2. « Pour vous, c'est Madame ni plus ni moins »





LE LENDEMAIN - 9h22 -

Appartement Lino & Gemma 

« 𝚃𝚞 𝚙𝚘𝚞𝚛𝚛𝚊𝚒𝚜 𝚊𝚞 𝚖𝚘𝚒𝚗𝚜 𝚊𝚟𝚘𝚒𝚛 𝚕𝚊 𝚍𝚎́𝚌𝚎𝚗𝚌𝚎 𝚍'𝚒𝚗𝚟𝚎𝚗𝚝𝚎𝚛 𝚍𝚎𝚜 𝚎𝚡𝚌𝚞𝚜𝚎𝚜 𝚚𝚞𝚒 𝚝𝚒𝚎𝚗𝚗𝚎𝚗𝚝 𝚕𝚊 𝚛𝚘𝚞𝚝𝚎. 𝙳𝚎𝚜 𝚙𝚞𝚝𝚊𝚒𝚗𝚜 𝚍'𝚎𝚡𝚌𝚞𝚜𝚎𝚜 𝚙𝚕𝚊𝚞𝚜𝚒𝚋𝚕𝚎𝚜. 𝙰𝚛𝚛𝚎̂𝚝𝚎 𝚍𝚎 𝚗𝚘𝚞𝚜 𝚙𝚛𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚝𝚎𝚜 𝚙𝚒𝚐𝚎𝚘𝚗𝚜 𝙶𝚎𝚖𝚖𝚊 𝙴𝚍𝚊 𝙼𝚘𝚗𝚝𝚜𝚎𝚛𝚛𝚊𝚝. 𝙹𝚎 𝚝'𝚊𝚒 𝚟𝚞𝚎 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚌𝚎 𝚌𝚊𝚏𝚎́ 𝚟𝚎̂𝚝𝚞 𝚌𝚘𝚖𝚖𝚎 𝚞𝚗𝚎 𝚜𝚘𝚞𝚖𝚒𝚜𝚎, 𝚓𝚎 𝚙𝚎𝚞𝚡 𝚜𝚊𝚟𝚘𝚒𝚛 𝚊̀ 𝚚𝚞𝚘𝚒 𝚝𝚞 𝚓𝚘𝚞𝚎𝚜 ? 𝚂𝚒 𝚝𝚞 𝚗𝚎 𝚜𝚘𝚞𝚑𝚊𝚒𝚝𝚎𝚜 𝚙𝚊𝚜 𝚚𝚞𝚎 𝚓'𝚎𝚗 𝚙𝚊𝚛𝚕𝚎 𝚊̀ 𝚝𝚘𝚗 𝚙𝚎̀𝚛𝚎 𝚛𝚎̀𝚐𝚕𝚎 𝚟𝚒𝚝𝚎 𝚌𝚎𝚜 𝚋𝚎̂𝚝𝚒𝚜𝚎𝚜. 𝙴𝚝 𝚝𝚞 𝚊𝚜 𝚒𝚗𝚝𝚎́𝚛𝚎̂𝚝 𝚊̀ 𝚝𝚎 𝚛𝚊𝚖𝚎𝚗𝚎𝚛 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚌𝚎𝚝𝚝𝚎 𝚖𝚊𝚒𝚜𝚘𝚗 𝚌𝚎 𝚠𝚎𝚎𝚔-𝚎𝚗𝚍.
𝙶𝚎𝚖𝚖𝚊, 𝚖𝚊 𝚙𝚊𝚝𝚒𝚎𝚗𝚌𝚎 𝚊 𝚍𝚎𝚜 𝚕𝚒𝚖𝚒𝚝𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚝𝚞 𝚕𝚎 𝚜𝚊𝚒𝚜, 𝚓𝚎 𝚟𝚊𝚒𝚜 𝚝𝚎 𝚏𝚊𝚒𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚟𝚛𝚎 𝚞𝚗 𝚙𝚞𝚝𝚊𝚒𝚗 𝚍'𝚎𝚗𝚏𝚎𝚛.

𝚃𝚊 𝚖𝚎̀𝚛𝚎. »

— De bon matin, ça fait toujours plaisir. Dis-je dans un bâillement furtif.

