12. « Un démon sur patte »
Cet autre type.
Dario, il m'a déposé il y'a quelques heures. Il est assez sympathique. En tout cas bien plus que l'autre tordu. Je ne sais pas si c'est son ami ou son boss, mais il semble s'entendre assez bien. Dario semble être l'antithèse parfaite de Thémis. Tout chez lui respire la légèreté, le jeu. Bon, tout excepté son apparence. Le truc c'est qu'en l'espace de quelque minutes il a su me faire oublier le fait qu'il me paraissait aussi ferme que Themis. Il dégage cette énergie désinvolte qui pourrait sembler agaçante à d'autres, mais qui, lors de notre échange, m'a fait rire. Il n'a rien de l'austérité froide et tranchante de Thémis, ce qui, pour une fois, me fait me sentir un peu plus à l'aise dans cet environnement étranger. Je n'ai jamais été fan des types trop légers, ceux qui font semblant que rien ne les atteint, mais avec Dario, c'est différent. Il a cette capacité étrange à désamorcer la tension, à rendre la situation presque absurde, et je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait dangereux de le sous-estimer. Sous ses airs de clown, il doit bien cacher quelque chose de plus profond, une part de lui qui sait précisément ce qu'il fait et où il va.
Pour l'instant, je ne peux m'empêcher de l'apprécier.
Mais s'il est ami avec lui c'est que lui aussi doit être assez touché également. Avec tout ce qu'il s'est produit en si peu de temps, je n'ai pas pu mener correctement ma p'tite enquête. Retrouver Lara. Après mon footing qui n'a évidemment pas eu lieu, je voulais me rendre à l'endroit où elle a été localisée. Cette mission me tient à cœur, mais les circonstances actuelles me forcent à la mettre de côté pour aujourd'hui, les recherches vont devoir être mises en arrière-plan. Un autre chaos m'attends les bras tendus.
Pour ce soir, je suis contrainte de rester cloîtrée sous le toit de la duchesse Montserrat. Ma mère.
Comme chaque année, j'ai ce devoir : me montrer comme la parfaite petite fille à maman, devant ses spectateurs. Sous peine qu'elle tape un scandale ou pire... Et « pire » n'est pas bon à voir. Pas bon du tout. Je dois alors garder le silence et exécuter ses désirs. Étaler dans mon lit, les yeux blinder dans les vitres au plafond qui reflètent l'entièreté de ma chambre, je soupire à l'idée de devoir repousser mes recherches. Et comme par réflexe je jette un œil à l'écran de mon téléphone pour apercevoir l'heure.
Je crois bien qu'il est temps pour toi de lever ton cul feignasse.
⚖︎
Je me traîne jusqu'à mon placard avec réticence, je choisis une robe noire, simple mais élégante.
Je me surprends à penser à cet homme,
Mr.Falconetti. Cet homme et son allure dominante, son parfum envoûtant... Qu'est ce qu'il m'agace.
Un fait, dans une situation différente, il m'aurait attirée. Mais maintenant, ces pensées ne font qu'ajouter un poids à mon anxiété. Et puis rectification, lorsque j'ai dis que cet homme était une connerie humaine je voulais dire que c'était une connerie INHUMAINE. Et il est hors de question qu'il se permette d'obstruer mes pensées.
Après une douche réparatrice, je me dépêche en voyant le temps filer. Il vaudrait mieux ne pas arriver en retard... Sous peine que ma mère retourne la maison entière. Et ça aussi, vaut mieux pas que ça arrive, pas devant ses chers invités.
Ses spectateurs plutôt..
