33. « Un champ de bataille. »
Mais qu'est-ce qu'il me fait, celui-là ? Pour qui se prend-il ? Est-ce qu'il perd la tête ?
— Je ne pense pas que tu veuilles l'énerver, mon bichon... suis-le. Dit Rebecca.
Je sens mes muscles se contracter à mesure qu'elle l'ouvre, mes poings se resserrent mais je décide de reprendre le dessus. J'inspire et J'expire lentement.
Moins d'une heure que je la connais et j'ai bien cru commettre une folie une près de quatre fois.
— Tais-toi juste trente secondes. Rétorquai -je.
Et alors que je descends de la chaise haute.
Thémis arrive en trombe, me soulève plus sereinement que l'on soulèverait un pack d'eau, me balance sur son épaule. Je me retrouve la tête à l'envers. Je crie :
— Dépose-moi, Themis. MAINTENANT !
Sans surprise, il ne répond à rien de ce que je fais ou dis.
THEMIS
C'est sous le souffle lourd et agacé de Becca que j'attrape Gemma de force. J'enjambe les marches du manoir deux par deux tandis que l'hystérique qui me sert actuellement de sac se débat furieusement.
— Donne-moi encore un seul coup et je te colle une balle dans le cul.
— J'attends de voir ça. Dit-elle avant de planter soudainement ses dents dans ma chair.
Je contracte ma mâchoire, grognant de douleur. Je me raidi. Elle va me rendre barge.
Nous arrivons sur le balcon et je la dépose enfin. Elle reprend son souffle, passe ses mains dans ses cheveux ébouriffés. Bordel, même dans cet état, si je pouvais lui faire toutes les choses qui me passent par la tête, je le ferais.
— Qu'est-ce que tu me veux, pauvre attardé ?
Je la regarde, un sourcil arqué.
Autrefois, entendre quelqu'un me parler ainsi m'aurait rendu fou. Mais avec elle, c'est différent. Chaque mot qu'elle prononce, même craché avec haine, me fait vibrer d'une manière que je ne comprends pas. Ce n'est pas de la colère que je ressens, ni même de la frustration. Non, c'est autre chose. Une tension, une envie qui me serre les tripes.
Je croise les bras, la regardant avec cet air de défi qu'elle déteste, ou qu'elle prétend détester.
— Pauvre attardé, hein ? Dis-je doucement, presque en murmurant. Tu pourrais au moins faire preuve d'un peu d'imagination.
Ses yeux flambent, et je sais qu'elle cherche une réplique cinglante. Mais moi, je me surprends à attendre, à savourer ce moment.
Je ne devrais pas. N'importe qui d'autre m'aurait exaspéré, poussé au bord du gouffre. Mais pas elle.
Avec elle, chaque mot est une provocation délicieuse. Chaque insulte, un coup de couteau qui m'excite au lieu de me blesser. Elle pourrait m'arracher la peau à vif, et je parierais que je trouverais encore une façon de la vouloir plus près.
Elle avance vers moi, comme une lionne prête à bondir, et je reste là, immobile, à la regarder.
— Tu sais quoi ? Commence-t-elle en me pointant du doigt. T'es même pas un attardé. T'es pire. T'es un...
Elle s'arrête, cherchant ses mots, et je ne peux pas m'empêcher de sourire.
— Vas-y, dis-le. Pousse encore un peu, que je vois jusqu'où tu peux aller.
Elle fronce les sourcils, et je sens l'adrénaline monter. Cette femme, bordel, elle pourrait me tuer avec un regard si elle le voulait. Mais au lieu de ça, elle me donne envie de la tirer contre moi, de la faire taire autrement.
Et c'est ça, le problème. Avec elle, je ne ressens jamais ce que je devrais ressentir. Pas de rage froide, pas d'envie de dominer pour mettre fin à une confrontation. Juste cette foutue excitation qui brûle, qui me consume à chaque seconde où elle est là.
— Où étais-tu ? demandai-je en me reprenant.
Elle me fixe, faisant une grimace comme si elle se demandait pourquoi cette question.
— Difficile de savoir maintenant que j'ai retiré ton putain de traceur. Je faisais ma vie.
— J'ai tenté de t'appeler.
— J'ai vu. Rétorque-t-elle pour m'agacer.
— Je me suis inquiété.
— Eh bien, tu vois que je vais pour le mieux. Répond-elle.
— Arrête de jouer à ce jeu, Gemma.
Ma voix claque, plus sèche que je ne le voulais.
Elle plisse les yeux, croise les bras et bascule légèrement le poids de son corps sur une jambe. Une attitude provocante, presque insolente, qui ferait perdre patience à n'importe qui. Mais pas à moi. Pas avec elle.
