CHAPITRE 2 : Olive


Ignorant ce qui se passait en elle, troublée par ses sentiments, délaissée par la vie et portée par un autre esprit, Olive se retrouvait à errer là, dehors en quête de victimes afin d'assouvir sa soif de sang. Elle marchait en cette nuit noire balbutiant sans arrêt des inepties sans cohérence, le corps frissonnant. Jusque-là seule dans cette rue déserte, Olive se retrouva face à un groupe d'hommes. Celle-ci les traversa dans un premier temps avant de se faire interpeler par ces derniers.

_ Hé sœurette ! Vient là un instant, cria l'un des hommes.

Olive fit mouche de n'avoir pas entendu et continua sa marche, puis se fit stopper quelques instants après par son interlocuteur accompagné de ses camarades. Il mit un couteau au niveau de sa gorge puis prit la parole.

_ Que fais-tu dehors à cette heure sœurette ? Je t'avais bien mise en garde que je te tuerais si je t'attrapais à nouveau...

Elle dégagea la main de celui qui s'autoproclamait son frère, cette action révolta les camarades de ce dernier qui se jetèrent sur elle, équipés tous d'armes blanches. Tandis qu'ils se ruaient sur elle, sous leur incompréhension et à une vitesse ahurissante Olive se déplaça derrière les cinq hommes transperçant au passage la poitrine de deux d'entre eux. Témoins de cette scène absurde et de cette énorme quantité de sang qui jaillissait les trois restants qui jusque-là faisait preuve de sang-froid prirent craintes.

_ Bordel quelle est cette femme ? Dit l'un des hommes tétanisés par la peur. Observant les cheveux ébouriffés de leur assaillant qui retombaient sur son visage et à travers lesquels on apercevait un regard vide et sombre, l'autre s'écria.

_ C'est un démon !

Les trois hommes trouvèrent courage et prirent la fuite mais, Olive ou du moins la chose qui était en elle ne semblait plus vouloir les laisser partir. Complétement lent dans leur fuite, elle ne tarda pas à les rattraper décapitant l'un après l'autre à l'aide de ses mains la tête de deux autres. Fonçant sur le dernier afin d'en finir, Olive se vit repousser par une onde de choc.

_ Soit heureux jeune homme, car malgré ta vie de débauche et contrairement à tes camarades, Dieu n'a pas décidé que ce soit ta fin aujourd'hui, dit un homme faisant son entrée. Moi, à ta place je reprendrais ma vie à zéro mais, après tout chacun fait ce qu'il veut non ? Allez du balai !

Le dernier survivant du groupe s'enfuyait sans regarder le derrière, traumatisé et n'étant pas près d'oublier cette nuit hors norme.

_ Ça fait longtemps que je te cherche, tu as toujours réussi à me filer entre les doigts aujourd'hui on en...

Olive interrompit son adversaire en sautant sur lui et provoquant une énorme onde de choc. À sa grande surprise, ce dernier s'était déjà rapidement déplacé derrière elle et se retrouvait collé à son dos.

_ J'espère que tu comprends que même si tu possèdes le corps d'une femme je ne peux pas jouer les petits bras, tu restes un démon après tout non ? Déclara-t-il

L'homme se retourna et frappa Olive d'un violent coup ce qui la repoussa, puis il enchaîna en l'envoyant valser d'une puissante onde de choc qu'il provoqua via sa paume de main. Elle se releva très rapidement et tout en fonçant sur lui, elle perça le sol et envoya une vague de débris sur son adversaire ce qui provoqua une explosion.

Sûr d'avoir remporté le combat, Olive afficha un sourire en coin. Une fois la fumée dissipée, elle ne tarda pas à être choquée lorsqu'elle vit son opposant sans égratignure. Elle détourna rapidement son regard de ce dernier qui dégageait une énergie de couleur dorée qui brillait intensément. En un battement de cil, il s'était déjà déplacé devant elle, déposant deux doigts au milieu de sa poitrine puis dit :

_ Soit délivrée, soit libérée et soit purifiée, amen.

