CHAPITRE 11 : Monsieur le cardinal
La peur était connue comme un sentiment désagréable, résultant d'un flux d'émotions dont la colère pouvait en faire partie. Mêlée à une sensation de défaite constante et de non-avancement, cela pouvait se montrer extrêmement frustrant. C'était d'ailleurs cela qui arrivait à nos incarnés.
Olive ne cessait de grommeler sans arrêt, déçue par ses partenaires et, complètement léser des situations qu'ils traversaient.
Elle n'arrêtait pas avec ce bruit qui pouvait être à longue très agaçant pour une personne telle que Simon n'étant pas vraiment d'humeur. D'ailleurs ce dernier ne tarda à réagir à cela.
__ Tu peux arrêter avec tes conneries s'il te plaît ? Tu me casses les oreilles, gronda-t-il.
Olive le fixa d'un regard noir et sombre puis répondit d'un ton ferme.
__ J'ai bien le droit d'exprimer mon insatisfaction non ? Face à ta piètre personne !
Simon choqué par les propos que venait de lui adresser sa partenaire, fronçait les sourcils et lui fusillait du regard.
__ Mais qu'est-ce que tu racontes ?
__ Fallait te voir au début avec tes grands airs d'incarné, homme presque invincible. Mais je vous rappelle monsieur qu'on ne fait que fuir depuis à cause de votre incapacité à gérer un combat, cracha-t-elle. Je vais te dire quelque chose, cesse de mettre ma vie en danger !
Une grosse veine se forma sur le front de Simon, ce dernier serra ses dents contre elles, puis inspira et expira profondément.
__ Si tu as peur de mourir va-t'en ! D'ailleurs tu nous es depuis le début inutile, dit-il d'un ton ferme.
Abasourdie à son tour par les dire de son camarade, Olive retint de toutes ses forces les larmes qui débordait de ses yeux.
__ Je te rappelle imbécile que c'est toi qui m'as entraîné dans cette merde, je n'ai jamais demandé à être là ! rétorqua-t-elle à son tour d'une voix brisée.
Alors que Simon s'apprêtait à nouveau à prendre la parole, Landry surgit soudainement dans la pièce dans laquelle les deux se trouvaient.
__ Venez tous les deux ! C'est lui à la télévision, dit-il avec enthousiasme.
Voyant que ces deux camarades ne réagissaient pas, Landry prit la peine de bien fixer ces derniers. Il constata la mine triste d'Olive et le regard noir de Simon et il en déduisit
__ Ne me dites pas que vous vous êtes disputé ! cria-t-il. Vous croyez que c'est le moment pour ces âneries ? Je ne veux pas savoir qui à tort. Pour le moment venez écouter ce qu'il dit.
Curieux par ce que disait Landry, les deux incarnés le suivirent afin de voir de quoi il parlait.
__ Alors, Père Sylvestre pour clôturer cette émission, permettez-nous de demander votre avis sur les récents incidents survenus, dit le présentateur télé.
__ Je ne sais vraiment pas quoi répondre à ce sujet. Mais si ça peut vous aider je ne peux que dire trois choses. Ce ne sont pas des coïncidences, soyez prudents, des choses se préparent, dit Sylvestre.
__ Et voilà ce qui nous permet de clôturer notre émission journalière. Nous vous remercions Père Sylvestre pour votre temps accordé et à tous les téléspectateurs à travers le monde, termina le présentateur télé.
Landry éprouvait un certain sentiment de fierté en voyant celui qui était tout pour lui et au passage il le faisait découvrir à ses nouveaux camarades. Il ne pouvait s'empêcher de démontrer sa joie à travers son large sourire sur les lèvres et ses yeux qui brillaient.
__ C'est donc lui le prêtre qui t'accompagne ? demanda Simon.
__ En effet, répondit Landry. Je propose qu'on aille lui rendre une petite visite, nous n'avons rien à faire après tout. Je vous promets qu'on ne s'en ira pas déçu.
Simon se tourna vers Olive et la fixa afin qu'elle donne son avis sur la proposition de Landry.
__ Ne me regarde pas, je sais que mon avis compte pour du beurre, faites comme bon semble, déclara-t-elle sèchement en détournant son regard.
Il se retourna vers Landry puis hocha de la tête validant ainsi ce qu'il avait proposé. Ce dernier sourit légèrement puis prit la parole
__ Vous avez intérêt à vous réconcilier avant qu'il ne soit trop tard, je ne veux pas m'encombrer de plaies qui ne s'entendent pas !
À la suite des mots de Landry, les incarnés se dépêchèrent de se rendre chez son parrain. Après un long voyage en train inanimé comme d'habitude, ils finirent par arriver chez leur hôte et être accueilli par ce dernier.
