Chapitre 33 - Le feu sous la glace

- La pêche a été bonne, se rengorgea Gregory.

Shawn ne répondit pas, se bornant à faire avancer les deux adolescents d'une tape brutale dans le dos. Je voulus me lever, mais le vampire fut plus rapide, me fit basculer en arrière d'un coup dans l'épaule.

Livide, Lyse serrait contre elle nos deux sacs et avançait tête baissée. Michael, lui, marchait les mains levées en un geste d'apaisement, l'expression insondable. S'il avait peur, il le cachait à la perfection.

- Une autre Chasseuse ? s'enquit Gregory, tête penchée pour mieux considérer Lyse.

- Vu comme elle tremble, j'en doute, marmonna Shawn.

Et, d'une poigne de fer, il força ses deux captifs à s'asseoir avec nous. Lyse releva sa figure hagarde vers moi, qui me brisa le cœur. D'une œillade assurée, je lui promis de la sortir de là.

Ne me restait plus qu'à tout faire pour être à la hauteur de cette promesse.

- Une simple élève, alors ? supposa le sorcier avec un haussement d'épaules. Peu importe, nous voilà enfin au complet.

- Presque au complet, tu veux dire, rectifia le vampire, son humeur joueuse envolée. Tu penses à Sonny et Owen ? Ils ne sont jamais revenus, et mon petit doigt me dit qu'elle sait où ils sont, ajouta-t-il, me gratifiant d'une pichenette furieuse sur la tempe.

Je me mordis la langue à défaut de mordre son index qui se baladait toujours près de ma tête. Je supposai qu'il parlait des deux vampires que j'avais réduits en poussière. Effectivement, je savais parfaitement où les trouver. Enfin, où trouver ce qu'il restait d'eux...

Tous les regards convergèrent vers moi, dont celui de Shawn. Un regard froid, imperturbable, de ceux qui vous donnent l'impression de ne même pas exister, de n'être rien ni personne. Il avait réussi, il m'avait eue, ne devrait-il pas exulter, me balancer mon échec en pleine face ?

Non. Il n'y avait aucune trace de joie sur ses traits fins. Aucune trace d'émotion tout court. Il me faisait penser à une machine, un robot qui ferait ce pour quoi il avait été programmé, méthodiquement et sans état d'âme. D'ailleurs, je m'étonnais des battements presque paisibles de son cœur, que ma magie s'était empressée de mimer à mon insu.

Je n'avais pas son sang-froid. Au fond de moi, c'était le désordre, le chaos, un chambardement des émotions et des sens où se perdaient le cœur et la raison.

Je mis un moment à comprendre que le vampire attendait toujours ma réponse. Son attitude expectative, cet espoir naïf qu'il nourrissait encore pour ses acolytes, me firent pouffer d'incrédulité. Qu'espérait-il ?

Néanmoins, à ma façon de provoquer un ennemi alors que nous étions en très mauvaise posture, je me dis que j'avais peut-être perdu l'esprit.

- Je sais où ils sont, oui, finis-je par répondre, ma voix éraillée par ce vilain rire moqueur, un peu fou, qui ne voulait plus partir. Dans une cage d'escaliers, dans l'aile ouest du bâtiment. Si tu veux un conseil, en allant les récupérer, n'oublie pas de prendre un balai. Je les ai un peu éparpillés...

Ce n'était ni sage, ni raisonnable, mais je ne pus résister à l'envie d'aller plus loin. Un sourire d'une douce mais feinte innocence fit l'affaire. Moi aussi j'avais un espoir naïf : celui de provoquer une réaction en chaîne.

Le vampire ne se fit pas prier pour enclencher les événements. Comme je l'avais anticipé, son sang ne fit qu'un tour, mais j'avais peut-être sous-évalué la violence de sa réponse.

Son poing droit percuta mon menton, si fort que j'en vis trente-six chandelles. Ma tête rencontra douloureusement le parquet, mais je n'y restai pas longtemps. Le monstre m'agrippa par les cheveux et me redressa, plein d'une rage animale. J'avais beau être dans les vapes, le cri de supplication qui déchira l'air me fit tant de peine que je regrettai ma maudite impulsivité.

- Laissez ma sœur tranquille ! hurla Chris. Prenez-moi à sa place, si vous voulez, mais ne lui faites pas de mal !

Mes paupières s'entrouvrirent sur la face repoussante du vampire. Ses yeux de félin étaient réduits à deux fentes minuscules, un réseau de veines noires balayait sa peau cireuse, et que dire de ses canines ? Elles ne demandaient qu'à s'enfoncer dans ma carotide.

- Sale petite garce, tonna-t-il.

Le problème avec les vampires hors d'eux, c'était qu'un rien suffisait parfois à les distraire. Surtout si ce rien avait un goût de fer.

