In Extremis

- J'suis rentré !

- Dans la cuisine !

Les mains plongées dans l'eau savonneuse de levier, j'entendis une succession de bruits étouffés et de cliquetis dans l'entrée de notre appartement. Puis, le son de ses pas feutrés contre le parquet remontèrent jusqu'à moi et quelques secondes plus tard, ses deux bras ceinturèrent ma taille en même temps que sa tête se nicha dans mon cou. Comme à chaque fois, il inspira, humant mon odeur qu'il aimait beaucoup apparemment, et me déposa un baiser juste derrière l'oreille. Mon corps frémit, la chair de poule recouvrit mon épiderme et mon palpitant accéléra la cadence. Au moindre touché de sa part, j'y répondais favorablement, et il adorait ça.

- Salut, me dit-il, son nez venant se perdre dans mes boucles indisciplinées.

Je souris.

- Salut. Tu as passé une bonne journée ?

- Ouais, ça va.

Après un autre baiser sur ma tempe, il me lâcha et fit quelques pas en direction du frigo avant de l'ouvrir et d'attraper la bouteille de jus d'orange. Ayant fini la vaisselle, j'éteignis l'eau du robinet et me séchais les mains avec le torchon, la hanche appuyée contre le plan de travail, le regard rivé vers lui. Il ne portait plus son uniforme. Dommage, j'aimais beaucoup le voir dedans.

- Tu as attrapé beaucoup de méchants ?

Il rigola tout en attrapant un verre dans le placard.

- Des méchants ? On dirait un gosse quand tu dis ça Deku, s'amusa-t-il.

Il se versa une bonne quantité puis porta le verre à ses lèvres. Je hochais des épaules.

- Bah quoi, c'est des méchants. Tu préfères délinquants ?

- Bah, c'est plus correct ouais, répondit-il après avoir bu et reposer le verre. Mais "méchants" te va bien.

Un sourire en coin apparut sur ses lèvres et il s'approcha de moi.

- Sinon ouais, j'ai arrêté quelques personnes. Et j'en ai même gardé un souvenir.

Je fronçais des sourcils, perplexe, avant de rougir soudainement face à la paire de menottes qu'il venait de sortir de sa poche arrière et qui pendait maintenant au bout de son doigt, me narguant de son lent balancement.

- T'es partant ? me demanda-t-il, ses yeux rouges plongés dans les miens avec intensité.

Je secouais la tête, amusé.

- Tu es incorrigible Katchan.

- C'est pas d'ma faute si mon mec est l'plus bandant de cette putain d'Terre.

Comment pouvais-je résister à ça ? Je lui sautais dans les bras et encerclais sa taille de mes jambes. Mes bras firent la même chose autour de son cou, rapprochant nos visages, alors que ses mains s'agrippaient fermement à mes fesses.

- Ok, je suis partant !

Un sourire carnassier orna ses lèvres, preuve que nous allions bien nous amuser, avant qu'il ne fonde sur les miennes pour un baiser ardent. Sans nous lâcher, il nous conduisit jusqu'à notre chambre qu'il referma d'un coup de pied.

Cela faisait maintenant un peu plus de trois ans que nous étions en couple Katsuki et moi. Et deux que nous habitions ensemble. Malgré nos caractères différents, pour ne pas dire opposés, nous nous entendions très bien. On se complétait, je pourrais dire. De part ma nature calme et posée, je l'obligeais à modérer son tempérament. Et par le sien très explosif, il me tirait vers le haut et m'incitait à me rebeller plus franchement qu'avant.

Quand je repense à notre première rencontre il y a presque quatre ans maintenant, je ne peux que sourire et m'amuser de la tournure des événements. Même si sur le coup, cela n'avait rien eu de drôle. Ça avait été tout l'inverse, effrayant. C'est vrai, qui aurait pu prévoir que le jour où nous nous rencontrerions, serait le jour où je frôlerai la mort.

Flash Back

Alors que je m'affairais à ranger ma chambre, deux petits coups se firent entendre sur le panneau de la porte.

- Izu ! T'es prêt ? demanda la voix de ma meilleure amie derrière celle-ci.

- Oui oui ! J'arrive !

