CHAPITRE VINGT-SIX
Les vacances de Noël sont une jolie période entourée de ma famille. Ce soir, nous faisons un apéritif avec Noah et sa famille chez moi. Je ne l'ai pas vu depuis quelques jours et même s'il me manque, je suis également assez anxieux à l'idée de le revoir. Ça peut paraître paradoxale mais c'est pourtant bien le cas. Parce que le voir, c'est voir son mal-être, sa tristesse, sa détresse et, maintenant que je l'aime, ça déteint sur moi.
Je me prépare, plutôt calmement. J'enfile un jean bleu avec une chemise à carreaux puis mes baskets de couleurs sobres et me passe un peu de gel dans les cheveux. Je me passe ensuite un peu d'eau sur le visage avant de m'essuyer et de m'asperger de parfum. Je suis lent, ça en devient même presque robotique. Tristan arrive cependant dans la salle d'eau et se coiffe, sans me quitter du regard. Il me scrute tandis que je me demande ce qu'il peut bien voir en me regardant. Au delà de ma simple apparence physique, peut-il deviner ce qui est moins visible comme ce que je ressens, ce qui me tiraille ?
— Tu sais qu'on va à Noël et pas à un enterrement.
Je feins alors un sourire face à l'ironie gentille de mon frère mais il réplique :
— Tu vois, je l'aime pas Noah. Il te rend trop malheureux.
— Il me rend pas malheureux, pas que malheureux. je rajoute de part le regard accusateur de mon plus grand frère.
— Il a intérêt de se remettre vite parce que-, qu'il se dépêche quoi.
Tristan sort de la salle d'eau et je le suis jusqu'à rez-de-chaussée. J'aide mes parents à terminer deux/trois trucs puis nous accueillons Noah et sa famille. Lorsque je me retrouve seul avec le brun dans le couloir, je sens mon pou augmenter et mon ventre s'agiter.
— On est encore accordés.
Je souris légèrement à sa remarque parce qu'à chaque fois que l'un porte une chemise, l'autre aussi. Nous ne le disons pas mais nous nous retrouvons toujours habillés avec le même type de haut. Un silence s'en suit puis Noah et moi nous regardons quelques secondes dans les yeux avant de rejoindre nos deux familles au salon.
Au fur et à mesure des heures, je constate tristement que Noah n'a pas déteint uniquement sur moi mais également sur ses parents. Je peux effectivement constater le peu de conviction dans la voix de Eric le père de Noah et les innombrables coups de regards que jette Karen à son fils. Je dois bien l'avouer, c'est un soulagement lorsque la soirée se termine. Au moment où je débarrasse la vaisselle jusqu'à la cuisine, Noah vient m'aider et m'ouvre le lave vaisselle. Nous y mettons quelques assiettes avant qu'il me demande d'une voix lente :
— Est-ce que je peux dormir ici ce soir ? Du moins, si ça te va bien sûr.
— Bien sûr.
— D'accord, c'est cool.
Il me lance un sourire aussi mensonger que tous les miens au cours de cette soirée. Les parents de Noah partent, ma maison se calme petit à petit et je me change tandis que Noah fait de même mais dans la salle de bain. Il finit par revenir et observe mes bras derrière mon dos. Je lui explique alors :
— Je préférais te l'offrir lorsqu'on serait tous les deux.
Je lui tends ainsi le petit paquet tandis qu'il s'en saisit, à la limite de l'incrédulité. C'est Noël, il n'y a donc aucune raison d'être si étonné pour si peu. Le brun s'assoit à côté de moi et déchire le papier avant de s'arrêter lorsqu'il découvre la boîte du petit appareil.
— Je me suis permis de l'ouvrir pour télécharger de la musique dessus.
Noah fixe l'iPod shuffle puis se tourne vers moi. Il me prend dans ses bras mais le geste ne dure que quelques secondes.
— Joyeux Noël, je lâche.
— Joyeux Noël.
À peine dix minutes plus tard, Noah et moi sommes emmitouflés sous les couettes tandis que la situation me dérange. Mon « petit ami » est dans mon lit et dort avec moi mais nous ne parlons ni ne bougeons pas. Je ne peux alors m'empêcher de saisir la main de mon brun et y sens la froideur de celle-ci. Je lui caresse alors doucement la peau avant de me retourner vers lui. Il fait de même vers moi et nous nous fixons avec affection. Une affection qui nous avait quittés depuis quelques temps. Noah passe ensuite sa main sur ma joue et je ferme inconsciemment les yeux à ce contact.
— Merci pour cette soirée et pour les cadeaux.
— Ça m'a fait plaisir, je réponds en ouvrant les yeux.
— Pourtant je ne le méritais pas. Je suis odieux avec vous tous et pourtant, vous êtes toujours aussi gentils. Il y a une illogique dedans et vous êtes perdants.
— Ce n'est pas une question de « perdants « ou de « gagnants ». Tu méritais ces cadeaux et il n'y a même pas à discuter de ça.
Noah continue de me fixe et finit par se rapprocher moi. Je me laisse faire et je crois même que je pose le premier mes lèvres sur les siennes. Retrouver ce contact me fait réaliser à quel point ça m'avait manqué. Notre baiser aboutit à d'autres et encore d'autres tandis que je ne me lasse pas de son contact. Je le retrouve le temps de quelques minutes tout en retrouvant également ce sentiment agréable dans tout mon corps.
