Let me change your mind

*point de vue Rawen*

Je me suis réveillée avec un énorme mal de crâne. C'était atroce. Je pensais encore que tout ce qu'on avait vécu n'était qu'un cauchemar jusqu'à ce que je vois ma meilleure amie affalée par terre, les yeux usés par la fatigue. La pauvre, elle souffre avec moi. Cette nouvelle s'est abattue sur moi et sur toutes les personnes à qui je tiens comme une malédiction.

Je n'ai même plus osé parler à Glen. Pour lui dire quoi même ? Que je l'aime comme une folle et que je n'ai plus le droit de le faire ? Ça nous ferait encore plus mal qu'autre chose. Je ne sais pas si je pourrai sortir de cette tristesse un jour. Je n'aurai jamais imaginé, même dans mes rêves les plus fous que je puisse être amoureuse de mon frère. J'étais encore entrain de sombrer peu à peu dans le désespoir quand je senti la main de Neis dans la mienne.

Neis: tu te sens un peu mieux doudou ?

Moi: non pas du tout

Elle: je suis sûre qu'avec le temps tout finira par s'arranger.

Moi: moi je ne suis pas sûre que tu ai saisi la gravité de la situation. Je suis amoureuse de mon frère bordel de merde ! Chaque fois que je le vois, j'ai envie de le serrer dans mes bras, de l'embrasser. Je ne pourrai plus faire tout ça. Jamais. *pleure* Tu ne te rends donc pas compte ? On avait fait des projets ensemble. C'était sensé s'étendre sur la durée lui et moi. Et là qu'est ce qui nous reste ? Un ouragan est venu détruire les murs porteurs de tout ce qu'on avait pu construire jusqu'à présent et il ne reste plus rien. J'arrive pas à y croire... Plus rien...

Voilà une nouvelle séance de larmes qui s'enclenche au lever du jour. Neis, ma chérie, j'étais tellement triste qu'elle s'est mise à me serrer de toutes ses forces comme pour m'enlever ma douleur. Je crois que je ne me rends pas encore assez compte de la chance que j'ai de l'avoir dans ma vie.

Neis: c'est bon ! On se calme maintenant. Tu vas surmonter ça. Je ne dis pas que se sera facile. Je ne dis pas non plus que se sera rapide et se sera sûrement douloureux pour vous deux, mais il faut que vous soyez fort.

Moi: j... je ne sais pas si j'en serai capable un jour. Je ne fais que penser à lui, à son sourire, à son corps, ses caresses. Je n'arrive pas à contrôler ces pensées. C'est de l'inceste et c'est très grave ! J'ai déjà mon ticket pour l'enfer je crois.

Neis: noooon ne dis pas ça. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne tout ça. Mais vous n'étiez pas au courant, vous n'auriez pas pu l'empêcher. Vous n'avez pas choisi d'être tombés amoureux, ça c'est fait seul. Ça a été une très belle histoire. Il faut juste trouver le moyen de passer à autre chose.

Elle a raison, je le sais. Malgré tout, je ne pouvais pas m'y résoudre. Je ne pourrai pas le laisser. Je n'arriverai jamais à effacer tous les bons moments qu'on a passé ensemble. La première fois que je l'ai vu, j'ai su au fond de moi que c'était mon âme sœur. Je n'arrive plus à penser à autre chose. Les images de notre relation reviennent en boucle dans ma tête. Je crois que je vais devenir folle...

Moi: *faible rire* dire qu'un jour j'avais fait un pari stupide avec Glen et que je...je...

Neis: le jour où tu devais récupérer le numéro d'un type et si tu y arrivais il te payait à manger ?

Moi: oui c'est ça. J'avais dit au type que c'était moi frère et qu'il m'avait saoulé. Peut-être que j'ai attiré volontairement la malchance sur nous en disant ça

Elle: s'il te plaît doudou, arrête. Ça me fait trop mal de voir à quel point tu es devenue sombre et ironique. Mais je peux te comprendre. Va prendre une douche chaude, ça te changera peut-être les idées.

Je m'exécutai sans beaucoup de volonté. J'aurai voulu ne jamais être née. Comme ça, Glen aurait sûrement trouvé une fille qui n'était pas sa sœur avec qui il aurait eu une belle vie. De plus, nos familles et amis ne souffriraient pas autant de nous voir aussi triste. Il est trop tard maintenant. Le mal est déjà fait.

À la fin de ma douche, j'ai fait quelque chose que j'avais perdue l'habitude de faire depuis des années: prier. J'ai trouvé ça plutôt triste le fait que je me tourne vers Dieu uniquement quand tout va mal. Et s'il voulait me punir de l'avoir oublié ? Je le mériterais peut-être ? Glen ne serait donc qu'un simple dommage collatéral ? Je n'aurai probablement aucune réponse à toutes ces questions. Je me suis donc mise à genou et j'ai tout confié à Dieu en espérant que cela me libère ne serait-ce qu'un peu...