Je les appelle les spectateurs depuis que j'ai compris à quel point mère jouait un rôle. Je me glisse dans la robe noire choisie plus tôt, essayant de ne pas la mouiller avec mes cheveux. Je fais semblant de porter des talons ce soir, mais je vais rapidement remonter récupérer mes chaussons. La robe n'est peut être pas assez longue mais faut pas pousser le bouchon trop loin. Juste pour lui faire plaisir. Les talons c'est quand j'en ai envie c'est à dire constamment mais elle, elle m'y force. Alors je n'ai pas envie. J'empoigne ma trousse de maquillage rangée dans mon tiroir, me maquille délicatement pour avoir l'air présentable. Le piano dans le hall du manoir commence à jouer, signe que tout le spectacle commence... Comme d'habitude, mon frère toque à ma porte, et j'entends son souffle court, signe de son appréhension.
— Entre, dis-je à voix basse.
C'est une sorte de tradition... le frère accompagne sa sœur. Plus jeune, quand il avait sept ans et moi treize, c'était plutôt mignon.
Je me souviens encore de l'amour que ma mère me portait à l'époque... Avant quand sans raison elle me haïsse. Imaginez une jeune fille innocente habillée à l'image de sa mère, souriante, pétillante, avec son petit frère admiratif qui aimait tant faire l'entrée de sa grande sœur sous les applaudissements avec des commentaires du genre:
"Qu'ils sont merveilleux"
"Regina, tes enfants sont de pures merveilles".
Désormais, chaque nouvelle année est un défi. L'envie de recevoir cet amour inexistant n'est plus là, l'envie de rendre mère fière non plus. Je suis simplement devenue réaliste face à la situation... critique. J'avais neuf ans et demi quand tout a dégénéré. Je lâche un soupir, passant mes mains sur ma robe, le regard fixe dans le miroir. Doucement je laisse tomber mes yeux sur mon frère à travers le miroir.
Il est si beau... J'en suis si fière. Ma fierté constante.
Il porte une chemise noire et un costume cintré bleu marine. Sa barbe naissante est parfaitement taillée. Ses yeux bleus brillent à la vue de sa sœur aînée, mais je peux voir une pointe d'inquiétude dans son regard.
— Est-ce que tout va bien ? Me demande t-il
Je lui réponds alors d'un hochement de tête, signifiant que tout allais bien. Ses cheveux ambrés sont parfaitement coiffés. Du haut de ses dix sept ans, il est plus élancé que moi, ce qui me fait souvent sourire en le voyant. Il a grandi si vite.
— Je suis juste un peu fatiguée.
Il me lance un sourire discret et d'un jeu de main il effectue une sorte de révérence.
— Mademoiselle Montserrat ! Dit-il en ouvrant un peu plus la porte.
Mes talons noir au dessous rouge claquant au sol, j'en découvre la lueur du couloir reliant la chambre de mon frère, le dressing, la salle de bain et les toilettes et toute les autres pièces inutile de cet étage. Il est d'une blancheur inouïe. Un tapis couleur taupe surplombe tout le couloir jusqu'au bas des escaliers en pierre beige entourer de barreau noir.
— Je vous en prie. Dit-il en me tendant son bras.
J'y glisse le mien dans un sourire et nous descendions à lente allure sur les notes de piano.
Aller, c'est partie. Maintenant, respire..
— Ton rôle est jouer à la perfection. Dis je pour l'embêter.
— Contente toi de montrer ta belle dentition. Il rétorque entre ses dents de façon à lui aussi paraître.. HEUREUX ?¿
— Tu es très beau Gugu. Dis-je lui adressant un tendre baiser sur la joue.
Je sais qu'il hais quand je l'appelle comme ça. À l'entente des mots des femmes regardant notre descente j'inspire fortement.
« Ils ne cessent de grandir »
« Tant d'amour entre eux »
« Ils sont si beau »
Foutue pour foutue, nous le sommes.
— Georgia ! Dit l'une des femmes en me serrant dans ses bras d'un air fossement enthousiaste.
Garde le sourire.
Gemma.
— Mme Peters ! Dis je dans un rire du bout des lèvre. C'est Gemma.
— Mais non enfin, tu sais bien comme je déteste ce nom. Je t'ai toujours appeler Georgia.
Garde le sourire.
Georgia...
