Chapitre 14 - Le droit chemin (2/2)

J'arrivai à la Moon House près d'une heure avant mon rendez-vous. J'avais longtemps hésité devant ma garde-robe. Qui disait foire disait manèges : j'avais donc abandonné avec regret l'idée de porter une jupe ou une robe par peur d'un malencontreux coup de vent, et je m'étais rabattue sur un slim noir, assorti d'un joli haut gris perle, décolleté juste ce qu'il fallait. Mon perfecto, des baskets blanches, et le tour était joué. Le seul bijou que j'enfilai fut le fin collier en or, orné d'un quartz rose, que m'avait offert ma mère à mon entrée au lycée. Je l'adorais tant qu'il était devenu mon porte-bonheur. Quel meilleur moment que ce soir-là pour le porter ?

Mes cheveux, que j'avais un peu ondulés pour l'occasion, me caressaient les joues tandis que j'avançais d'un pas traînant sur le sentier qui menait au manoir. Je plaquai mon sac contre ma hanche d'un geste nerveux. Je pouvais sentir le métal de ma dague à travers le faux cuir.

Je ne savais si mon appréhension était due à mon rencard ou à la discussion pénible que je prévoyais d'avoir avant. Probablement un peu des deux. D'ailleurs, plus je me rapprochais de mon objectif, plus je sentais ma résolution s'affaisser comme un soufflé trop peu cuit.

La lâcheté l'avait presque emporté sur ma détermination quand j'aperçus une haute silhouette qui faisait les cents pas devant le perron de la Moon House. Je reconnus les longs cheveux de Nika au moment même où éclatait son rire cristallin. Elle était en pleine conversation au téléphone, offrant son visage aux derniers rais de soleil qui éclairaient encore la façade du bâtiment.

Quand la Chasseuse me vit à son tour, elle me fit de grands signes de la main, un sourire réjoui lui mangeant la moitié du visage. Je l'entendis qui s'empressait de prendre congé de son interlocuteur tout en venant à ma rencontre d'une démarche sautillante. À peine avait-elle raccroché qu'elle s'extasiait déjà :

— Tu es aussi appétissante qu'une brioche tout juste sortie du four.

C'était du Nika tout craché. Son estomac devait encore crier famine.

— Merci... je suppose ?

— Et je valide le choix du rouge à lèvres, renchérit-elle avec un air inspiré.

Je frôlai mes lèvres du bout des doigts : j'avais choisi un rose framboise sur lequel même Monica, la relou en chef, m'avait complimentée un jour. Ne restait plus qu'à espérer que Michael tombe également sous le charme.

Feignant la décontraction, je lui demandai :

— Sandy est par là ?

À mon grand désarroi, elle fit non de la tête.

— Elle est partie voir sa famille aujourd'hui. Elle devrait être rentrée vers vingt et une heures, mais tu seras déjà partie, non ?

Je fis de mon mieux pour cacher ma déception, mais mon projet de confession suivie d'une remise dans le droit chemin venait de partir en fumée. Néanmoins, Nika n'était pas dupe : ma mine déconfite n'échappa pas à son œil aiguisé, et elle s'inquiéta :

— Un problème ? Des doutes de dernière minute ? Tu as déjà embrassé un garçon avant, non ?

— Non, non, m'empressai-je de dire. Enfin, oui, j'ai déjà embrassé un garçon.

Et ce baiser ne m'avait pas laissé une forte impression, loin de là, mais c'était là un autre sujet de conversation.

— J'avais juste besoin de la voir pour...

Je fourrageai dans ma chevelure et y trouvai le mensonge idéal :

— ... qu'elle me donne un coup de main pour me coiffer, prétendis-je.

— Et tu comptais demander à Sandy ? pouffa Nika. La malheureuse sait à peine se faire des couettes. Mais ne t'inquiète pas, tu as devant toi la reine incontestée des tresses, fanfaronna-t-elle.

Je n'eus pas le temps de protester qu'elle me saisissait déjà la main et me traînait en direction du manoir.

— Michael ne s'en remettra pas, je peux te le garantir.

J'en doutais, mais je n'eus d'autre choix que d'obtempérer pour ne pas éveiller sa méfiance.

Cinq minutes plus tard, je me trouvai agenouillée au pied du lit de Nika, avec la sensation d'être redevenue une gamine de huit ans. Ma tête effectuait des mouvements secs vers l'arrière cependant que mon amie me démêlait les cheveux avec une farouche détermination. À croire que mes nœuds lui avaient déclaré une guerre qu'elle tenait coûte que coûte à remporter.