D'un geste vif, je fermais la fermeture de ma valise, l'attrapais par l'anse, et ouvrit la porte, me retrouvant devant mon amie. Une petite brune aux joues rebondies qui répondait au nom de Ochaco.

- T'en as mis du temps, une vraie fille !

- Roh ça va hein !

Elle pouffa, attendit que je ferme derrière moi, et nous prîmes la direction du hall de l'hôtel afin de rendre les clés. C'était notre jour de départ après les deux semaines que nous venions de passer dans ce superbe hôtel au bord de mer. Les parents d'Ochaco avaient gagné un séjour pour quatre personnes et avaient évidemment invité leur fille unique, qui m'avait invité en retour. Nous avions profité pour nous détendre, bronzer, découvrir les alentours et participer aux activités que proposait le club. Sans qu'Ochaco ne leur demande, ses parents nous avait laissé entre nous, entre "jeunes adultes" dixit sa mère. Cependant, le soir, nous nous retrouvions autour du repas, racontant ce que nous avions fait durant la journée avec animation. Mais à présent, les vacances étaient terminées et nous devions reprendre la route.

Après notre passage à la réception, nous quittâmes le hall et nous nous rendîmes sur le parking, où Makoto, le père de ma meilleure amie, installait les valises dans le coffre de leur berline noire.

- Vous êtes prêts les enfants ? demanda Asami tout en donnant un sac à son mari.

- Les enfants...nan mais on a plus trois ans, grommela Ochaco dans sa barbe.

Amusé, je m'avançais jusqu'à Makoto et lui tendit ma valise.

- Merci Izuku. Vous pouvez vous installer dans la voiture, on y va.

Chacun prit place dans l'habitacle. Asumi sur le siège passager, le père d'Ochako au volant, elle-même derrière lui, et moi, derrière sa mère. Les portières se fermèrent les unes après les autres et, après un tour de clef, le moteur ronronna doucement. Puis, quittant le parking, Makoto s'engagea sur la route.

Cela faisait deux bonnes heures que nous avions quitté l'hôtel et nous roulions à présent sur l'autoroute. L'ambiance était légère et sujette au jeu. Nous faisions un blind test et ma meilleure amie était en compétition sévère avec sa mère. Un seul point les différenciait toujours et aucune d'entre elles ne voulaient lâcher.

Dans le rétroviseur intérieur, je vis Makoto froncer des sourcils tout en regardant dedans.

- Il y a un problème Makoto ? demandais-je.

- Je ne sais pas. On fume noir.

Je me retournais sur mon siège, imité par Ochaco, et vis, qu'effectivement, de petits nuages noirs s'élevaient par intermittence au-dessus du coffre.

- Vous avez fait la révision il y a deux semaines, avant de partir non ? demanda ma meilleure amie. C'est peut être les nouveaux freins.

- Possible, répondit son père.

- On a qu'à s'arrêter à la prochaine aire de service, pour vérifier, proposa Asumi, les yeux rivés sur son mari.

- Bonne idée.

Mais, nous n'atteignîmes jamais cette aire. Quelques minutes plus tard, une voiture nous colla soudainement au train et nous fit des appels de phares énervés, s'acharnant sur le klaxon.

- Qu'est-ce-qu'il veut lui ? Bah double ! s'exclama Makoto.

Mais la voiture continua son manège avant de se déporter sur le côté gauche afin de se mettre à notre hauteur. L'homme au volant nous fit alors de grands gestes de la main, nous faisant comprendre de nous rabattre sur le côté. Son visage n'avait rien d'énervé, il était paniqué. Que pouvait-il se passer pour que cette personne arbore une expression pareille ?

- Rabats-toi là chéri, ce monsieur a vraiment l'air inquiet, déclara Asumi en pointant un renfoncement.

C'était un bras de l'autoroute qui menait à une sortie de chantier. Mettant le clignotant, la voiture tourna légèrement sur la droite et dépassa la bande d'arrêt d'urgence. Cependant, Makoto eut à peine le temps de s'arrêter et de mettre le frein à main que sa portière s'ouvrit à la volée sur l'homme de la voiture.

- Descendez ! La voiture est en feu !