— Quel jeu ? demande-t-elle d'un ton faussement innocent, ses lèvres s'étirant en un sourire qui me nargue.
Je serre les poings, inspire lentement pour ne pas céder à l'impulsion de la saisir à nouveau. Elle sait exactement ce qu'elle fait, et ça m'exaspère autant que ça m'obsède.
— Celui où tu fais semblant de ne pas comprendre. Celui où tu me pousses à bout, juste pour voir jusqu'où je suis prêt à aller.
Elle rit, un rire bref et moqueur qui me fait l'effet d'un couteau sous la peau.
— Oh, crois-moi, je n'ai pas besoin de te pousser. Tu es déjà à bout, Thémis. Ça se voit dans tes yeux.
— Gemma...
Je dis son prénom comme une menace, comme une prière. Elle le sent, et ça la galvanise. Elle avance d'un pas, réduisant l'espace entre nous, et je ne bouge pas. Je ne peux pas. Elle domine l'instant, et bordel, je la laisse faire.
— Et toi, arrête de te mentir, dit-elle en me fixant droit dans les yeux. Tu n'es pas inquiet, tu es furieux parce que je ne t'appartiens pas.
— Tu crois ça ?
Ma voix est basse, grave. Je m'avance à mon tour, la forçant à lever un peu le menton pour continuer à me regarder. Ses pupilles se dilatent, mais elle tient bon. Elle ne recule pas. Pas elle.
— Je sais ça, répond-elle, sa voix à peine un souffle.
Le silence entre nous est électrique. Je pourrais la briser, là, maintenant, d'un geste, d'un mot, mais je reste figé. Son souffle heurte le mien, rapide, chaotique. Elle a ce don, cette foutue capacité à transformer tout en un champ de bataille. Chaque regard, chaque mot, chaque silence.
— Si tu savais à quel point tu as tort, murmuré-je enfin.
Elle arque un sourcil, intriguée malgré elle.
— Alors, prouve-le, lâche-t-elle, défiante, ses lèvres si proches des miennes qu'un frisson me parcourt.
Et là, l'air entre nous devient irrespirable. C'est elle ou moi, maintenant. La prochaine seconde décidera de tout.
Nos lèvres jouant à une sorte d'attrape moi si tu peux. Je promet que si elle ne s'éloigne pas c'est moi qui vais craquer. Ces derniers jours entre nous on été... Plus qu'inattendue. C'est comme si un aimant nous attirait constamment l'un à l'autre même lorsqu'on pourrait s'entre tuer.
Son regard longeant jusqu'à mes lèvres, elle sourit sans aucune retenue. Mon souffle devient brute et sauvagement elle attrape mes lèvres. J'ai un mouvement de recul lorsque elle me mord la lèvre inférieure, ce qui m'amuse encore plus. Subitement, j'apporte ma main autour de son cou, la plaque contre le mur dallé de la terrasse, et m'empare fermement de ses lèvres. Elle lâche un gémissement étouffant un rire, empoigne la chemise dans son poing et m'attire plus que possible contre elle.
Sèchement je m'éloigne, relâche sa gorge tandis qu'elle reprend son souffle.
— Tu vas arrêter ce travail. Dis-je fermement en jetant un œil à la vue de haut que donne la terrasse sur le jardin alors que d'un coup elle redresse son regard.
— Je ne travaille plus au café. Tu devrais le savoir depuis le temps que je suis séquestrée ici. Elle gronde.
— Contrôle ta bouche, Tonta. Je ne te séquestre pas. J'affirme en me tournant face à elle. Je te parle de ton organisation.
Elle me regarde avec un sérieux nouveau. J'ai réussi à capter son attention. Après un moment de silence, elle rigole nerveusement et commence à marcher.
— Est-ce que tu te fous de ma gueule ? Me questionne t'elle, laissant ses talons claquer au sol.
— J'en ai l'air ?
Le son de ses talons ferme au sol, même eux. Je pourrais mourir pour leur son lorsqu'elle est contrariée.
— Rêve, Themis Falconetti. Dit-elle en me tapotant le torse, amusée. Rêve.
Elle tente de partir, mais je la rattrape et la plaque une nouvelle fois contre le mur. Son regard vacille entre mes lèvres et mes yeux.
Où doit-elle regarder ? Qu'elle regarde mes lèvres, ce sera la pire erreur qu'elle puisse commettre. Que nos yeux s'entrelacent, sera similaire à un meurtre mais il vaudrait mieux qu'elle opte pour cette option.
— Si je te demandais ton avis ça se saurait, Murmurai-je au coin de son visage.
Elle m'expulse brutalement.
