Chapitre 35 - Le rituel

J'ignore ce qui m'effraya le plus : le cri qui lui arracha la gorge, ou le sang tiède qui imprégna bientôt mes doigts.

J'avais visé le foie, de quoi le handicaper sans le tuer.

Pour autant, mon cœur s'effrita, se réduisit en un petit tas de cendres noires, à la vue des yeux écarquillés, emplis d'une douleur pas seulement physique, que Shawn dirigea vers moi.

Un goût de bile baigna ma langue. Sur les traits crispés du jeune homme se succédèrent à toute vitesse la stupeur, le refus d'y croire, puis la lente réalisation de la duperie subie... un mélange explosif d'émotions que vint bientôt chasser une ire incommensurable, exacerbée par le poison de la trahison.

Attention !

Une décharge électrique ranima mes membres paralysés. Je voulus extraire la lame, mais trop tard. Une main de fer se plaqua sur la mienne, et le couteau se retrouva de nouveau logé profondément dans la chair.

Nouveau cri de sa part, et ma respiration se fit sifflante.

Déjà, mon plan ne se déroulait pas comme prévu.

Parant au plus urgent, je glissai mes jambes entre nos corps toujours enlacés, le propulsai violemment en arrière de mes pieds joints. Il perdit l'équilibre, lâché par ses jambes mal assurées. Quant à moi, une roulade arrière et je me retrouvai debout, battant en retraite.

Maintenant qu'elle était devenue le théâtre d'un combat à mort, la chapelle me parut aussi étroite qu'une cellule de prison.

Je me réfugiai derrière un banc défoncé, m'allongeant au milieu des gravats et de la poussière. Mon sang cognait à mes tempes comme autant de coups de marteau ; ma magie, elle, pulsait à cent à l'heure au rythme du cœur enragé du Shawn. Je m'obligeai à respirer par la bouche pour faire le moins de bruit possible.

Un éclat de rire cynique s'éleva bientôt jusqu'au plafond, où subsistait la trace de quelques étoiles à l'éclat d'or que le passage du temps n'avait qu'à moitié effacées. Je ne croyais pas à grand-chose, et pourtant, je me pris à leur adresser une prière silencieuse. Je leur demandai de me donner la force nécessaire pour surmonter cette dernière épreuve.

— Gregory ne croyait pas si bien dire.

Shawn émit une plainte, puis un bruit métallique retentit alors que le couteau atterrissait je ne savais où. Je jurai mentalement, grinçant si fort des dents qu'un élancement me fendit le crâne.

J'avais besoin de ce couteau.

— Mais qui aurait cru que tu savais mentir aussi bien ? ajouta-t-il sombrement.

J'eus envie de lui crier que c'était faux, que ce n'était pas ce qu'il croyait, mais je me retins. Je restai terrée dans ma piètre cachette et débutai enfin le rituel qui, seul, pouvait nous sauver.

Je contemplai le sang qui maculait ma main droite et fermai les yeux, chuchotant si bas que ma voix se confondit avec le bruissement des feuilles au dehors :

Ya vuzuvaiou tibya, Jiva, boguinya jizni. Ya p'iou ievo jizn' v'tvaiou tchest'. Daryï mne svaiou pamosh'.

Les paroles mystiques avaient roulé sur ma langue comme l'eau d'une rivière. Sans attendre, j'apposai de mon pouce une marque écarlate entre mes yeux puis léchai jusqu'à la dernière goutte de sang qui souillait ma main. Le goût caractéristique du métal perturba mes papilles, me fit grimacer.

Accorde-moi ton aide, Jiva, déesse de la vie.

Une main invisible se referma sur mon cœur. Une prise fugace, mais j'en eus le souffle coupé. Je contemplai ma poitrine, la blouse autrefois immaculée que l'hémoglobine noire de l'ofidio avait souillée, mais il n'y avait rien. Un simple courant d'air, qui souleva mes cheveux.

— Tu ne pourras pas rester cachée bien longtemps, Alicia.

Le timbre de sa voix, qui grondait sa fureur, était tel le tonnerre ; il éveillait en moi une peur primaire, instinctive, celle de l'enfant drapée dans sa couverture, guettant le monstre de ses cauchemars.

Enfuis-toi-enfuis-toi-enfuis-toi.

Je muselai ma conscience, la renvoyai dans les abysses de mon esprit pour me concentrer sur le couteau. Ma porte de sortie.