A ces mots, tout le monde se mit en mouvement. D'un geste fébrile, je me détachais et ouvrit la portière. Je m'apprêtais à sortir quand je vis Ochaco en difficulté. Sous le stress et la peur, elle n'arrivait pas à se détacher et ses doigts tremblaient tellement sur l'attache qu'ils ripaient constamment dessus. Je me penchais vers elle, et d'une main tout aussi tremblotante, appuyais sur le bouton défaisant la sangle. Enfin libre, elle sortit précipitamment de son côté et je fis de même. Aussi vite qu'elle put, elle contourna la voiture et me rejoignit.

C'est en s'éloignant qu'on constata la situation. Il n'y avait eu que quelques secondes entre le moment où l'homme nous avait prévenu et celui où nous étions sortis de la voiture, pourtant, le coffre entier était déjà en feu et les flammes s'attaquaient aux sièges arrières où nous nous trouvions quelques instants plutôt avec Ochaco.

Makoto était encore près de la voiture et balançait derrière lui les objets encore accessibles. Mais bien vite, il dû renoncer à poursuivre tant le feu se propageait rapidement. Nous étions à plusieurs mètres, mais nous sentions la chaleur de ce brasier nous lécher les joues. Une colonne de fumée noire s'élevait déjà dans le ciel, noircissant le ciel bleu.

Et nous regardions ce spectacle, impuissants. Makoto nous avait rejoints et enlaçait sa femme, la rassurant comme il pouvait. Ochaco se trouvait dans mes bras, ses épaules secouées de soubresauts que j'essayais inconsciemment de calmer en lui frottant le dos doucement, d'un geste machinal. Mes yeux fixaient ces flammes qui engloutissaient la voiture petit à petit, sans jamais faiblir. Au contraire, plus le feu avançait dans son repas, plus il prenait de l'ampleur. Et plus les tremblements de ma meilleure amie s'accentuaient. Cela avait été si vite. Si cet homme ne nous avait pas arrêté, nous serions morts, brûlés vifs.

A cette pensée, je décrochais mon regard de la future carcasse pour chercher notre sauveur. Celui-ci se trouvait un peu plus loin, près de sa voiture stationnée sur la bande d'arrêt d'urgence, et faisait les cents pas, tout en parlant au téléphone avec de grands gestes. J'entendis vaguement les mots "feu", "autoroute", "voiture" et je supposais qu'il avait appelé les pompiers. Nous étions tous tellement sidérés par ce qu'il se passait, aucun de nous n'avions eu, ne serait-ce l'idée, de les appeler.

A présent, toute la voiture brûlait, tel un immense feu de joie. Et nous sursautâmes quand le premier pneu explosa sous la chaleur. Il fut suivi des trois autres, redoublant l'intensité des pleurs d'Ochaco. Je n'en menais pas large non plus, les larmes menaçaient à tout moment de dégringoler le long de mes joues.

Je vis alors l'homme raccrocher et s'approcher de nous. Dans les brumes de la panique, je pu tout de même le détailler, un peu. Jeune, cheveux blonds et des yeux rouges. Il ne passait clairement pas inaperçu. D'un même mouvement, Makoto et Asami allèrent à sa rencontre.

- Je ne sais comment vous remercier Monsieur, vous nous avez sauvé la vie, déclara Makoto en serrant la main de notre sauveur.

- C'est rien, c'est tout à fait normal, répondit le jeune homme. Les pompiers et la police sont en route. Tenez, mettez ça.

Il nous tendit des gilets de sécurité qu'on enfila sans poser de questions et la seconde d'après, les autorités débarquèrent. Ils avaient fait vite. J'appris plus tard que le blond les avaient déjà appelé avant de nous demander de nous rabattre, dès qu'il avait vu les flammes sous le coffre de la voiture.

Les pompiers s'activèrent à éteindre le feu, pendant que la police nous faisait monter dans la fourgonnette bleue, où le médecin nous ausculta, alors que les agents prenaient notre déposition, chacun notre tour. Je répondais aux questions tel un robot, complètement à l'ouest. L'adrénaline était en train de retomber et je n'avais qu'une seule envie, me rouler en boule dans mon lit tel un nem et pleurer un bon coup.

Comme à travers une vitre, j'entendis les parents de ma meilleure amie discuter remorquage et assurance avec la police alors que mon regard ne quittait plus la carcasse fumante de la voiture. Le feu était presque éteint et maintenant, c'était une épaisse fumée blanche qui s'en échappait. J'avais du mal à réaliser que j'avais frôlé la mort, elle m'avait tendu les bras si facilement...