Les yeux presque fermés et la bouche grimaçante, j'essayais de limiter mes cris de douleur pour ne pas l'encourager dans ses efforts. Qui savait ce dont la Chasseuse était capable armée d'une brosse...

— Chloé et Helena m'ont raconté ce qu'il s'était passé hier, lança brusquement Nika d'une voix un peu sévère.

Mon cœur sursauta dans ma poitrine. Parlait-elle de...

Heureusement que je ne lui faisais pas face, car mon visage s'était décomposé à la vitesse d'un TGV, mais je parvins à garder une voix neutre quand je lui demandai des précisions.

— C'est-à-dire ?

— Bah, ta dispute avec Laurine.

Je relâchai mon souffle.

Ma dispute avec Laurine. Je l'avais oubliée, celle-là. Je reniflai avec mépris :

— Laurine est une abrutie finie doublée d'une prétentieuse.

Nika fut prise d'un rire semblable à un braiment.

— C'est vrai ! insistai-je. Dès qu'on lui lâche la bride, Madame se prend pour la cheffe du groupe.

— Et toi, tu deviens un peu trop téméraire à mon goût, rétorqua-t-elle en tirant gentiment sur mes cheveux pour m'obliger à tourner la tête vers elle.

Je me retrouvai alors face à ses beaux yeux bridés. Son air mécontent me rappelait celui que ma mère affichait quand je lui avouais avoir récolté quelque mauvaise note.

Nika ne portait pas de maquillage ce jour-là mais, même au naturel, elle avait un teint frais de pêche blanche.

— Tu vas finir au fond de l'estomac d'un démon, si tu t'entêtes à te la jouer solo.

Je pinçai les lèvres, penaude. Je savais qu'elle avait raison, mais je n'avais nullement l'intention de le reconnaître. Chloé et Helena étaient restées bouche bée quand elles s'étaient aperçues que je m'étais débarrassée du démon seule, et pour cause : j'avais eu de la chance. Ma petite désertion aurait très bien pu se conclure dans la douleur et le sang.

Enfin, Shawn était dans le coin. Il serait sans doute intervenu pour te sauver la mise.

Je tâchai de vite faire taire cette petite voix intempestive et repris d'un ton emporté :

— Alors quoi, il aurait fallu que je reste et que je laisse cette pimbêche m'insulter sans rien dire ? Elle me déteste, et je ne sais même pas pourquoi.

Nika prit son temps pour répondre, ses doigts s'agitant sur mon crâne pour me faire ce que je devinai être deux tresses collées. Vexée qu'elle ne prenne pas immédiatement mon parti, je gardai obstinément les yeux rivés sur la collection de bandes dessinées humoristiques qu'elle conservait précieusement dans sa bibliothèque.

— Je suis sûre qu'elle ne te déteste pas, dans le fond, affirma-t-elle enfin.

Sa déclaration me fit sourciller.

— Pourtant, ces six dernières années prouvent tout le contraire.

— Je le sais, soupira-t-elle, mais essaie de ne pas trop lui en vouloir. Laurine a grandi dans une famille protectrice qui lui a fait sentir qu'elle était le centre de gravité de l'univers tout entier. Elle a été choisie jeune et, d'après ce que j'ai entendu dire, elle a dès le départ montré un énorme potentiel. Personne ne devait tarir d'éloges à son sujet. Je pense que ton arrivée a quelque peu changé la donne.

— Je ne vois pas pourquoi, grinçai-je. Et puis même, je n'ai rien demandé à personne.

J'entendis Nika rire tout bas dans mon dos. De temps en temps, elle tirait un peu sur mes cheveux pour resserrer les brins de la tresse qui commençait à prendre forme.

— C'est vrai, concéda-t-elle. Je dis simplement que tu ne devrais pas garder trop de rancœur. Dis-toi qu'elle n'est sans doute pas aussi heureuse et sûre d'elle que ce qu'elle veut bien nous montrer. Et puis, tu ne voudrais pas devenir aigrie avant l'âge, si ? ajouta-t-elle avec malice.