Je rampai sur le sol en tentant de faire le moins de bruit possible. J'étais bien trop naïve.

Sans crier gare, Shawn m'attrapa par la cheville, et ses doigts broyèrent ma chair. Il me ramena brutalement en arrière, et je lâchai un hoquet étranglé. Des échardes se fichèrent dans ma peau, les éclats de pierre me griffèrent, mais je m'en rendis à peine compte. Mon corps boosté à l'adrénaline agit de lui-même, et je le repoussai d'un violent coup de pied dans le ventre.

J'essayai de me relever, de courir au loin, mais il fallait croire que ce coup de couteau dans le dos ne faisait pas le poids face à sa rage.

Il me percuta si fort que l'air déserta mes poumons. Je n'avais même plus de souffle pour crier au moment où nous heurtâmes les pavés ocre.

Il me retourna sans ménagement, me priva de tout mouvement en entravant mes jambes.

Cette position me ramena des jours en arrière. Il m'avait déjà dominée ainsi, tenue sous son joug. Le sang de Nika était encore frais sur ses mains.

Un démon, un monstre.

Cette nuit-là, quelque chose l'avait empêché de me tuer moi aussi ; là, avec cette blessure qui n'était rien d'autre qu'un rappel cuisant de ma fourberie, je savais que je ne trouverais plus jamais grâce à ses yeux.

Pour la deuxième fois, ses doigts trouvèrent ma gorge. Cette fois-ci, ils ne s'arrêteraient pas avant que mes membres ne frémissent en accueillant la mort.

De l'amour à la haine, il n'y avait effectivement qu'un pas.

Va-t'en ! s'époumona ma conscience, seule réminiscence de ma raison. Disparais avant qu'il ne soit trop tard.

Il était déjà trop tard.

Shawn exhala une plainte douloureuse, pareille à un sanglot. Ivre de fureur et de tristesse, il articulait silencieusement « pourquoi, pourquoi, pourquoi » sans me quitter de ses yeux humides, révulsés par la folie. Du sang humidifiait sa pommette, faisait ressortir la blancheur cireuse de son teint.

J'avais mal, moi aussi. Mal au cœur, mal au corps. J'avais mal de nous faire subir cette souffrance. J'avais mal d'imaginer celle qu'il allait endurer après.

Sa poigne m'écrasait, un étau de torture qu'on resserrait, encore et encore. Je n'eus pas le choix : j'enfonçai sans merci mes doigts dans sa plaie, la creusant encore, tirant sur la chair meurtrie. L'effet fut immédiat ; ses mains me libérèrent. Mon poing vint trouver sa mâchoire, et il s'effondra.

Je me redressai aussi vite que je le pus, mais de violents vertiges me donnèrent une démarche d'ivrogne. J'inspirai une longue goulée d'air, et elle s'infiltra dans ma gorge dans un sifflement glaçant.

Le couteau, vite.

J'errai dans la chapelle, maladroitement penchée au-dessus du sol, et la peur de lui, de l'échec, me donnait envie de sangloter. Mon regard avait beau balayer les dalles brisées, mes mains avaient beau retourner les amas de débris, le graal demeurait introuvable. Le sentiment d'urgence qui s'empara de moi me fit perdre toute notion du temps et de l'espace. C'est pourquoi j'eus du mal à comprendre ce qu'il se passait en voyant Shawn dressé devant moi, le couteau dans sa main droite.

Il le serrait si fort que ses jointures en devenaient blanches. Un voile de sueur perlait à son front, sa bouche avait perdu sa teinte rosée, la faute à tout ce sang qu'il perdait. Le foie était un organe fragile, et le jeune homme aurait rapidement besoin de soins.

J'analysais la situation avec un calme détonant. Un peu comme une spectatrice indifférente qui passerait par là, ou un médecin qui examinerait froidement les dégâts avant de s'atteler à l'opération.

Je n'étais ni une spectatrice, ni un médecin. J'étais cette fille qui l'avait trompé, l'avait incité à offrir ce qui lui restait de son cœur pour mieux le lacérer de ses ongles vernis.

Les fées des bois m'avaient prédit la passion ; les menteuses avaient omis de mentionner le crime qui en découlerait.

— C'est ça que tu cherches ?

Même sa respiration était hachée, poussive.

Oui, aurais-je voulu lui dire, j'en ai besoin pour te sauver.

À la place, un silence éloquent.

