Chapitre 9 - Cauchemars (1/2)
À l'inverse des filles de mon âge, je ne me laissais pas pousser les ongles. Au contraire, chaque semaine, je m'armais de mon coupe-ongle et prenais le temps de les tailler avec soin. Pas question de risquer qu'ils se cassent au mauvais moment. Dans une bagarre, un ongle retourné était vite arrivé.
Sur mes doigts longs et fins – des doigts de pianiste, me disait mon père en plaisantant – c'était presque étrange, de voir des ongles si courts, quasi ras. Un attribut masculin s'il en était. Ce jour-là, je me réjouissais presque de m'astreindre depuis mes onze ans à une telle sobriété.
Ainsi, je n'avais pas eu de mal à déloger le sang qui s'était incrusté dans les moindres interstices de ma peau.
Assise sur une chaise dans le bureau de Frédéric, j'écoutais avec attention la conversation qu'il tenait avec un Éclaireur de la capitale, responsable des bavures et autres dérives. Enfin, j'entendais ce côté de la conversation ; mon chef n'avait pas mis le haut-parleur. Et il était peu loquace, se contentant surtout d'écouter.
Comme à son habitude, Jack, lui, était resté debout. Il faisait les cent pas dans un coin de la pièce.
Moi, je peinais à les regarder en face, alors je contemplais le dessus de mes mains jointes sur mes cuisses. Mes ongles courts et propres. Les rougeurs sur mes phalanges. J'avais cogné fort... Je n'osais imaginer l'état dans lequel se trouvait ma victime.
Ma victime. J'étais bien peu habituée à la sonorité de ces mots, moi qui n'avais fait que sauver des gens jusqu'alors. J'avais mis le visage de ce type en pièces. C'était moi le bourreau dans l'histoire, alors pourquoi me sentais-je aussi bafouée ?
— Un de mes subordonnés, Oliver Dunn, s'en occupe.
Je risquais un coup d'œil vers le haut, pour constater que Frédéric me fixait, le visage indéchiffrable. Je savais de quoi il était question. Il avait dépêché Oliver à l'hôpital où le manifestant avait été transféré. C'était lui qui était chargé de prendre la plainte. Je doutais que l'homme soit en mesure de le faire.
Face au regard de Frédéric, dans lequel j'avais si peur de lire de la déception, je baissai vite la tête, me mordant sauvagement la lèvre.
L'Éclaireur à l'autre bout de la ligne parla longuement, sans faire de pause. Dans l'extrémité de mon champ de vision, j'entrapercevais les hochements de tête silencieux de Frédéric. Au bout d'un moment, mon chef approuva je ne savais quoi :
— Oui, je pense moi aussi que c'est la meilleure chose à faire.
Je me crispai. Je n'étais pas stupide. Ce qui m'attendait, c'était une sanction.
La seule chose qui m'aidait à garder mon calme, c'était la nature même de l'institution du Conseil. Une organisation obscure qui ne lavait pas son linge sale en public et protégeait ses membres avec opiniâtreté. Je ne devais pas être la première Chasseuse à perdre son sang-froid face à quelqu'un qui n'était pas une créature des ténèbres.
Sandy m'avait souvent répété une phrase, dont j'étais persuadée jusqu'alors qu'elle ne me concernait pas. Elle disait que chaque Chasseuse avait en elle une violence inassouvie. Elle énonçait, d'un ton résigné qui n'était pas dénué de tristesse, que nous étions nées pour apporter la mort, même si c'était au nom de ce que la société considérait comme « le bien ».
Oui, j'avais tué par le passé. Des dizaines et des dizaines de fois, et aucune ne m'avait empêchée de dormir. Mais si j'étais allée jusqu'au bout aujourd'hui, si j'avais tué cet homme, et quand bien même c'était à cause de la bête, pour la première fois, je me serais sentie comme une meurtrière.
Le claquement du combiné contre son socle me fit revenir à la réalité. Je me forçai à affronter mes supérieurs. Frédéric s'était renversé contre le dossier de son fauteuil. Il poussa un soupir, avant de se frotter les yeux du pouce et de l'index.
