Chapitre 8 - La face sombre (1/2)
Notre fine équipe quitta le manoir trente minutes plus tard, le temps pour moi de faire le tour du propriétaire avec Chris et Lyse. La salle d'armes fut tout à fait au goût de mon amie, qui imposa un arrêt prolongé dans le seul but de se faire photographier avec une arbalète et une épée longue comme ses jambes.
⸺ Tu ne montreras ça à personne, si ? m'enquis-je, vaguement inquiète.
⸺ Pour ce que ça change ! répliqua-t-elle avec un rire machiavélique, défiant du bout de la lame son reflet dans le grand miroir placardé au mur. Qui se doutera que j'ai voyagé dans un autre monde ?
Vu ainsi...
Sandy nous fit monter dans la voiture de Frédéric comme elle l'aurait fait avec un groupe d'enfants sous sa garde. Lyse et Chris, à l'arrière, s'amusaient de la similitude entre Filthy et Pristine, mais de leur différence aussi, ce je-ne-sais-quoi intrinsèque qui leur faisait comprendre que la France était désormais bien loin.
La Première Chasseuse, elle, ne cessait de me jeter des coups d'œil à la dérobée, si bien que je m'en exaspérai :
⸺ Il ne va rien se passer, lui rabâchai-je pour la troisième fois.
⸺ J'espère, répéta-t-elle pour la troisième fois également. Sinon, je devrai en répondre devant Frédéric et Mason, et je n'en ai aucune envie.
Paniquée, je battis vivement des paupières, désignant discrètement mon frère assis à l'arrière. Sandy râla dans sa barbe, aussi peu enchantée que moi par ce jeu de funambules auquel nous étions obligées de nous adonner. Si j'avais su qu'emmener Chris à GhostValley se révélerait un tel calvaire, je l'aurais laissé aux bons soins de sa PS4.
Par chance, Lyse tenait la jambe de mon frère, lui expliquant d'un ton docte que les GhostValléennes ne s'habillaient jamais tout en noir, enfin. J'en profitai pour tenter de rassurer ma collègue :
⸺ Déjà, tout va bien se passer. Ensuite, tu ne lui dois rien.
Sandy demeura songeuse, yeux rivés sur les passants qui traversaient la route, noyés dans le flot de lumière de ses phares.
⸺ Après ce qu'il a fait, bien sûr que je lui suis redevable.
La musique aux envolées orientales, entêtante, qui sortait des baffles couvrit presque sa voix. Je pus me permettre de faire la sourde oreille.
Oui, elle avait raison, mais je me sentais trop vexée, ainsi délaissée par Shawn, pour lui reconnaître quoi que ce soit. À lui plus qu'à quiconque, j'avais du mal à pardonner.
Sans vergogne, je décidai de changer de sujet en abordant une question autrement plus réjouissante :
— Alors, avec Jack ?
Elle pivota très brièvement vers moi : Sandy n'était pas du genre à quitter la route des yeux bien longtemps.
— Quoi, avec Jack ?
— Pitié ! m'esclaffai-je. Avec... tu-sais-quoi, grimaçai-je, on n'a pas eu le temps d'en parler, mais je suis prête à tout entendre de votre premier baiser.
Les lèvres avancées en un cul-de-poule contrarié, Sandy grommela :
— Tu vas devoir attendre encore un peu, étant donné qu'il n'a pas eu lieu.
— Pardon ? me scandalisai-je. Mais... il t'a accompagnée à l'hôpital, il a dû être aux petits soins. Tu ne vas pas me dire que quand vous étiez seuls dans ta chambre, il n'a pas eu le cran de...
— Ce n'est pas une question de cran, me morigéna-t-elle. Je ne suis pas encore sûre que... Oh, et puis, je n'ai pas envie d'en parler.
— D'accord, d'accord, chantonnai-je doucement pour l'amadouer. Promis, je ne juge pas. Je t'offre simplement mes oreilles attentives si tu as besoin d'en discuter.
Mon amie si jolie et si consciencieuse se mordit longuement l'intérieur de la joue, avant de finalement se confier :
— Je ne suis toujours pas certaine que ce soit une bonne idée. Partant, je n'ai pas envie de le blesser en me laissant aller à un baiser que je regretterais par la suite. Il mérite mieux qu'une fille qui jouerait avec son cœur.
— Tu n'es pas du genre à jouer avec le cœur des autres, lui rappelai-je gentiment.