— Ça te dit qu'on écoute un peu de musique ?
J'acquiesce tandis que je pars chercher mon truc pour brancher deux paires d'écouteurs. Nous nous immersions alors tranquillement dans ce monde de notes, de sons, de sonorités et paroles et oublions le monde réel. Nous sommes sous la couette, nous câlinant et écoutant les musiques défiler. Parfois, Noah me caresse le bras plus doucement, parfois moins vite ou au contraire plus rapidement et parfois il s'arrête même pendant quelques secondes.
C'est lorsque que j'entends ma propre voix dans les écouteurs que je cesse de bouger et sens mon cœur battre à toute vite. J'avais presque oublié cet enregistrement et je sens tout plein d'émotions me traverser lorsque je m'écoute :
« Joyeux Noël. C'était le but de cet audio mais je me rends compte que je veux juste te parler. J'aime me rappeler de ce que nous sommes et de comment nous y sommes arrivés. J'aime à me rappeler que tu étais, au début, mon simple voisin de maison. Puis, il y a eu ce soir où tu as été admis aux urgences. Je t'ai rendu visite une fois à l'hôpital puis deux puis trois. Je me sentais bien avec toi sans que je ne sache réellement pourquoi. C'était juste comme c'était. Il y a bien un jour où tu es sorti et tu as fait ta rentrée, toi aussi. J'avais toujours eu ce sentiment que tu étais quelqu'un de si différent et exceptionnel que j'en avais oublié que tu allais au lycée, comme les autres de ton âge. Je crois que j'ai oublié beaucoup de choses quand j'étais avec toi. J'oubliais le temps, les problèmes, les autres et je trouvais la sécurité, la plénitude, la légèreté. J'avais une chose en moi qui était née et qui ne me quittait plus. Nos moments ont abouti à une relation et tu es devenu mon copain. Je crois que j'ai vraiment beaucoup rougi la première fois que j'ai pensé à ce mot. C'était tout nouveau pour moi d'être avec quelqu'un que j'aimais. Encore parfois, je me surprends à avoir le cœur qui saute quand je pense au fait que tu sois mon copain et à la chance que j'ai. Aujourd'hui, des mois ont passé et même plus d'une année. Une année que tu es dans ma vie et tu as changé beaucoup de choses petit à petit. Même lorsque l'on regarde aujourd'hui et hier, je ne suis plus le même. Bien sûr que j'aurais changé sans toi mais ça n'aurait sûrement pas été aussi vrai et beau. Je te remercie pour m'avoir aidé à ma découvrir bien que sans peut-être même le vouloir. Actuellement, nous sommes en décembre 2015, j'aimerais pouvoir dire le contraire mais c'est une drôle de période... Pourtant, je continue de t'aimer et de garder un peu de foi en toi. Je veux que tu saches que t'es quelqu'un de fort et que t'as tellement parcouru que tu ne peux pas t'arrêter maintenant. On a besoin de personne comme toi sur cette Terre. On a besoin d'une personne vraie, sincère et honnête qui puisse nous remettre les pieds sur terre et nous rappeler qui nous sommes et d'où nous venons. Au delà du fait qu'on ait besoin de toi, j'ai, moi ainsi, besoin de toi aujourd'hui. J'ai besoin que tu me fasses découvrir plein d'autres choses. Je ne veux pas que tu doutes de toi et n'oublie pas qui tu es réellement et pas ce que tu penses être... Je ne pensais pas autant parler, bordel. Nous voilà tous les deux étonnés que je parle autant... Je te souhaite en tous les cas le meilleur pour ta vie et je suis content que tu aies fait parti de ma vie à un moment donné. Je ne regretterais jamais de t'avoir connu et ne t'oublierais jamais. Tu as une partie de moi et surtout de mon cœur... Je t'aime. »
L'enregistrement s'arrête et Noah met sur pause avant même que la musique suivante ne démarre. Un silence étrange s'installe ensuite et Noah enlève ses écouteurs avant de faire de même avec les miens.
— Je rêve où tu as dit que tu m'aimais ? sourit d'une manière que je ne connaissais pas Noah.
— Parce que tu ne le savais pas déjà ?
Il hausse les épaules et je rajoute :
— Je voulais que tu saches toutes ces choses et que lorsque tu en doutes, tu puisses le réécouter.
— J'arrive même pas à trouver de mots, je veux dire t'es génial et adorable.
Je lâche un petit rire nerveux tandis que mon copain me fixe avec les yeux pétillants. Il vient se blottir contre moi et dépose des baisers dans mon cou puis sur mon épaule gauche. Il m'embrasse ensuite sur la bouche et s'allonge de tout son corps par dessus moi. Nous nous câlinons alors encore et finissons même par nous endormir. Avec son faible poids et son air endormi collé au visage, j'ai l'impression de tenir un petit enfant dans mes bras et plus un jeune homme de 18 ans.
⭐️Hey tout le monde ! Les vacances et Noël arrivent bientôt et le chapitre rentre dans le thème bien qu'en avance. J'espère que vous en profiterez bien et je vous le souhaite😁
La suite donc de l'histoire, en espérant qu'elle vous ait plu.
Je vous dis à bientôt,
D'ici là portez vous bien,
L
⭐️
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