Il m'avait frappé pile là où son camarade mort m'avait blessée lui aussi. Il n'en fallut pas plus pour que la plaie de ma lèvre se remette à saigner. Je sentis un filet chaud dévaler lentement mon menton, vis comme ses pupilles le suivirent, hypnotisées. Si je parvenais à percevoir les notes métalliques qui s'étaient mises à flotter dans l'air, pour le vampire, c'était un bouquet irrésistible. Si irrésistible d'ailleurs, qu'il céda à la tentation.

Je frémis et gémis de dégoût quand, de sa langue, il lapa ma peau pour capter l'épaisse goutte carmin. Son grondement d'extase me fila la gerbe.

- Hm, délicieux.

Par chance, le supplice fut de courte durée.

Ce fut Shawn qui l'écarta de moi. Plutôt sèchement, à vrai dire. Le jeune homme ne m'adressa pas un regard, certes, mais il obligea le vampire à reculer de plusieurs pas.

La réaction en chaîne s'était produite, et elle venait de me donner un infime espoir.

Frustré de cette interruption, le buveur de sang feula le jeune homme, avant de changer son fusil d'épaule et de ricaner tout bas.

- Chasse-gardée, c'est ça ?

- En quelque sorte, répliqua Shawn sans s'émouvoir.

- Et si je la veux moi aussi ? le provoqua le vampire, se léchant les babines.

Je profitai de cet instant d'inattention de leur part pour tenter de briser le lien qui nous retenait prisonniers. J'y insufflai une salve de magie et... rien. Je vis les menottes enchantées de Sandy, à ma droite, luire faiblement, et ce fut tout.

Par contre, Gregory se rendit compte de l'entourloupe et disputa ses comparses avec une sévérité d'enseignant de primaire.

- Shawn, Jimmy... Pendant que vous vous chamaillez, le gibier essaie de s'échapper.

Il émit un claquement de langue agacé, avant de s'adresser à moi :

- Tu vois bien que c'est inutile, non ?

Oui, je voyais bien qu'une petite dose de magie finirait indubitablement absorbée par son sort. Sauf qu'une plus grosse quantité...

J'avais déjà consulté des grimoires où il était question de ce maléfice, et le seul moyen de nous sortir de là était de concentrer un volume suffisant de pouvoir et de l'injecter d'un seul coup pour faire sauter les liens. Ce Gregory devait le savoir lui aussi, mais ne semblait pas s'en préoccuper le moins du monde. Pêchait-il par excès d'arrogance ?

- Tu m'as dit qu'elle utilisait encore des mots de magie, non ? fit le mage à Shawn.

Preuve s'il en était une que, contrairement à lui, j'étais encore une débutante.

Le jeune homme se contenta d'un hochement de tête un peu revêche, mais Gregory n'en rit pas moins de bon cœur, pas vexé pour un sou. Il reporta son attention sur moi, son dédain évident.

- Comme c'est touchant, ironisa-t-il.

J'en étais certaine, désormais. Il me croyait incapable d'y parvenir, et j'allais lui montrer ce qu'il en coûtait de me sous-estimer.

Alors, j'entrepris de concentrer mes forces et, malgré ce qui m'attendait peut-être ensuite, je ne comptais pas y aller de main morte.

- Bref, reprit-il en les rappelant à l'ordre d'un battement de mains. Morale de l'histoire : elle n'en vaut pas la peine.

Le vampire eut un reniflement dédaigneux, Shawn, un mouvement de tête vaguement exaspéré, mais les deux obtempérèrent sans discuter. Le jeune homme alla même jusqu'à s'éloigner du groupe pour se laisser tomber sur la première marche des gradins. Renversé vers l'arrière, mains dans les poches de son jean noir, il afficha un air indifférent, à la limite de l'ennui, qui réveilla bien vite ma peur. D'autant plus qu'il mettait un point d'honneur à fixer ce Gregory, qui se caressait le menton, en pleine réflexion.

Réflexion qui fut interrompue par Michael, qui demanda, avec un geste en direction des deux créatures des ténèbres :

- Comment ? Comment avez-vous fait pour qu'ils puissent venir ici ?

Le sorcier prit son temps pour pivoter vers l'adolescent, et il leva les yeux au ciel.

- Ah, les Éclaireurs, dit-il avec un soupir appuyé. Ce besoin de tout savoir, tout comprendre, d'aller vraiment au fond des choses, vous l'avez dans le sang, hein ?

Michael ne se démonta pas, montrant ainsi qu'il attendait une réponse. Gregory la Main blanche passa son doigt sur le grain de beauté qu'il avait au-dessus de l'œil gauche, un tic nerveux il semblerait, puis finit par capituler.

- Au point où on en est... Eh bien, c'est à elle qu'il faut le demander.

À nouveau, je fus désignée comme la clé de leurs interrogations mais, cette fois-ci, je me dédouanai avec empressement.

- Je n'y suis pour rien.

- Houlà, pas si vite ! m'arrêta le sorcier avec un petit sursaut moqueur. Dis-moi plutôt, chère Alicia. Si j'ai bien compris, tu appartiens à ce joli monde qu'est Inmaculada, n'est-ce pas ?

Inmaculada, le nom donné par le monde des ténèbres à ma dimension.