La question de savoir comment nous allions rentrer se posa alors. A priori, l'assurance pouvait nous envoyer un taxi, mais il ne serait pas là avant un moment. Contre toute attente, quand il sut que notre destination était la capitale, notre sauveur nous proposa de nous y emmener, lui aussi se rendant là-bas. Et c'est comme ça que, quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes dans la voiture du jeune homme qui s'avéra être un policier qui rentrait de ses vacances lui aussi.

La suite du trajet, je n'ai que des bribes de souvenirs. Le moteur ronronnant de la voiture, les voix basses des parents d'Ochaco parlant avec le policier, la radio mise en fond sonore...La nuit tomba rapidement et je suivi le mouvement en sombrant dans le sommeil, complètement vidé émotionnellement, avec la tête de ma meilleure amie dodelinant sur mon épaule.

Quelques heures plus tard, j'émergeais difficilement quand la voiture se stoppa complètement. Nous étions devant chez Makoto et Asami, je n'avais vraiment pas vu le temps passer. Tout le monde descendit et nous remerciâmes encore une fois l'homme, qui répondait au nom de Katsuki Bakugo, avant de le laisser repartir. Je fus alors invité à rester chez les Uraraka, Ochaco ne voulait pas dormir toute seule ce soir.

Ce soir-là, je pensais ne jamais revoir mon sauveur, je me trompais.

.

Une semaine plus tard, alors que j'étais posé tranquillement devant une série sans queue-ni-tête, mon portable émit le bruit familier de la réception d'un message. Nous étions dimanche après-midi et j'avais glandé tout le weekend.

Depuis l'accident, j'avais de plus en plus de mal à dormir et la fatigue venait me tourner autour comme un vautour autour d'une carcasse. Dès que je fermais les yeux, les images de ce qu'il s'était passé hantaient mes songes, me laissant en proie à des angoisses et des cauchemars qui me réveillaient la nuit, le coeur battant la chamade et des sueurs froides dégoulinant le long de la colonne vertébrale. Je rêvais que je brûlait vif, regardant ce fameux Katsuki Bakugo à travers la vitre, son visage angoissé de ne pas pouvoir me sauver et le mien, terrorisé à l'idée de mourir.

Et quand je sortais de ces songes, je n'arrivais jamais à me rendormir complètement. Je tournais et tournais dans mon lit, comme un lion en cage.

[ Ochaco : Izu ! Ramène toi au Café au lait, je te kidnappe pour l'aprèm ! ]

Portable en main, je soupirais. Je n'avais aucune envie de sortir.

[ Izuku : Flemme. ]

[ Ochaco : Tu vas vraiment rester chez toi, sans sortir ? Voir du monde pourrait te faire du bien. En plus, j'ai une surprise pour toi ! ]

Qu'est-ce-qu'elle avait encore fait ? Je devais avouer, ma curiosité était piquée. Avec Ochaco, je ne savais jamais à quoi m'attendre.

[ Izuku : C'est quoi ? ]

[ Ochaco : Tu veux un dico ? Viens et tu sauras ! ]

[ Izuku : Tu me soules...Je suis là dans 5 minutes. ]

Elle répondit qu'elle aussi elle m'aimait et je me levais du canapé, étirant mes muscles engourdis. Heureusement, j'avais quand même pris une douche ce matin. Un coup de peigne vite fait devant le miroir, afin de tenter de replacer mes boucles plus qu'indisciplinées, et je sortis de chez moi.

L'établissement, Café au lait, se trouvait seulement à quelques minutes à pied de chez moi. C'était un endroit chaleureux et calme, où l'on pouvait profiter pour bavarder tranquillement, étudier pour certains, autour d'une bonne boisson chaude l'hiver ou de rafraîchissements l'été, et de pâtisseries toutes plus délicieuses les unes que les autres. C'était notre lieux de prédilection avec ma meilleure amie.