*point de Howard*

Que dois-je faire à présent ? Je n'ai pas pu dormir cette nuit. Je n'y arrivais pas. Mon esprit était submergé par de nombreuses pensées, plus confuses qu'autre chose. En plus de tout ça, Raquel ne pourra plus être joignable jusqu'à la fin de son séjour chez sa mère. Elle me l'a signifié dans un message hier. De toute façon, je n'aurai jamais osé lui dire tout cela au téléphone.

J'ai un fils à présent et je me dois de lui accorder tout l'amour et toute l'attention qui lui revenaient de droit depuis sa naissance. Est ce qu'il acceptera que j'endosse mon rôle de père un jour ? Cet enfant est très indépendant et aussi solitaire. Pourrai-je un jour me frayer une petite place à l'intérieur de sa carapace ? Sa sœur, elle a réussi à le faire mais pas de la meilleure des manières.

D'ailleurs, je ne sais pas si je devrais me mêler de leur relation. Il est clair qu'ils ne devront entretenir que des relations fraternelles à partir de maintenant et je sais aussi à quel point ils vont souffrir de tout ça. Je ne peux clairement pas gérer ça tout seul. Il faut que je demande des conseils à quelqu'un. Je vais appeler Tobias, il saura m'éclairer.

Moi

Bonjour Tobias. C'est Howard

Lui

Ton numéro est enregistré dans mon téléphone au cas où tu l'ignorais. Alors qu'est ce qui se passe ?

Moi

*je lui relate les faits d'hier*

Lui

Ça c'est un gros merdier ! Je crois que la première chose à faire serait de faire un test ADN histoire d'être sûr à 100% avant d'enclencher de quelconques démarches.

Moi

Tu as raison je ferai ça

J'avais complètement exclu la possibilité que Callista puisse se tromper. Bien que je doute que ce ne soit le cas. L'alcool peut faire oublier un certain nombre de choses mais certainement pas ça. Je ne sais juste pas comment elle va le prendre quand je le lui proposera à elle ainsi qu'à Glen.

Je toque à la porte de la chambre de Rawen pour l'informer de ma décision.

Moi: salut les filles comment ça va ?

Elles: ça aurait pu être mieux

Moi: je comprends votre désarroi et j'en suis profondément navré. Je voulais vous informer que je me rend à la résidence de Callista.

Rawen: pourquoi ?

Moi: je vais lui demander ainsi qu'à Glen que l'on réalise un test ADN.

Neis: c'est une très bonne idée. Comme ça, on sera fixé.

Je demarre ma voiture pour me rendre chez Callista. Je pris un grande inspiration et sonna à la porte. Elle vint m'ouvrir et je remarquai aux énormes cernes qu'elle avait, qu'elle a peu dormi.

Elle: bonjour. Je t'en prie, entre.

Je rentre dans le salon et je fus surpris de voir Olga. En fait pas temps que ça. C'était plus de la nostalgie de nos années universitaires.

Moi: bonjour Olga

Elle: bonjour Howard. J'aurai préféré te revoir dans d'autres circonstances que celles-ci.

Moi: pareillement

Callista: que puis-je faire pour toi ?

Moi: je voudrais parler à Glen et à toi si possible.

Elle: il ne m'adresse plus la parole. Olga, pourrais-tu monter s'il te plaît ? Pour le prévenir.

Olga: bien entendu. Excusez-moi.

Moi: alors... Comment te sens tu ?

Callista: je suis triste parce que j'ai l'impression d'avoir perdu les deux seules personnes qui me retenaient à la vie. Pourtant, je me sens tout de même libérée d'un poids.

Moi: je vois ce que tu veux dire et je tiens à dire que je serai toujours l...

Glen: bonjour Howard

Moi: bonjour mon garçon. J'ai demandé à vous parler à tous les deux pour vous soumettre une idée.

Elle: laquelle ?

Moi: je voudrais procéder à un test ADN.

Le silence s'installa dans la pièce. J'avais l'impression d'avoir dit une bêtise jusqu'à ce que Glen prenne la parole.

Lui: je suis d'accord. Appelez un hôpital. On le fait tout de suite.

Sa mère acquiesça du regard. Je me suis donc débrouillé à remplir la paperasse le plus vite possible et nous effectuèrent ainsi les prélèvements nécessaires. Les résultats nous seront communiqués samedi de la semaine prochaine.

