parfois même entre eux.

Cette fois ci, Rosalie réagit.
Retirant sa main, elle se recula un maximum, secouant la tête.

-Non. Dit-elle d'une voix terne.

-Pardon, ma chérie, je n'ai pas du bien comprendre. Sourit l'homme aux yeux bleus.

-Non! Redit-elle d'une voix forte, se levant. Ça, je ne veux pas.

-Eh, Charles ! Ta pute est réfractaire à la discipline ! S'exclama l'homme aux yeux bleus avec un grand sourire. Je vais devoir la punir... Tu permets?

-Ouais ouais, vas-y. Dit l'oncle de Rosalie, un air horrible sur son visage gras. J'ai envie de voir ça !

-Je vais pouvoir m'amuser... Susura l'autre.

Et c'est là que Rosalie la revoyait. La lueure rougeâtre de la folie dans les yeux bleus de cet homme.
Comme un four brûlant que l'on ouvre brièvement.

Quand cette lueure apparaissait, elle savait ce qui allait se passer.

L'homme l'attrapa par le bras, la collant de force contre son corps presque nu, ces mains palpant la chaire tendre de ses fesses, passant sur sa poitrine à peine développée.

-Non! Cria Rosalie, voulant reculer.

-Ta gueule, salope! S'exclama son tortionnaire, lui envoyant une baffe phénoménale dans la figure, la sonnant presque, sous les rires des autres.

Mais Rosalie était plus forte que ça.
Elle ne voulait pas de toute ces immondices.
Elle tenta de se débattre.

-Non! Non, je ne veux pas! NON!

-MAIS TU VAS LA FERMER? Hurla l'autre en la ceinturant. Eh, Clément! Aide moi à soumettre cette petite chienne!

-NON! S'égosillait la jeune adolescente, terrifiée. LAISSEZ MOI! NON!

Le cercle d'hommes se referma, elle sentait la moiteur de leurs peaux, la chaleur de leurs désirs obscurs, elle voyait leurs sexes gonflés tandis que leurs yeux pétillaient cruellement.

Des mains se saisirent d'elle, la plaquant au sol, durement, sa tête cognant le carrelage.
Elle eu beau hurler, se débattre, ils la tenaient avec beaucoup trop de force!

Alors son oncle s'approcha, lui crachant au visage et tout sourire, lui montra les chaînes et les liens de cuir.

Une terreur glacée traversa Rosalie.

-Non... Souffla t-elle. Oncle Charles... Je t'en supplie...

-Tenez la bien. Rigola t-il, totalement nu. Chacun son tour.

-Reste sage, ma chérie. Dit l'homme aux yeux bleus d'une voix suave. Après, c'est mon tour. Et... Tu ne pourras pas t'assoire pendant une semaine... Reste tranquille, ma puce.

Ma puce.

Rosalie ouvrit soudain les yeux.

Ma puce.

C'était sa mère qui l'appelait comme ça.
Un surnom doux, plein de tendresse et d'amour.

-Tu es telle une fleur, Rosalie Camélia Greenworld.

Le souvenir de la voix de sa mère refit surface dans le brouillard de terreur de son esprit.

-Tu deviendras belle et vigoureuse. Garde en toi cet esprit pur et reste toujours fidèle à toi même.

-Allons, reste tranquille, pétasse. Ricannait l'oncle Charles tandis qu'il s'appliquait à entraver les poignets de sa nièce. Je vais te démonter comme la sale chienne que tu es!

-Je t'aimerai toujours, toi, ma fille.

Les yeux verts de Rosalie se mirent à scintiller, comme luisant de l'intérieur.
Un calme serein l'apaisa soudain.
Une douce odeur de terre, de lilas et de fleurs s'éleva du sol, repoussant les odeurs fétides du petit salon.

Ce fut comme si sa mère venait de lui caresser le visage.