Je jetai un coup d'œil à Shawn, qui semblait attendre que le temps passe, regard obstinément dirigé vers l'enchevêtrement de poutres métalliques qui striaient le plafond de la salle.

J'avais pris garde à ne jamais lui avouer ce dernier secret, alors comment...

- Oui, avouai-je à contrecœur.

L'incompréhension obscurcissait les traits de Chris, lui donnait la bougeotte. Je voyais qu'il se retenait de m'interpeler, d'exiger ces explications qu'il était en droit de demander. Je me pris à regretter amèrement de ne lui avoir jamais rien dit.

Gregory ferma à demi les yeux, tout entier absorbé dans sa mise en scène abjecte d'inspecteur en plein interrogatoire.

- À tout hasard, lorsque tu fais tes déplacements pour aller remplir ta petite mission de Chasseuse, transposerais-tu toujours au même endroit ?

À ces mots, je commençais à comprendre où il voulait en venir. L'oxygène paraissait s'évaporer de l'atmosphère, me laissant à bout de souffle.

- Oui, confirmai-je d'une voix blanche.

- Par hasard ou y a-t-il une raison ?

J'aspirai de petites goulées d'air cependant que les images de la forêt, du saule qui avait toujours été le compagnon de mes voyages, me percutaient de plein fouet. Je n'avais jamais réfléchi aux conséquences que pouvait avoir ma magie sur la barrière interdimensionnelle, et je m'en mordais à présent les doigts.

- Je... j'ai remarqué que je consommais moins de magie en transposant à cet endroit, c'est tout.

À l'entente de ma piteuse réponse, Gregory et Shawn se consultèrent du regard, et ce dernier haussa les épaules, comme pour dire « je te l'avais bien dit ». Le sorcier revint à moi, et il affichait une sidération qui frisait l'insulte.

- Tu ne l'as vraiment pas fait exprès, alors. Tu ne t'es jamais rendu compte que tous tes allers-retours avaient fissuré la barrière qui sépare nos deux dimensions ?

La nouvelle tomba comme un couperet.

- Tu mens ! lui criai-je.

Mais à voir les battements précipités de mon cœur, je n'en étais pas convaincue.

- Pourquoi mentirais-je sur une chose pareille ? fit-il, insensible à ma détresse exponentielle. Vois-tu, je suis incapable de voyager entre les dimensions, mais j'ai senti tout de suite la faille.

Il rit, encore un peu ahuri de mon erreur monumentale. Quant à moi, je me sentais au bord d'un gouffre immense, et je me prenais à prier pour qu'il m'engloutisse et me fasse disparaître.

- Je n'ai même pas eu besoin de forcer pour l'agrandir.

D'un seul coup, je fus transpercée par ses ondes. Il se foutait de moi. Ce fut la goutte de trop. Je me redressai vivement et me mis à hurler :

- Comment avez-vous même su que je transposais là-bas ? J'ai toujours fait attention, je...

Un poids était tombé sur ma poitrine, qui m'écrasait la cage thoracique, menaçant de me briser en deux. Alors, je braquai des yeux accusateurs sur Shawn, dont la parfaite indifférence finit de me rendre folle.

- C'est toi, c'est ça ? Tu m'as suivie ?

Le jeune homme n'eut pas besoin de répondre que déjà Gregory s'exclamait :

- Mais quel caractère ! Les Chasseuses ne sont-elles pas censées garder la tête froide en toutes circonstances ?

Cette moquerie me donna envie de lui cracher au visage, de marteler sa bouche de mes poings pour faire disparaître son immonde sourire. Je lui adressai un regard farouche, empli de ressentiment, qui ne fit qu'accroître encore son hilarité.

- Shawn n'y est pour rien, c'est Ciro qui t'a vue, ajouta-t-il en pointant un index joyeux vers le démon.

Ce dernier m'adressa un salut de la main avant de préciser :

- Ça faisait presque une semaine qu'on surveillait votre Moon House.

- Et on peut savoir en quel honneur ? siffla Laurine, qui leva fièrement le menton malgré sa position soumise.

- En quel honneur ? Mais pour vous faire payer, voyons, répondit-t-il sur le ton de l'évidence.

L'incompréhension la plus totale suivit sa déclaration, et ce fut le vampire, Jimmy, qui éclaira notre lanterne, sa rancune palpable :

- Vous pensiez vraiment que nous allions en rester là après le massacre que vos petites copines ont commis ?

- Quel massacre ? demanda Sandy, que le terme avait fait sourciller.

- Vous avez la mémoire courte, mais je sais ce que vous pensez : buter quatre vampires, c'est comme buter quatre mouches ? Tout le monde s'en fout, mais pas moi, gronda-t-il, et ses veines reparurent, plus noire encore que le charbon. Démanteler notre réseau n'était pas suffisant, il a fallu que vous fassiez du zèle, en particulier celle avec ses grands airs, qui a trucidé ma compagne sous mes yeux.

À l'éclat qui alluma ses prunelles, je compris que Sandy avait elle aussi fait le rapprochement.