Je n'invente pas d'excuse, en réalité je ne suis tout simplement jamais où ils s'espère me trouver et me prendre en guet-apens pour me ramener sous leur toit. " Vêtu comme une soumise" ça fait parti des nombreuses conneries qu'elle ne cesse de dire. Mère est une femme au foyer, du mois elle n'a pas vraiment eu le choix. Papa ne veut absolument pas qu'elle travaille. Et d'ailleurs c'est pareille pour moi, il ne veut pas que je travaille. Parce que pour lui je cite " les femmes c'est à la maison, d'autant plus que il y'a assez d'argent pour ne pas se casser la tête." Ce n'est pas moi qui le dis c'est lui. Pour mère, le fait d'être fortuné et de pouvoir glander toute la journée parce que son époux bien aimée a réussi à coffrer pour des millénaires fait d'elle une femme dominante, supérieur. Du moins c'est ce que j'ai compris de sa mentalité durant mon enfance et le temps passer à ses côtés.
Sauf que, je ne veux pas de l'argent pour lequel je n'ai pas bosser. Et je me fiche de passer pour une capricieuse ingrate. Je veux mériter ce qui est à moi. Et cette argent est celui de mon papa. Pas le mien. Mineur oui, il faut bien que mes parents subviennent à mes besoins. Mais majeur et vacciné non ! Il en est hors de question. Il faut savoir se débrouiller. Évitons de recevoir à tout va des " Quand je serais vieux tu me rendras là pareille" " J'ai tout fais, tout sacrifier pour toi, tu dois m'en être reconnaissante".

Je balance mon téléphone à l'autre bout du lit, rabattant ma tête dans mon coussin. Je feins de chercher quelques secondes de sommeil en plus. Mais je comprends très rapidement qu'à son tour il a pris la fuite. Traînant des pieds jusque la douche face  au miroir de la salle de bain, j'attrape ma brosse à dents. Les yeux à moitié fermés, je me bat contre l'envie de m'écrouler au sol. Pourtant il n'est pas si tôt. Je m'appuie   contre le rebord du lavabo. Il faut à tout prix que je prenne mes vitamines. Le manque de fer va finir par m'abattre.

« Est-ce que cette folle pré-ménopausé me joue les stalkeuses ? Elle est définitivement touchée. » Pensais-je à moitié dans les vapes.

Soit elle m'a foutu un traceur, soit elle me suis à ses heures perdues. La pire option serait celle à laquelle je sais que vous pensez. Payer quelqu'un pour me suivre. Pour être honnête elle est tellement passive que je doute que cette idée lui soit venue en tête. Surtout si c'est quelque chose en lien avec moi, elle s'en fout encore plus. Tout ce qu'elle veut c'est que Papa lâche aussi le lien entre nous. Qu'il arrête de me couver. D'être "présent" pour moi. Qu'il cesse de se rendre malade à chaque fois que la distance entre nous se fait d'après lui trop longue. Je ne discute plus vraiment avec mère, si ce n'est pour qu'elle me menace de me tuer ou encore parce qu'elle a besoin de passer ses nerfs. La première option est souvent en lien avec Papa, il doit à cet instant taper sa crise. Crise durant laquelle il jure que s'il ne me voit pas dans les jours qui suivent il coupe les vivre à sa femme et à mon frère. Autrement si ce n'est pas pour ça qu'elle m'appelle; sur toute une année,entre elle et moi c'est silence radio. Et croyez moi, c'est bien mieux comme ça.
La sonnerie de mon téléphone retentit dans la pièce subitement m'arrachant un  sursaut. Je lâche un jurons avant d'être prise d'hésitation entre le fait de répondre ou d'ignorer. Pourtant, je ne sais pas encore qui appelle.
Mais le fait qu'on m'appelle de si tôt, c'est ce qui a le dont de me tendre.

— Alexa, répondre. Dis-je d'une voix lasse.

Alexa, c'est l'objet qu'on pourrait qualifier d'inutile mais qui actuellement m'est d'une grande utilité face à ma flemmardise. Non en vrai, c'est une invention assez utile, je trouve dans certain cas. 

— Que me vaut un appelle de sitôt ? Dis-je à la personne qui m'est encore inconnue.

— Tu as nettoyer le souterrain toi-même finalement ?

C'est Jenner la relou... De quoi me rendre encore plus heureuse. Bordel quand est-ce qu'elle dort celle-ci ? Je jure qu'on peut l'appeler à n'importe quelle heure, elle répondra et ce à gorge déployée.