Soudain, ses lèvres bougèrent et quand elle parla, ce fut sa voix mélangée à celle d'une autre femme qui résonna dans la pièce.
Personnes n'entendit ce qu'elle disait.
Mais au bout d'un moment, l'oncle Charles arrêta ses gestes, soudain alerte.
Les rires et les grognements se stoppèrent et tous eurent le temps d'entendre les dernières paroles de Rosalie.

-... et que les treize tiges de l'agonie transpercent les vingt-six épines de douleur.
Au nom de la Loi des Cinquante-deux Chrysanthèmes, je libère l'arôme du parfum de la Mort.
Roshadès.

Ils n'eurent pas le temps de crier.
Seuls quelques glapissements étranglés se finirent dans un gargouillis étrange.

Jaillissant du sol, brisant le carrelage du salon, d'épaisses tiges souples cinglaient l'air, hérissées d'épines tranchantes.
Telles des fouets, ces vignes mortelles s'enroulèrent autour des hommes, lacérant leurs peaux nues, faisant gicler le sang.

Les soulevant du sol, les vrilles végétales se resseraient de plus en plus autour de leurs cous, suspendue dans l'air.
Le précieux liquide écarlate giclait ça et là, quand des épines s'enfonçaient trop loin dans la chaire.

Quelque chose d'étrange se passait avec ces tiges.
Elles semblaient... Semblaient... Absorber le sang!

Et dans un dernier final, à l'unisson, des fleurs écarlates se mirent à éclore sur les tiges épineuses.

Rosalie revint à elle, étourdie, sur le sol du salon.
Elle vit le spectacle des roses de sang.

Un silence absolu régnait dans le salon, seulement entre-coupé du "plic plic plic" que faisait le sang en tombant dans les flaques, tombant non pas des hommes morts qui pendaient mollement, mais des fleurs elles-mêmes.

Alors, ce fût plus fort qu'elle.
Rosalie éclata de rire.

Debout, éclaboussée du sang de son oncle et de ses amis, la jeune adolescente riait à gorge déployée.

Sans cesser de glousser, elle sortit de la maison, sa nuisette noire déchirée et poisseuse de sperme et de sang.

Dehors, il faisait nuit.
Il pleuvait.

Rosalie s'en fichait.
Celà faisait quatre années qu'elle n'avait pas ressenti l'air de dehors sur son visage.

Pieds nus, sous l'averse, elle s'avança sur le chemin boueux, toujours en rigolant, hystérique.

Une chose était sûre.
Rosalie Camélia Greenworld avait laissée une partie d'elle dans cette maison.
Mais elle avait gagné autre chose.

Alors qu'elle s'éloignait de la bâtisse, les fleurs de sang continuaient de grandir, détruisant les murs et éclatant les fenêtres, comme voulant enterrer le passé.

Rosalie releva la tête vers le ciel orageux, un large sourire sur le visage.

-Ce monde... Ce monde est souillé... Susurra t-elle, reprenant la voix de l'homme aux yeux bleus. Il est temps de le nettoyer...

Ses yeux s'illuminèrent.
Un, vert vif.
L'autre, rouge sang.




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Salut les gens!

Voilà un petit chapitre pour me remettre d'aplomb, vu que ça fait longtemps que je n'ai plus écrit !
J'espère que je n'aurai pas fais trop de fautes, sinon n'hésitez pas à me les désigner !

Je suis tout rouillé mais j'ai pris pas mal de temps et de... (Je peux dire plaisir quand le chapitre est aussi sombre?).

Bref, voilà un passage du passé de Rosalie Greenworld.
J'espère que vous comprenez mieux ce personnage à présent.

Dites moi ce que vous en pensez dans les commentaires !

On ne doit plus être très nombreux à me lire, mais ce n'est pas grave.
Mettez une jolie étoile, commentez et partagez, ça fait super plaisir !

À plus les coupins et vive les bouteilles d'eaux !
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