Le soir où Nika était morte, la Première Chasseuse m'avait parlé de ce trafic de sang que les filles de la maison avait exposé. Du vampire qui avait échappé à Nicole, lui promettant une vengeance à la hauteur de l'affront.

Ce vampire, il se tenait devant nous.

- Alors, c'est simplement une histoire de revanche ? insista Sandy.

- Plus maintenant, répliqua Gregory.

Il fit quelques pas, prit un air inspiré et dit, tout sourire :

- Maintenant, c'est aussi une affaire de gros sous. Il existe désormais une porte entre Viciada et Inmaculada. Une porte seulement connue... de nous.

Nouveau tour sur lui-même, nouvelle inspiration emplie de théâtralité, le tout destiné à nous tenir en haleine.

- Vous savez quelle somme les créatures des ténèbres seraient prêtes à dépenser pour passer une nuit entière dans ce monde ? Des milliers de livres. Des milliers de livres pour faire bombance dans une dimension où aucune Chasseuse ne viendra leur demander des comptes, dague à la main.

- Une sorte de tourisme de luxe pour démons et vampires, reformula Ciro, qui se curait les dents tout en nous couvant de son regard fauve.

- C'est exactement ça, acquiesça Gregory avec une certaine satisfaction. Avec une promesse aussi alléchante, tout le monde voudra en être, je peux vous le garantir. Et pour nous ? Des liasses de billets à ne plus savoir qu'en faire.

Cette tirade me laissa bouche bée tant je ne parvenais à y croire, mais bien vite, un scénario cauchemardesque se dessina à l'horizon. À cause de moi, de mon manque de prudence, des dizaines, non, des centaines de personnes allaient peut-être perdre la vie. Combien de familles sombreraient-elles dans le désespoir ? Combien de pères, de mères, d'époux ou d'enfants rechercheraient inlassablement leur proche, portés par l'espoir vain d'un jour les retrouver vivants ?

C'était inconcevable, et pourtant, ce cataclysme risquait de s'abattre sur mon monde.

- Tout ce qu'il nous restait à faire, c'était de nous débarrasser de toi, conclut le sorcier, et un pli contrarié fendit sa joue. Seulement, tu nous auras donné plus de fil à retordre que prévu...

- Comment m'avez-vous retrouvée ? chuchotai-je.

Je luttais pour ne pas céder à l'abattement qui me guettait, prêt à me draper dans ses oripeaux, pareils à ceux de la mort.

- Grâce à ceci.

Gregory plongea la main dans la poche de son pantalon. Les larmes embuèrent mes yeux lorsqu'il en ressortit mon collier de quartz rose, celui que Shawn m'avait dérobé le soir où tout avait basculé. D'ailleurs, le sorcier le lui lança, et le bijou décrivit une parabole avant que le jeune homme ne le rattrape au vol.

Ma salive se fit acide dans ma bouche.

- Quant à l'attaque de ton lycée, je l'avoue, c'était mon idée, enchaîna Gregory, feignant un petit air coupable. J'ai toujours eu un faible pour le mélodrame.

Mon regard se perdit dans le vague alors qu'un sentiment aigu d'impuissance me submergeait. Certes, je continuais de rassembler ma magie aussi vite que je le pouvais, mais à quoi bon ? Même si je réussissais le tour de force de nous libérer, il nous faudrait les combattre, et c'était peine perdue.

J'avais l'impression qu'une perceuse me vrillait le crâne. Je fermai les yeux pour tenter de calmer le sang qui battait furieusement à mes tempes, mais aussi pour ne plus voir l'expression extatique de Gregory et de Jimmy, qui savouraient leur victoire comme on déguste un festin.

Et là, une caresse. Précautionneuse, hésitante.

Je rouvris les yeux et basculai dans une forêt d'émeraude. Sans se soucier le moins de nos ennemis, Michael s'était rapproché pour poser sa main sur ma cuisse. Nul doute qu'il avait perçu ma culpabilité et souhaitait m'insuffler sa confiance, cette foi qu'il continuait d'avoir en moi malgré les trop nombreuses erreurs que j'avais commises. Malgré la blessure encore lancinante que je lui avais infligée.

Ses doigts s'ancrèrent dans ma peau, et il secoua imperceptiblement la tête.

Non, je n'avais pas le droit d'abandonner. De baisser les bras et les laisser l'emporter aussi impunément. Nous devions nous battre, jusqu'au bout, même si les vents nous étaient contraires. C'était cela aussi, être une Chasseuse : garder une volonté de fer, une rage de vaincre, quand bien même le sort s'acharnait sur nous.

Prenant une longue inspiration, je hochai la tête à son intention, ma combativité revenue. Sauf qu'un picotement désagréable me parcourut la nuque, et je relevai la tête.

Toujours installé sur les gradins tel un spectateur désabusé, Shawn ne ratait pas une miette de notre échange. Ses yeux bleu-gris fixaient la main de Michael, toujours posée sur ma jambe, et sa mâchoire carrée se contracta, creusant sa joue. Sous la glace, le feu couvait, dévorant.

