45. « Ma bête noire. »
DARIO
— Eh, on peut essayer de trouver un terrain d'entente, mec. T'es pas obligé de –
Je lui assène un coup dans le nez.
—Écoute-moi bien. Je serre mon poing américain, le métal claque contre ma paume. C'est simple : tu me donnes un nom, et peut-être que tu pourras encore pisser debout ce soir. Tu refuses ? Je te renvoie direct là d'où tu viens... dans l'entrejambe de ta mère. Deal ?
Après un bref voyage, il a fini là, solidement attaché avec une précision chirurgicale dans mon garage, prêt à cracher le morceau. Sauf que monsieur veut jouer les durs.
Le but étant de récupérer les informations dont j'ai besoin, j'ai essayé le dialogue, mais visiblement, ça ne fonctionne pas avec cette tête de con. Alors passons à l'étape supérieure.
En général, quand je dois m'en charger, je fais toujours en sorte que mon grand bulldog n'intervienne pas pour éviter les désagréments qui vont suivre...Un boucan atroce retenti dans le garage quand la porte s'ouvre.
Ma bête noir...
Je m'excuse d'avance mais même après des années à ses cotés, je ne suis vraiment pas fan du fait de voir comme il défigure les personnes qui lui cassent les burnes.
Il entre, lentement.
Son ombre s'étire sur le sol comme celle d'un monstre. Son regard tombe sur l'homme attaché, et je sens presque l'air se figer.
L'homme attaché se fige, comprend que la suite sera une leçon de douleur. Il craque ses jointures, puis lâche, d'une voix rauque et dénuée de la moindre pitié :
— À nous deux, p'tite merde. Il s'approche à grand pas vers nous tandis que moi j'attrape un casque, me retournant vers l'homme qui est en phase de réalisation je lui demande s'il préfère avoir une réduction de bruit face à l'appareil qui risque de le trancher en morceau ou s'il préfère rester adepte de tout ses sens.
Personnellement, c'est pas mon dada.
Alors j'allume mon enceinte sous le regard pesant de Thémis. Et même à l'homme que je lui donne tout mon courage. Il attrape une corde après l'avoir détachée et l'étale sur le bureau autour duquel il l'enroule. Thémis avance et lâche, d'une voix tranchante :
— Je vais te la faire courte, parce que je n'aime pas trop parler. Dis moi qui, avec qui est ce que tu t'amuse à faire des pari avec MON putain de frique?
— Putain mec, vous avez même pas été foutus de gagner un seul pari et tu continues à piocher dans les réserves, t'as disjoncté ou quoi ? J'ajoute dans un rire étouffé.
Je connecte mon téléphone à l'enceinte, un sourire tordu aux lèvres. La musique explose dans le garage, un contraste absurde avec la tension électrique qui nous entoure.
Thémis approche, les plaques chauffantes en main, son regard aussi glacial que le métal sera brûlant.
— Je te conseillerais de parler au plus vite, il va perdre patience, et ce n'est pas moi qui risque de l'arrêter.
Sa petite fée n'est même pas dans les parages.
Ce matin, elle était dans un état déplorable.
— Thémis, sérieux, tu veux encore refaire la déco du garage avec du sang ? On a dit qu'on passait au minimalisme ! glissais-je.
Pourtant, après de multiples préventions, il ne place pas un mot.DOMMAGE.
— J't' aurais prévenu, maintenant à chacun sa souffrance. Je dis fortement alors que le son de l'enceinte retentit brutalement.
L'homme arque un sourcil à l'instant même où il comprend que j'en ai véritablement rien à faire.
Je m'en branle assez pour placer mes meilleurs pas endiablés sur le son. Thémis me fusille du regard alors que je défile dans tout le garage.
Lui hurle à l'homme de parler entre chaque intervalle de charcuterie.
Qu'on se le dise, il est en train de faire de son corps un sacré bacon.
Devant
Derrière
À gauche
À droite.
Je répète mes pas de danse, le sourire aux lèvres, je préfère ne pas regarder le saccage qu'il commet.
— Je devrais peut-être monter un spectacle... « Danse avec les plaques» ? Ça sonne bien, non ?
Thémis détourne vivement le regard vers moi et je le sens, il ne peut s'empêcher d'en placer une :
— Note artistique : 8/10. Exécution technique : 2/10. Dario, pour l'amour du ciel, un peu plus de grâce.