— Justement.
Ses doigts agrippèrent plus fermement le levier de vitesse, et elle accéléra presque inconsciemment.
— Je veux être sûre de moi, mais je vois bien que nos caractères ne sont pas toujours compatibles. Et si ce n'était que ça... Son côté snob typique des gens de la capitale me tape sur les nerfs, il est clairement né avec une cuillère en argent et il est bien trop conscient de son physique avantageux, énuméra-t-elle avec agacement.
Amusée, je me demandai tout de même si cet agacement n'était pas davantage dirigé contre elle-même que contre Jack.
— Et malgré tout cela, malgré tout ce qui m'insupporte chez lui... il me plait, souffla-t-elle.
Enfin. Enfin, elle l'avait avoué.
J'évitai de me perdre en applaudissements pour ne pas la rebiffer – c'était tout de même la première fois qu'elle le formulait à voix haute – mais le sourire qui fendait mon visage parlait pour moi. D'ailleurs, Sandy m'avertit aussi sec :
— Ne te réjouis pas trop vite.
— Je ne me réjouis pas, prétendis-je en toute mauvaise foi.
— Je te croirais si tu n'affichais pas le sourire flippant d'un saurio.
— Un saurio, carrément ? éclatai-je de rire.
— Je dirais même qu'il fait moins peur que toi, osa-t-elle me soutenir.
Mon hilarité repartit de plus belle, et elle eut pour mérite de dérider Sandy. Néanmoins, ma joie se craquela comme une plaque de verglas quand je me rappelai les paroles provocatrices de Gregory à l'égard de mon amie. Je me mis à prier avec ferveur : pitié, faites que Mr Freeze ne vienne pas gâcher cette idylle naissante.
Sandy, elle, se renfrogna en avisant les barrières de sécurité, flanquées de policiers en gilet orange fluorescent, qui condamnaient l'entrée à plusieurs axes du centre-ville. Elle étouffa plusieurs jurons entre ses dents – une première – et fit par trois fois demi-tour pour nous rapprocher du cinéma. Derrière la vitre de la voiture, je contemplai, avec un sentiment de malaise au creux du ventre, les manifestants qui s'égosillaient sur la place de la mairie.
Perchés sur les bancs mouillés de la pluie tombée l'après-midi, pendus aux grilles entourant la haute statue de l'Empereur Oldaric qui dominait l'enceinte pavée, ils s'égosillaient, armés de pancartes et de sifflets. Ils hurlaient leur rage et leur peur, leur haine des créatures des ténèbres, maudissaient Ribaucourt et sa bêtise, sa naïveté ou la cupidité qui, peut-être, était à l'origine de ses politiques corrosives.
« Mort aux monstres ! »
« Cramez-les tous ! »
« Ribaucourt, sale vendu ! »
Ils avaient l'air de fous. Ils avaient l'air de monstres.
J'entraperçus, au milieu des partisans de Nouvelle Aube et de leurs sympathisants, une poupée caricaturant Madeline, brandie au-dessus de la foule. Cette grotesque représentation de la vampire morte pour ses convictions me chamboula. Un sentiment de révolte fit trembler mes jambes, une colère confuse enfla dans ma poitrine. Je ne savais pas qui je détestais le plus : ceux qui avaient orchestré son meurtre, ou ceux qui l'utilisaient à leur avantage sans témoigner d'aucun respect.
Dans l'habitacle, la tension électrique nous imposa le silence pendant le reste du trajet. En désespoir de cause, Sandy se gara le long d'une barrière renforcée par des blocs de béton. Elle mit ses warnings avant de s'élancer dans la rue. Nous la suivîmes, Chris un peu perdu, Lyse un peu pâle, tandis qu'elle montrait sa carte professionnelle à un policier stationné là. Il lui fit un signe du pouce, et nous emboitâmes le pas à la Chasseuse qui s'empressa de rallier notre destination.
Autour du cinéma, il régnait un calme de mauvais augure. Le calme qui précède la tempête. Je fus surprise de la présence d'agents de sécurité, en uniforme gris et au garde-à-vous tels des chiens de garde. La raison m'apparut vite comme une évidence : en acceptant de projeter un film qui plaidait ouvertement en faveur d'un rapprochement inter-espèces, qui poussait même le vice jusqu'à mettre en scène un amour entre une humaine et un démon, le propriétaire du cinéma avait pris parti pour l'un des camps. Et il l'avait fait à ses risques et périls.