- Bon ! s'exclama Gregory, tapant à nouveau dans sa main, me faisant sursauter. Ce n'est pas tout ça, mais on a encore du travail.

À sa façon de nous observer, je compris que son cerveau fonctionnait à toute allure pour prendre une décision. Je ne doutais que la question était bien simple : nous tuer, ou ne pas nous tuer ?

- J'ai un collaborateur plutôt doué pour effacer les mémoires, dit-il à ses comparses sans quitter les filles des yeux.

- Tu parles du Matador ? demanda Jimmy, dont l'air réjoui n'augurait rien de bon.

- Le Matador ? Ne réveillons pas le chat qui dort, tu veux, le rabroua Gregory avec un certain agacement. Non, j'ai quelqu'un de fiable en tête. Quelqu'un qui saura se montrer discret, surtout, et qui n'ébruitera pas nos plans. Ne reste plus qu'à trouver un moyen de ramener tout ce beau monde en Espéritie et de...

- Pourquoi se donner tout ce mal ? intervint alors Shawn.

Sa voix grave se planta dans ma poitrine, et je cessai de respirer.

Gregory darda sur lui un regard chargé de reproche, mécontent d'être ainsi contredit devant les autres. Shawn n'en eut cure et enchaîna, faisant mine de ne pas voir l'irritation pourtant évidente de son complice :

- Débarrassons-nous d'eux, ici et maintenant. Ce sera plus simple pour tout le monde.

Ma nausée reprit de plus belle, me tordant la gorge. Je secouai la tête telle une furie, mais, déjà, les autres acquiesçaient, se désolidarisant du mage.

- Il a raison, approuva le démon, avançant d'un pas vers Chloé, qui ne lui fit pas le plaisir de reculer. Pourquoi leur faire ce cadeau ? Elles n'ont eu aucune pitié pour Owen et Sonny.

- Ni pour les autres, d'ailleurs, gronda Jimmy, dont les canines s'allongeaient déjà à l'idée du carnage à venir.

- Ce n'est pas ce qui était prévu, leur rappela sèchement Gregory. On avait dit qu'on se débarrassait de la sorcière, point barre.

Il carrait les épaules, refusant d'admettre qu'il perdait la partie. Pour ma part, je fus partagée entre le rire et les larmes en constatant que mon arrêt de mort était depuis longtemps signé et que seule l'exécution manquait encore.

- La situation a changé, fit valoir Jimmy en nous englobant d'un large mouvement du bras. Elle a rameuté ses petites camarades ? Qu'elles assument.

- Tu es complètement stupide, cracha Gregory en retour, se précipitant vers le vampire. C'est presque la moitié d'une Moon House !

- Vous n'avez pas toujours eu ces scrupules, pourtant.

Déboussolée, je considérai Michael qui, lui, jaugeait le sorcier. Je ne m'étais pas attendue à une telle remarque cinglante de sa part, et Gregory non plus d'ailleurs. Un instant pris au dépourvu, le sorcier se reprit, toute trace de son horripilante gaieté disparue :

- Tu parles de Leduc ? Qu'est-ce que tu sais de cette affaire, toi, hein ? vociféra-t-il, et un éclair de folie traversa ses yeux, si bien que je me décalai imperceptiblement devant l'Éclaireur. C'était une pourriture, de la pire espèce. Et si on m'en donnait la chance, je lui referais payer, encore et encore, ce qu'il m'a fait et ce qu'il a fait à ma famille !

D'une démarche saccadée, Gregory pivota sur ses talons et s'éloigna, frottant furieusement ses yeux pour retrouver son calme. Quand ce fut fait, il asséna aux deux monstres, dont la posture s'était faite hostile :

- Vous croyez vraiment que leur mort passera inaperçue ? Ce sera le branlebas de combat. Le Conseil va déployer toutes ses tentacules pour tenter de découvrir les responsables de leur disparition. Et s'ils y parviennent, on sera recherchés dans tout le pays. Maintenant, dites-moi comment on est censés faire tourner notre petite affaire si on est les ennemis publics numéro un ?

- Ne me dis pas que tu as peur, Greg ? l'apostropha alors Shawn.

La pique inopinée jeta un froid empreint de malaise sur l'assemblée.

Et elle ne fut pas du goût du sorcier, qui se retourna vers le jeune homme avec une lenteur toute calculée. Ses ondes s'étaient faites aussi ardentes que sa colère, qu'il ne parvenait plus à dissimuler. Profitant des dissensions que notre devenir venait cristalliser, les filles essayèrent encore de se libérer, mais les liens magiques tenaient bon, malgré l'état d'agitation croissant du sorcier. Quant à moi, je saisis l'occasion pour accumuler encore du pouvoir. J'avais les mains parcourues d'un vif courant électrique, mais ce n'était toujours pas suffisant. Presque, j'y étais presque.

- Et toi alors, qu'est-ce qui te prend ? répliqua le sorcier à Shawn, les sourcils arqués. Depuis qu'on est arrivés, je ne te reconnais plus ! Faire une connerie pareille, ce n'est pas ton genre, à croire que tu es devenu incapable de réfléchir.