Je ne cherchai même pas à fuir ; je ne ressentais plus de peur. Une résignation courageuse l'avait battue à plates coutures.

Je sus qu'il s'était décidé à m'attaquer à son expression. À l'éclat d'acier qui miroitait dans ses yeux.

Je me tins prête.

Un premier pas, puis un deuxième. Finalement, ce fut à petites foulées qu'il me rejoignit, l'arme toujours contre son flanc.

Je ne cherchai pas à l'éviter. Il fallait juste que je dévie la lame. Qu'elle me touche. Que son sang et le mien se mêlent sur le métal.

Et avant que le coup fatal soit porté, ma main embrassa la sienne sur le manche. L'instant d'après, le couteau transperçait ma poitrine.

Je fus prise d'un sursaut. Un simple sursaut. À croire que j'avais débranché mon système nerveux ou que mon esprit s'était extrait de mon corps à temps pour ne rien ressentir.

Toujours était-il qu'en baissant les yeux, je constatai que le couteau était bien là, niché au-dessus de mon sein gauche.

Dans mon poumon, pensai-je sans m'émouvoir.

C'est ce que me confirma le sang qui afflua dans ma bouche, la difficulté que j'eus soudain à respirer.

Cependant, Shawn, lui, avait visé le cœur.

D'un seul coup, la chapelle bascula. Tomba à la renverse. Se retrouva à l'horizontal.

J'eus l'impression d'être dans une de ces émissions télé où on retourne le décor, pour désorienter le candidat et amuser la galerie avec ses déboires. Ce fut à la dureté froide de la pierre sous mes jambes que je compris que j'étais celle qui avait chaviré.

Mon crâne ne heurta pas la pierre parce que Shawn me rattrapa de justesse. Un bras sous la nuque, l'autre autour de la taille. Désarçonné, il me regardait sans comprendre. Sans comprendre pourquoi je ne l'avais pas esquivé, pourquoi je ne m'étais pas volatilisée dans une nuée d'étincelles. Malgré l'empreinte de la lame dans son dos, bien réelle, il se mit à douter. Pourquoi ?

D'une main tremblante, il ôta l'arme de mon buste, et le sang se mit à couler à flots. J'en avais voulu, j'étais servie. À la vue de la plaie, mon cerveau sembla se réveiller, envoyant des signaux de détresse à tout-va, et des points lumineux valsèrent devant mes yeux.

Shawn prit ma main et la posa sur la blessure, la pressa convulsivement, et c'était comme si on l'avait trempée dans une peinture grenat.

Si je ne le connaissais pas, j'aurais pu croire qu'il voulait que je me soigne. Et peut-être était-ce le cas, à croire ses yeux devenus suppliants.

Je n'en avais toutefois pas le temps.

Au prix d'un effort titanesque, j'actionnai mes mâchoires, et la voix qui filtra entre mes lèvres grelottantes parut sortir des profondeurs de la terre.

Ya dayou iemou mayou jizn'.

— Qu'est-ce que... fit-il, arquant les sourcils.

Pamagui iemy pout' k svietou.

Je ne lui laissai pas la possibilité de m'échapper. Mon pouce trouva son front pour le marquer avant que mes doigts ne s'immiscent dans sa bouche, déposant mon sang sur sa langue, son palais, ses dents. Il eut beau m'écarter vivement, s'essuyer ses lèvres, étalant un peu plus le liquide écarlate sur son menton, c'était trop tard. Et à ses yeux qui s'agrandirent, emplis d'effroi, lui aussi l'avait compris.

Malyou tibya, Jiva, daryï iemou moï sviet.

Je t'en conjure, Jiva, donne-lui ma lumière.

Il y eut un instant de flottement, indécis, contemplatif, puis une bourrasque s'introduisit soudain dans la chapelle. Je pouvais entendre dans ce vent la voix sentencieuse de la divinité que j'avais implorée.

Une nouvelle prise sur mon cœur, qui me fit hoqueter, puis un silence recueilli.

Jusqu'à ce qu'un cercle rituel paraisse sous nos pieds.

Un éclair jaillit, crépitant, et dans son sillage s'éleva une flamboyante barrière de lumière, qui nous captura en son sein et nous priva de toute échappatoire.