Quelques instants plus tard, à moitié liquéfié, je poussais la porte vitrée du café et entrais, passant d'une fournaise à l'extérieur à la fraîcheur de la climatisation, le choc thermique était conséquent ! Je saluais les gérants derrière le bar qui me reconnurent sans peine et laissais mon regard parcourir la pièce, cherchant la brune des yeux. Celle-ci était attablée au fond de la salle, un café frappé entre les mains, son petit péché mignon, et discutait avec quelqu'un, un homme, si j'en croyais le large dos. Je fronçais des sourcils. Elle ne m'avait pas dit qu'il y aurait une autre personne avec nous.

Son regard noisette se leva et elle afficha un grand sourire quand elle m'aperçut. Elle dit un truc à l'homme, puis empoigna son gobelet, avant de se diriger vers moi, la mine ravie.

- Salut toi !

- Salut. Tu m'expliques ? demandais-je en visant la personne d'un coup de tête.

- C'est ma surprise, répondit-elle, toujours tout sourire. Amuse toi bien !

Elle s'apprêtait à partir, mais je la reteins par le poignet. C'était quoi cette embrouille ?

- Même pas en rêve tu te casses comme ça ! Tu m'expliques avant !

Elle leva les yeux au ciel, alors que je croisais les bras, mécontent.

- Ok ok...c'est Katsuki Bakugo, le mec qui nous a sauvé l'autre jour.

Les bras m'en tombèrent presque.

- Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il fait là ?

- Il passait dans le coin apparemment et il est venu à la maison, voir comment nous nous portions. Il pensait également te trouver là-bas, mais je lui ai dit que tu vivais ailleurs. C'est comme ça que je lui ai proposé de prendre un café en t'y invitant.

Je la regardais, suspicieux. Ça n'expliquait pas son départ.

- Pourquoi tu pars dans ce cas ? Si c'est toi à l'origine de cette...rencontre ?

- Pour te laisser le champs libre bien sûr, répondit-elle le plus simplement possible, comme si cela était évident.

- Comment ça ?

Elle afficha un sourire amusé et encercla mes épaules de son bras, tout en nous tournant vers l'homme qui dégustait toujours sa boisson, dos à nous.

- Izu...ce mec...y'a des vibes gays qui émanent de tout son être.

- Quoi ? Mais...encore ton radar ?

Elle rigola. Ochaco avait le don de reconnaître ce genre de...choses, elle se trompait rarement.

- Ouais. Et je suis sûre que c'est ton type, j'en mettrais ma main à couper ! Alors, tu vas me faire le plaisir d'aller poser ton joli petit cul sur le siège en face de lui et de faire connaissance. Et plus si infinité, possiblement.

Elle rajouta un clin d'œil à la fin de sa phrase avant de me faire un bisou sur la joue et de sortir du café. Je me retrouvais alors seul, en plein milieu de la pièce, le regard rivé sur un homme que je n'avais rencontré qu'une seule fois, les mains moites et le cœur tambourinant tellement fort dans ma poitrine que s'il avait pu, il en serait sorti.

Mais maintenant que j'étais là, je n'allais pas le laisser tout seul, à attendre comme un con quelqu'un qui ne reviendrait pas. Je pris, alors, mon courage à deux mains et me dirigeais vers lui. Arrivé près de la table, il m'entendit et tourna la tête vers moi, affichant un sourire, visiblement heureux de me voir.

- Salut.

Ok, Ochaco avait raison...il était carrément mon type !

- Sa-salut, je bégayais tout en m'asseyant sur le siège qu'occupait Ochaco quelques secondes auparavant.

Ainsi en face de lui, je pu le détailler bien mieux que ce soir-là. En fait, ses cheveux n'étaient pas blonds, mais plutôt cendrés ; le rouge de ses yeux virait plutôt au rubis, rendant son regard que plus intense ; un sourire en coin ornait ses lèvres fines et délicates, à l'inverse des miennes qui étaient plus charnues. Son torse était couvert par un débardeur noir, épousant sa peau hâlée et mettant en évidence des muscles bien dessinés. Il était tout à fait à mon goût.

Je dû me forcer à brider mon imagination. Celle-ci me lançait des images plus qu'équivoques de ce blond partageant mon lit et ce n'était pas le moment. Mais surtout, je ne savais pas si, à l'inverse, j'étais son type.

- J'suis heureux de t'revoir, commença-t-il, d'une voix grave, mais douce.

