4 | 'MAYBE'

Tooru marchait mains dans les poches, tête baissée, les graviers crissant sous ses pas alors que des bourrasques de vent venaient par instant le décoiffer totalement. Le parc était vide, l'atmosphère silencieuse et humide prenait toute la place. Les seuls bruits qu'on pouvait entendre étaient le bruit de ses pas dans le gravier et les jeux pour enfants qui grinçaient à cause du vent. Oikawa leva les yeux vers le ciel, humant l'air frais. Il aimait bien ce temps. Le moment après la pluie. Alors qu'il continuait à marcher, il en profita pour réfléchir.

Ça l'ennuyait d'être seul. Bokuto était amoureux d'Akaashi, Kuroo commençait à avoir des sentiments pour son voisin de seconde, et lui rien. Ça faisait une semaine qu'il écoutait ses amis déblatérer des choses sur les deux garçons qu'ils admiraient. Et lui, toujours rien. Il avait envie d'être amoureux. Il avait envie d'avoir quelqu'un qu'il pourrait embrasser, à qui il pourrait faire des câlins, à qui il pourrait tenir la main. Il avait envie d'avoir un petit ami. Il avait envie de sentir les lèvres d'un garçon qu'il aimait contre les siennes. Sa chaleur, sa main dans la sienne. Il se demandait comment on se sentait quand on avait les doigts entrecroisés avec la personne qu'on aimait. Il avait tellement envie d'être amoureux. Pourtant, jamais. Jamais il ne s'était senti étrangement attiré par une personne. Jamais il ne s'était senti bizarre, tout chose, ou même embarrassé.

Il avait envie de ressentir ce genre de choses. Il avait envie d'être embarrassé, il avait envie de redouter le moment où il avouerait ses sentiments à la personne qu'il aimait. Il avait tellement envie d'aimer quelqu'un.

On était vendredi soir.

Ce vendredi soir, alors que Koutarou était en rendez-vous avec son petit ami, alors que Tetsurou était probablement en train d'envoyer des signaux de lumière à son voisin en code morse, Tooru était seul.

Ce vendredi soir, les larmes commencèrent à rouler sur ses joues doucement, tombant le long de son menton, s'écrasant en grosses gouttes sur le sol, tâchant par moments ses chaussures.

Même Suga. Suga aussi était en couple. Suga aussi était heureux. Toutes ses connaissances. Tout ceux qu'il connaissait avaient quelqu'un à leur côté. Tous, sauf lui.

Il continua de marcher en regardant le ciel, le lac, les arbres, les feuilles qui commençaient à flétrir, qui commençaient à s'envoler des branches.

L'adolescent sentit une goutte lui tomber sur la tête. Puis une deuxième, et une troisième. Le ciel pleurait avec lui, il partageait sa tristesse.

Oikawa continua de marcher tranquillement, comme si la pluie ne le dérangeait pas. Et c'était le cas. Être mouillé n'était qu'un détail.

Toujours tête baissée, il continua d'avancer sur le chemin caillouteux, rien que pour se stopper en entendant des crissements de gravier devant lui. Il s'arrêta, les bruits s'arrêtant quasiment en même temps. Un sourire triste prit place aux coins de ses lèvres. Il était vraiment déprimé au point d'imaginer quelqu'un en face de lui.

Pourtant, quand il releva la tête, la surprise prit place sur son visage. En face de lui, les mains enfoncées dans les poches, Iwaizumi se tenait devant lui en silence, le visage ne montrant aucune émotion.

Ils restèrent sans parler, se dévisageant l'un l'autre. Et Tooru eut l'impression de se sentir différent. À l'intérieur de son corps, c'était différent. Un sourire s'installa légèrement sur son visage, alors qu'au même moment, les sourcils de Iwaizumi se fronçaient.

Tu as pleuré ?

Ma vie personnelle n'est pas si passionnante que l'on pourrait croire Iwa-chan, fit remarquer simplement le châtain en essayant de cacher le contour irrité de ses yeux vainement.

En voyant l'air concerné sur le visage du brun, il arrêta ce qu'il était en train de faire.

Quoi ? Ne me dis pas que tu es inquiet, laisse moi tranquille.

S'il te plaît sois inquiet. Ne me laisse pas tranquille.

Je ne veux pas que tu me demandes si ça va, continua-t-il.

Demande-moi si je vais bien s'il te plaît.

Après tout, tu ne m'aimes pas.

Je t'en supplie, aime moi.

Tooru ne savait pas à quel point la détresse et le désespoir étaient lisibles dans ses yeux. Pour la première fois, il priait pour qu'Iwaizumi arrive à le lire, comme il l'avait si bien dit la semaine précédente. Il avait envie qu'il arrive à déceler la vérité, il avait envie qu'il sache que ce qu'il disait n'étaient pas des mensonges.