— Hein ? J'inspire. Qu'est-ce que tu racontes !? Je râle après avoir cracher l'eau que contenait ma bouche alors que je me sens succombée à une migraine.

— Tu ne l'as pas fait ?

— Bien sûr que non, je ne fais pas ça et tu le sais très bien.

— Pourquoi l'entrepôt était intact à l'arrivée du nettoyeur ? Pas même un chat errant ?

Après quelques secondes de réflexion, j'hausse simplement les épaules et rétorque :

— Je n'en sais rien, mais ils n'ont pas eu à passer après moi donc tant mieux nan ? Sincèrement est-ce un si gros problème ?

C'est si grave que ça franchement ?  Ce n'est pas grave ? Si.
Mais personnellement je m'en cogne... Tant mieux, ça leur fait du travail en moins.

— Gemma... souffle-t-elle. Tu sais très bien que ça ne fonctionne pas comme ça, que ce n'est pas bon signe.

— Ça vaaaaa, relax. Il est tôt on règlera ça plus tard Jenner tu veux bien ? Je rétorque avant qu'elle tente d'en placer une mais que je la coupe. Non tu sais quoi, on va carrément faire un truc. Ne m'en parle plus. Affaire classée. C'était hier, ce qui est dans le passé reste dans le.... J'enfile un sweat tandis que je m'attends à ce qu'elle finisse ma phrase. Passé. Dans le passé, Jenner. Je finis finalement. Et au fait, c'était qui celui dont je me suis chargé hier soir ?

— Depuis quand est-ce que tu te renseigne sur les personnes que tu butes ?

Je pose une question et elle me répond par une question. Alors elle, chapeau.

— Réponds moi.

Je fais encore ce que je veux nan ?
Je rêve.

— Marley Oakland chef d'entreprise âgé de quarante-six ans, français il a une fille de six ans et sa femme était en pleine démarche de divorce. C'est tout ce que tu as besoin de savoir, pour le reste tu as eu une mise en contexte et un relever des informations à avoir ni plus ni moins.  La petite est toujours à l'hôpital. Je n'ai pas fait payer sa mère, ils n'ont pas les moyens pour. Du moins la mère n'a pas encore touché l'argent du mec et après peut-être bien qu'on aura ce qu'elle nous doit.

Ça fait bien trop d'info d'un coup. Puis-je respirer ? Est-ce trop demander ? Je mets fin à l'appel après avoir soufflé toute l'air que contiennent mes poumons, jusqu'à m'en époumoner.
Jenner est ma référente générale lors de mes missions. Cette lourdasse me fait chaque fois un topo avant et après l'exécution des sujets. À mon commencement, lorsque j'ai signé le contrat j'ai spécifié très clairement ce que je pensais sur ce fonctionnement. Devoir être payé. Je passe mon temps à dire qu'il n'est plus nécessaire de m'en parler puisque ce n'est pas ce qui me motive. De plus, je trouve ça ridicule d'en faire payer les demandeurs.
En tout cas pour ces cas-là. Les cas dont je me charge. Le reste ce ne sont pas mes oignons. D'autres font partie de l'organisation à but de se faire des sous. Pas moi. Elle sait comme cet aspect du boulot m'agace. En réalité être payé est  le cadet de mes soucis, parce que quoi qu'il en soit mon acte n'aura pas résolu les peines de la victime. Je me dirige vers le salon, apercevant la tête de déterrée de mon ami.

— T'as foutu ta tête dans la boue ? J'adresse à mon ami.

— Ce que tu peux être si drôle parfois... Phénoménale. lâche-t-il plein de sarcasme. Tu comptes me dire où tu étais hier ?

- À la bibliothèque.

- Je doute qu'elle soit ouverte jusqu'à si tard.

Les bibliothèques étudiantes sont ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et en général, les apprentis en médecine y logent. Si je ne devais dire y travail.

— Après j'suis allé boire un verre et j'ai fait une petite partie de jambe en l'air. Plus de détails ? J'ajoute en haussant un sourcil, le sourire en coin.