— T'es jaloux parce que j'ai plus de flow que toi, c'est ça ?
— Espèce d'enflure, faut vraiment être malade pour agir avec autant de détachement. crache l'homme, alors que Thémis augmente la température des plaques chauffantes, qui ne laisse pas apparaître une once de sensibilité.
Ouais, sûrement. Putain le son, il tue sa mère.
— Normalement, c'est le moment où tu jures fidélité en pleurant. Tu veux qu'on mette une musique dramatique ou c'est bon ? balance sèchement Thémis.
— Sans doute devrais-tu songer à lui arracher les dents. Je propose. Ça lui permettra de contrôler les mots qui en sortent.
J'abuse ? Absolument pas.
Il n'avait qu'à pas m'insulter.
Thémis m'adresse un regard songeur alors que je ne lançais qu'une proposition à but de pression et non d'exécution. Il attrape une pince.
— Ça va, ça va, je vais parler... dit l'homme avec une certaine difficulté.
Putain, dommage... J'étais à deux doigts de lui tirer la langue.
— Voilà qui est mieux. dit mon coéquipier en tapotant les joues du gars, puis il dépose l'objet de sa terreur.
Outil dont je me sers pour mes putains de caisses !
— Sancho, c'est Sancho qui se sert derrière votre dos.Ça, c'est pas sympa. Ni pour toi Tony ni pour toi mon cher Sancho. Ici, la règle d'or est plutôt simple.Tu ne dénonceras pas tes frères. Qu'importe la circonstance. Quitte à clamser, fais-le avec dignité ?
J'arrête dans ma danse, coupant la musique, je le regarde et dis :
— Sancho seul, ou bien tu l'as aidé ?
Le blondinet soupire, lâche une réponse qui ne passe pas. Vu la gueule de Thémis, il est foutu.
Pourtant, s'il s'était décidé à l'ouvrir plutôt, peut-être bien qu'il s'en serait bien sorti. Le truc est que primo, il a pété sa bouche et puis secundo, il a préféré faire le désiré. Ça ne reflète de sa personne que son pourcentage de puterie. Mais j'avouerais que le choix est assez compliqué quand tu n'es qu'un petit novice dans ce monde. Tu te retrouves submergé par de l'argent, puis t'en veux encore et encore.
Toujours un peu plus jusqu'à en faire le faux pas. Le pas crucial...
Et comme il est con, il a tenté, mais archi mal...
Il s'est frotté à plus fort que lui. Résultat ? Il s'écrase comme une feuille morte. Pas celle qui tournoie doucement. Celle qui fait un putain de PAF. Ça doit faire mal, pas vrai ? Je n'en sais rien. Personnellement, je n'ai pas été aussi con pour tenter aussi mal. Ce genre de plan mérite de la préparation méticuleuse. Pas d'un braquage similaire à La casa del papel. On parle quand même des caisses à Falconetti.
Tu entres sous identité X, tu pioche, tu joues, tu rejoues, tu gagnes. Tu n'as pas le droit à une putain de faute. Parce qu'elle sera fatale. Et puis pour finir, tu fais le coup du maître. Il te permettra de remporter LE gros pactole et tu en ressors sous une identité Y.
Simple, corsé, méticuleux et tout sauf pour les débutants comme lui. Il faut éviter alors de faire passer en prime les désirs stupides et irréalisables. Tony gérait les comptes.
Évidemment qu'on allait remonter à lui. Il aurait dû garder son calme. Il a paniqué. Il est foutu.
— Eh ... Maintenant que j'ai parlé, laissez-moi m'en aller... S'il vous plait.
— Mmmh... Non, rétorque mon ami. Toi, je vais te buter. Et j'apporterais ta chair à un lion. Mais j'hésite encore : version kebab ou sushi ? Ou alors je te laisse vivant et je te balance dans une de leurs cages et puis Sancho, je m'en chargerai plus formellement, une simple balle suffira.
Pourquoi cette différence de traitement ?Simplement parce que Tony était un homme censé avoir juré fidélité, en revanche, Sancho n'est qu'un p'tit con en soif de pari pour des combats illégaux qui coûtent un bras.
Soutenons qu'en plus il parie mal... Avec de l'argent qui ne lui appartient PAS.
Mon regard posé sur ma bête noire, je constatais son changement soudain. D'une minute à l'autre, il va faire une singerie, je le sens.