J'avais du mal à imaginer Laurine comme une fille un tant soit peu complexée, mais force était de constater que Nika s'y prenait à merveille pour désamorcer ma colère. Je méditai ses paroles quelques instants, même si le souvenir du retour en voiture la veille, qui s'était déroulé dans une ambiance polaire, était encore bien frais dans mon esprit.

— Bon, j'essaierai de ne pas la détester outre mesure, finis-je par dire de mauvaise grâce.

— C'est un très bon début, s'amusa Nika.

Elle termina alors la première tresse, qu'elle s'empressa de retenir avec un élastique. Elle me donna ensuite une tape autoritaire sur le bras.

— Va vérifier dans la glace si ça te plaît.

Je lui obéis et filai dans sa salle de bains. Elle n'avait pas menti, elle était bien la reine des tresses. Je m'admirai quelques secondes, plutôt satisfaite du reflet que me renvoyait le miroir, mais Nika réclamait déjà mon retour à grand renfort de cris impatients.

— Alors, alors ? Qu'est-ce que tu en dis ?

— C'est vraiment joli, répondis-je, distraite.

Je me frottai le menton, indécise. Je percevais dans la glace l'anxiété qui assombrissait mon regard. J'avais prévu de me confier à Sandy, mais pourquoi ne pas m'adresser à Nika ? Mon secret devenait lourd, bien trop lourd à porter, et je ne pouvais m'empêcher de penser que l'ambiance feutrée de la chambre de ma collègue se prêtait aux confidences.

J'avais en Nika une confiance aveugle. En mission, je lui aurais confié ma vie sans l'ombre d'une hésitation. Je n'avais de fait qu'une seule réticence : si Sandy restait dans la mesure en toutes circonstances, Nika n'hésitait jamais à dire franchement le fond de sa pensée. Et j'allais devoir composer avec ce trait de sa personnalité, car je ne pouvais pas me taire plus longtemps.

Ce fut donc dans la crainte de sa réaction que je revins m'asseoir au pied de son lit. Je jouai avec mon pendentif, tendue, m'abîmant dans la contemplation des reflets rose nacré de la pierre alors que je réfléchissais à la meilleure manière d'aborder l'épineux sujet. Je me rendis vite à l'évidence : il n'y en avait pas.

Je pris mon courage à deux mains et me lançai avant que ma lâcheté n'ait eu raison de moi :

— Si je te raconte quelque chose dont je ne suis pas très fière, tu promets de n'en parler à personne ?

Les mains de Nika, qui s'affairaient toujours dans mes mèches, ralentirent leur cadence. J'avais désormais toute son attention, et cette pensée me fit déglutir avec nervosité.

— Bien sûr, dit-elle simplement, mais je pouvais entendre dans le ton de sa voix toutes les interrogations qui lui traversaient l'esprit.

Je pris une longue inspiration et osai avouer l'inavouable :

— Eh bien... j'ai comme qui dirait eu des conversations plus que bizarres avec... Shawn.

— Qui ? me demanda-t-elle, incertaine.

Si seulement j'avais pu tirer un trait sur les événements aussi facilement qu'elle.

— Celui qui en avait après Wright.

Cette fois-ci, ses mains s'immobilisèrent totalement. Pire, elles quittèrent mon crâne pour me saisir vivement par les épaules et m'obliger à faire volte-face. Mes cheveux à moitié tressés se défirent et glissèrent doucement le long de mon visage.

Face à moi, les traits de Nika s'étaient crispés. Plus aucune trace de sa précédente bonne humeur. Celle-ci avait laissé place à une inquiétude fébrile qui donna à ses pommettes la couleur du papier.

— Quand ? s'enquit-elle d'une voix blanche.

— La première fois, c'était...

La première fois ?

Ses doigts s'enfoncèrent douloureusement dans mes épaules.

— Je ne l'ai revu que deux fois, m'empressai-je de préciser.

Je ressentis un douloureux pincement au cœur devant son air stupéfait. Pourquoi me sentais-je aussi coupable, alors que c'était lui qui m'était à chaque fois tombé dessus sans prévenir ?

Mais je connaissais déjà la réponse à cette question : si je me sentais si mal, c'était parce qu'à aucun moment, alors que j'avais notre ennemi sous les yeux, je n'avais réellement cherché à le combattre. Et l'impression d'avoir failli à mon devoir m'oppressait de plus en plus.

— Est-ce qu'il t'a blessée ? enchaîna-t-elle, sourcils froncés, en m'observant comme si elle craignait soudain de découvrir des contusions cachées. Il t'a menacée, c'est ça ?