Il soupire, je sais qu'il me croit mais ça seulement à moitié. Si je n'avais pas inclus le détail de la partie de poney je doute qu'il aurait mordu ne serait ce qu'un instant à l'hameçon. Je le trouve parfois bête. Me croire, c'est bien son erreur. Je dis de Lino qu'il me connaît par coeur, qu'il me connaît plus que je ne me connais. Mais il y'a une chose importante qu'il ne sait pas et qu'il ne saura jamais. Le temps à couler sous les ponts depuis la dernière fois qu'un homme m'a touché. Le dernier en est mort et m'a achevé en passant. Herman.

Parfois je kifferais tout lui dire et pouvoir lui partager mes folies nocturnes ... Mais tout deviendrait bien trop compliqué. Lino est mon ami depuis bien longtemps ici à San José. Je l'ai connu sur les sites de chat, quand j'habitais encore chez mes parents et que je prévoyais ma fuite. Je me souviens avoir effectué la recherche spécifique d'un/d'une amie dans l'université que je visais. Et depuis, je le considère bien plus qu'il ne le pense. J'ai décidé de prendre mon indépendance à mes dix-sept ans après avoir compris que jamais personne ne comprendrait la douleur que je ressentais depuis si longtemps. Pas même ma propre famille et aujourd'hui, j'en ai presque vingt deux. C'est triste à dire mais c'est la meilleure chose que j'ai pu décider puisque de toute manière plus rien n'allait chez mes parents. Parfois il faut se faire à l'idée. Peut être que ça va faire bizarre ou encore que ça va faire mal, parce que ça reste nos parents. Mais il faut savoir privilégier sa santé mentale à son confort. Avant d'étudier et de travailler ici j'habitais en Colombie avec ma famille à Soledad, nous y étions plutôt bien. Et en venant ici j'ai connu Lara un soir de « fugue ». Je lui ai raconté tout ce qui se passait par la tête. Pour être honnête, je n'étais absolument pas sobre. Le lien s'est fait comme ça, naturellement et elle m'a très vite parlé du cercle et de leur besoin de recrue. Nous sommes près d'une dizaine de femmes. Et nous semons la terreur auprès des malfaiteurs. Elle m'a expliqué en quoi cette organisation consistait. Accepter des contrats de différent type et exécuter les demandes. Comme type de contrat il y'a les assassinat ciblé (AC) c'est l'élimination d'une personne spécifique, souvent une figure publique, un rival d'affaires ou un membre d'une organisation criminelle. La protection rapprochée (PR), c'est un contrat mis en place pour protéger une personne en éliminant des menaces potentielles. Il y'a aussi les cas de vengeances personnelles c'est-à-dire, des contrats émanant de personnes souhaitant se venger pour des injustices personnelles, telles que des crimes non résolus ou des trahisons. Ou alors des cas bien plus criminels tels que, les nettoyage interne qui est l'élimination de membres problématiques ou traîtres au sein d'une organisation criminelle ou d'une entreprise corrompue. Ou encore les opérations politiques mais nous en faisons que très rarement, ce contrat consiste en l'élimination de figures politiques ou de dissidents, souvent commandités par des gouvernements ou des groupes ayant des intérêts politiques. Il y'a un dernier type de contrat qui est le sabotage, missions durant lesquelles l'objectif principal est de perturber des opérations, nuire à des installations ou provoquer des accidents en éliminant des personnes clés. Nous avons pour instructions des méthodes d'exécution demander qui garantissent l'élimination en règle avec discrétion et intraçabilité. Lorsqu'elle m'a parlé de tout ça, j'étais bouché bée. Puis très vite, j'ai débuté et lui ai fait part de mes envies. Alors elle m'a rapidement  présenté à Omar. Notre chef et par je ne sais quel miracle, il s'est plié à ma demande. Je veux simplement m'occuper des cas de femmes agressées ou en danger.  Le reste ce n'est pas pour moi. Et plus je suis monté dans son estime, plus il a compris ma volonté de ne pas être rémunéré sur des cas spécifiques. Ce travail est très vite devenu une addiction.

Issus de deux mondes différents, Lino et Lara ne se côtoient vraiment pas et je préfère que ça reste ainsi. Pourtant, je sais qu'ils s'entendraient à merveille.




11h45

Long fear Cofee
87 N San Pedro St, San Jose, CA 95110, États-Unis.

— Montserrat, tu es en retard de cinq minutes.

