43. « Bıçaklı Prenses. »
Il était là, debout, il m'analyse comme il le peut. Se bat contre les revers de l'alcool qu'il a ingéré. Son regard suspendu à ma personne, comme s'il venait de surprendre un détail qui n'avait aucun sens. Puis c'est vrai, ça n'avait aucun sens. J'aurais pu réagir autrement. Ses sourcils se froncèrent légèrement, ses paupières se figèrent, et, l'espace d'un instant, tout son visage se crispa dans une muette interrogation. L'air de dire " mais qu'est ce qui cloche chez toi ?" L'incompréhension s'insinua dans son regard, l'espace d'un instant j'ai cru qu'il me tomberait dessus. Il semblait divaguer, je dirais même que le monde vacille autour de lui.
Puis, presque aussitôt, un souffle discret, une infime détente des traits. Rien. Ou plutôt, plus rien. Comme une vague qui s'efface sur le sable avant même d'avoir eu le temps d'exister pleinement. Il cligna des yeux, redressa à peine son menton, et lissa d'un battement de cils l'étrange sensation qui l'avait effleuré.
Son regard glissa ailleurs, indifférent. Un faux-semblant parfaitement maîtrisé. Comme si tout allait de soi. Une nouvelle fois, il titube presque, attrape une nouvelle coupe, en avale sa contenance et affirme:
— Ah ouais ? Me questionne t'il. Et depuis quand tu connais mes goûts toi hein ? Dit-il en s'approchant de moi perplexe.
Me dominant par sa forte poitrine, il me regarde de haut. Son expression faciale en dit long sur sa pensée mais il se désintéresse, la minute qui suit.
Si j'avais pu me cacher à cet instant..
Une personne chargée de service passe près de nous, alors Thémis l'interpelle, lui demandant de faire le nécessaire pour rendre intact son sol.
Il s'éloigne de moi l'air de rien lorsque Dario s'approche, lui murmurant d'un ton similaire à un coup de pression quelque chose.
Là, son attention détourner, je devrais relâcher mon souffle mais rien. Non. Je suis comme submerger par un manque d'oxygène. Lorsque je j'éleve mon regard, là voilà. D'un regard lourd de sens, suspicieux et plein de malice Rebecca me scrute. Elle secoue la tête négativement, l'air de me blâmer.
Elle a compris ou joue simplement les intéressantes ?
Une heure et demie plus tard
À l'étage, appuyer contre la rambarde du balcon, j'ai une vue sur le dessus de la piscine et de toute évidence sur l'un des cochons présent dans le manoir en pleine séance de plotage. Il asphyxie littérallement les fesses de cette femme. Et elle ne semble pas être dérangée par la situation.
Les pas qui résonnent dans mon dos, m'extirpent de ma pensée. J'étais là pour me changer les idées, mais ce fut de courte durée. Je dois vraiment manquer à cet homme pour qu'il ait tant besoin de m'avoir dans son champ de vision.
Il est blond pas brun. Louper.
— Vous êtes du style aveugle pas vrai ? Dit-il en sirotant son verre.
— Je ne suis pas sûr de comprendre. Je le questionne alors que je m'apprête à m'en aller.
Mon temps de repos visiblement rompu. Il empoigne mon bras, m'empêchant tout pzs supplémentaire. Ma respiration se bloque instinctivement, le manque d'air faisant chuter ma tension, je me sens pâlir.
— Lâchez-moi.
— À vos ordres, tendre Princesse. Il rétorque plein de sarcasme, un sourire au lèvre présent qui disparaît rapidement lorsqu'il poursuit. Le blond exerce une pression désagréable. sur mon bras et m'attire brusquement près de sa bouche, de laquelle il susurre froidement chaque mot. Ne crains-tu pas de contrarier des hommes comme nous.
— Vous ai-je contrarié ? Dis-je incrédule. Je n'en ai pas le souvenir, si c'est le cas veuillez m' excuser Fidel homme mais dans le cas échéant. J'ôte brusquement mon bras de sa poigne. Je vais vous demander de me lâcher.
— J'apprécie ta répartie. Dit-il d'un ton aguicheur. Il se resserre près de moi et ajoute. J'ai l'impression que notre aventure ne s'arrêtera pas là. Pas toi ? Il descend sa main en dessous de ma fesse qu'il compresse m'attachant un sursaut.
Moins de quelques secondes se sont écoulées entre l'instant et ma réaction. Je ne réfléchis pas. J'attrape un vase en verre, lui éclatant sur la tête. Il s'effondre au sol, grince de douleur, abattant sa main sur le coin de sa tête.