Et moi je déteste ta gueule et pourtant je ne me persuade pas du contraire. Mon père l'a décider à ma naissance. Il serait donc cool de le laisser intact.
— Et puis je t'ai toujours dit d'arrêter de m'appeler Mme Peters. Rajoute elle en câlinant mon frère d'un air plus ouvert. Mon beau garçon ! Dit-elle en le serrant de force le faisant émettre un grognement accompagner d'une expression faciale que tout un chacun peut comprendre.
Lui n'a pas besoin de faire semblant ce soir.
— Alors comme ça tu ne t'es toujours pas résolu à rentrer chez tes parents. Dit-elle d'un air désespérer.
Non...
J'ai vingts deux ans aujourd'hui, vaudrait mieux pour tous qu'ils se mettent à la page.
Garde le sourire.
Si j'abaisse mon sourire y'en a plus d'une qui petera les plombs ici bas.
— Gemmy chérie, vient que je te présente quelqu'un. Dit ma mère en me prenant par la main.
Je vois, j'avais oublier ce petit détail, ma mère. Une douce mère, à l'écoute et aimante. Je me racle la gorge comme signe d'excuse, car je dois m'éclipsera.
— Gemmy, Tristan, fils de Madame Ursula. Tristan, voici l'élu de la soirée, ma fille que j'aime tant.
C'est carrément ça oui..
Garde le sourire.
Le nom de cette Madame Ursula n'est qu'un reflet du supposé desastre de sa personne. Elle disparaît rapidement et désormais face à moi même, je dois discuter avec un parfait inconnu.. Je le regarde dans le blanc des yeux et lui regarde autour de lui.
Garde ton putain de sourire.
Je vais peter un plomb, pourquoi est ce qu'il me regarde sans aligner un traître mot, c'est malaisant.
— Arrête de sourire comme ça, tu vas en perdre ta mâchoire. Puis... Il me donne une tape à l'épaule. T'es crisper, c'est laid.
Mon sourire disparaît très rapidement. C'est pas comme ci j'avais le choix de faire autrement. J'ai cru pendant un instant qu'il ne dirait rien.
— Et puis je sais que tu deteste être ici. On sort prendre l'air ? Il ajoute.
Soulagement.
La réception est pleine à craquer, des hommes d'affaires, des femmes bichonnées qui pour la majorité possèdent ou chihuahua ou caniche.
Cette race d'animal est pourtant... Affreusement laide. Après, ce n'est que mon humble avis. Les employés sont de service et font des rondes avec des plateaux de coupes et d'apéritif.
21h47
Près de la piscine.
Nous discutons pour occuper le temps, pour que la soirée s'efface rapidement comme un mauvais rêve. Mais, soyons honnêtes, cette conversation est d'un ennui mortel. Tristan a beau être un gars sympa, il ne parvient pas à capter mon attention. Il y a quelque chose de terriblement superficiel dans son discours, comme s'il jouait un rôle sans grande conviction. Il est étudiant en droit, mais seulement pour faire passer le temps, pour combler le vide en attendant que la vie lui offre enfin ce qu'il attend : la direction de l'entreprise familiale.
Tristan sait que son avenir est déjà tracé, qu'il n'aura pas à se battre pour gagner sa place. Son père, un magnat respecté, lui cédera les rênes de l'entreprise, mais pas sans conditions. Ces conditions, bien qu'étrangères à notre époque, semblent immuables dans la mentalité de la famille. La première : se marier. Et pas avec n'importe qui, bien sûr. Son père exige une femme à la hauteur de leur nom, une femme de classe, posée, irréprochable. Quelqu'un qui pourra se tenir droite lors des dîners mondains, sourire avec élégance, et surtout, ne jamais, au grand jamais, salir l'image de leur famille. Ce credo résonne comme un mantra, un code d'honneur que Tristan semble avoir intégré sans broncher, même si, à y regarder de plus près, il n'est pas certain d'en comprendre toutes les implications. Une telle exigence me donne presque envie de rire tant elle est déconnectée de ce que je suis. Pourquoi mère m'a-t-elle présentée à lui alors que je suis absolument tout sauf cette femme contrôlée à la limite du robotique, que je n'ai pas ma langue dans ma poche ? Elle devait pourtant savoir qu'il n'y avait aucune chance que je puisse correspondre à ce modèle, que je puisse incarner cette vision si étriquée de ce que doit être l'épouse idéale.