— Oui, mais je suis là maintenant. Donne-moi les commandes, s'il te plaît. Dis-je à ma collègue, lui lançant un regard furtif.

— Latté Glacé et Café noir pour la table 6 et Chocolat chaud pour la table 2 et Bubble Tea Matcha pour la table 8. Bouge-toi, l'autre va te prendre le choux. Débite t'elle en me tendant le bloc-notes après avoir passer l'une de ses mèches noir derrière son oreille.

Je sens que cette journée va être tellement longue que je suis  ça me prédestiné à une affreuse migraine. J'apporte les commandes aux clients et la seconde qui suit Lovia me demande de la remplacer au comptoir. Je lui aurais bien dit non mais étant donné que je suis en retard je vais me plier à sa requête. Si on me demandait qu'elle était ma plus grosse hantise je serais capable d'exagérer et de répondre que c'est ça; ÊTRE AU COMPTOIR.
L'échange prolongé m'effraie et qu'on se le dise je n'ai pas choisi le meilleur emploie pour fuir cet aspect. Mais je me suis dis que ça aurait été un bon moyen de dépasser cette phobie. Pourtant ce n'a pas vraiment l'air d'être bien efficace. Presque trois ans que je travaille au côté de Payo et être au comptoir semble toujours être un combat. J'inspire, je me concentre et je fais au plus vite. J'écourte au mieux les échange:  " Bonjour, que désirer vous ?" " ça sera tout?" "Très bien." " ...Dollars s'il vous plaît" " Tenez et passer une belle journée." Et même comme ça, je trouve que c'est super long pourtant je jurerais que c'est limite similaire à un échange avec un robot. Le fait d'entretenir une discussion avec des gens m'agace. Cet agacement cachant en réalité une angoisse incontrôlée. Peut-être que j'ai mal choisi mon job mais pour l'instant je prends sur moi. Je pensais que ça ne durerais que quelque temps puis le quelque temps s'est transformé en une habitude. Puis c'est rien, c'est pour m'aider. En plus je suis étonnement très bien payer ici. J''enchaîne à une vitesse insoutenable les commandes à emporter puisque nous sommes en heure de pointe. Je me répète encore et encore. Mais alors que je répète une nouvelle fois ma dernière formule robotique, je me sens bugger.  Mes poils se hérissent, ma gorge se noue, une chaleur atroce remonte du bas de mon ventre jusqu'au haut de mon crâne. En fait, je me sens mal à l'aise. Et l'air est insupportablement entrain de me manquer.

— Madame ? Est-ce que vous allez bien ? Me questionne la nouvelle cliente face à moi me sortant de mon état de trans lointain.

Je lui adresse un sourire pour toute réponse après que mon regard se soit instinctivement posé près d'un angle dans le café. La pression provient de cet endroit.

— Je vous écoute. Dis-je finalement dans une inspiration des plus longues.


Mes pupilles jonglent entre la femme d'un âge mature devant moi et la silhouette imposante dans l'ombre crée par les reflets tranchant du soleil bien trop frappant. Il m'est impossible de le voir correctement dans les centaine de point noir dans ma vision causer par les rayons du soleil.

— Une chocolatine s'il vous plaît et un café simple s'il vous plaît. Demande-t-elle après s'être raclé la gorge. 

J'arque un sourcil alors que sa demande m'interpelle.

— Un pain au chocolat vous voulez dire?

— Pain au chocolat, chocolatine vous savez cette pâtisserie française avec une barre chocolatée à l'intérieur. Ça revient au même. Elle finit dans mon ventre. Débite-t-elle. 

On dit pain.au.chocolat.

Je ne rétorque aucunement, en vérité, je ne cherche qu'à finir cette commande qui semble inutilement s'éterniser alors qu'un regard bien trop pesant me scrute moi et chacun de mes mouvements. L'homme brun ne me lâche pas d'une semelle, jusqu'à en suivre l'allure de mes gestes. Ma gorge se resserre d'autant plus et je me sens pâlir.

— Tenez votre pain au chocolat. J'accentue ma voix sur mes derniers mots. Passez une bonne journée.

L'affront des deux moi est la chose que je redoute le plus. Ça n'est encore jamais arrivé, mais chaque fois un peu plus ça me rate de peu. Je ne devrais pas me sentir en danger constant et pourtant... Là, c'est le cas. Et s'il ne cesse pas cette pression je vais commencer à croire qu'il me veut belle et bien quelque chose. Mais quoi ? Je ne sais pas.