— Et moi j'ai besoin d'un remontant parce que la soirée risque d'être longue. Du vin blanc !
Le visage fermé, la détermination chevillée au corps, je pousse la porte, prêt à m'extirper de cet endroit. Mais à peine ai-je fait un pas que je me fige. Face à moi, Thémis.
Il est là, immobile, l'air perdu, une main distraite grattant l'arrière de son crâne, comme s'il peinait à atteindre une pensée. Son regard, d'abord vague, semble retrouver sa netteté à mesure qu'il me contemple. C'est comme si, en me trouvant enfin, il revenait brusquement à la réalité.
Un instant, il reste ainsi, à me scruter en silence. Puis, il se ressaisit.
— Qu'est ce qu'il se passe là dedans ?
— Rien d'important. J'appose mes mains sur son torse, le repousse pour m'extirper du cadran.
Seulement... la revoilà.
Cette odeur. Son parfum. Il s'insinue dans mon nez, s'accroche à mes sens, enivre chaque particule d'air que je respire. Mon cœur se serre brusquement, une contraction douloureuse, incontrôlable. Je le sais : si mes yeux se posent sur lui, c'est fini. Alors je fuis.
— Suis-moi et ferme-la.
Sa voix claque, impérieuse. Avant que je ne puisse réagir ou même véritablement m'enfuir aussi vite que ma pensée, il attrape ma main et m'entraîne à sa suite. L'étonnement me cloue sur place un instant, puis mes jambes suivent le mouvement, comme mues par une volonté qui n'est pas la mienne.
J'aurais dû protester, dire quelque chose. Mais je reste muette. Il entend des voix, en plus ? Je jure que je n'ai pas dit un traître mot..
Il s'arrête net. Je fronce les sourcils, confuse, tandis qu'il fait demi-tour sans un mot. Me laissant planté dans le couloir.
— Où vas-tu ?
À peine ma question franchit-elle mes lèvres qu'un coup de feu éclate. Mon cœur rate un battement. Je tourne la tête juste à temps pour voir Thémis, arme au poing, devant l'encadrement de la pièce que plus tôt j'avais quitter. Il la braquait sur le blond agaçant que j'avais déjà eu la présence d'esprit de mettre à terre. Mais il ne s'attarde pas, après m'avoir jeter un léger regard il disparaît dans la pièce. Sans un bruit, s'éclipsant à pas feutrés.
Les secondes passent, peut-être des minutes, du moins assez longtemps pour que mon regard divague sur les moulures du plafond, avant qu'il ne réapparaisse enfin.
Et ce que je vois entre ses mains me stupéfait.
— Qu'est-ce que c'est ?
Ma voix trahit ma perplexité. Il me lance un regard faussement incrédule avant de secouer la bouteille qu'il tient dans une main.
— Tu ne vois pas ? C'est du putain de blanc !
Je n'ai pas le temps de réagir. Dans un geste soudain, il me soulève et me jette sur son épaule comme si je ne pesais rien. L'air m'échappe un instant, ma vision se renverse, et je me retrouve suspendue, la tête en bas, l'estomac retourné par la surprise.
— T'en voulais, non ? Il ricane, titubant légèrement sous l'effet de l'alcool. Lorsque ma chère et tendre épouse veut quelque chose, elle l'obtient.
Je cligne des yeux, encore sonnée.
J'ai dit que je voulais boire un verre de vin blanc, pas une foutue bouteille entière avec lui !
Et puis, d'où il sort encore celui-là ? Est-ce qu'il écoute aux portes, ou bien il lit carrément dans
mes pensées ?
— J'ai dit un verre, pas une bouteille.
— Eh bah... Il hausse les épaules, l'air
faussement innocent, puis porte la bouteille à ses lèvres. J'entends distinctement le liquide couler dans sa gorge, chaque gorgée avalée avec une nonchalance exaspérante. Quoi ? Je bois et je te laisse le fond, ça te fera la quantité d'un verre.
Je le fusille du regard avant de lui arracher la bouteille des mains, lorsqu'il me dépose enfin.
Un soupir m'échappe alors que je décide de la poser, loin de lui.
Mais ce qui me perturbe vraiment, ce n'est pas son attitude désinvolte. C'est autre chose.
Il vient de buter un homme sous mes yeux... et ça ne me fait plus rien. Pas un frisson, pas un sursaut. Juste un constat froid.
Et c'est putain de gênant. Problématique.