— Oh mec... riais-je. Si t'as une liste de dernières volontés, je te conseille de la raccourcir.
Thémis dégaine son arme et, avant même qu'il n'ait le temps de le supplier,lui tire sa balle en plein dans les couilles, me filant des frissons ; je l'observe avec dépit.
— La prochaine fois, tu porteras tes couilles correctement.
Thémis ajoute avant de quitter le garage.Je me penche vers l'homme se vidant de son sang et je lui dis : « Un petit selfie pour la route ? »
Mon flash jaillit.
Je vais bien évidemment supprimer cette saleté de mon cellulaire, seulement je vais envoyer un avant-goût à notre cher Sancho de ce qui l'attend.
La conclusion ? Vous l'avez, j'en suis persuadé...
Première erreur : tu trahis. Deuxième erreur : tu crèves.
Ah non, pardon. Y'a jamais de deuxième erreur.
Le lendemain.
C'est un Vendredi matin, et j'ai eu l'idée brillante de me lever tôt. Pas que j'en sois particulièrement fan, mais Thémis m'a demandé de prendre le petit-déjeuner avec lui. Comme si c'était un grand événement. C'est marrant comment il aime gérer les petites choses comme ça, mais dès qu'il s'agit de parler de vrais trucs, il préfère tout régler dans l'ombre.
Je m'installe à la table du salon, un café fumant dans les mains. J'entends des bruits de pas derrière moi et je sais immédiatement que c'est lui, mon grand pote, mon acolyte.
Il est là, tout droit sorti de son sommeil, les yeux encore plissés comme un chat qui n'a pas eu sa dose de soleil.
— T'as l'air d'un cadavre, Thémis. Je rigole en posant ma tasse. T'as mangé tes légumes ou bien ? Il me lance un regard noir, mais je peux voir le coin de ses lèvres se soulever.
C'est le genre de petite victoire qu'on célèbre quand on est amis avec lui. Quand il sourit, même un peu, c'est un signe de victoire.
— C'est toi qui dis ça alors que tu viens de sortir du lit avec l'air d'un personnage de dessin animé mal dessiné ? Il réplique d'un ton sec, mais je vois bien la lueur amusée dans ses yeux.
Je rigole et prends une gorgée de café, appréciant le moment simple. Pas besoin de drame, pas besoin de pression, juste nous deux, dans ce petit coin de la maison. Et c'est ça, en fait. C'est ça qui fait qu'on fonctionne si bien ensemble. Lui et moi, c'est comme une vieille paire de baskets usées. Pas toujours parfaits, mais terriblement confortables.
— Eh, tu t'es pas encore décidé à être un peu plus relax ? Je lui demande en jetant un œil à son regard de fauve en pleine chasse. Tu sais, de temps en temps, tu peux essayer de sourire sans que ça te tue.
Il soupire, mais au fond, je sais qu'il apprécie.
Thémis est un mec qui aime garder le contrôle, mais je suis le premier à savoir qu'il aime aussi les petites choses simples. Peut-être qu'il le cache, mais il n'est pas si dur que ça.Au bout de quelques secondes, il se laisse tomber sur la chaise en face de moi.
C'est marrant comme il change d'attitude quand il est pas obligé de jouer à l'homme de fer.
— Tu crois vraiment que je suis détendu ? Il demande, un sourire minuscule se formant sur ses lèvres. Tu ne vois pas comme les affaires disjonctent en ce moment ? Vole par-ci, trahisons par-là. T'as vu ce que j'ai fait hier à Tony ? Je jure que ce n'est que le début si d'autres se mettent à me provoquer.
Je ris à l'évocation de l'incident, Thémis a ce truc de toujours en faire trop. Et moi, je suis là pour le détendre un peu, lui rappeler que la vie peut aussi être simple.
— T'es un vrai psychopathe, mais c'est pour ça que je t'aime bien. Je fais semblant d'être sérieux, mais en vérité, je me marre. Et t'inquiète, je vais bien m'occuper de tout ce bordel. T'as qu'à profiter de ton café. Et puis, tu sais, à retourner passer du temps avec Derya. Tu dois lui manquer.