Nous nous insérâmes dans la file d'attente qui s'étirait le long du trottoir et débordait sur la chaussée. Qu'importe, puisque l'accès avait été interdit aux voitures. C'était étrange de voir ces jeunes gens patienter dans un silence pesant. Où étaient passés les rires insouciants et les discussions frivoles ? Les mots, ils les prononçaient à voix basse, et leurs regards ne cessaient de faire la navette entre l'entrée du cinéma et le bout de la rue, d'où nous parvenaient les cris lointains des partisans de Nouvelle Aube, funeste promesse.
Avec son uniforme d'un noir profond et ses cheveux bruns tirés en un chignon strict, Sandy détonait parmi ces jeunes en tenue décontractée, à tel point que l'attention déviait inéluctablement sur nous. Un peu embarrassée, comme une collégienne chapeautée par une mère trop envahissante, je l'incitai au départ :
⸺ Merci beaucoup de nous avoir accompagnés.
D'autant plus qu'un tel empressement à veiller sur moi ne pouvait que rendre Chris plus méfiant.
Sandy prit son temps pour évaluer le temps d'attente et la dangerosité des environs, attitude consciencieuse qui n'échappa pas à mes invités. Par chance, mon frère se méprit sur sa signification.
⸺ Ils sont si dangereux que ça, ces manifestants ?
Sandy le fixa de ses yeux couleur topaze avant d'articuler, prudente :
⸺ Ce ne sont pas eux qui m'inquiètent le plus, mais ceux qui pourraient leur donner la réplique tout à l'heure...
La Première Chasseuse exhala un soupir résigné.
⸺ Appelle-moi au moindre doute, m'exhorta-t-elle une dernière fois.
⸺ C'est promis.
Tandis que la belle combattante capitulait et s'éloignait d'une démarche raide, mon frère m'interrogea, dubitatif :
⸺ Elle est toujours aussi... protectrice envers toi ?
⸺ Elle a trois petites sœurs, donnai-je en guise d'explication.
Cette réponse pourtant médiocre parut satisfaire mon frère, qui s'absorba dans la contemplation des différentes affiches de films qui flanquaient le mur, soigneusement étalées sous leur vitre. Lyse, quant à elle, dévorait des yeux les décorations qui paraient la rue, quelque peu en décalage avec l'ambiance sordide de ce début de soirée.
⸺ Il y a bientôt des festivités ? devina-t-elle en désignant du menton les fanions or et bleus qui croisaient des guirlandes lumineuses dans un harmonieux entrelacs. Ne me dis qu'ils fêtent Noël, eux aussi ?
La note d'espoir qui teintait sa voix m'amusa, mais le souvenir de Shawn et de son scepticisme face à la figure du Père Noël me fit vite grincer des dents.
⸺ Non, non, la détrompai-je. C'est pour les festivités de l'Aube éternelle.
⸺ Oh, s'extasia-t-elle, déjà séduite. Raconte-nous tout.
Même Chris, en bon féru d'histoire qu'il était, ne put masquer le vif intérêt qui l'anima soudain.
⸺ Dommage que Sandy ne soit plus là, elle vous aurait mieux répondu que moi, regrettai-je, un peu embêtée. Bon, je vais faire au mieux. Vous avez vu la statue qui était sur la place tout à l'heure ?
Deux hochements de tête plus qu'attentifs me répondirent. Pas de pression.
⸺ Eh bien, il s'agissait de l'Empereur Oldaric, leur expliquai-je. Il régnait sur le pays au XIVe siècle, quand la guerre faisait encore rage entre les humains et les créatures des ténèbres. Les Grandes migrations avaient déjà eu lieu, c'est-à-dire que des migrants d'Europe avaient commencé à repeupler le continent. Bref. Oldaric est celui qui a véritablement organisé la résistance. Il a créé le Conseil des Maîtres-Éclaireurs et l'a chargé de réunir les Chasseuses qui avaient échappé à la traque minutieuse orchestrée par les monstres. Mais même ainsi, c'étaient eux qui le dessus.
Je me grattai la tête, tentant de me souvenir, en vain, des détails de cette période. Que ce soit chez moi et dans Filthy, j'étais tout bonnement incapable de me concentrer pendant des cours d'histoire.