Mais bien sûr, cela fait tout son sens pour elle. Mère a tout intérêt à me caser avec un homme de ce genre, avec un héritier en devenir qui pourrait encore plus asseoir notre nom, le faire briller sous les lumières des salons mondains. Pour elle, c'est l'occasion de gravir une marche supplémentaire dans l'échelle sociale, de montrer que sa fille, avec son caractère, peut malgré tout se plier aux exigences de cette haute société. Mais pour ça, ce sera sans moi. Elle peut toujours rêver. Jamais je ne rentrerai dans ce moule, jamais je ne me plierai aux attentes d'une famille qui ne semble s'intéresser qu'à son image et à la continuité de son empire. Je ne suis pas faite pour vivre une vie dictée par des traditions poussiéreuses, pour jouer le rôle de l'épouse parfaite, figée dans des codes qui ne m'appartiennent pas. Non, ce destin-là, il ne m'est pas destiné, et je compte bien le lui rappeler, une fois de plus, si jamais elle insiste encore.
Tristan, pour sa part, continue de parler, probablement inconscient de mes pensées. Il évoque avec détachement les attentes de son père, les détails de l'entreprise qu'il devra diriger, comme s'il récitait une leçon apprise par cœur. Je l'écoute à peine, trop occupée à imaginer toutes les façons de me soustraire à ce futur que ma mère semble vouloir me forcer à embrasser.
Et comme si cela ne suffisait pas, une fois la perle rare trouvée, Tristan devra remplir une autre obligation tout aussi anachronique: la mettre enceinte.
Comme si le mariage ne suffisait pas, il faut encore sceller l'union par la naissance d'un héritier, d'une nouvelle génération qui perpétuera le nom et l'empire familial. Cette vision du monde, si rigide et archaïque, me donne envie de fuir. Elle incarne tout ce que je déteste : l'absence de passion, de liberté, d'authenticité.
Et pourtant, ce cher Tristan semble accepter ce destin avec une résignation presque déroutante. Peut-être est-ce l'élégance avec laquelle il se tient qui lui permet de masquer son malaise. Il est beau, indéniablement, avec ses cheveux blonds soigneusement coiffés, ses traits fins, presque aristocratiques. Ses yeux bleus, clairs comme un ciel d'hiver, brillent d'une intelligence contenue, mais qui ne semble jamais réellement se déployer. Il porte un costume impeccable d'un beige presque marronné, probablement sur mesure, avec une chemise blanche dont le col est ouvert juste ce qu'il faut pour donner une impression de décontraction maîtrisée. Une montre en or, subtile mais présente, orne son poignet, ajoutant une touche de richesse discrète à son allure. Tout en lui respire l'opulence, l'assurance de ceux qui n'ont jamais connu le manque. Mais malgré cette élégance, ce raffinement, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine tristesse en le regardant.
Tristan incarne une vie toute tracée, une existence où chaque décision semble déjà prise par un autre. Ce n'est pas un mauvais bougre, loin de là. Mais il est prisonnier de ce monde où les apparences priment, où le bonheur semble se mesurer en respectabilité et en héritage. Une partie de moi compatit avec lui, mais une autre ne peut s'empêcher de vouloir fuir loin de tout cela, de cette cage dorée dans laquelle il s'apprête à s'enfermer. Dans laquelle on tente de m'enfermer.
– Et du coup, chaque année, toi, tu te retrouves à voir les mêmes têtes et tu connais le scénario par cœur ? C'est ça ?
