2 | 'NEIGHBOR'

Kuroo était dans son salon, le nez quasiment collé à la baie vitrée. Enfin le camion de ses nouveaux voisins arrivait. Il était vraiment anxieux. Et si c'était un couple de vieux ? Des jeunes parents ? Oh il détesterait vraiment devoir faire du babysitting gratuitement et changer les couches d'un gosse pleurnichard. Il détestait les gosses. Sa mère le savait bien et pourtant dès qu'elle en avait l'occasion, elle le casait chez sa tante dès qu'elle avait besoin d'un baby-sitter. Ça ne lui rapportait même pas d'argent. C'était plus une punition gratuite qu'autre chose. Son père essayait de ne pas trop s'affirmer dans toute cette histoire d'aimer ou non les enfants. Il était plutôt effacé, mais il avait un jour confié à son fils unique que sa mère avait peur de ne pas finir grand-mère.

Elle avait de quoi s'inquiéter, parcequ'en terme de bébés, Kuroo n'en voulait pas. Les gosses, soit ça le faisait marrer quand ça se cassait la gueule (ça lui valait pas mal de regards outrés quand il éclatait de rire dans un lieu public, et sa mère en avait plutôt honte), soit il avait envie de les jeter par la fenêtre quand ils piquaient une crise.

Ce n'était définitivement pas pour lui. Pourtant, sa mère était bornée et faisait tout pour lui donner envie d'avoir des enfants.

À croire qu'elle oubliait qu'il n'avait que dix-sept ans.

Elle pouvait être un peu extrême des fois, et son père un peu trop discret, mais il aimait quand même ses parents.

Tetsurou ! Viens aider les nouveaux voisins !

C'était le deuxième problème de sa mère. Elle s'obstinait à vouloir montrer au monde un enfant parfait, bien éduqué, intelligent et poli. Kuroo était tout le contraire. Il avait toujours été l'opposé de l'enfant idéal. Mais il savait que sa mère l'aimait quand même, donc ce n'était pas un problème. Il était heureux avec sa famille (sauf quand on l'obligeait à faire du babysitting évidemment).

Il se laissa tomber hors du canapé avant de se relever et de sortir dehors les mains dans les poches, sa mère le précipitant un peu.

Ils ont un enfant aussi !

Oh oh, pensa le noiraud, soudainement vraiment pas très rassuré.

Un garçon d'à peu près ton âge je crois. Un peu plus jeune.

Quand sa mère disait 'un peu plus jeune' ou 'à peu près son âge', la plupart du temps elle parlait de quelqu'un toujours au collège, en sixième ou en cinquième. En gros, quelqu'un qui n'avait pas du tout son âge.

Au moins, ce n'était pas un gosse. Le babysitting, il pouvait faire une croix dessus. Tant mieux.

Bonjour ! Nous sommes vos nouveaux voisins ! s'exclama sa mère en approchant des inconnus, un sourire chaleureux sur le visage.

Ah bonjour ! Enchantée ! s'exclama une femme brune en se retournant, collant le même exact sourire sur son visage.

Pendant un instant, Kuroo crut voir sa mère en face de sa mère. Elles paraissaient exactement pareilles.

Bonjour ... lâcha simplement l'adolescent en esquissant un léger sourire poli, sous le regard insistant de sa génitrice.

Sa nouvelle voisine hocha la tête en souriant, l'air assez heureuse de le voir.

Ah c'est bien ! Je m'appelle Natalie Kozume ! Je suis heureuse de voir que vous avez un garçon aussi, il va pouvoir rester avec le mien, il est beaucoup trop renfermé sur lui-même, expliqua Natalie avant de se tourner vers l'intérieur de la maison, changeant d'expression du tout au tout, KENMA !! VIENS DIRE BONJOUR !!

Kuroo resta figé, ne sachant pas vraiment comment réagir. Et puis ce fameux Kenma finit par descendre les escaliers, un téléphone dans les mains, l'air absent.

B'jour ... murmura-t-il simplement sans relever la tête de son écran.

