Je suis étonnée par le ton grave de ma mère. 

- Pas maintenant, maman, je me reprends, un ami va arriver. 

- Dis lui de venir demain. Il faut vraiment qu'on parle. 

Je sors mon téléphone pour taper un message d'excuses à Gab.

Gabriel : Pas de problème. J'espère que tout va bien. 

Moi aussi. Là, maman m'inquiète. Elle a les yeux rouges comme si elle avait beaucoup pleuré. Je m'assois en face d'elle, prête à l'écouter. 

- Ma chérie, il s'est passé pas mal de choses, ces temps-ci, commence-t-elle, avec ma sœur, avec ta cousine, et avec... ton père. 

- Papa ? 

- Oui, en fait j'ai décidé de...divorcer. 

- Quoi ? Mais enfin, pourquoi ?

Ma mère fond en larmes. C'est quoi cette histoire ? Enfin, je ne sais pas quel serait le motif. J'entoure ma tête de mes bras. Ça chauffe beaucoup trop, la dedans. Impossible, c'est impossible. Ils s'aiment trop...non ? A ce moment-là, je me sentais comme dans les films, quand le monde de l'héroïne s'écroule. Et merde. 

- Ou est papa ? je demande d'une voix dure en relevant la tête.

- Je ne sais pas, bafouille ma mère entre ses larmes. 

Je sors mon téléphone pour appeler mon père. Il ne répond pas. Une fois. Deux fois. Trois fois. La colère s'empare de moi. Je fais quoi ? Ma vie est en train d'éclater, je le sens. Rien ne va, ma famille, mes amis, et mes relations. Je me lève d'un coup et appelle une qu'autre personne.

- Viens vite, je marmonne.

Cinq minutes plus tard, Gabriel passe la porte de ma chambre. 

- Grace, c'est quoi le truc ? Ta tête, on dirait que tu vas t'évanouir et me laisser ta vie à gérer. 

C'est que les larmes sortent pour couler sur mes joues. En combien, trois jours ? Tout s'est écroulé. 

- Eh, souffle Gab, en s'approchant de moi, tu pleures beaucoup quand même. 

C'est le cas de le dire !

- Mes parents vont se séparés. Kim et Co' ne me parlent plus, ma cousine est on ne sais où, et Chris, ne me parle pas non plus.

Il sourit tristement.

- Ça je suppose que c'est à cause de moi. 

Je ne dis rien. Sûrement, oui. Les larmes recommencent à couler. Cette fois, c'est à Gabriel de me prendre dans ses bras. Mais moi, je ne le repousse pas. Je le laisse me caresser le haut de ma tête. Les larmes coulent et viennent mouiller son tee-shirt. Ce n'est peut-être pas le moment, mais je relève la tête pour embrasser ses lèvres. Il ne me repousse pas. C'est tout ce dont j'ai besoin pour le moment. 

- Ça va aller, murmure-t-il.

Ça devrait être maman qui devrait être en train de me rassurer. Au lieu de ça, elle pleure en bas. Mon téléphone vibre à ce moment. Gab se détache de moi et me le donne. Héloïse. Je me redresse d'un coup. 

- Allo ?

- Oui, Grace. Ça va pas bien, la... 

Elle pleure aussi.

- Moi non plus je vais pas bien, je réponds.

- Pourquoi ? 

- Non toi d'abord. 

- Maman est à l'hôpital. Elle a trop bu hier soir. Des gens l'ont trouvés dans la rue, explique-t-elle en pleurant aussi. 

- C'est pas vrai, je marmonne. 

- Je le savais, continue Héloïse, ça fait des mois qu'elle se bourre. J'en peux plus. J'en ai discuté avec ta mère, mais je me suis défoulée sur elle. Je ne réalise pas.

Elle a la voix brisée. Des larmes coulent abondamment sur mes joues. C'est quoi ce bordel ? 

- Maman va quitter papa, je chuchote, ne pouvant pas faire plus.

- Quoi ? 

Gabriel, qui s'était écarté, revient vers moi. Je me niche dans son cou. 

- Wow. Je suis désolé Grace, continue de parler Héloïse, je peux venir ?  

- Oui. 

Je m'affale sur le lit, Gabriel à mes côtés. 

- Je fais quoi maintenant ? je demande.

- Tu éclaircis les choses avec ta cousine, tu vas voir ton père. La famille d'abord. 

- Je ne sais pas où est mon père. 

- Et bien tu attends.

Héloïse finit par toquer à la porte de ma chambre. Immédiatement, je me lève pour la prendre dans mes bras. Nous discutons un moment, et je finis par apprendre où est mon père.

- Il est avec maman, à l'hôpital, déclare Héloïse. 

Tiens, c'est bizarre. Franchement, j'ai comme l'impression que les drames se s'arrêteront pas là.