– Pas totalement. Tout d'abord, j'ai droit à un serment au petit-déjeuner. L'après-midi, je m'éclipse, puis le soir, ma mère m'impose souvent ce qu'elle décide que je dois porter lors de SA réception. Mais cette année, je me suis débrouillé toute seule et, franchement, c'est pas si mal...
— Faut dire que tu es très belle, me coupe-t-il soudainement, un air gêné traversant son visage tandis que je le regarde avec surprise. J'en ai presque avalé ma salive de travers.
— Et le soir, vers dix-neuf heures trente, mon frère toque à ma porte et m'accompagne jusqu'en bas des escaliers, là où tous les fauves sont lâchés. J'ai droit à Madame Peters et Madame Britanny, accompagnée de son mari, sinon le reste des invités varie selon les années et l'engouement de la soirée. Puis, j'ai la fameuse phrase de ma mère pour me présenter à un nouvel homme...
— Donc je dois comprendre que je ne suis pas le seul à avoir eu la chance de partager un moment avec Cendrillon 2.0, dit-il avec une pointe de fausse offense.
— Eh bien, je m'excuse mais non, tout est dans la tradition ici. Chaque année, c'est la même chose, dis-je après avoir doucement ri. Et en fin de soirée, elle me fait un discours larmoyant devant tout le monde, avant de déclarer qu'elle m'aime en criant dans le micro. Ensuite, elle descend de l'estrade presque en courant pour m'embrasser les joues. Et moi, je dois... je dois garder le sourire, ajoutai-je en soupirant.
C'est à la fin de mon monologue qu'il soupire à son tour et, contre toute attente, il propose :
— Tu devrais tenter de ne pas venir l'année prochaine.
Je reste un instant sans voix, étonnée par la suggestion. Ne pas venir ? Mais oui, bien sûr. L'idée ne m'avait même pas effleuré l'esprit ! Je n'arrive pas à discerner s'il se fiche de moi ou non et quoi qu'il en soit, il y'a bien une chose que je retiens: Personne ne s'est jamais permis de me suggérer cela, et encore moins quelqu'un comme Tristan. Je me demande même s'il ne s'est pas pris un coup sur la tête.
Blague à part, j'y ai déjà songé. C'est une évidence sinon ça ferait certainement de moi une idiote mais je reste surprise qu'il ait eu l'audace de prononcer ces mots, comme si c'était un fait normal chez lui alors que je vois bien que non.
— Rappelle-moi de ne jamais suivre tes conseils, répliquai-je en riant, tentant de dissiper le malaise que cette suggestion a créé en moi. Et... Merci pour le compliment. J'ajoute en lui adressant une tape ringarde sur l'épaule.
Malgré mon ton léger, je sens une pointe d'inquiétude monter en moi. Personne ne sait ce que ma mère serait capable de me faire si jamais j'osais ne pas me présenter. L'idée même de déroger à ses attentes me fait frémir. Avant que je puisse m'attarder davantage sur cette pensée, mon téléphone sonne, interrompant notre discussion.
~ NOTIFICATION numéro inconnu
« À ta place j'évacuerais tout le monde, des gens risquent d'être brûler vif. »
La seconde suivante j'entends du brouhaha dans le hall, et les lumières de tout le manoir s'éteint brusquement. Je bondi accourant près du cocktail.
— Tout le monde près de la piscine, dépêchez vous. Criai-je prise de panique.
— Qu'est ce qu'il se passe Gemma ? Dit Tristan, me suivant à la trace.
Une putain de farce. Dites- moi que s'en est une.
~ NOTIFICATION numéro inconnu.
« 10 »
Chaque fois que mon téléphone vibre, c'est comme ci mon coeur cessait instantanément de battre.
~ NOTIFICATION numéro inconnu.
« 9 »
Cet homme est définitivement barje, on ne peut plus rien faire pour lui.
C'est perdu d'avance.
Et là, je crains qu'il ne soit pas en train de bluffer.
Est-ce qu'il serait capable de faire cette chose abominable pour que j'accepte un fichu marché ? J'accourt à l'étage voir si personne n'y est resté. Bordel, pas aujourd'hui, pas... Maintenant.