L'énergie qu'il dégageait se fit absorber par le corps d'Olive et cette dernière s'écroula entre les bras de l'homme.

_ Mission accomplie, dit-il. Espérons qu'elle sera facile à convaincre.

******

Cette sensation d'être à nouveau seule dans son corps, d'être libérée de ses chaînes et d'être dans la lumière, Olive ne l'avait plus ressentie depuis fort longtemps. À nouveau adossée à un hêtre, cette dernière était de retour dans son paradis, ce lieu au paysage magnifique qui partait en cendres, aujourd'hui retrouvait sa splendeur, éblouissant à nouveau les yeux de notre héroïne. Sous son regard encore ébahi par toute cette beauté, Olive vit une plume autant plus blanche que la neige se poser devant elle.

De retour dans le monde réel, Olive se réveilla en sursaut échappant à ce rêve où elle se croyait morte. Ses yeux à moitié fermés l'empêchant de voir, elle frotta longuement ces derniers qui s'ouvrirent aussitôt et se rendit compte qu'elle était allongée sur une nappe au sol.

Surprise de cet inconfort total, elle comprit rapidement qu'elle n'était pas chez elle, et se mit à balayer du regard le lieu dans lequel elle se trouvait or, la pièce était vide. Il n'y avait qu'un crucifix accroché sur l'unique porte qui s'ouvrit aussitôt.

Un homme aux courts cheveux blonds fit alors son entrée.

_ Enfin réveillée chère demoiselle, j'en avais presque marre d'attendre, dit-il.

Olive était captivée par ses magnifiques yeux bleus gris qu'elle resta figée sans rien dire.

_ Tu veux ma photo ? Lui demanda-t-il ayant remarqué qu'elle le regardait avec attention.

Redescendu sur terre, Olive se mit sur ses gardes puis s'écria.

_ Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?

_ À ta place, je chercherai à savoir pourquoi je suis ici. J'ai fait à manger, je suppose que tu as faim allez ! Viens, répliqua l'homme avant de retraverser la porte.

Olive ne se souvenait de rien, elle avait en tête qu'elle était rentré à la maison juste après sa balade, avant de s'être directement réveillée ici. Ce manque crucial d'information la rendait complètement perdue lui provoquant un mal de tête. Son ventre gargouilla également ce qui lui fit rapidement accepter l'invitation de son hôte jusque-là inconnu.

À table, on entendait que le bruit des couverts qui résonnaient au contact des plats. Olive toujours méfiante s'était assurée qu'il se serve avant elle, et qu'ils mangent tous les deux le même repas. Pour briser ce silence et avoir des réponses à ses questions elle prit la parole.

_ Alors pourquoi suis-je ici ?

_ On ne t'a pas appris que la bouche qui mange ne parle pas ? Rétorqua-t-il sèchement.

_ N'importe quoi ! S'exclama-t-elle. Jusqu'à quand vas-tu continuer à éviter mes questions !

L'homme ne dit rien et continua à prendre son repas, ce qui énerva Olive qui resta néanmoins calme. Quelque cinq minutes après il reprit la parole et dit :

_ Comment tu te sens ?

_ Je croyais que la bouche qui mangeait ne parlait pas ! De toute façon même si tu me demandes quoique ce soit je ne te dirais rien, je ne te fais pas confiance, lâcha-t-elle.

_ Et pourquoi tu manges mon repas alors ? Dit-il

Embarrassée, Olive se trouve quelque peu stupide d'avoir laissé son ventre la guider, car du fait qu'elle ne lui faisait pas confiance, cette dernière devait s'en aller depuis le début.

_ Espèce d'en...

_ Je m'appelle Simon, l'interrompit-il. Je t'ai retrouvé dans un sale état, il y a deux jours et je t'ai ramené ici.