— L'homme que tu as agressé s'appelle Mark Raizenne. Cinquante-deux ans, chauffeur routier. Il a une fracture du nez et de la mâchoire et plusieurs dents cassés. Il est déjà en salle d'opération, c'est donc sa femme qui porte plainte contre toi, pour coups et blessures. Ce qui est à notre avantage, c'est que plusieurs témoins se sont manifestés pour donner leurs versions, et elles corroborent la tienne. Le Conseil en tiendra compte au moment de décider de la sanction à appliquer. Prépare-toi à l'idée d'une compensation financière.
Avec quel argent ? eus-je envie de demander. Je me contentai d'acquiescer, la mine lugubre.
La pièce parut subitement plus calme ; c'était Jack, qui avait cessé de tourner en rond.
— Est-ce que je vais être mise à pied, aussi ?
Ma voix était sortie brute, caverneuse. Je me raclai la gorge, luttant pour rester droite et ne pas montrer le mal-être qui me rongeait.
— Oui, et je vais conseiller une suspension de quatre semaines.
Mes yeux s'arrondirent de stupéfaction.
— Quatre semaines ? répétai-je, abasourdie. Autant ? Mais, Frédéric, je...
— N'y vois pas là seulement un désir de punition de ma part, reprit mon chef. Mais quand le vin est tiré, il faut le boire. Ils me demandent de décider de la durée de ta suspension. Ce que tu as fait est grave, oui, mais nous devons surtout saisir la chance qui se présente. Nous ignorons de combien de temps Gregory Drezen aura besoin pour masquer ton aura. Nous ne savons pas non plus dans quelle mesure les projets des vampires qui t'ont kidnappée se sont ébruités. Ces quatre semaines nous permettront – te permettront – de te préparer. Consacre-les à ton entraînement.
Un instant, je crus qu'il parlait des leçons que Gregory avait acceptées de me donner, mais je me raisonnai : seuls Shawn et Lyse en avaient eu vent. Frédéric, me devançant, précisa sa pensée :
— J'ai bien peur, Alicia, que ce qui t'attend dépasse les missions que vous devez remplir au quotidien. Cet Araña, qui qu'il soit, risque de provoquer de terribles bouleversements. C'est une guerre qu'il prépare et, malheureusement, il n'est pas le seul que tu doives craindre.
Une lueur poignante dans son regard, comme un terrible regret, fit naître un nœud serré dans ma gorge.
— Aujourd'hui, je me reproche d'avoir été si laxiste.
— Vous ne pouviez pas savoir, tentai-je de l'apaiser, bouleversée.
— Certes, mais, quelque part au fond de moi, j'ai toujours su que tu étais différente, répliqua-t-il avec un drôle de sourire. Je me dis que j'aurais dû me fier à mon instinct et insister. Insister pour que tu ne reviennes jamais dans Filthy.
— Vous savez bien, Frédéric, que je n'en ai toujours fait qu'à ma tête, ris-je doucement, dans une tentative maladroite pour le réconforter. Si vous m'aviez dit, « Alicia, renonce, cette vie n'est pas la tienne », je vous aurais répondu : « Mais Frédéric, comment rester les bras croisés quand on a la capacité de sauver des gens ? ».
— Je t'aurais dit de penser à tes parents.
— Je vous aurais répliqué qu'ils seraient fiers de moi, s'ils savaient.
— Mais ils ignorent tout. Peut-être aurais-je dû te convaincre de leur en parler. Tu peux toujours le faire.
— Depuis toutes ces années, ma réponse reste inchangée : je refuse qu'ils vivent la peur au ventre.
— Et si je te l'ordonne ?
— Je vous dirais que vous n'êtes pas mon père, même si...
J'observai attentivement Frédéric, incapable de ne pas voir que ces quelques mois d'angoisse avaient eu sur lui l'effet de plusieurs années.
— Même si, au fil des ans, tu es devenu comme un autre père pour moi.
Son regard s'agrandit quelque peu. Était-ce qu'il était surpris par cette marque d'affection, par ce « vous » qui était enfin tombé ? Ce « vous », symbole de notre hiérarchie, qui rendait bien peu hommage à la tendresse qui silencieusement nous unissait ?
Jack se détourna, comme s'il se sentait soudain de trop. Et il faisait bien : le sourire de Frédéric, où dansait un bonheur fragile et fugace, n'était que pour moi.