⸺ Je ne sais plus comment ils l'ont su, mais Oldaric a eu vent d'une attaque d'envergure que Velkor, chef de guerre des créatures des ténèbres, avait prévu de porter contre son château, la dernière nuit de l'année. Les humains s'étaient presque résignés, ils n'avaient plus les troupes nécessaires pour y faire face, quand une sorcière a demandé une audience à Oldaric. Elle prétendait avoir mis au point un sort qui permettrait de tous les sauver.
De la main, je leur montrai les fanions bicolores qui dansaient avec légèreté dans l'air du soir.
⸺ Elle s'appelait Nadiejda. Elle était reconnaissable à sa houppelande bleue et à ses longs cheveux blonds, qu'elle portait détachés alors que toutes les femmes de l'époque les tressaient à qui mieux mieux. Oldaric ne l'a pas crue, il me semble, mais il était tellement désespéré, et ses troupes si lasses, qu'il a accédé à sa demande. Elle ne lui réclamait pas grand-chose : quelques ingrédients pour lui faire une démonstration. Quoi qu'il en soit, il ne l'a pas regretté... Quand les vampires et démons ont finalement pris le château d'assaut, cette fameuse nuit, Nadiejda avait préparé des litres et des litres de sa potion secrète, qu'elle a fait déverser le long des murs d'enceinte. Et lorsque les monstres se sont suffisamment rapprochés, elle a embrasé le breuvage, qui est devenu aussi éblouissant que les rayons du soleil. Si éblouissant, à vrai dire, que c'était comme si l'aube s'était levée au cœur de la nuit. Tous les vampires sont morts, réduits à l'état de poussière.
⸺ D'où le nom d'Aube éternelle ? en déduisit mon frère.
⸺ Exact. Grâce à ce puissant sortilège, l'armée de Velkor a été réduite de moitié, et les humains ont réussi à s'imposer face aux créatures des ténèbres. Depuis, leur suprématie n'a jamais cessé.
⸺ Quelle femme ! roucoula Lyse. Elle a dû être traitée comme une déesse après cet exploit.
⸺ Eh bien, c'est tout l'inverse, mâchonnai-je, déjà énervée par la suite de l'histoire. Comme je vous l'expliquais, c'était un sortilège que Nadiejda avait mis au point dans le plus grand des secrets. Elle seule connaissait la recette de la potion et le processus pour l'embraser. Après cette nuit funeste, Oldaric – que la guerre avait sans doute rendu un peu barjo – lui a ordonné de tout enseigner à son mage personnel. Nadiejda craignait qu'il n'utilise son invention, somme toute dévastatrice, à tort et à travers. Elle a donc refusé. Pour la remercier, il l'a couverte d'opprobre avant de la condamner à mort. Et c'est une Chasseuse qui l'a décapitée en place publique, au lever du soleil, pour bien enfoncer le clou.
Lyse lâcha un hoquet horrifié si puissant qu'il fit sursauter le couple devant nous dans la file.
⸺ Mais c'est ignoble ! rugit-elle.
⸺ Ne m'en parle pas. Et cette histoire sordide a malheureusement alimenté la haine que subissaient les sorciers, le refus de Nadiejda ayant été interprété comme une trahison envers le clan des humains.
⸺ Oh, mais cet Oldaric de mes deux..., bouillonna mon amie, le poing droit brandi avec hargne. Qu'est-ce qu'ils attendent pour débouler cette infâme statue ?
⸺ Je suis bien d'accord, sauf que c'est aussi lui qui a institué le Conseil. Je me console en me souvenant que Nadiejda a été réhabilitée il y a vingt ans et, depuis, l'Aube éternelle devient non seulement la commémoration de la victoire des humains, mais aussi un hommage envers son sacrifice.
⸺ Encore heureux, grommela Lyse, peu convaincue.
⸺ Euh, si tu n'as pas encore acheté mon cadeau de Noël, intervint Chris, sur qui cette anecdote avait fait son petit effet, je ne serais pas contre un livre d'histoire de ce monde...
Je le contemplai, passablement surprise.
⸺ Le réveillon est demain soir. Bien sûr que j'ai déjà acheté ton cadeau.
Je me retins toutefois d'avouer que c'était un after-shave bas de gamme que j'avais choisi au supermarché parce que ma tirelire en forme de panda ne contenait plus que des pièces de vingt et cinquante centimes. Je préférai me présenter sous une lumière plus avantageuse :
⸺ Mais ce sera avec plaisir, promis-je, grand seigneur.
Je passais Professionnelle dans moins d'un mois, je pouvais bien taper un peu dans mes économies espéritiennes...