~ NOTIFICATION numéro inconnu.
« 8 »
Mon frère accoure derrière moi après avoir demander à Tristan de déguerpir.
— Gem' as-tu conscience que personne ne comprends ce qu'il passe et que la vielle va te faire la peau ?
Ils ne comprennent pas, je ne comprends pas mais pour le bien de tous, je suis prête à en subir les conséquences, ce soir. Qu'il se fiche de moi ou non, personne ne mourra pour ma personne et son entêtement.
Je place mon flash dans son visage.
— Aide moi à évacuer les gens. Dis je.
~ NOTIFICATION numéro inconnu.
« 5 »
Et puis merde.
— SORS. Hurlais je sur mon frère.
Il se met à courir et je le suis à mon tour telle une effronté complètement touchée en talon.
~ NOTIFICATION numéro inconnu.
« 2 »
« 1 »
Face à tous, dans un silence absolu je les regarde à bout de souffle. Ils me regardent... Si pesant et jugeur.
Rien, il ne se passe rien.
Je regarde une dernière fois mon téléphone.
~ NOTIFICATION
« Je t'ai déjà prévenu une fois, tu as les conditions, ne me pousse pas à faire l'irréparable »
D'une façon presque trop naturelle je suis prise d'un fou rire. Ce fils de pute s'est joué de moi.
Ma respiration s'use tandis que je sens les tremblements de mon corps parvenir à mes mains.
Qu'est ce que je viens de faire...
Pourquoi est-ce qu'il fait ça.. maintenant ? J'avale de travers, des bouffées de chaleur envahissent mon corps. Mon téléphone glissant au sol. Je reste bouche bée. Elle intervient.
C'est la merde....
— Aucun soucis, les enfants voulaient nous faire une blague de mauvais goût ce soir, reprenons ce qui a commencer ici. Dit ma mère en rigolant nerveusement alors que les lumières du manoir se rallume.
Je ne prends pas la peine de ramasser mon téléphone et pars rapidement sous le regard de tous.
« une blague de mauvais goût »
Le brouhaha reprends successivement. Même si perplexe, ils le restent sûrement. Alors que je me retrouve sur les marche de l'escalier devant la porte de la maison j'aperçois ma mère sortir en trombe.
— Pauvre idiote ! crache-t-elle en m'assénant une gifle d'une violence inouïe. T'en as pas ras le bol de tout foutre en l'air ? Tu nous pourris la vie à tous, tu gâches toujours tout, pourquoi hein ? Tu peux me le dire ?! hurle-t-elle en perdant tout contrôle.
Elle empoigne ma chevelure, me forçant à la regarder droit dans les yeux. Ses doigts s'enfoncent dans mon cuir chevelu, et la douleur se mêle à la terreur.
— Maman... s'il te plaît, lâche-moi, couinai-je d'une voix tremblante, à peine un souffle.
Mais elle est sourde à mes supplications, ses yeux brûlant de colère, de dégoût. C'est comme si elle voyait en moi tout ce qu'elle déteste dans sa vie, et qu'elle n'hésitait plus à m'en rendre responsable.
— J'en ai ma claque de toi ! Demain, première heure, tu dégages de chez moi, de nos vies ! Trouve un truc à dire à ton père pour qu'il comprenne qu'on peut vivre sans toi ! Tu es la pire erreur de ma vie, je te déteste, toi, ta venue au monde, et ta misérable petite vie que tu tentes de bâtir. Estime-toi heureuse que je n'ai pas décidé de te ruiner plus tôt ! Mais c'est fini maintenant, je ne te laisserai pas vivre !
Les mots frappent plus fort que la gifle qu'elle aurait pu m'adresser. J'aurais préférée ça au mots. Je reste là, silencieuse, les larmes coulant sur mon visage sans fin.