Dans un geste brusque, je lisse ma robe qui avait remonté bien trop haut et tente tant bien que mal de remettre un semblant d'ordre dans mes cheveux, massacrés par son excès de zèle.
Mon regard se relève enfin, et l'air me manque un instant.
Il m'a amenée sur le toit.
Devant moi s'étend un panorama à couper le souffle, baigné dans la lumière bleutée de la nuit. Le ciel, d'un indigo profond, s'étire à l'infini, constellé d'étoiles frémissantes, comme si elles palpitaient au rythme de ma propre respiration. Une brise légère effleure ma peau, portant avec elle le parfum discret du bitume tiède mêlé à celui de la végétation qui grimpe le long des murs.
Les toits de la maison se dessinent autour de nous, un enchevêtrement d'ombres et de reliefs, silencieux et majestueux. Quelques fenêtres éclairées parsèment l'obscurité, offrant des éclats dorés contrastant avec la froideur lunaire qui inonde le reste du paysage.
Tout semble figé, suspendu dans le temps, comme si cet endroit était un sanctuaire hors du monde, une bulle où plus rien n'avait d'importance.
Je pivote lentement, fascinée par la sérénité presque irréelle du lieu. Ici, les bruits étouffés de la ville deviennent un murmure lointain, un écho qui ne peut nous atteindre.
C'est... magnifique.
Loin du chaos, loin des murs oppressants de cette maison qui semble parfois vouloir m'avaler tout entière.
— Comment... je souffle, incapable de formuler le reste de ma phrase.
Un rire discret m'échappe. Je ne m'attendais pas à ça. Pas à cet instant suspendu, entre ciel et terre, où tout semble étrangement paisible malgré le tumulte de ma propre existence.
— Pourquoi y a-t-il tant d'endroits dans cette maison dont j'ignore l'existence ?
Ma voix est plus douce que prévu, presque songeuse. Thémis me fixe un instant, avant d'ouvrir la bouteille avec un calme calculé.
— Pour éviter que tu ne commettes l'une de tes innombrables absurdités, affirme-t-il sans détour. Et parce que c'est le seul endroit où je peux être certain que tu ne viendras pas me déranger, vu que tu hantes chaque foutue pièce de cette maison.
Un sourire ironique effleure mes lèvres, mais au fond, je ressens une pointe d'amertume.
— Je ne suis pas suicidaire, Thémis. J'ai juste une manière... peu conventionnelle de relâcher la pression.
Il arque un sourcil, amusé.
— Seulement la pression ?
Mes yeux glissent vers sa main, qui fermement se referme autour du goulot de la bouteille qu'il vient d'attraper. Il la soulève légèrement, un éclat de défi dans le regard. Il me la tend.
— Quoi, la princesse aux couteaux refuse de boire une gorgée ? Faut savoir, un coup tu nous joue les prude qui ne bois pas et la fois d'après on jurerais que tu rêverais d'une cuite.
Et merde.
Le froid du toit me frappe de plein fouet, mordant ma peau comme pour me rappeler que la réalité est bien là, implacable. Un frisson me traverse, et je détourne le regard.
Mais il avait raison.
Et je voudrais lui expliquer pourquoi, vraiment. Lui dire tout ce qui bouillonne en moi, tout ce que je refuse d'admettre à voix haute. Mais je me tais. Je refuse de lui offrir encore une arme, un nouvel outil pour m'abattre.
Alors, plutôt que de parler, je lève les yeux vers le ciel.
Là-haut, l'étendue infinie de la nuit s'illumine d'un voile bleuté, les étoiles scintillent comme des promesses inaccessibles. L'air est vif, presque électrique, et un sourire naît sur mes lèvres, fragile mais sincère. J'inspire profondément, tentant d'ancrer ce moment en moi, comme si ce silence partagé avait plus de poids que toutes les conversations du monde.
À mes côtés, Thémis s'approche.
Je le sens avant même de le voir.
D'un regard en coin, j'observe son visage tandis qu'il fixe la même étendue que moi, perdu dans ses pensées. L'espace d'un instant, il paraît presque... apaisé.
Puis, d'une voix plus stable qu'attendu, il brise le silence :
— Je ne suis pas du genre à aimer ce genre de rassemblements.
Sa voix est calme, posée, mais il y a quelque chose d'autre, une nuance difficile à saisir. Il marque une pause, comme s'il hésitait, puis ajoute :
— Toutefois, celui-ci... Je dirais qu'il en valait le coup.
Il tente de porter la bouteille à ses lèvres, mais avant qu'il n'ait le temps de boire, je la lui arrache d'un geste vif. Un sourire amusé flotte un instant sur son visage avant qu'il ne termine sa phrase, plus doucement :
— Pour au moins une raison.