Les vents faisaient désormais rage et nous fouettaient sans pitié. Une chaleur suffocante s'abattit dans la petite structure de pierre, et c'était comme si nous étions transportés au cœur d'un volcan. Mon corps fut alors nimbé d'un halo rougeoyant, qui m'arracha aux bras de Shawn et me fit léviter à plusieurs mètres au-dessus du sol.

L'heure était venue. L'heure de prouver mon courage, ma valeur, ma force.

Avec angoisse, j'attendis les terribles souffrances promises à quiconque se risquerait à accomplir ce rituel.

Elles vinrent, et tinrent leurs promesses.

D'abord, un point de côté. Il surgit soudainement, s'accentua au point que je me repliai sur moi-même.

Je fermai les yeux et suivis les consignes énoncées dans le grimoire, que je connaissais sur le bout des doigts. J'inspirai et expirai longuement, malgré la toux qui me secoua et le goût de sang qui encombra ma gorge. Je m'intimai au calme, repoussai l'assaut invisible en concentrant mon pouvoir à cet endroit précis. Il fut absorbé à toute vitesse, comme l'eau sur une terre asséchée.

Le point de côté reflua, ne laissant derrière lui qu'une crispation nerveuse. Je lâchai un soupir.

L'acceptation, et la force et la paix intérieures : tels étaient les mots-clés du rituel. Rester maître de soi, encaisser sans broncher et chasser la douleur à coups de magie.

Sauf que de la magie, je n'en avais presque plus, et que je souffrais déjà le martyr.

Je flottais toujours, et des étincelles tournoyaient autour de moi à la façon d'étoiles filantes. Un grésillement strident m'apprit que le cercle de lumière était toujours là et, du coin de l'œil, j'aperçus Shawn toujours accroupi. Ses bras ballants témoignaient de son hébétude et de sa totale impuissance.

Malyou tibya, Jiva, daryï iemou moï sviet, murmurai-je.

À peine ces mots prononcés, la seconde salve arriva.

Une torsion insoutenable déforma mon ventre, ainsi que l'auraient fait deux mains cruelles pour essorer mes organes comme un vieux chiffon humide. Ma peau me brûla, et c'était comme si on la caressait avec des braises ardentes.

Cette fois-ci, je ne pus contenir un cri étranglé, avant de serrer dents et poings. Les paupières si étroitement closes que mes yeux m'en firent mal, j'injectai une énorme dose de pouvoir pour dissiper la douleur.

Peut-être trop.

Ma magie était une source qui se tarissait vite, trop vite. Une source siphonnée par cette force ancestrale et avide, qui la dévorait de sa gueule insatiable et attendait de voir si j'étais digne d'elle. De ce que je voulais accomplir.

La douleur s'en alla mais, vicieuse, je la sentis qui attendait le moment opportun pour revenir à la charge. J'aspirai une goulée d'air de ma bouche grimaçante, crachai comme je le pus le sang qui envahissait ma bouche. Je parvins, je ne sus comment, à décrisper mes mâchoires suffisamment longtemps pour chuchoter d'une voix éraillée :

Malyou tibya, Jiva, daryï iemou moï sviet.

Un calme plein d'effrayantes promesses, puis le cercle de lumière devint un gigantesque brasier.

Et alors... alors... la torture reprit.

Une torture digne du pire des enfers.

Des milliers de rongeurs me dévoraient les entrailles. Des clous s'enfonçaient dans la paume de mes mains, sous mes ongles, dans la peau souple de mon ventre. Des doigts griffus tiraient sur des lambeaux de chair et mettaient mes muscles à nu.

Tout était dans ma tête. Je le savais, je l'avais lu, écrit noir sur blanc, mais les sensations aigües, atroces, tout simplement insupportables, elles étaient bien réelles.

Alors, je cédai à ce qui, pourtant, devait par-dessus tout être tenu à distance : la panique.

Elle m'emporta et anéantit toutes les bonnes résolutions que je m'étais répétées, encore et encore, avant de subir cette épreuve. Et au lieu de répondre par la sérénité et un afflux constant et maîtrisé de magie... je lâchai tout.

Tout ce que j'avais. Tout ce qu'il me restait, et c'était peu.

Une secousse me fit vibrer, et je projetai mes ondes au-delà même de mon corps pour repousser l'intrusion infernale. Les rongeurs se retirèrent, les clous sautèrent, les doigts me frôlèrent une dernière fois et me libérèrent comme à regret.