Ok, on laissait tomber le vouvoiement. Pourquoi pas. Après tout, il ne devait pas être beaucoup plus âgé que moi.

- J'avoue que je ne pensais jamais te revoir.

- Ouais, j'me doute, s'amusa-t-il. J'passais dans le coin, j'en ai profité pour prendre des nouvelles. J'pensais te trouver là-bas avec ta copine.

J'allais répondre quand la serveuse déposa devant moi un thé glacé, plein de glaçons. Ochaco avait dû commander pour moi. Intérieurement, je l'a remerciais, j'avais la bouche pâteuse dû au stress.

- Merci.

La serveuse m'adressa un sourire professionnel et partit vers une autre table.

- Ochaco n'est pas ma copine.

- Je sais, sourit-il.

- Oh...

Sacrée Ochaco, elle avait déjà plus ou moins préparé le terrain. Mais qu'avait-elle dit d'autre ?

- Elle m'a proposé qu'on s'retrouve ici pour prendre des nouvelles. J'avoue ignorer où elle s'est barrée. Elle m'a dit qu'elle rev'nait, mais c'est toi qu'es là à sa place.

Il rigola et son rire me donna des frissons. Ok, il me faisait beaucoup trop d'effet... Je pouffais.

- Elle est partie pour, je cite, "me laisser le champs libre".

Le blond souleva un sourcil interrogateur. J'avais conscience de mettre les pieds sur un terrain glissant. Mais autant y mettre les deux pieds d'un coup, comme un pansement qu'on arrache.

- Elle n'est pas ma copine, car...elle n'est pas mon style.

Ma phrase à peine terminée, il enchaîna :

- C'est quoi ton style du coup ?

Maintenant, c'était quitte ou double. On allait bien voir si le radar de ma meilleure amie avait encore tapé dans le mille. Nerveux à l'idée de lui répondre tout de suite, je bu une gorgée de mon thé glacé afin de me donner du courage. Puis, je me pinçais les lèvres.

- Les hommes...en uniforme ?

Il y eu un gros blanc où je crû mourir d'appréhension et d'une crise cardiaque tant mon coeur battait vite. J'ai jamais eu honte de dire que j'aimais les hommes. Mais...avec lui...c'était différent. Déjà, c'était la deuxième fois qu'on se rencontrait, même s'il y a une semaine, nous n'avions échangé aucun mot. Ouais...autant dire que c'était la première fois en fait. Et...il me plaisait vraiment physiquement...j'avais envie d'apprendre à le connaître.

Un sourire en coin vint orner les lèvres de Katsuki, me stressant encore plus. Est-ce qu'il allait se moquer de moi ou était-ce la réponse qu'il attendait ?

- Alors...j'ai toutes mes chances ?

Mes joues chauffèrent. Visiblement, Ochaco avait raison, encore une fois.

- Possible, avouais-je, le rouge aux joues.

Il me détailla de son regard grenat, ce qui me fit gigoter sur mon siège. Il y avait une telle intensité que c'était difficile à soutenir. Je n'étais pas mal à l'aise. Au contraire même...

- J'dois avouer que tu m'plais beaucoup aussi, répondit-il avec aplomb. J'étais pas venu pour ça à la base, mais...j'aimerais qu'on passe un peu d'temps ensemble, sortir, apprendre à s'connaître...si t'es ok, bien sûr.

Visiblement, c'était une personne directe, qui ne tournait pas autour du pot quand il voulait quelque chose. J'appréciais cet aspect de sa personnalité.

- J'aimerais beaucoup également.

Il me répondit d'un grand sourire ravi, mais non moins quelque peu enjôleur qui me fit fondre.

Les heures qui suivirent, nous discutâmes principalement de l'accident. Je vidais mon sac. Je lui expliquais ce que j'avais ressenti sur le moment, mais surtout comment je me sentais à présent. Les cauchemars, les sueurs froides, les crises d'angoisses...Il m'écouta avec attention et me rassura. Il trouva les mots justes pour apaiser mes craintes.

Nous discutâmes aussi de tout et de rien. De son métier de policier et du mien, banquier. De nos vies, de nos enfances et de nos relations ultérieures aussi. Étonnamment, la conversation suivait son fil avec une fluidité qui me fit chaud au cœur. Je ne savais ce qu'il en pensait, mais pour ma part, nous avions un très bon feeling.