— Alors, tu comprends pourquoi je suis si inquiet. Tu as accumulé beaucoup de retard par rapport à tes camarades, un retard qu'il te sera difficile à rattraper. Mais tu y arriveras, un pas après l'autre. Si je ne me trompe pas, tu es en vacances pour deux semaines, c'est bien ça ?
J'opinai de la tête.
— Nous les mettrons à profit, tu peux y compter.
Sur ces quelques paroles presque sibyllines, il me fit un signe de tête pour me libérer, n'étant pas sans savoir que Chris et Lyse m'attendaient dans le hall pour rentrer. Je me remis pesamment debout mais, une fois devant la porte, je fis brusquement volte-face. Les deux hommes me considérèrent d'un air interrogatif.
— Ce n'était pas moi, vous savez.
Jack haussa un sourcil incertain, alors je rectifiai :
— Je veux dire, bien sûr que c'est moi qui l'ai frappé mais... ce n'était pas ma décision. C'était la sienne.
Un silence pesant accueillit ma déclaration. Un instant, les Éclaireurs demeurèrent silencieux. Assurément, ils pensaient à cette bête assoiffée de violence, au danger qu'elle représentait. Avaient-ils peur ? Non. Quand Jack reprit la parole, ce fut avec une assurance que j'étais loin de partager.
— Eh bien, ces semaines de suspension seront aussi l'occasion de lui montrer qui commande.
Je me gardai bien de faire part de mes doutes. Si je feignais la même détermination que lui, je finirais peut-être par la partager.
Lyse et Chris patientaient, assis sur la dernière marche de l'escalier. Ils pivotèrent la tête vers moi en entendant mes pas rebondir sur le bois, qui grinçait comme de vieux os atteints d'arthrose.
— On y va ? leur lançai-je.
— Il t'a dit quoi, ton chef ? s'inquiéta Chris.
— Je suis suspendue pour quatre semaines.
— Autant ? s'étrangla à demi Lyse.
Je ne m'étais pas arrêtée en leur annonçant la nouvelle ; j'avais trop peur de constater une quelconque réjouissance sur le visage de mon frère, si semblable au mien. Il n'y avait pas de quoi se réjouir, même si, pour lui, cet arrêt de travail forcé était synonyme de retour à une « vie normale ». Il risquait de tomber de haut ; j'allais avoir fort à faire.
— Et encore, il leur reste à déterminer l'éventuelle compensation financière, fulminai-je.
Oui, j'avais tabassé ce type au point de lui briser la mâchoire. Oui, pour une Chasseuse, c'était une faute grave qui méritait un bon rappel à l'ordre. Je ne pouvais toutefois empêcher la colère de m'étourdir, car rien de tout cela ne se serait produit si ce Mark Raizenne m'avait écoutée dès le départ.
Une intense déception semait le bazar dans mes pensées, comme un chiot turbulent cogne contre des meubles brinquebalants. Cette soirée que Lyse avait si longtemps attendue avait pris la pire tournure qui soit, à cause de moi, de ce type, et de ce monstre qui me paraissait incontrôlable. Je devrais malgré tout être reconnaissante : Chris et Lyse ne se doutaient pas un seul instant de ce qui vivait en moi.
Pour autant, la culpabilité m'étouffait, et je me pressai de pousser le battant de la porte pour sentir l'air frais de la nuit couler dans mes poumons. Le répit fut de courte durée. Un moteur rugissant que je ne connaissais que trop bien éclata telle une explosion de feu d'artifice.
— Oh non, exhalai-je.
Une poignée de secondes à peine s'écoulèrent avant que la moto de Shawn ne remonte à vive allure l'allée de graviers.
Mon cerveau était passé en mode survie, parce que Chris me flanquait déjà, et je n'étais que trop consciente de toute l'attention de mon frère centrée sur le mystérieux motard.
Hélas ! Ma tête était une toile vierge, et aucune excuse, aucune distraction ne me vint à l'esprit. Impuissante, comme on assiste au ralenti à la chute d'un verre sur le carrelage, je vis Shawn couper son moteur, ôter son casque, et lui comme Chris prirent la mesure de la scène.
Chris parut frappé par la foudre en reconnaissant le visage de celui qu'il avait espéré ne plus jamais revoir.