D'une certaine manière, ma vie journalière est délimitée par Lino, ma famille, mon travail. Mais mon caractère lui a du mal à les délimiter. Le pire de moi-même à tendance à empiéter sur beaucoup trop d'aspects de mon quotidien. Avant je gérais plutôt bien la transition, maintenant c'est comme si le fait que ma vie nocturne soit beaucoup plus palpitante et attractive, la dissimulation devient chaque fois plus corsée. J'avais ce juste milieu que je n'ai plus maintenant. La balance est instable, je suis soit trop l'un soit trop l'autre.

Pourtant s'il y'a bien une chose que je dois maintenir c'est l'écart instauré.  Lara quant à elle, s'aperçoit que tout devient plus compliqué et me met la pression. Puisqu'elle n'a pas tout ça à gérer. Pas de famille qui cherche à contrôler sa vie et pas d'autre amie que moi. Elle ne cherche même pas à comprendre. Elle veut impérativement que je choisisse et je ne comprends pas pourquoi. Et depuis peu, j'ai le sentiment que mes mensonges font de moi une personne fausse et une égoïste. Puis d'un autre côté,  je suis persuadé que si je fais ça c'est pour eux et pour leur protection. Et un peu pour moi... Qu'ils n'aient pas à voir cette part de moi... Si sombre et ... Écoeurante.

Dans l'atmosphère crue du bar exposé à la lumière agressive du jour, les pulsations de la playlist musicale Deep House se mêlent aux murmures des conversations, formant dans mon esprit un effet bien trop trouble lorsque je dépose une nouvelle fois mon regard sur cet homme imposant. Sa silhouette musclée se découpant contre la lumière éclatante du bar. Vêtu d'une chemise blanche impeccable et d'un pantalon tailleur noir, il dégage une aura de mystère et de pouvoir. Ses cheveux marron foncé sont parfaitement attachés à l'arrière de sa tête, accentuant son air impérieux. Et ses yeux d'un marron vert profond, semble refléter tout le malheur du monde captive mon attention. L'impact de l'entrelacement de nos regards me procure un effet si étrange que mon estomac s'en retourne une bonne dizaine de fois, me faisant déglutir.

Chou, tu devrais songer à lâcher le regard parce que je ne compte pas le faire et ça risque d'être ennuyeux ..

Son regard dangereux est fixé sur moi et , visiblement , ne compte pas me lâcher. Il semble plein de défis et une sorte d'avertissement silencieux me parvient.

Quoi, j'ai tué un membre de ta famille ? Comme ça serait dommage que je doive me charger de ta jolie carrure également.

Étrangement, j'aime ce qu'il se passe mais tout ça n'est rempli que de tentation et finalement, je ne suis plus sûr que ça me plaise. Je pourrais simplement lui demander de regarder ailleurs mais je sais parfaitement que l'échange ne s'arrêtera pas là. Alors mon instinct m'interdit de me lancer dans ce merdier, qui ne m'annonce rien de bon.  Je pourrais aussi lui montrer comment se comporter avec une femme à celui ci.
On ne se présente pas à son lieu de travail pour la menacer du regard et être si insistant.

— Tenez Madame. Me dit une femme m'extirpant de toute pensée, me tendant la monnaie

Mon regard jongle entre sa position qui ne cesse d'avancer et les commandes que je prépare.
Bordel, c'est vers moi qu'il se dirige.

Il y'a pourtant une autre file, pourquoi il n'y va pas. Bon, je dois admettre qu' il est plutôt beau gosse. Et qu'on me pince si je me trompe mais je crois bien que son regard reflète un détail autre que le danger et toutes les nuances sombres de l'existence. Le désir.

S'il avait pu me prendre ici, ce gros porc l'aurait fait.

Je prends en charge le nouveau client face à moi à la demande d'un bubble tea, j'encaisse sa monnaie tandis qu'il s'en allait. Mais lorsque je relève mon regard sur le prochain client. Cet homme qui me scrutait il y'a de ça dix longues et interminables minutes se tiens désormais devant moi. Imposant, lourd, angoissant... Tout aussi massif que dans mes pensées. Je me sens en totale impuissance. Il ne semble pas d'une totale bienveillance et malgré toutes les idées insoutenables qui me traversent l'esprit, j'inspire un bon coup. Les chassant et me rassure en me disant  que...