Je me tourne vers lui, intriguée.
— Laquelle ?
Il pivote lentement vers moi, son regard s'ancrant au mien, et je sens mon souffle se bloquer dans ma poitrine.
— Parce que j'ai pu présenter à toutes ces merdes...
Il s'arrête un instant, comme s'il cherchait ses mots, puis sa voix tombe d'un ton, presque murmurée, chargée d'une intensité brute :
— Bana tüm hayatımı ve kendimi sorgulatan kişi. Son nefesime kadar koruyacağım kişi. Bunu neden yapayım ki ? Nedenini bilmiyorum. Senin bana ait olacağına ve kimsenin sana dokunamayacağına karar verdim.( La personne qui me fait remettre toute ma vie en question et ma propre personne. La personne que je protégerai jusqu'à mon dernier souffle. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'ai décidé que tu m'appartiendrais et que personne ne te toucherait.)
Les mots, en turc, roulent sur sa langue avec une fluidité troublante, et même sans en comprendre immédiatement le sens, je ressens leur poids.
Son regard s'accroche au mien, brûlant, inébranlable.
Un frisson me parcourt, bien plus glacial que le vent nocturne.
Puis, dans un murmure à peine audible, il ajoute :
— Pas même avec un bâton.
Il marque une dernière pause, avant de lâcher dans un souffle :
— Sen sadece benim kıymetlimsin. (Simplement, tu es ma précieuse.)
Le silence qui s'abat entre nous est presque assourdissant.
Et je n'arrive plus à détourner les yeux.
J'avais prévenu. Ce soir, il valait mieux que mon regard ne croise pas le sien. Mais j'ai échoué. Je suis prisonnière, enchaînée à cette paire d'yeux qui refuse de me lâcher. Hypnotisée par le mouvement de ses lèvres, je perds le fil du temps, le fil du sens. Les mots qu'il prononce s'écoulent dans l'air comme une mélodie étrangère, une langue que je ne comprends pas, et pourtant...
Je n'ai pas besoin de comprendre.
Il n'y a rien de menaçant dans sa voix. Rien de dur. Juste cette douceur inattendue, cette caresse verbale qui me trouble plus qu'elle ne le devrait.
Ce que je retiens, ce n'est pas le sens.
C'est le turc, glissant sur ses lèvres avec la même tendresse que les pancakes qu'il m'avait préparés ce matin-là. Un frisson me parcourt.
Je me racle la gorge, tentant de chasser cette gêne qui s'installe en moi lorsque je réalise que nous ne nous sommes pas quittés des yeux. Pas une seule seconde.
— Tu sais parfaitement que je ne comprends pas un mot de ce que tu dis, Thémis.
Ma voix est plus tendre que prévu, plus basse, presque murmurée.
Un léger sourire effleure le coin de ses lèvres, mais son regard reste impénétrable.
— En effet. Mais tu comprendras en temps et en heure.
Cette réponse ne me satisfait pas. Mais dans un mouvement lent, mes pas me rapprochent encore de lui. La distance entre nous se réduit, infime, presque imperceptible, mais pourtant bien réelle.
— Et comment dirais-tu « La princesse aux couteaux » en turc ?
Il ne détourne pas les yeux.
— Bıçaklı Prenses.
Je laisse le mot rouler sur ma langue, m'imprégnant de son étrangeté, de sa sonorité tranchante mais envoûtante.
« Bıçaklı Prenses... »
Sans briser ce fil invisible qui nous retient, je me hisse légèrement sur la pointe des pieds. Pieds nus, sans mes talons, je suis plus petite que lui, mais ça ne m'arrête pas.
Tout doucement, je penche la tête, approche mes lèvres de son oreille et murmure ces deux mots dans un souffle, laissant leur poids s'écraser contre lui.
Je sens sa respiration se suspendre une fraction de seconde.
Mais mon attention n'est déjà plus sur lui.
Mon regard glisse derrière lui, s'accroche à l'arrière de ma cible.
D'un geste fluide, mon couteau glisse entre mes doigts.
L'air est froid, mais ma peau est brûlante.
Je prends une grande inspiration.
Le moment est venu. Dans une étreinte feinte, je me prépare à frapper.
~
À très vite !
With love Ana. ✨
Instagram 📸 : Anaamayleee_
TikTok 🎶: Ana.maylee
( Chacun de vos avis/commentaires compte, alors n'hésitez pas à commenter et à voter s'il vous plaît)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top