Shawn serra plus fermement son casque dans ses mains en comprenant que j'avais, selon toute vraisemblance, ignoré ses mises en garde, l'inquiétude de mon chef et la sollicitude de mon ex. Sans doute ma mine coupable – paupières papillonnantes et lèvre mordue – finit-elle de me trahir. Le jeune homme descendit de sa moto en même temps que Chris se ruait vers lui.
D'abord sidérée par la vitesse de réaction de mon frère, ainsi que par l'agressivité à peine contenue qui émanait de lui, je démarrai en trombe. Malgré tout, j'arrivai trop tard. Sous mes yeux ébahis, Chris poussa Shawn de toutes ses forces.
C'était comme s'il l'avait à peine touché. Le jeune homme ne tressaillit même pas ; les jambes enracinées dans la terre, il était un arbre qu'une minuscule abeille aurait percuté.
La stupéfaction se lut sur le visage de mon frère. Il s'était rendu compte que quelque chose clochait chez son vis-à-vis, mais comment aurait-il pu deviner, lui qui venait d'un autre monde, l'ampleur de la dangerosité de celui qui lui faisait face ?
Chris ne se démonta pas pour autant, sa posture se faisant défensive, un loup prêt à défendre sa meute. D'un index rigide, il menaça Shawn, des éclairs jouant dans ses yeux grands ouverts :
— Je t'interdis de t'approcher encore de ma sœur, tu m'entends ?
— Chris, arrête, le suppliai-je tout en l'obligeant à baisser son bras.
Je n'avais aucune envie de lui faire mal ; pourtant, je fus contrainte d'user de la force pour l'obliger à reculer.
Même ainsi, alors que je le tirais vers l'arrière, Chris ne détourna pas son regard furieux de Shawn. Ce dernier n'avait pas bougé, pas cillé. Son torse se soulevait au gré de sa respiration, profonde et mesurée, comme si la fureur de mon frère glissait sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. Ou était-ce ce qu'il souhaitait nous faire croire ? Les creux qui se formaient dans ses joues, tant ses mâchoires s'étaient durcies, paraissaient raconter une tout autre histoire.
— Je t'interdis de la toucher ! renchérit Chris de cette voix rocailleuse, animale, que je ne lui connaissais pas. Laisse-la tranquille !
Sous mes doigts, son bras tremblait.
— S'il te plait, calme-toi, lui chuchotai-je précipitamment, mon cœur se débattant comme un fou dans ma poitrine. Il n'a rien fait. Il ne m'a rien fait.
— Tu crois que je suis con ? répliqua-t-il, pivotant brutalement vers moi. Tu crois que je n'ai pas vu comment il te regardait, ce jour-là ?
Bien vite, cependant, il revint vers Shawn, dont seuls les yeux couleur de givre s'animaient dans son visage d'albâtre.
— Je doute qu'un type comme toi soit digne de confiance, mais s'il te reste un tant soit peu d'honneur, tiens-toi loin d'elle, assena-t-il finalement.
Et c'était exactement ce que je ne voulais pas entendre.
— Tu ne sais pas de quoi tu parles, explosai-je tout bas.
Je comprenais son inquiétude, mais j'étais terrifiée par l'effet que ses paroles pouvaient avoir sur Shawn. Comment le jeune homme trouvait-il la force d'afficher cette expression impassible ? Je savais que le ton méchamment accusateur de mon frère le ramenait à de sombres souvenirs qui le tortureraient toute sa vie.
— Ne t'inquiète pas, finit-il par répondre. Je compte bien laisser ta sœur tranquille, mais pas maintenant.
Sa voix, d'habitude rauque à m'en faire frémir, était si monocorde que je me sentis glacée jusqu'aux os. Son regard orageux dévia de Chris vers moi, et je me préparai à l'impact.
— C'est bien ce que je crois ? m'interrogea-t-il alors, de cette même voix lointaine.
— Allons plus loin, voulus-je me dérober.
J'avais encore l'espoir de nous entraîner loin des oreilles de Chris, de protéger un peu plus l'innocence de mon frère, mais quel espoir vain. À peine avais-je saisi le bras de Shawn qu'il se défaisait de ma poigne, si facilement que je crus ma main faite de papier.
— C'est ce que je crois ? insista-t-il, et la lueur qui brillait dans ses pupilles dilatées fit retentir un signal d'alarme dans ma tête.