Un détail que je n'avais pas remarqué jusqu'alors me sauta aux yeux : la complicité qui liait Shawn et Gregory. Une fraternité que je sentais entourée de pudeur, mais qu'un coup de gueule, un coup de sang, ne suffiraient pas à détruire. Oui, aussi fou que cela puisse paraître, ces deux-là étaient amis, et ils n'en étaient pas à leur première magouille ensemble.

Shawn ne prit pas ombrage de cette attaque. Au contraire, il se leva prestement et vint se placer aux côtés du sorcier, posant une main quasi rassurante sur son épaule. Une vive angoisse étreignit mes entrailles, car j'avais compris. Compris ce qu'il s'apprêtait à faire.

- Repose-toi, Greg, tu en as déjà bien assez fait. Je me charge d'ouvrir le bal.

Et avant que quiconque ait pu réagir, il se rua sur Michael.

Il empoigna l'Éclaireur par le col de son t-shirt, l'écarta avec violence de moi. Des hurlements jaillirent de toutes parts, me percèrent les oreilles, cependant qu'il traînait l'adolescent sur le sol comme un vulgaire sac.

J'eus l'impression de nager au fond des abysses, où tout se mélangea pour former un épais magma : les grognements de Jimmy et de Ciro, qui acclamaient leur complice et réclamaient du sang, des os brisés, une mort lente et jouissive ; les pleurs pitoyables de Chloé, qui chercha à se relever mais qu'un coup enfoncé dans l'estomac propulsa au sol ; les battements assourdissants de mon cœur, qui pilonnaient mon crâne et que je sentais jusque dans mes jambes tétanisées.

Les mains de Shawn s'enroulèrent autour du cou de Michael. Ses doigts se plantèrent telles des vis dans sa mâchoire. Avant le coup de grâce, la torsion brute et animale de la nuque à laquelle ses muscles se préparaient déjà, nos regards se cherchèrent. Se croisèrent. Il était prêt.

Ce fut l'éclat métallique de ses yeux, aiguisé par sa rage latente, qui me fit remonter à la surface et hurler :

- Je suis désolée, pardonne-moi !

J'avais crié si fort que ma voix avait couvert toutes les autres manifestations de désespoir.

Et il m'avait entendue, Shawn. À voir la façon dont sa tête tressaillit, dont sa volonté féroce vacilla l'espace d'un instant, je sus que j'avais trouvé les bons mots.

Il s'était statufié, et le craquement fatal que j'avais tant redouté ne répandit pas son grincement terrifiant.

Au lieu de cela, le silence tomba. Un silence haletant, de ceux qui vous ankylosent, qui collent votre langue à votre palais, qui annihilent votre énergie dans l'attente du bouquet final.

Pris au piège, Michael ne pouvait qu'agripper les avant-bras de son bourreau. Pour réussir à respirer, le faire lâcher prise ? Je n'aurais su dire, mais cette simple vision, ainsi que celle de ses lunettes échouées sur le parquet ciré, m'arracha un sanglot que je n'eus même pas besoin de simuler.

- Je regrette ce que je t'ai dit, gémis-je. Je l'ai regretté dès l'instant où les mots sont sortis de ma bouche.

Je me moquais éperdument d'être la cible de tous les regards ; un seul comptait, et celui qui m'avait tant ignorée n'avait désormais plus la force de se détourner de moi, ni des larmes brûlantes qui dévalaient mes joues.

- Si tu pensais même un peu ce que tu m'as dit ce jour-là, je t'en conjure, ne fais pas ça, le suppliai-je. Ne le tue pas.

Ne gâche pas tout, pas maintenant.

Je pleurais, sans m'arrêter. Je hoquetais, la vue brouillée de larmes, mais je ne flanchais pas. Je gardai la tête haute malgré l'expression anéantie de Michael, qui saisissait à demi-mots ce que j'avais tant voulu lui cacher ; malgré celle interdite de Gregory, qui nous considéra l'un après l'autre, abasourdi. Il refusait de croire ce qui pourtant s'étalait sous ces yeux. C'est sans doute pour cette raison qu'il encouragea Shawn avec une fermeté au goût de provocation.

- Tue-le.

Pas parce qu'il voulait la mort de Michael, il s'en foutait comme d'une guigne. Il avait formulé cette injonction par défi, poussé par un intérêt pernicieux, dans l'espoir de dissiper ses soupçons :

- Shawn, tue-le.

Il le poussait dans ses derniers retranchements, exigeait de lui qu'il prouve sa loyauté.

Je voulus me lever, mais un coup d'œil assassin de Jimmy m'en dissuada. Qu'importe, j'avais d'autres cordes à mon arc. Mon visage suppliant, par exemple, que j'offris à Shawn comme si je ne voyais que lui. Ce n'était pas difficile. Je n'avais qu'à laisser libre cours à cette part de moi que j'avais si violemment refoulée dans cette ruelle, me raccrochant à ma haine. Je la lui dévoilais enfin, cette autre Alicia, et elle avait le don d'exercer sur lui une emprise à laquelle il ne pouvait résister.