Je secouai la tête sous son regard ahuri.

— Ni l'un, ni l'autre. En fait, il voulait juste... parler.

Je me rendais bien compte que mes propos pouvaient sembler aberrants, et l'infime mouvement de recul qu'eut Nika me confirma que cette situation était tout bonnement absurde.

— Parler ? répéta-t-elle, incrédule. On n'a rien à dire à un démon dans son genre. Qu'est-ce que cette pourriture te voulait ?

Malgré moi, je tressaillis un peu en entendant l'insulte. Je me passai la langue sur les lèvres avant de la corriger, un peu réticente :

— Ce n'est pas un démon : c'est un humain.

La prise de Nika sur mes épaules se relâcha peu à peu, jusqu'à ce que ses mains retombent sur ses cuisses. Je lus dans ses prunelles le refus d'y croire, un peu comme moi lorsqu'il me l'avait appris dans la chapelle.

— Il t'a menti, ce n'est pas possible.

— Je ne voulais pas le croire non plus au début, mais c'est la vérité.

— Mais comment ? souffla-t-elle, les yeux écarquillés. Comment est-ce possible ?

En une seconde, elle était debout et tournait dans sa chambre comme un lion dans sa cage. Elle passa une main agitée dans sa longue chevelure noire.

— Un humain ne peut pas être aussi fort, poursuivit-elle. Même nous, nous avons nos limites ! ajouta-t-elle avec un geste emporté de la main.

— Son âme.

— Quoi ?

Elle se mit face à moi, qui étais toujours assise en tailleur sur la moquette délavée et râpeuse.

— Il m'a dit qu'il y avait renoncé pour devenir celui qu'il est aujourd'hui. Et c'est ce que je ne comprends pas, continuai-je, le visage levé vers elle. Si réellement il n'a plus d'âme, pourquoi nous a-t-il laissé la vie sauve, le soir où il est venu chercher Wright ? Pourquoi ne nous a-t-il pas...

— Non, me coupa alors Nika d'une voix précipitée. Non, non, non.

Elle se laissa tomber à genoux devant moi et prit ma main droite dans les siennes. Ses paumes étaient moites, ses doigts froids.

— Ne t'engage surtout pas sur cette voie-là, m'exhorta-t-elle en dardant sur moi un regard véhément. Si tu dis vrai et qu'il n'a plus d'âme, il ne vaut pas mieux que les vampires que l'on retrouve au fond d'une ruelle en train de vider des adolescentes de leur sang. Il aurait pu te tuer, Alicia. Sur un coup de tête. Pour un mot de travers ou...

— Mais il ne l'a pas fait.

— Pas encore, mais la prochaine fois ? C'est un monstre, au même titre que les créatures que nous combattons parce qu'elles sont incapables de faire la distinction entre le bien et le mal.

— Personne ne sait vraiment en quoi consiste le fait d'avoir une âme, contestai-je. Car sinon, comment expliquer les humains qui commettent des atrocités ? Et les vampires et démons qui se mêlent à nous sans devenir des machines à tuer ? Parce qu'il y en a, insistai-je. Frédéric pense même qu'une paix est possible entre le monde des ténèbres et le nôtre, tu le savais ?

Ma voix s'éteignit quand je vis son beau visage se durcir. Deux Chasseuses en pleine discussion passèrent alors devant la porte de Nika. Elles furent prises d'un fou rire, et l'écho de leur hilarité parut déplacé dans le silence de la chambre, devenu une chape de plomb. Lorsqu'elles se furent éloignées, Nika reprit à voix basse :

— Alicia, je te connais trop bien. Tu n'as jamais tenu ce genre de discours. Toi-même, tu n'y crois pas.

La gorge nouée, je baissai brièvement les yeux, suffisamment pour qu'elle se doute que je n'avais pas encore livré tous mes secrets. Elle remua la tête de droite à gauche.

—Pourquoi essaies-tu de défendre celui qui a brisé le bras de Sandy et failli tuer Cathy ? Que t'a-t-il dit, Alicia, pour que tu passes outre ces horreurs ? Tu crois qu'un type comme lui peut changer ? Ne sois pas aussi naïve... tu risques de tomber de très haut.

Ma langue restait collée à mon palais. J'étais incapable de prononcer le moindre mot. Je ne sus si Nika l'interpréta comme un signe d'hésitation ou de défiance, mais elle bondit soudain sur ses pieds et se dirigea à grands pas vers la porte.