— Tu vois, c'est exactement ce que je te disais t'es tellement frustré. T'es furieux de ne pas avoir de contrôle sur moi, furieux que je ne t'appartienne pas. Elle crache en me tapant sur le torse de son doigt.
La vérité c'est que je ne fais pas ça pour l'emmerder. Je le fais parce qu'il en va de soi. Devenir ma femme lui demandera de faire un dernier sacrifice avant d'acceder à sa paix. Sinon, tous les plans seront compromis. Alors il le faut. Coûte que coûte, je la ferais sortir de ce réseau.
— Pour qui te prends-tu ? Pourquoi devrais-je faire une telle absurdité ?
Je commence à m'agacer. Pourquoi tant de questions ? Pourquoi ne peut-elle pas simplement faire ce que je lui demande ? Pourquoi complique-t-elle toujours tout ?
— C'est soit notre mariage, soit ta vie de dévergondée. Je rétorque tandis qu'elle s'agace.
— TU N'AS ET TU N'AURAS AUCUN CONTRÔLE SUR MES CHOIX, THÉMIS.
Il aurait fallu alors que je la pousse à quitter le réseau, ça aurait été plus simple. Là, elle va me donner du fil à retordre.
— Baisse d'un ton.
— Tu cherches à contrôler chaque facette de ma vie, mais crois-moi, si ça arrive, ce sera seulement parce que la mort m'y aura contrainte. Et ça n'arrivera JAMAIS.
Très bien.
— Est-ce que je me permets d'interférer dans ta vie ? Ou dans tes... PARTIES DE JAMBES EN L'AIR ? hurle-t-elle. Évidemment que non.
Parce que je m'en fous.
Mes parties de jambes en l'air ? Qu'est ce qu'elle en sait ?
— TOUT COMME JE M'EN FOUS DE TOI ET DE TA VIE, GEMMA. Criai-je amèrement, désormais à bout.
— Plutôt mourir que de me marier avec toi si je dois me plier en douze. Demande à ta Becca, je suis sûre qu'elle se mettrait à genoux pour toi. Moi, je pensais que pour une fois dans ta piteuse petite vie, tu faisais les choses de bon cœur et pour la justice. Parce que Monsieur Falconetti stipule avoir des valeurs et des principes mais QUE NENNI.
— Tu te plierais aussi, Gemma. Et pas pour les mêmes raisons. Dis-je d'un ton amusé.
Elle me regarde avec dédain et ne prête aucun intérêt à mon enfantillage.
— Je préfère encore me marier avec l'autre psychopathe plutôt qu'avec toi. Après, je dis qu'il est psychopathe, mais vous faites partie de la même classe.
Ses mots résonnent comme une gifle. Elle ne veut pas comprendre le stress, l'angoisse continuelle que je ressens à la savoir à la merci de tous. Elle n'est en sécurité nulle part. Et qu'elle m'assimile à ce type d'homme. Ça ! C'est ce qui risquerait de me rendre barge.
— Laisse-moi partir ! Laisse-moi reprendre ma vie ! Pourquoi suis-je encore là ?
— Parce que j'ai décidé que tu resterais auprès de moi. Mais tu veux mourir, n'est-ce pas ?
Elle me regarde silencieusement, ses yeux s'embuent.
— Quand comprendras-tu que, quoi qu'il arrive, je suis déjà morte. Avec ou sans ton aide ! Ce soir-là ! Au café, à la fin de mon service, puis la veille de mon anniversaire au palace Grant. Ha firmado nuestro fin.
(Tu as signé notre fin !)
— Quitte cette putain d'organisation.
— POUR QUELLE PUTAIN DE RAISON ? hurle-t-elle, hors d'elle.
Je m'approche d'elle, tentant de canaliser la haine qui menace d'exploser. Je ne peux pas lui faire de mal, je ne lui en ferai pas. J'attrape son visage entre mes mains, son regard assombri.
— Fais-moi confiance pour une fois... Fais ce que je te demande. Murmurai-je, mon regard cloué au sien.
La pression redescend de son esprit mais également du mien et elle fond en larmes.
— Pourquoi me fais-tu ça ? Dit-elle en tremblant. J'ai tout perdu depuis que tu es là. Ajoute-t-elle en retirant sa tête de mes mains. Tout. Tout ce que j'ai réussi à reconstruire en quatre ans... Tout a disparu de l'air de n'avoir jamais existé. SORS DE MA PUTAIN DE VIE ! crie-t-elle en partant.
J'aimerais tellement, j'aimerais que ça soit si facile. J'aimerais que tout ça n'ai jamais eu lieu. J'aimerais que mon coeur n'ai jamais céder. J'aimerais ne pas devoir venger qui que ce soit.
Mais il le faut.
~
À très vite !
With love Ana. ✨
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