Sa réponse censée éclaircir Olive ne faisait qu'aggraver les choses. Elle se posait de multiples questions afin de trouver une logique à tout cela. Cette dernière qui se savait bien rentrée chez elle, se demandait comment elle avait pu encore se retrouver dehors et en plus dans un sale état. Mentait-il ? Avait-elle des pertes de mémoire ? Plusieurs hypothèses s'entremêlaient dans sa tête.

_ Et toi ? Je peux connaître ton nom ? Demanda Simon.

_ Olive, Je m'appelle Olive, répondit-elle.

_ Alors Olive j'ai une question à te poser à mon tour, crois-tu en Dieu ? Poursuivit-il.

Olive se demanda quel était le rapport entre cette question et la situation actuelle, néanmoins elle lui accorda une réponse.

_Oui, c'est lui qui a créé le monde et nous avec, répondit-elle.

_Parfait ! Figure-toi donc que ce même Dieu a créé un phénomène qu'on appelle l'incarnation, qui consiste à lier un homme et un ange afin qu'il ne puisse former qu'une seule et même personne, déclara-t-il.

_D'accord... Lâcha-t-elle ne voyant pas où il voulait en venir.

_ Et si je te disais que tu es l'élue de Dieu, que tu étais destinée à être une incarnée, que me dirais-tu ? Demanda Simon.

_Eh bien que nous ne sommes pas dans un récit du genre fantastique, seul endroit où ce genre de choses a lieu, dit-elle avec sarcasme.

Malgré qu'il s'attendît à une réponse de ce genre, Simon fut tout de même choqué et resta silencieux face à ce qu'il considérait comme l'incrédulité d'Olive. Cette dernière quant à elle après avoir bien analysé les propos de son interlocuteur, fut quelque peu révoltée.

_Et puis, qu'appelles-tu élue de Dieu ? Ça fait déjà près de sept ans que je souffre, que je pleure et me lamentes, j'ai tout perdu... Où était ce Dieu pour sauver son élue ! Gronda-t-elle d'un ton frustré.

_Contrôle ton langage ! Rétorqua Simon. Toute chose que Dieu fait est bonne, s'il t'a fait vivre ces moments difficiles, c'était peut-être pour que tu aies un esprit brisé et humble, pour accueillir sans complexe cette nouvelle. Imagines toi un instant que tu étais riche et possédait tout, m'aurais-tu reçu pour que je puisse te dire cela ? Où alors, aurais-tu aimé qu'il te comble de biens et puis te les reprennent lorsqu'IL aurait eu besoin de toi ?

_Des moments difficiles hein ! C'est comme ça que tu les vois... Pour moi, c'était l'enfer Simon, affirma-t-elle. Regarde-moi, je perds presque la tête, je ne sais plus où me mettre, je n'ai personne sur qui compter ni m'appuyer, car ma vie n'a été que misère. Alors s'il te plaît épargne-moi de ces discours religieux tirés par les cheveux !

_ Je comprends ce qui ne te va pas avec toi, Dieu n'a pas échoué, tu as bel et bien un esprit humble et brisé mais, tu es tout simplement incrédule et attachée au confort terrestre. IL saura comment te sortir de là, dit Simon.

_ Je peux aller chez moi maintenant ? Ou bien monsieur attend quelque chose de moi pour m'avoir aidé, demanda-t-elle d'un ton colérique.

_Tu peux partir, mais à une seule condition, prends mon numéro et appelle-moi si un truc ne vas pas ou si tu as besoin de quelque chose, avança-t-il.

Partagée par la colère, la tristesse et l'incompréhension, Olive pris le contact qui lui était proposé et retourna chez elle.

_ Au moment où je l'ai vu, je savais qu'elle n'allait pas être facile à convaincre, lâcha Simon. Ton incrédulité va te faire vivre encore beaucoup de choses en attendant ton retour, du courage Olive.

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