Sa mère avait raison. C'était bien quelqu'un de son âge. Et aux yeux de Kuroo, il était magnifique. Splendide. Une œuvre d'art. Une teinture blonde, ses racines brunes commençant à repousser, des yeux dorés, des joues toutes lisses et des lèvres rosées. Ravissant. L'opposé complet de sa mère, qui elle était plutôt banale.

Désolée il peut vraiment être malpoli des fois.

Oh ne vous inquiétez pas, le mien est pire.

Les deux femmes se mirent à rigoler sur les défauts de leurs fils, et Kenma, frustré, finit par lever la tête pour croiser le regard ennuyé de Tetsurou. Ils restèrent à se dévisager quelques instants, les yeux de Kuroo s'attardant pas moments sur les lèvres colorées du blond, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de ce dernier qui baissait alors un peu les yeux, gêné.

Tiens ! Kenma ! Dis à Ikumi ce que tu veux faire comme 'métier' ! s'exclama soudainement Natalie, cassant leurs petits jeux de regard.

... Youtuber gamer, marmonna l'adolescent, ayant l'air exaspéré de devoir le dire pour une raison qui était encore inconnue à Kuroo.

C'est vrai, après tout, c'était cool comme métier. Pourquoi ça le dérangerait tant de devoir l'admettre ?

Tu as vu ça Ikumi ?! Comme s'il avait de l'avenir dans ce genre de choses ! Ah les ados je te jure ! J'ai beau lui dire que je ne le laisserai pas devenir un homme qui passe ses journées dans sa chambre, il ne veut pas m'écouter !

Ah, le noiraud comprenait déjà mieux. Ça ne devait pas être agréable de se faire rabaisser par sa propre mère.

Je ne te le fais pas dire ! Le mien veut travailler avec les animaux en danger comme la SPA ou ce genre de choses ! Il n'a aucun avenir !

Voilà. Ce n'était vraiment pas agréable.

Maman je t'ai déjà dit que je faisais ce que je voulais avec ma vie. Si j'ai envie de devenir pauvre tant pis pour moi. C'est toujours mieux que d'être cadre dans une grande société mais complètement dépressif. T'as envie que ton fils soit triste à cause de toi ?

Non évidemment mon chat–

Ne m'appelle pas comme ça.

Et si tu allais aider Kenma à déballer ses cartons ? Vous pourriez mieux faire connaissance !

Les deux adolescents acquiescèrent, voyant ça comme l'opportunité de s'enfuir de cette discussion frustrante. Quand ils arrivèrent dans la nouvelle chambre du plus jeune, Kuroo s'assit contre le mur, l'air déjà épuisé.

Mon dieu le cauchemar.

Je devrais lui dire ce que tu as dit à ta mère. La mienne veut me forcer à devenir styliste ou une merde du genre. Quelque chose de féminin comme elle dit, déclara mollement l'adolescent en commençant à ouvrir ses cartons.

Tout l'après-midi, ils mirent en place la chambre du blond, apprenant à faire connaissance comme l'avaient voulu leur mères. Kuroo apprit effectivement que Kenma n'était pas très sociable, si ce n'est pas du tout. Ça ne l'empêchait pas de l'apprécier. C'était étrange, mais il aimait vraiment beaucoup son nouveau voisin. Kozume, quant à lui, trouvait que Tetsurou était un peu trop extravagant. Mais lui aussi l'aimait bien. Il le trouvait rassurant, pour une quelconque raison. Enfin, s'il avait accepté de faire réellement connaissance, c'était seulement parcequ'il ne trouvait plus son téléphone qui lui permettait de s'échapper de tout ces contacts humains. Au final, ce n'était pas un mal. Kuroo était agréable. Bien évidemment, il n'avait aucune idée que ce dernier avait caché son portable pour l'empêcher d'être distrait.

Vers 18:00, les deux adolescents s'allongèrent sur le lit, exténués. Ils avaient terminé, mais qu'est ce que ça avait été long.

Merci de m'avoir aidé, je ne sais pas comment j'aurais fait sans toi.