La langue collée à mon palais, je recherchais les bons mots sans les trouver. J'étais prise au piège. À quoi bon mentir ? Un coup d'œil lui suffirait pour me percer à jour. Et avouer la vérité ? Je n'en trouvais pas la force.
Mon silence prolongé fut la réponse que Shawn attendait. Ses sourcils se plissèrent au-dessus de ses yeux clairs, qu'il ferma soudain, paupières étroitement plissées. Quand il les rouvrit, ce fut pour les plonger directement dans les yeux devenus incertains de Chris.
— Ta sœur s'est fait enlever il y a deux jours, déclara-t-il, sans préambule ni signe avant-coureur, comme on lancerait une pierre dans une vitre pour la briser en mille morceaux.
Je lui sautai dessus sans pouvoir me retenir.
— Tais-toi ! hurlai-je, désemparée. Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
— Parce qu'il faut que quelqu'un te protège de toi-même ! cria-t-il en retour, et je sursautai de le voir ainsi perdre son calme.
Il avait attrapé mes poignets pour me tenir à distance, et ses doigts qui comprimaient ma peau... j'aurais aimé qu'ils ne me lâchent plus jamais.
— Tu te mets en danger, et tu ne le vois même pas, reprit-il dans un souffle fébrile.
Le calme indifférent qu'il s'était efforcé d'afficher se craquela sous mes yeux. Je cessai de bouger.
— Et si tu ne veux pas m'écouter, embraya-t-il à voix basse, si tu ne veux pas faire attention ni pour ton chef ni pour Michael, alors j'espère que tu le feras pour ton frère.
Ses mains me tenaient toujours et, inconsciemment, elles resserraient leur étau au point de me faire mal. Comme s'il avait peur que je m'échappe. Comme s'il avait peur que je disparaisse, cette fois-ci pour de bon.
— Alicia...
Le trémolo qui avait agité la voix de mon frère me fit faire volte-face. Libérée de Shawn, je pus contempler l'expression anéantie de Chris, ainsi que celle déboussolée de Lyse, qui avait posé ses mains devant sa bouche. Mon estomac s'enfonça dans mon ventre, lourd comme une pierre tombale.
— Est-ce que c'est vrai ? me demanda mon frère, ses yeux sondant les miens sans faillir.
J'entrouvris les lèvres, mais seule une expiration tremblotante en sortit. Oui. Le mot roulait sur ma langue sans se décider, indécis, inquiet de la boîte de Pandore qui assurément s'ouvrirait ensuite. Et encore, toute la vérité n'avait pas été dite. Si Shawn parlait de ce couteau niché dans ma poitrine...
Je me retournai vers celui qui faisait vibrer en moi tant de sentiments contradictoires. Colère, haine, passion... tout se mélangeait et bouillonnait comme de la lave en fusion, mais je me raccrochai à la confiance que je voulais ressentir envers lui. Je le contemplai de mon regard éperdu, et je le suppliai de se taire, le suppliai de me prouver que j'avais raison de me fier à lui malgré tout.
Ainsi confronté à ma prière muette, Shawn se tendit imperceptiblement, pinça sa bouche charnue que je m'interdisais de regarder avec trop d'insistance, par peur de flancher sous l'effet du désir. Et nous étions encore figées, personnages torturés d'une pièce de tragédie grecque, lorsqu'une masse sombre passa à toute vitesse au-dessus de nos têtes.
***
J'espère que vous allez bien ❤️
Décidément, cette sortie est une catastrophe 😅 et ce n'est pas fini!!!
La réaction de Chris peut vous sembler exagérée (ou pas). Je me suis demandé comment mes frères auraient pu réagir devant un tel cas de figure quand nous étions ado... et je pense qu'ils n'auraient pas, mais alors pas du tout, aimé l'idée qu'un mec comme ça tourne autour de leur sœur 😂
Bon, en relisant le chapitre, j'ai vu que certaines tournures étaient un peu maladroites, mais je ne vais pas faire la difficile. L'inspiration est un peu revenue, alors j'en profite! Pour le style, je verrai à la réécriture 😁
Suite et fin du chapitre la semaine prochaine! Elle est déjà prête.
Passez un très bon weekend! Bisous 🥰😘
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