Il me regarde, puis se laisse finalement aller à un léger sourire. Bon, ok, ce n'est pas grand-chose, mais ça suffit pour moi. C'est dans ces moments-là que je me dis que, peut-être, juste peut-être, il pourrait se détendre un peu plus souvent. Alors, pendant qu'il est là, dans son coin, moi je m'éclate à lui raconter une blague sur des types qui essaient de se cacher sous une table pour éviter un règlement de comptes. Pas sûr que ça le fasse mourir de rire, mais au moins, je tente. Pour l'avoir vu, je jure que c'était drôle.
— Si tu arrêtais de me regarder comme si j'étais un alien et me disais plutôt ce que tu as de prévu aujourd'hui ?
— J'ai simplement prévu de me shooter au café ; le reste des aventures se présenteront à moi de manière inattendue comme d'habitude. dit-il après avoir soupiré, sa capuche recouvrant l'entièreté de sa tête.
— Très bien. Dégaine le plateau d'échecs. Le monde peut bien aller se faire foutre un instant.
Les échecs, c'est notre truc. Avant, on pouvait y jouer toute une aprem, et avec le temps et les événements, les moments comme ça sont devenus plus durs à atteindre. Thémis roule des yeux, mais je sais qu'il en rêvait.
Le plateau en bois est posé entre nous, bancal sur une vieille caisse en métal. Les pièces d'échecs, certaines abîmées, d'autres remplacées par des objets de fortune (un écrou pour un pion, un bouchon de bière pour une tour), attendent leur sort. Une ampoule grésillante éclaire faiblement la scène, projetant nos ombres sur les murs du garage.Je déplace mon cavalier d'un mouvement lent et calculé, l'air concentré.
— Échec.
Thémis lève les yeux vers moi, impassible. Il ne dit rien, analyse. Puis, dans un soupir exagéré, il s'enfonce dans sa chaise et croise les bras.
— Échec, échec, échec... Mec, tu devrais faire un effort pour varier un peu.
— Désolé, j'optimise mes coups. Je suis une machine de guerre.
— T'es surtout un putain d'emmerdeur.Il avance son fou et me regarde avec un sourire satisfait.
— Tiens, prends ça dans ta gueule.
Je plisse les yeux, penche la tête à droite, puis à gauche, comme un mec qui essaie de comprendre une œuvre d'art abstraite.
— Mouais... Disons que c'est audacieux.
— Disons que c'est brillant.
Je croise les bras, réfléchis. Puis je déplace ma reine d'un coup sec.
— Mat en trois coups.Thémis fronce les sourcils, vérifie. Un silence. Puis, d'un geste lent et très théâtral, il renverse son roi du bout du doigt.
— C'est de la triche.
— De l'intelligence.
— Non, de la triche.
Il attrape le bouchon de bière qui remplace sa tour et me le balance à la gueule. Je l'esquive de justesse, éclatant de rire.
— Oh, monsieur est mauvais perdant !
— Pas du tout. Je suis juste un fervent opposant aux méthodes de rats. Il réfléchit une seconde, puis affiche un sourire en coin. Par contre, j'ai une idée...
— Si ça implique de me frapper, je refuse.
— Si ça implique de jouer avec des règles modifiées ?Je plisse les yeux.
— J'écoute...
— Chaque pièce capturée donne droit à une gorgée de tequila.
— ... Et ?
— Si tu perds ta reine, tu bois cul sec.
— J'aime cette version. Il sort une bouteille et deux verres.
— Allez, on recommence.
— Mais cette fois, t'évites de remplacer tes cavaliers par des vis rouillées, j'ai failli me perforer la paume.
— C'est du matos de qualité, arrête de pleurnicher.
On est là, à rire et à se provoquer comme deux gosses. On parle de tout et de rien, de ce qu'on pourrait faire ce week-end, des dernières conneries qu'on a vues sur Internet, comme si rien d'autre n'avait d'importance.
C'est ça, en fait, la vraie amitié avec Thémis : la possibilité d'échapper un instant à la pression de ce monde.
Mais bon, on n'est jamais vraiment à l'abri des problèmes, alors, tôt ou tard, il va me demander de l'aide. Et là, je serai là pour lui. Comme toujours. Je pose ma tasse de café et me lève. Le regard de Thémis me suit, et même s'il ne le dit pas, je sais qu'il est content que je sois là.
Parce que, de temps en temps, il a besoin de quelqu'un pour lui rappeler que la vie peut être un peu plus légère. Et moi, je serai toujours là pour le lui rappeler.
~
À très vite !
With love Ana. ✨
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