Alors, j'articulai tout bas, pour lui seul : « Ne fais pas ça, je t'en supplie, ne fais pas ça ».

Je le sentais sur le point de céder. Lui qui avait tout fait pour mettre au ban ces émotions, elles ressurgissaient au moment critique. Ses mains qui comprimaient toujours la nuque de Michael tremblaient. Son torse se soulevait par saccades sous sa respiration heurtée. À la souffrance qu'exprimaient ses iris, tous pouvaient deviner le tourment intérieur qui le déchirait. La tension s'accumulait dans ses muscles, dans son cou où saillait une veine frémissante.

Sentant l'issue approcher, mon courage me déserta, et je fermai les yeux, plantant mes dents dans ma lippe.

Un bruit sourd me fit tressauter.

Terrifiée par ce qui m'attendait, je laissai s'écouler plusieurs secondes, les plus cruelles de ma vie, avant de cligner des paupières.

La première chose que je vis fut Shawn. Le souffle court, il observait ses mains grandes ouvertes avec une stupeur teintée d'angoisse.

La deuxième, ce fut Michael. Vivant, sain et sauf.

L'adolescent s'empressa de mettre de la distance entre lui et celui qui avait failli le tuer par vengeance, ou par passion.

De soulagement, tout mon corps s'affaissa, et j'aspirai l'air comme une noyée qui avait senti la mort l'effleurer de ses doigts décharnés. J'enfonçai encore mes dents dans la chair meurtrie de ma lèvre pour m'empêcher de crier ou pleurer ma joie. Le regard que je posai ensuite sur Shawn était prudent, interrogateur.

Le jeune homme s'était repris, mais le coup d'œil pénétrant qu'il me jeta en retour avant de confronter Gregory fit faire un soubresaut à mon ventre. Le sorcier ne rata rien de cet échange et en tira la juste conclusion.

Shawn n'était plus dans leur camp.

- J'y crois pas, souffla Gregory. J'y crois pas ! répéta-t-il plus fort, lâchant les vannes de sa fureur. C'est pour ça que tu es venu jusqu'ici ? Pour elle ?

Mon corps se liquéfia face à la haine pure qui l'animait et qu'il dirigea entièrement sur moi.

- Mais à quoi tu penses, Shawn ? s'emporta-t-il devant le mutisme du jeune homme. C'est une Chasseuse ! Qu'est-ce que tu espères ? Tu ne comprends pas qu'elle te plantera sa dague dans le cœur dès qu'elle en aura l'occasion ?

- C'est faux ! m'insurgeai-je avec une hargne décuplée par l'urgence.

- Toi, tu la fermes ! répliqua le sorcier, menaçant, en me désignant d'un index tendu à l'extrême.

- En même temps, intervint en riant Ciro, que ce revirement inattendu avait l'air de beaucoup amuser, avec une aura pareille, pas étonnant qu'il ait succombé, non ?

Aura. L'aura de Leader, d'élue, contre laquelle je ne pouvais rien et qui irradiait chaque cellule des êtres sans âme.

Le terme mit un certain temps à pénétrer l'esprit enflammé de Gregory, et mon instinct se mit à gigoter comme un insecte pris dans un bocal.

- Quelle aura ? demanda lentement le sorcier.

Ce fut Jimmy qui répondit :

- Tu ne le sens pas ? Cette fille a une telle puissance que j'ai cru que c'était un démon tout droit sorti de la dimension infernale.

Je me figeai dans l'attente de la sentence.

Gregory médita un instant ces paroles et, bientôt, un éclat de rire enrobé d'une douce ironie glissa de sa bouche exsangue. Il passa une main sur son visage avant de pivoter vers Shawn, qui n'avait toujours pas prononcé un mot mais restait attentif au moindre mouvement de son acolyte.

- Une aura que je suis le seul à ne pas sentir, pas vrai ?

Ses traits se durcirent, et ses ondes bouillonnèrent telle la lave d'un volcan de glace.

- Ne me dis pas que cette fille est la putain d'Adalid !

Il saisit Shawn par le devant de son fin pull noir et lui cracha au visage :

- Tu nous as laissés venir ici en sachant qui elle était ? Réponds-moi !

La peur. C'était ce qui venait de lui faire perdre ses moyens. Gregory était terrifié par ce que je représentais, par ce pouvoir mystique que j'abritais, et il en perdait la raison.

Shawn se dégagea d'un geste sec du sorcier, mais avec une maîtrise de soi et une précaution qui me surprirent.

- Calme-toi, Gregory, lui exhorta-t-il. Ses pouvoirs ne se sont pas encore éveillés. Il y a un mois, elle ne savait même pas qui elle était.

Alors qu'il terminait sa phrase, son regard trouva à nouveau le mien, juste une seconde, mais Gregory recula d'un pas, pareil à s'il avait été frappé par la foudre. Il chuchota, contemplant son ami comme s'il était devenu fou :

- C'est l'Élue, et tu es raide dingue d'elle.