Tch. Je rentre chez moi alors.

Pour la première fois de toute sa vie, Oikawa sentit son cœur se briser. Il avait comme envie de s'écrouler par terre, et il ne comprenait même pas pourquoi. Il ne comprenait pas pourquoi savoir que Iwaizumi n'arrivait pas à déterminer s'il mentait le mettait si mal.

L'adolescent en question reprit sa route, et quand il passa à côté de lui, il sortit sa main de sa poche et laissa ses doigts frôler ceux de Tooru, qui ressentit comme un éclair le long de sa colonne vertébrale, comme une décharge électrique le parcourir tout entier.

Idiot, souffla le garçon. Oikawa pouvait sentir sa respiration contre son oreille, Si tu ne vas pas bien, dis le simplement.

Sur ces mots, il partit. Le châtain n'avait jamais senti son cœur battre aussi fort. Iwaizumi était le seul qui le comprenait aussi bien. Il ne s'était jamais senti comme ça dans le passé. Jamais il n'avait ressenti ça pour aucun de ses amis. Ses jambes tremblaient, et il finit par tomber par terre en poussant un petit cri de surprise. Il n'avait rien eu à se rattraper, et il n'aurait pas pensé que si ses genoux s'entrechoquaient, c'était le signal qu'il allait s'effondrer. Les larmes se mirent à cascader sur ses joues. Il ne comprenait pas pourquoi il se sentait comme ça. Il avait besoin de quelqu'un pour l'aider. Il avait besoin de quelqu'un tout court.

IWAIZUMI !! hurla-t-il de toutes ses forces.

Ses cordes vocales lui avaient fait mal, sa voix s'était complètement cassée, mais il s'en fichait. Pas si loin, il vit la silhouette de l'adolescent se retourner d'un air étonné.

RESTE AVEC MOI S'IL TE PLAÎT !! s'écria-t-il, ayant du mal à ne pas laisser ses sanglots prendre le dessus.

Il ne connaissait pas vraiment Iwaizumi. Il ne connaissait même pas son prénom.

Peut être qu'il sautait sur les conclusions. Peut être pas.

Peut être était il simplement seul.  Mais peut être pas.

Peut être avait il seulement besoin de quelqu'un pour se prouver à lui-même que lui aussi avait quelqu'un à ses côtés. Peut être pas.

Peut être tout simplement qu'il était amoureux.

Mais au final, peut être pas.

Du moins, pas encore.

Tooru ne savait pas. Tout ce qu'il savait, c'était que son cœur avait battu si fort quand il avait été à côté de ce garçon qu'il avait cru qu'il allait sortir de sa poitrine. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait rougi si fort en sentant son souffle contre son oreille qu'il avait cru que sa tête allait exploser.

Peut être que Tooru n'avait pas envie de savoir ce qu'il ressentait. Du moins pas encore. Pas maintenant.

Il ne comprenait pas encore assez bien. Il n'avait jamais ressenti ça avant après tout. Alors peut être que c'était de l'amour. Mais lui, il n'en avait aucune idée.

Tout ce dont il avait envie, c'était Iwaizumi. Iwaizumi avec lui, Iwaizumi contre lui, leurs cœurs battant à l'unisson.

Et ça, il en était absolument sûr.

~Est-ce que c'est un peu trop rapide ? Non. Je ne pense pas. Je ne sais pas. De toute façon, je ne vois pas ce que j'aurais pu écrire d'autre avant ce chapitre.
Ce que je vous dis n'a aucun sens. Dans ma tête, ça n'a aucun sens non plus de toute façon -_-
Enfin sinon, j'aime bien ce chapitre. J'en suis assez fier, vous en pensez quoi ?
Vous pouvez croire en plus que les choses avancent entre eux, et c'est vrai, mais au final, avec les chapitres qui suivent, vous comprendrez bien vite qu'ils ont encore pas mal de chemin à faire >:)

D'ailleurs, en parlant de chapitre qui suit, le prochain chapitre est centré sur Bokuaka. Ils sont adorables, je ne pouvais pas ne pas leur faire de chapitres. Il faudrait que je parle de leur backstory aussi, ce serait important, mais pour l'instant vous n'avez absolument aucune idée de ce qu'ils ont pu vivre, donc je vais laisser cette partie de faire leur backstory un peu plus loin, on en reparle assez vite.
Aussi, dans le prochain chapitre, une révélation 'capitale' ahah.
Ça ne va pas vous plaire, croyez-moi.

Allez, à dans dans jours mes abricots (je vous avais prévenu que vous auriez droit à des noms de fruits - -')~

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