Mes membres contusionnés s'étaient faits lourds. La conviction que j'allais mourir s'immisça dans la confusion de mes pensées, se répandit insensiblement telle une tache d'huile pour devenir une évidence.

La dernière goutte de mon pouvoir fut goulûment avalée, ultime gorgée d'un savoureux nectar. N'ayant plus de ressources à offrir en cadeau, je sus que j'étais perdue.

La suite se déroula dans un brouillard écarlate et incendiaire.

Tout ne fut plus que sang et feu. Sanglots et larmes. Un calvaire, interminable.

Mon corps se consumait, léché par des flammes caressantes, plongé dans une lave en fusion qui fit fondre mes dernières défenses.

Écartelée, étranglée, asphyxiée.

Les larmes qui coulaient sur mon visage traçaient des sillons qui brûlaient vive ma peau. Je me débattis, la gorge déchirée par mes hurlements, mais rien ne semblait pouvoir arrêter ce déferlement de puissance qui réduisait tout mon être à néant. Le supplice était tel que mon rythme cardiaque s'emballa, creva le plafond... pour ne plus tenir qu'à un fil.

Un brusque éclat de lumière, suivi d'un bruit sourd. Shawn avait tenté de me soustraire à la force ravageuse, mais un champ d'énergie l'avait projeté en arrière.

Personne ne pouvait m'aider. Personne ne pouvait me sauver.

Et quand cette certitude fut la dernière à laquelle je pus me raccrocher, quand je n'eus plus d'espoir et seulement des regrets, je récitai une dernière prière, que je débitais sans même m'en rendre compte.

Faites que ça s'arrête. Faites que je meurs enfin.

Cette prière-là, elle, fut entendue.

Dans une aspiration assourdissante, le cercle de feu, la chaleur, la douleur, tout disparut en un clignement d'œil. Ils laissèrent des traces, toutefois, dans ma chair à vif et mon cœur qui se mourait.

Alors que les vents se taisaient enfin, le calme revint dans la chapelle, si bien que le seul bruit qui perdura fut ma respiration, qui n'était plus qu'un râle.

Je battis péniblement des paupières, réussis à les rouvrir en dépit de ce sommeil irrésistible qui me tendait les bras, et dont je doutais qu'on se réveille jamais. Devant moi, le couteau s'était élevé, brandi par une force conquérante. Sous notre sang mêlé, la lame luisait d'une lueur bleutée.

Cette lueur s'intensifia, m'éblouit de ses reflets argentés, puis elle s'étira comme une ombre sous un soleil couchant.

Doucement, doucement, elle s'allongea jusqu'à pénétrer ma poitrine, mon cœur. Je ne sentis presque rien, un pincement, un chatouillement. Je tressautai à peine lorsque la lumière se retira, en entraînant avec elle une partie de moi.

Mon âme.

Ou plutôt, un fragment de mon âme.

La beauté de cette petite étoile à l'aspect si fragile, à mille lieux de toutes les souffrances que je venais d'endurer, m'arracha un sourire fugace, mais plein de reconnaissance. J'oubliai tout : le couteau planté dans ma poitrine, la peur, la torture. Plus rien ne comptait, pour la bonne et simple raison que j'avais réussi.

L'étincelle disparut de mon champ de vision, s'enfuit à la vitesse de l'éclair. À la brusque inspiration que Shawn prit, je sus qu'elle avait trouvé son cœur.

Ce fut la dernière chose que j'entendis.

L'instant d'après, un liquide métallique et chaud emplissait ma gorge, me provoquant une toux violente, incontrôlable. Mon souffle et ma vie m'échappaient. Je ne me sentis pas redescendre sur la terre ferme ; j'étais déjà ailleurs. Morphée m'appelait dans ses bras, et sa berceuse était celle de mon cœur qui s'arrêtait.

***

...

Vous êtes toujours là? 😬

Ça y est, vous venez de lire le principal dénouement de l'histoire!!! 🎉 J'espère (très fort) qu'il aura été à la hauteur de vos attentes, sachant que j'ai conservé l'idée que j'avais eue à 16 ans 😅😁

J'avoue avoir eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre (pas très jojo), il n'est parfait, mais je suis contente d'avoir écrit cette base sur laquelle je retravaillerai plus tard 😇

Je m'attèle à la suite, mais je vais avoir beaucoup de travail cette semaine alors si le chapitre n'est pas prêt samedi, je le posterai dans la semaine.

Bisous et bon weekend à vous ❤️😘



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