Pas de problème. Je suis vraiment content que tu sois toi.

Hein ?

Genre pas un gosse. Je n'aurais vraiment pas supporté de devoir m'occuper d'un gamin.

Je comprends. Ma mère faisait pareil avant.

Ouais. Eh, je peux te poser une question ?

Tu es autorisé.

Oulah merci monsieur, pouffa le noiraud, faisant rire légèrement Kenma aussi, Pourquoi tu ne vis pas avec ton père aussi ?

Il s'est suicidé il y a deux ans. Ma mère commence enfin à passer à autre chose, et c'est pour ça qu'on a déménagé. J'espère qu'elle va trouver quelqu'un de mieux que ce connard.

Je suis désolé ... souffla l'adolescent en se redressant, l'air choqué. Il ne s'attendait vraiment pas à ça. Il ne s'attendait pas à ce que Kenma se confie aussi vite à lui, surtout sur un sujet aussi délicat.

Ne t'excuse pas ce n'est pas ta faute. Je ne comprends juste pas pourquoi les adultes tombent en dépression. Enfin ... Quand ils n'ont rien je veux bien. Mais mon père avait une famille, quelqu'un qui l'aimait plus que tout et qu'il aimait aussi, une belle maison, son travail n'était pas si terrible que ça. Pourtant, il était en dépression. Et ça m'énerve. Je ne comprends pas. Il n'avait pas de raisons d'être triste. Tant que tu as toujours au moins une personne qui t'aime, alors je pense que tu es obligé de t'accrocher à la vie. Au moins pour eux. Parcequ'ils sont là pour toi. Mais lui, il a été un lâche et un connard. Au lieu de rester, d'essayer de guérir et d'aimer ma mère, il a préféré se pendre dans le salon. Dans le putain de salon.

Tetsurou resta médusé, regardant les larmes se former au coin des yeux de son voisin.

La dépression c'est une maladie tu sais. Les gens ne choisissent pas de tomber en dépression.

Je sais bien ! Mais certains ne font aucun effort et se laissent aller à la maladie au lieu de se défendre et de se battre !

C'est mental ce genre de choses. C'est pour ça que c'est difficile de se battre. Justement parceque tu n'as plus envie de rien.

Je ... commença Kenma, essayant tant bien que mal de retenir ses larmes, sans grand succès.

Kuroo eut l'air de se rendre compte qu'il n'avait pas besoin de quelqu'un qui le contredisait et lui expliquait des choses, mais plutôt d'une personne qui le comprenait. Parcequ'il n'avait pas vraiment l'air d'avoir fait son deuil. Alors, le plus âgé prit l'autre garçon dans ses bras, le laissant figé contre lui.

Ça va aller ... Tu peux pleurer ...

Et alors, comme s'il venait d'en avoir l'autorisation, Kenma éclata en sanglots contre le torse de son nouvel ami.

Au collège les gens me regardaient avec tellement de pitié ! sanglota-t-il, Je ne veux plus de ça ! Je ne veux pas qu'on me voie comme le fils du mec qui s'est suicidé ! Je ne veux pas que ça se passe comme ça au lycée !

Ne t'inquiètes pas. Si tu en as besoin, je serais là d'accord ? Et mes amis aussi. Si tu avais perdu ta mère, je t'aurais bien proposé celle de Tooru vu qu'il en a deux mais plus j'y pense plus je me dis que je n'aurais vraiment pas dû dire ça.

Il entendit le plus jeune pouffer de rire entre deux sanglots, et il sourit tristement, le serrant un peu plus contre lui.

C'est qui Tooru ?

Mon meilleur ami. Aussi, quand tu arriveras au lycée, surtout évite la chouette. Il va te dire pleins de mensonges.

La chouette ?

Tu comprendras quand tu le verras.

T'as l'air complètement fou, se moqua Kenma en reniflant un peu.

Je sais.

Le blond rit un peu, essayant de calmer ses pleurs, et il se cala un peu plus contre Kuroo. S'il se concentrait, il pouvait entendre les battements de son cœur. Ça l'apaisait réellement.