Les incarnés s'installèrent dans un joli salon, dans lequel les murs étaient rempli de plusieurs représentatifs de Saint.
Face à eux était un homme grand et maigre, malgré tout sa soutane lui donnait l'air très affiné. Ses cheveux et sa barbe de trois jours en collier étaient de couleur noire. Il avait les yeux noisette et portait un père de lunettes, c'était le Père Sylvestre.
Exceptionnel, était le mot pour désigner ses retrouvailles avec Landry. Les sourires qui illuminaient leur visage démontraient l'immensité de l'affection qu'ils se portaient.
__ Alors ? Je vois que tu t'es fait de nouveaux camarades, dit Sylvestre.
__ Je te présente Olive et Simon des incarnés que j'ai rencontrés, répondit Landry désignant respectivement ses deux partenaires.
__ Des incarnés dis-tu ? s'exclama Sylvestre.
Ses yeux s'agrandirent face à cette nouvelle, il adopta une attitude enfantine tel un gamin découvrant de nouveaux jeux vidéos. Il était tout excité par le simple fait d'être présence de nouveaux incarnés. En effet, Sylvestre était un obsédé des œuvres spirituelles, notamment de l'incarnation.
Il s'approcha de Simon et Olive afin de les scruter de très près. Il soulevait leur bras et les regardait de haut en bas. Il les reniflait ensuite au passage, mettant ainsi mal à l'aise les deux partenaires qui le trouvaient quelque peu envahissant.
__ Ce sont bel et bien des incarnés ! déclara-t-il en affichant un large sourire.
__ Enchanté de vous rencontrer mon Père, Landr...
__ Mon Père dis-tu ? interrompit-il. C'est son éminence ou Monsieur le cardinal ! Tu n'es pas le seul à avoir évolué Landry.
Outre l'indéfectible complicité entre les deux hommes, il y avait une certaine rivalité qu'ils entretenaient en vue de leur évolution personnelle.
__ Je n'en doute pas, dit Landry après avoir éclaté de rire.
__ Qu'en dîtes-vous que nous fêtions cela tous les quatre ? proposa Sylvestre.
Il s'en alla chercher des bouteilles d'alcool et de jus qu'il déposa sur la table et invita ses invités à boire sans que ces derniers n'aient donné leur accord. Stupéfaite, Olive ne s'empêcha pas de prendre la parole
__ Un prêtre catholique qui consomme de l'alcool ?
__ Tu casses l'ambiance tu sais ? répliqua Sylvestre. Simon s'esclaffa face à cette déclaration au point où il pouvait s'en étouffer. Il mit au passage Olive mal à l'aise.
__ C'est quand-même décevant de la part d'une incarnée de tenir de telles paroles. Tu me diras aussi qu'un prêtre ne doit pas s'exprimer comme je l'ai fait précédemment ? Malheureusement je ne sers pas la religion mais, je sers Dieu. Je suis avant tout à ces yeux un homme fait de chair. J'ai bien le droit de me plier avec retenu à certains plaisirs, avoua-t-il.
Sur ces mots, personne n'osa répliquer alors, ils continuèrent à célébrer leur petite fête. Ils n'arrêtaient donc pas de boire encore et encore. Sylvestre presque saoul, ne cessait de rire à tort et à travers au moindre mot prononcé.
Landry l'invita d'arrêter, mais sans succès, il déclarait qu'il était encore lui-même. Olive et Simon qui jusque-là étaient gênés, avaient enfin pu se fondre au sein de cette petite famille.
Soudainement, Sylvestre toussa puis, après avoir déposé la bouteille qu'il tenait entre ses mains, il prononça les mots symboliques suivants
__ Au nom du Père du Fils et du Saint Esprit.
Les autres surpris de ce changement soudain, répondirent tout de même Amen. Le récent cardinal se mit ensuite à réciter la prière à l'Esprit Saint. Les incarnés firent de même et à la fin de cela, Sylvestre reprit la parole.
__ Je connais la raison de votre venue, ne croyez-vous pas qu'il est temps de parler de choses sérieuses ?
Ce n'était pas le même homme que tout à l'heure qui venait de faire tout cela. Celui-ci paraissait très calme et semblait avoir le sens des responsabilités.
Ce qui nous amenait ici, c'était de récolter des informations sur les déchus. Olive particulièrement espérait en savoir plus sur l'incarnation et tout ce qui allait avec.
Jusque-là, il voyait cet homme comme un foutu imposteur mais, peut-être l'avait-il vite jugé car, il sera peut-être celui qui les redonnera l'espoir venant tout droit des cieux qu'il attendait depuis longtemps.
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