Chaque mot qu'elle crache me replonge dans ces souvenirs d'enfance, ces moments où elle me répétait combien je n'étais qu'une moins que rien, une merde. Il y a tellement de colère en elle, tellement de haine. C'est comme si toute ma vie n'avait été qu'une succession d'erreurs, une longue liste de déceptions qui ne méritent rien d'autre que son mépris.
Je veux hurler, lui dire qu'elle a tort, que je ne suis pas le monstre qu'elle voit en moi. Que j'avais simplement besoin d'elle lorsqu'elle m'a tourné le dos. Mais les mots restent bloqués dans ma gorge, étouffés par cette culpabilité profonde, irrationnelle, qui m'envahit depuis toujours. Peut-être a-t-elle raison. Peut-être que je ne mérite pas d'être ici, de respirer cet air, de prendre cette place.
— Crois-moi et sois-en sûre, tu ne dormiras plus tranquille, gronde-t-elle en me secouant la tête, son souffle brûlant contre mon visage. Pas après ce que tu viens de me faire !
Je suis désolé...
Elle me lâche brutalement, et je m'effondre presque. Je reprends ma respiration avec difficulté, essayant de contenir les sanglots qui menacent d'exploser. Elle arrange sa robe, lisse ses cheveux avec un calme déconcertant, comme si rien ne s'était passé, comme si je n'étais qu'une poussière sur son chemin. Puis, sans un mot de plus, elle tourne les talons et part en trombe, claquant la porte derrière elle.
Je reste là, figée, le bruit de la porte résonnant dans ma tête comme un coup de canon. Une larme s'échappe de mon œil, glissant lentement le long de ma joue. J'essaie de l'essuyer, mais elle est vite suivie par une autre, puis une autre encore. Mon corps est secoué de tremblements alors que je me répète en boucle les mots qu'elle m'a lancés. Elle me hait. Elle hait ma présence, mon existence même.
Et pourtant... pourtant, je ne peux m'empêcher de l'aimer. De me blâmer pour ne pas être celle qu'elle voudrait que je sois. Parce que c'est ma mère. C'est ma maman, celle que je suis censée aimer inconditionnellement, peu importe la douleur qu'elle m'inflige.
Je sais qu'elle m'aime. Et je l'aime aussi, c'est maman...
Je me redresse difficilement, la gorge nouée, les yeux embués de larmes. Je ne peux pas rester ici. Pas après ça. Je quitte les marches, chaque pas me pesant comme si le sol se dérobait sous moi. Je dévale d'abord le long chemin passant par la fontaine, mes pieds traînant sur le gravier. Mes jambes avancent mécaniquement, sans que je sache vraiment où je vais. Mais je continue. Toujours tout droit, je marche, espérant que la douleur finisse par s'estomper, que ces mots arrêtent de résonner dans ma tête. Mais ils ne le font pas. Ils ne s'arrêtent jamais.
— Ouvre-moi cette porte. dis-je au garde.
Je n'ai jamais réellement compris les motivations de ma mère, pourquoi être devenue si nauséabonde avec moi. Mais je pense, qu'il n'y a qu'elle qui en connaît les raisons. Des fois même, je me dit qu'en réalité si elle se posait elle saurait qu'elle n'a en réalité rien qui puisse la faire tant me haïr. Face au portail j'observe les lueurs de la maison, désormais face à elle.
— Tu risque d'attraper froid. Me glisse une voix qui me deviens familière chaque fois un peu plus. Il me couvre d'une veste noir.
— Je rêve ?
— Non j'étais juste pas loins quand j'ai envoyer les messages et j'ai vue dans quel état tu as fini la soirée.
— Espèce de sombre merde, vous auriez pu faire votre petite blagues un autre jours C'ÉTAIT TROP DEMANDER ? Hurlais-je en sanglots.
Ou ne jamais la faire et me laisser tranquille d'ailleurs.
Me résolvant à l'inutilité de cette discussion, je renifle, soupire d'épuisement. Avant de m'en aller. Le laissant derrière moi.
Joyeux anniversaire Gem'...
~
À très vite !
With love Ana. ✨
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