À l'entente de ces mots, Michael accusa le coup, mais son expression attristée lorsqu'il me considéra enfin me plongea en désarroi.

Shawn ne nia pas, mais courba les épaules. Une forme d'aveu, silencieuse, teintée de honte et d'impuissance. En moi, une tempête éclata.

L'air était si chargé d'électricité que je pouvais presque l'entendre crépiter.

Le jeune homme n'ajouta rien. Qu'aurait-il pu dire pour se défendre ? En revanche, Gregory avait recouvré ses esprits. Et décidé de prendre les choses en main.

- Jimmy, saigne-la.

Mon cœur se mit à cogner furieusement contre ma cage thoracique. Je levai la tête vers le vampire, dont les lèvres se retroussèrent sur ses canines obscènes.

- Avec joie.

Aussitôt, Shawn avança d'un pas, mais Gregory se mit en travers de sa route.

- Ne m'oblige pas à employer la force contre toi, l'avertit-il d'un ton étonnement calme. Je fais ça pour ton bien. Tu me remercieras plus tard, crois-moi.

Quand il revint à Jimmy, ce fut pour lui dire :

- Quand elle sera morte, je me débarrasserai de son corps, et je ferai en sorte qu'elle ne puisse jamais revenir.

Je n'eus pas le temps de chercher un sens à ces paroles sibyllines ; Jimmy me chargeait déjà.

Je me mis debout d'un bond et, d'un mouvement leste, esquivai sa main épaisse qui chercha à s'emparer de mon cou.

Bientôt, la salle résonna des cris et exclamations poussés par les captifs.

Du coin de l'œil, j'aperçus les filles sauter sur leurs pieds et passer à l'attaque malgré leurs bras entravés. La défection inespérée de Shawn leur avait insufflé une force nouvelle.

C'était sans compter sur Gregory qui, tendant ses doigts nimbés de lumière vers elle, les propulsa dans les airs d'une violente bourrasque.

J'y étais presque. Encore quelques secondes, et j'aurais assez de magie pour faire sauter nos liens comme de la dynamite. Il fallait que je tienne, juste un peu.

Cinq

Jimmy me décocha un coup de poing, que j'évitai de justesse, faisant pivoter mon buste. L'air me griffa la peau. Décontenancé par mon esquive, il marqua une hésitation, et j'écrasai mon pied sur son genou. Un craquement retentit, puis une longue plainte étranglée.

Quatre

Toute à ce combat, je ne remarquai pas la main bleutée que Gregory dirigea vers moi. Le sorcier fut parcouru d'une violente convulsion. L'instant d'après, trois aiguilles de glace s'enfonçaient dans ma cuisse, m'arrachant un cri de douleur.

Trois

Aveuglé par sa rage animale, Jimmy se redressa malgré son genou blessé. Il avisa les clous d'un blanc nacré plantés dans mon muscle et lâcha un rire guttural. D'une main, il me saisit par une épaule, de l'autre, il me tordit le cou. Ses yeux me happèrent dans leur éclat luminescent, et mon corps se ramollit devant ce spectacle magnétique.

- Fais de beaux rêves, susurra-t-il.

Deux

Derrière lui, Gregory s'effondra, le nez en sang. Jimmy prit son élan, ses crocs grossissant encore, mais il ne les planta jamais dans ma chair. Deux mains agrippèrent son menton, lui dévissèrent brutalement la nuque. Le vampire s'écroula, inconscient.

Un

Un bras s'enroula autour de ma taille, m'empêchant de tomber à mon tour. Je me perdis alors dans un bleu lacustre, aux profondeurs céruléennes. Le parfum suave de Shawn emplit mes narines, et ma magie s'agita au contact de son corps.

Sur ses traits transparaissaient le même soulagement qui détendait tout mon être.

- Merci, dis-je dans un murmure.

Zéro

Dans une secousse qui me fit vibrer de la tête aux pieds, je relâchai tout le pouvoir que j'avais accumulé.

Un bruit cristallin suraigu nous vrilla les tympans, et les menottes explosèrent en mille fragments incandescents, qui s'effritèrent avant même de toucher le sol.

J'enserrai Shawn par la taille, puis nous fis disparaître.

***

UN MIRACLE S'EST PRODUIT! 🤩🎉

Je pense à une personne en particulier qui doit se réjouir de la tournure de ce chapitre 😂

Shawn n'a pas brisé plus de cœurs 😁 (ouf) Michael est vivant (ouf bis), les petits oiseaux chantent, ils vécurent tous heureux et eurent...

Oups, je m'avance un peu là 😅 il reste encore une épreuve pour Alicia: le rituel qui lui permettrait de "sauver" l'humanité de Shawn. Un rituel qui n'avait pas l'air anodin 😨 Va-t-elle y parvenir?

Réponse la semaine prochaine (si tout va bien) 😇

En attendant, je vous souhaite de passer un très bon weekend ❤️ bisous 😍😘

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