— Vous devriez sourire. dit l'homme.

... Tout se passera à merveille

Bordel, Gemma reprends toi.

L'affirmation de l'homme brun me vaut un temps de latence. J'arque un sourcil sentant mes nerfs se glacer.

— Pardon ? Je l'interroge alors que j'avais parfaitement compris.

— Un drop coffee.

Je le dévisage avant de me tourner pour lui préparer sa commande.

— Trois dollars s'il vous plaît. dis-je en attrapant son verre pour le lui donner

— Garde le reste. Dit il d'une voix imposante alors qu'il me tends un billet de 5 dollars

Non. Garder l'argent de cet homme signifierait à l'en regarder que j'lui en dois une. Il peut se les garder. Deux dollars en plus. J'ai une tête à avoir besoin de deux fichus dollars ?

— Vous me prenez pour qui ?

Oups... Je ne pensais pas qu'il sortirait aussi fort.

J'admet avoir été indigné pour un rien, c'est l'adrénaline, sans doute. Mais une chose est sur ça animera l'espace de quelque minutes ma matinée. Je commençais tout juste à m'ennuyer. Un sourire se dresse sur son visage.

— On se reverra... Gemma... poursuit il pointant l'étiquette avec inscrit mon nom. À ce moment-là, tu me les rendras.

— Pour vous ça sera madame. Ni plus, ni moins. Dis-je maintenant ses iris au mien. Prenez cette fichue monnaie et dégager de mon lieu de travaille

— Je te conseillerais de baisser d'un ton. Tu ne sais pas qui je suis. Crache t'il à voix basse entre ses dents alors qu'il s'est penché au-dessus du comptoir pour atteindre le côté de mon oreille. Je doute que tu veuilles perdre ton taffe.

— En effet. J'attrape sa main brutalement, je l'ouvre et lui donne les pièces. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir. J'ajoute alors que cette fois-ci, nos visages ne sont que peu éloignés.

— Ça ne saurait tarder. Il dit avant de déposer une nouvelle fois la monnaie.

— Repartez d'où vous ven- lançais-je soudainement couper par la voix alcoolisée de mon patron.

— Gemma, je comprends que la semaine paraît longue  mais arrête de t'adresser comme ça à nos clients, je vais finir par te virer. Dit mon patron s'imposant derrière le comptoir. Je m'excuse pour tout ça monsieur. Et elle aussi d'ailleurs. Il ajoute nerveusement face à la carrure visiblement impressionnante.

— Je crois bien que tu devrais te tenir à carreau. Lâche d'un ton amusé le beau brun casse-pied.

— Qui t'as dit que je m'excusais Payo ?

— Moi. Dit il en me menaçant comme il peut de son regard comme pour me dire de la fermer. Moi, j'ai dis que tu t'excusais Gemma.

Je sais qu'il ne me virera pas. Tout simplement parce qu'aucune autre personne ne souhaite travailler à ses côtés. Aux côtés d'un employeur qui n'a pas de limite et qui est irrespectueux. Alors il ne me virera pas. S'il le fait, il n'y aura plus personne. Et plus personne rime avec fermeture du café. Nous ne sommes que trois ici, Lovia, Pedro et moi même. L'homme finit par s'en aller laissant place à une nouvelle cliente.

— Bonjour, un café macchiato s'il vous plaît.

Lorsque je me tourne prête à préparer le café demandé, Payo mon patron, s'approche de moi et me murmura à l'oreille.

« T'as entendu ce que je t'ai dis? Pas un faux pas »  Crache-t-il de ses dents d'une haleine manquant d'hygiène.

De mon pied droit j'écrase le sien, alors que je relève mon regard à sa hauteur et qu'il tente de se défaire.

Éloigne. Toi. De. Moi. Je lâche entre mes dents.

— Tenez. Dis-je dans un sourire m'adressant à la cliente alors qu'elle aussi constatait le malaise.

Tout au long de l'après-midi j'ai alors servi et débarrasser des tables, pris et encaissé les commandes des clients. Et bien sûr j'ai pris sur moi face à Payo.


~

À très vite !
With love Ana.

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