La file d'attente avança, mais d'autres jeunes gens étaient déjà venus la renflouer, qui braillaient avec force, eux. Comme pour prouver aux partisans pleins de haine qui s'égosillaient non loin, peut-être même au monde entier, qu'ils n'avaient pas peur de défendre leurs idées.
Lyse les observa longuement à la dérobée, son pouce et son index caressant pensivement son menton.
⸺ C'est pour faire écho à cette fête que le parti anti-rapprochement s'appelle Nouvelle Aube, pas vrai ? repartit-elle tout bas.
⸺ Bien vu, lui confirmai-je, toujours autant impressionnée par son esprit de déduction. D'ailleurs, leur rengaine préférée est qu'il faut mettre le feu aux quartiers démoniaques...
⸺ Et ce fameux sort, personne n'a jamais su le reproduire ? s'étonna Chris.
Je secouai la tête.
⸺ Jamais.
Mon esprit s'égara vers Beauchamp ; je me souvenais comme si c'était hier de son intransigeance, cette volonté féroce qu'il avait de mater les créatures des ténèbres. J'en frémissais encore.
⸺ Et ce n'est pas plus mal, ajoutai-je sombrement. Une arme de destruction pareille doit sombrer dans l'oubli, au risque de tomber entre les mauvaises mains.
Mon frère fronça les sourcils d'un air dubitatif.
⸺ Je n'avais pas compris que tu étais pour la paix.
⸺ Tu ne sais pas ce qu'on dit ? sourit Lyse. Faites l'amour, pas la guerre.
⸺ En fait, je ne suis pas vraiment pour la paix, nuançai-je.
Réserve qui tomba dans les oreilles du couple devant nous et ne fut visiblement pas à leur goût. Je fis mine de ne pas voir le regard sévère que me renvoya la fille – elle devait se demander ce que je pouvais bien faire là, sceptique venue voir le film de la discorde – et repris un ton plus bas :
⸺ Je ne veux pas te décevoir, Lyse, mais dans mon travail, je suis confrontée semaine après semaine à ce dont sont capables les créatures des ténèbres. Et ce n'est pas beau à voir.
⸺ Mais il ne faut pas ranger tout le monde dans le même panier, argua mon amie avec conviction. Cette Madeline dont tu m'as parlé, c'était quelqu'un de bien, non ?
⸺ Peut-être, peut-être pas... et quand bien même ses désirs de paix étaient sincères, combien de créatures sans état d'âme pour une Madeline ? Tous les monstres ne désirent pas la paix. Et comment accepter de leur lâcher la bride quand on sait que ce sont des vies humaines qui sont en jeu ? Car il y aura des morts, c'est certain. Tout simplement parce que des créatures mal intentionnées saisiront cette occasion en or pour laisser libre cours à leur instinct. Tu as déjà vu un loup devenir végétarien ?
Le visage de Lyse s'affaissa de déception ; sans doute attendait-elle mieux de ma part, mais on n'effaçait pas si facilement l'ardoise. J'ignorais d'ailleurs comment Sandy parvenait aussi bien à faire la part des choses. Elle avait vu les mêmes horreurs que moi.
⸺ De toute manière, ce que je pense importe peu, désamorçai-je avec un haussement d'épaules. Je ne suis qu'une Chasseuse, j'applique les ordres qu'on me donne.
Si on oubliait le fait que j'étais également l'Adalid, possible juge de cette lutte antédiluvienne entre humains et créatures des ténèbres aux dires de Shawn.
⸺ Pas toujours..., sifflota Lyse avec un air faussement innocent.
Je ne relevai pas la provocation, et par chance Chris non plus, car c'était enfin notre tour d'entrer dans le cinéma.
***
La première partie du chapitre 8 avec un peu de retard! J'espère qu'il n'y a pas trop de coquilles, je l'ai relu assez vite.
Cette manifestation sent très mauvais, vous ne trouvez pas? 🥵 Suite et fin la semaine prochaine, si tout va bien. Pour être honnête, je peine à écrire depuis plusieurs mois et je suis déjà arrivée à la fin de mon avance 😅😭 Je ne sais pas encore si je décide d'une pause ou simplement de poster au fur et à mesure. Est-ce que vous avez une préférence? ça pourrait m'aider à faire mon choix.
J'espère que vous avez passé un bon début de weekend! Bonne suite de vacances pour celles qui en profitent. Bisous 😘
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