Au bout de longues minutes, Kuroo sentit enfin son voisin se relaxer un peu dans ses bras. Quand il baissa la tête pour le regarder, il vit qu'il s'était endormi. Il sourit légèrement et l'installa sur son lit.

Il en profita aussi pour prendre une photo, qu'il envoya directement sur le groupe chat qu'il avait avec ses deux meilleurs amis. Il attrapa un post-it et écrit une petite note pour Kenma avant de redescendre les escaliers, de dire au revoir à Natalie et de rentrer chez lui. Ce n'est qu'en s'affalant sur son lit qu'il remarqua que Tooru lui avait répondu.

Oikamoche : c'est qui ?

Oikamoche : Ton nouveau mec ?

Meowaoya : Non c'est mon voisin

Meowaoya : Il est en seconde

Oikamoche : ça va tourner à la pédophilie ton affaire

Meowaoya : ta gueule monsieur je-suis-attiré-par-un-mec-qui-me-hais

Oikamoche : oH

Oikamoche : coup bas Tetsurou je suis vexé 😔

Oikamoche : en plus il ne me plaît même pas 😤

Meowaoya : c'est ça

Oikamoche : mais il te plaît du coup ?

Meowaoya : peut être. Je sais pas trop

Meowaoya : il est où Koutarou ?

Oikamoche : avec Akaashi. T'avais oublié ?

Meowaoya : mais ils ont déjà passé la journée ensemble, ils vont quand même pas passer la nuit !

Oikamoche : laisse le avoir son fun 😏 On aura qu'à le chambrer demain

Meowaoya : c'est quoi ce smiley pervers

Oikamoche : chut hein

Oikamoche : bon j'y vais mes mères m'appellent

Meowaoya : même après treize ans d'amitié, à chaque fois que tu dis 'mes mères' ça me perturbe

Oikamoche : homophobe

Meowaoya : tu peux pas dire à un LGBT qu'il est homophobe gros con

Oikamoche : try me

Meowaoya : mais

Oikamoche : h o m o p h o b e

Oikamoche : merde je vais me faire engueuler à plus

Meowaoya : ah karma

Kuroo posa son téléphone sur son bureau, amusé, et partit s'allonger sur son lit. Il tourna ensuite le regard vers la fenêtre de sa chambre, rien que pour remarquer qu'il était en face de celle de Kenma. Il pouvait le voir dormir d'ici, et ça le fit rougir, sans même qu'il ne comprenne pourquoi. Il aimait bien son voisin, c'était sûrement tout.

~kuroken. C'est tout ce que j'ai à dire.
(Pas du tout)
Bon, ce chapitre, il vous a plu comment ?
Non, mais par contre, sérieusement, ils sont pratiquement canon quoi. Je sais pas si vous avez lu Haikyuu-bu (c'est une sorte de spin-off officiel)
Mais euh


Voilà ;-;
Kuroken et Yakulev quasi confirmé quoi
(Magnifique screen de ma part, c'était peut être une info inutile de vous balancer ça, mais même après trois semaines j'avais toujours besoin d'extérioriser)

Sinon ! Natalie, Clarisse, les bons vieux prénoms Français je me tiens moi-même ;-;
En même temps je ne connais pas vraiment beaucoup de prénoms japonais alors on va y aller avec ça -3-

J'ai vraiment un problème à créer des problèmes comme ça aux personnages. D'abord Kenma, avec son père qui se suicide, et puis je ne vais pas vous dire ce qu'il y a après ahah (le reuf spoile tout seul tout le monde comme un grand
-_-)
Nan mais sérieusement, je suis parti loin. Encore une fois je me suis laissé aller, ça ne change pas de d'habitude.
J'ai quand même bien aimé faire Kenma qui s'ouvre à Kuroo alors qu'il ne le connait pas encore, parceque ça montre que malgré le fait qu'il soit super renfermé il fait immédiatement confiance à Kuroo.

Sinon, c'est tout pour moi :)

Je vous dis à dans deux jours les reufs~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top