Cela ne faisait que quelques heures que nous nous connaissions, mais au moment de nous quitter, j'avais déjà envie de le revoir.

.

Nous nous revîmes plusieurs fois tout au long des semaines qui suivirent, au café ou ailleurs, et plus nos rencontres se faisaient fréquentes, plus mes cauchemars disparaissaient. Être à son contact me faisait le plus grand bien. Et plus ces entrevues se succédaient, plus l'ambiance entre nous changeait. Il devenait plus tactile, plus taquin...et un soir, lors d'un "vrai" rendez-vous galant, il m'embrassa. Le baiser fut, dans un premier temps, chaste et incroyablement doux, qui se transforma bien vite en un baiser plus que langoureux, annonciateur de notre mise en couple.

J'eu peur que mes sentiments pour lui soient synonymes d'une quelconque forme de gratitude. Après tout, il m'avait sauvé la vie. Je lui étais redevable. Peut être, qu'inconsciemment, mes sentiments n'étaient dictés que par ça. Quand je lui exposais mon inquiétude, il me proposa d'arrêter de se voir, le temps de mettre au clair ce que je ressentais et d'aller en discuter avec un professionnel. Cela me fit mal de l'entendre de sa bouche, mais j'y voyais de sa part, une forme de respect envers moi. Il me comprenait parfaitement et était prêt à attendre.

Alors, c'est que je fis. Je suivis son conseil. Deux semaines plus tard, sans l'avoir vu et après deux séances, j'étais de nouveau dans ses bras, prêt à me lancer dans une nouvelle relation.

Et cette fois, j'étais sûr de mes sentiments pour lui. Ils n'étaient pas dictés par la reconnaissance. Ils étaient sincères.

Fin du flash back

A quoi tu penses Deku ?

Je sortis de mes pensées et secouais la tête. Katchan venait de me déposer sur le lit et entreprenait déjà à me retirer mon T-shirt.

- A notre première rencontre. C'était un jour sombre, mais je suis content de l'avoir quand même vécu.

Presque à quatre pattes au-dessus de moi, il jeta mon T-shirt derrière lui et releva un sourcil.

- Sans ça, je ne t'aurai jamais rencontré, je rajoutais en l'attrapant par la nuque afin de le ramener à moi.

- C'est vrai. J'suis content d'avoir été la voiture derrière vous.

Nous nous sourîmes amoureusement. Son nez vint se frotter au mien avec tendresse, bien loin de la passion qui animait son regard.

- Je t'aime Katchan.

Sa bouche s'écrasa sur la mienne pour un baiser ardent.

- J't'aime aussi Deku.

Notre rencontre n'était pas banale, mais c'est ce qui donne ce côté unique à notre relation. Et je ne changerais pour rien au monde ce qu'il s'est passé à l'époque. J'ai été sauvé par un ange.

- Tu m'attaches ? demanda-t-il soudainement, le regard gourmand.

Les menottes apparurent devant mes yeux. Je soulevais un sourcil. Non pas un ange...un démon.

- Avec plaisir.

Un diable, fichtrement sexy, qui, j'espérais, m'accompagnerait encore longtemps. Car je voulais passer le reste de ma vie à ses côtés, à profiter de cette chance qu'on m'offrait après avoir frôlé la mort, in extremis.


🔥

Bonjour 😊

Vous allez bien ?
On souhaite tous un joyeux anniversaire à Izuku, en ce 15 juillet 🎉 Et pour ce grand jour, vous venez de lire mon OS qui était pour le défi lancé sur le Discord des bakudekurangers.

Il est tiré d'une histoire personnelle. Comme Izuku, j'ai vraiment eu la voiture de ma meilleure amie qui a pris feu sur l'autoroute, je devais avoir 13 ans, de mémoire. Et un gentil policier qui revenait de vacances nous a sauvé.
J'ai essayé de retranscrire ce que j'avais ressenti à l'époque, mais, ça date un peu il faut dire 😅
J'espère qu'il vous a plu ? 🤞

Merci d'avoir pris le temps de me lire et de voter ❤️

On se retrouve bientôt pour d'autres aventures ensemble 🥰

Aly.

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