*point de vue Glen*

Déjà que je me suis réveillé d'une humeur massacrante ce matin, revoir Howard n'a rien arrangé à la situation. Son idée de faire un test ADN m'a parue logique. En plus, il est possible que ma mère se soit trompée.

Ah ma mère... celle pour qui j'aurai donné ma vie m'a menti pendant tout ce temps. Je ne sais même plus ce qui me fait le plus mal dans cette histoire. Ma mère qui m'a laissé croire toute ma vie que mon père m'avait abandonné. Pire que ça, que Kealan et moi avions le même père. Ou bien, d'avoir perdu l'amour de ma vie.

Je suis dans un flou total. Une chose est sûre, ma relation avec Kealan ne changera jamais. Qu'il soit mon frère ou mon demi-frère, c'est du pareil au même pour moi.

Enrick: mec je te parle là... tu m'écoutes ?

Moi: non pas vraiment

Lui: hey... et si on se faisait une petite balade tranquille au parc. Histoire de te sortir un peu.

Moi: j'ai pas envie. En plus, je ne suis pas un chien pour que tu me sorte

Lui: je ne te demande pas ton avis. On y va !

Il me traîna presque hors de mon lit. Avant de partir, je jetai un coup d'œil dans la chambre de Kealan. Il était entrain d'écrire quelque chose. Je préfère ne pas le déranger.

Pendant qu'on marchait Enrick et moi, mes pensées convergèrent automatiquement vers Rawen. L'amour de ma vie, la seule qui a réussi à m'ouvrir au monde. Elle était ma bouffée d'air pur. Je crois que jusqu'à présent, elle n'est même pas au courant du degré d'amour que j'ai pour elle. Je n'avais jamais été aussi démonstratif avec aucune autre de mes copines qu'elle. Tout simplement parce que je n'ai jamais autant aimé une autre fille qu'elle. Je ne sais pas si je pourrai le faire un jour.

Enrick: euh... et si on allait ailleurs ? Ouais on va faire ça... on va aller manger hein. Allez tourne toi... on y va

Moi: pourquoi tu veux partir tout à coup alors que c'est toi qui m'a fait venir i...

Je comprend maintenant. Neis était là avec... Rawen. Elle est toujours aussi belle. Même avec son air fatigué et malgré le fait qu'elle soit toute pâle. Ma gorge se noua. Je ne pensais pas la revoir avant lundi au moins. Tous mes sentiments ont refait surface en un éclair. Super idée pour me faire penser à autre chose Enrick !

*point de vue Rawen*

Il était là à quelques mètres de moi. Mon Glen, celui avec qui, il y'a à peine un jour je filais le parfait amour. La vie est vraiment ironique. Un jour on est la plus heureuse du monde et l'instant d'après, on a envie de se tirer une balle dans la tête pour abréger ses souffrances.

J'avais tellement envie de le prendre dans mes bras, de ressentir ses lèvres contre les miennes. Il était si proche et si loin à la fois. Cette phrase me ramène à ces moments où je lui courais après et où je pensais qu'il n'en avait rien à foutre de moi. Si quelqu'un m'avait dit que j'allais employer cette même phrase dans cette situation précise, je lui aurai ri au nez.

Une vive vague d'émotion m'envahit et je me retournai dans le sens opposée en courant. Je ne voulais pas qu'ils me voient pleurer. Ça allait faire souffrir Glen encore plus et c'est la dernière chose que je souhaite. Pitié faites que ce test ADN soit négatif !

*point de vue Kealan*

Ces dernières 24h ont été plus que chargées en émotions. Je ne suis jamais autant tombé des nues de toute ma vie. Non seulement la seule fille que mon frère n'ai jamais aimé s'avère être sa sœur. En plus de ça, le gars avec lequel j'ai vécu 17 ans de ma vie n'est en réalité que mon demi-frère.

La quantité d'informations à assimiler est énorme. Mon père était mineur quand il a couché avec ma mère. Après ça, il a rompu. Puis il s'est volatilisé dans la nature. Le mensonge a été érigé en règle de conduite par cette même femme qui depuis que nous sommes petits, répétait sans cesse les vertus de la vérité. J'ai l'impression d'avoir été trahit.

Je ne sais même plus si j'ai affaire à ma mère ou à une étrangère. Le pire dans tout ça, c'est que nos liens familiaux se désintègrent un peu plus à chaque instant puisque chacun se referme dans sa bulle de tristesse et personne ne va vers les autres.

Il y'a quelques heures, j'étais juste un ado normal qui avait fini de jouer à la play avec son meilleur pote et qui rentrait pour avoir des nouvelles de l'entrevue entre sa mère et le père de la copine de son frère. Une relation que j'aurai cru inébranlable. En un claquement de doigts, tout a basculé...

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