— Je vais prévenir Frédéric.

— Non !

Je me dépêchai de la rattraper et claquai sous son nez la porte qu'elle venait à peine d'entrouvrir. Haletante, je posai mes mains à plat sur le bois et la contemplai à travers les mèches folles qui obstruaient ma vue.

— Tu m'as promis, murmurai-je.

— Dis-moi ce qu'il t'a dit.

Je rabattis mes cheveux en arrière avant de relever ma face contrite vers elle.

— C'étaient des trucs sans importance.

— Comme quoi ?

— Comme...

Je poussai un soupir et repris, à contrecœur :

— Comme le fait que les Maîtres-Éclaireurs ne sont pas aussi irréprochables que ce qu'on croit.

Nika émit un rire grinçant qui, même s'il ne m'était pas destiné, fut comme une douche froide.

— Comme si on allait le croire lui plutôt que nos propres supérieurs. Pour qui se prend-il ?

J'ouvris la bouche pour lui faire part de mes doutes, mais je me ravisai aussi sec. Je craignais qu'elle n'ait une encore plus piètre image de moi si je lui avouais que quelques mots de sa part à lui avaient suffi pour me convaincre. Je hochai donc la tête sans mot dire, mais Nika repartit, perplexe :

— Mais pourquoi te raconter toutes ces bêtises ? Il y a autre chose ?

Et tandis qu'elle me scrutait attentivement, à l'affût de la moindre dérobade de ma part, je me rappelai simultanément deux choses : l'expression de Shawn, presque fascinée, quand il m'avait secrètement rejointe dans la chapelle, et la saveur de mon prénom lorsque c'était lui qui le prononçait.

Presque instinctivement, ma bouche esquissa un sourire qui se voulait rassurant lorsque je repris enfin la parole :

— Je pense qu'il était intéressé par ma magie. Rien de plus.

Elle ne me quitta pas des yeux, mais je ne flanchai pas.

— Vraiment ?

Je m'empressai d'opiner.

— Vraiment.

— Fais attention, alors, m'avertit-elle en retour. Ne te fie pas aux apparences. Ses intentions envers toi, quelles qu'elles soient, ne sont pas nobles, tu peux en être sûre.

À nouveau, je me contentai d'acquiescer en silence. Et même si le cœur n'y était plus, je m'efforçai ensuite de plaquer un sourire sur mes lèvres et lui lançai d'un ton enjoué :

— Tu termines ma coiffure ?

Mais quand je fis mine de retourner vers le lit, Nika me retint par le poignet. Ses traits étaient empreints d'une gravité que je ne lui connaissais pas et qui avait la froideur d'une statue de marbre.

— Je ne dirai rien à Frédéric si tu promets de ne jamais le revoir.

— Mais c'est lui qui...

Un geste de sa part suffit à faire taire mes tentatives de me défendre. Elle garda sa main levée entre nous, et les mots moururent dans ma gorge.

— Promets-le-moi, Alicia.

Pendant plusieurs secondes, nous nous affrontâmes du regard. Ses doigts, qui m'enserraient toujours la peau, tremblotaient. De peur peut-être, ou de colère. Mais ce tressautement, qui me montrait toute l'affection qu'elle me portait, m'émut tant que je fis ce qu'elle me demandait :

— Je te le promets.

Je voulais par-dessus tout la rassurer, et cela fonctionna. Le soulagement m'emplit au moment même où il détendait ses traits, et sa main lâcha mon bras.

— Tu fais le bon choix, soupira-t-elle. Crois-moi.

Elle passa alors devant moi pour retourner vers son lit, et je laissai enfin retomber les doigts que j'avais croisés dans mon dos.

***

Voilà pour la fin du chapitre 14 🙃

J'ai un peu galéré à écrire cette discussion 😅 dur dur de faire en sorte qu'elle soit crédible (Alicia n'a que 16 ans et n'est pas encore très indépendante).

N'hésitez pas à me signaler les coquilles s'il y en a, j'ai fait des modifs de dernière minute.

Prochain chapitre : le RDV avec ce cher Michael (enfin 😂)! Je vais donc le diviser en quatre petites parties, comme ça, pas d'interruption.

Merci à vous de toujours suivre les aventures d'Alicia ❤️ et à la semaine prochaine 😘😍

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