- À toute à l'heure.
- Oui, souffle rapidement Noah avant de claquer la portière de voiture.
Je le vois se diriger vers le bâtiment ce qui me fait lâcher un soupire de soulagement. Je n'ai plus qu'à réviser pendant qu'il est chez sa psychiatre. J'ai l'impression que cette thérapie lui fait plus de mal que de bien pour l'instant. Il est souvent très fermé et ne parle que très peu avant et après les entretiens. J'essaye alors de ne pas trop l'embêter mais j'aimerais aussi qu'il me parle un peu plus.
Bref, je tente de me sortir toutes mes inquiétudes de la tête et de me concentrer sur mes cours que j'ai amenés.
Une quarantaine de minutes plus tard, Noah rentre dans le véhicule, s'attache et tourne la tête vers la fenêtre, comme à chaque fois. Je demande toujours pour autant :
- Ça a été ?
Sauf que cette fois-ci, il tourne la tête et je fais face à des yeux rougies et un peu bouffis. Il a pleuré. Il tourne ensuite de nouveau sa tête et ne m'adresse plus un seul mot. Je lui saisis alors simplement la main et la lui serre légèrement tandis qu'il me la serre fortement. Le voyage jusqu'à chez nous est pesant mais je n'en dis rien. Nous entrons dans notre appartement dans un silence pesant et Noah disparaît directement à la chambre sans même se soucier de son chien, chose qu'il aurait habituellement faite.
Lorsque Moon se met à gratter à la porte de notre chambre, je décide d'ouvrir à la petite bête et d'entrer à mon tour. J'y découvre alors Noah assis sur le lit, un air complètement absent au visage. Cependant, il lâche quelques mots :
- J'ai été violé.
Ses mots ont l'effet d'un coup de poignard dans mon ventre et je reste stoïque, incapable de dire ou faire quoi que ce soit. Ce manque de réaction physique a pourtant tout d'opposé avec tout ce que je ressens mentalement. Je n'y comprends d'ailleurs pas grand chose de ce que je ressens car il y a trop d'émotions, de sentiments qui m'engouffrent et se mélangent en moi dans un même instant.
C'était pourtant au dessus de nous depuis notre rencontre mais nous n'avions jamais mis les mots exacts dessus. Un viol. Je n'arrive toujours à rien faire et Noah répète un peu plus fort :
- J'ai été violé, j'ai été violé plusieurs fois.
Des viols.
Un silence irrespirable accable la pièce et je me sens toujours aussi incapable d'agir. Aussi incapable que lorsqu'on sait que la personne qu'on aime a été violée et qu'on ne peut rien y changer.
Et sans que je m'y attende, Noah explose en larmes. Si subitement que lorsque je le comprends vraiment, il tremble également et cache son visage de ses mains. Ça me rappelle tellement les premières fois où je l'ai vu, il y a un an lors de son hospitalisation. Je me dirige directement vers lui et me place au sol, entre ses jambes. Noah vient se glisser à mes côtés et on se serre fort, trop fort même, dans les bras de l'autre. Mes sentiments sont tellement forts que les larmes me montent aux yeux, à moi, Édouard Abels.
- Owen m'a violé.
Je sers d'autant plus mon petit ami dans mes bras tandis qu'il pousse des petits cris de détresse. Et, à ce moment là, je me sens si impuissant face à la personne que j'aime que c'en est complètement insupportable. Je dois faire quelque chose. Je dois faire quelque chose mais je ne peux pas et ne peux plus rien faire.
Noah continue de trembler dans mes bras et d'être bien trop crispé. Il commence même à se livrer comme il ne l'a jamais fait sur l'été d'il y a un an et ça me tue un peu plus encore :
- J'aurais dû parler bien avant. Quel con, je fais. J'aurais dû en parler la première fois qu'il a abusé de moi.
- C'est lui le coupable, pas toi. J'arrive enfin à articuler bien que la gorge douloureusement serrée.
- Mais j'ai laissé les choses se faire et continuer. Il avait trente-six ans et moi seize, j'aurais dû le savoir. Je suis vraiment trop con.
- T'es pas con, dis pas ça.
- J'ai pourtant agis comme un con aveugle. Je m'en veux de ne pas avoir su agir.
- Tu n'as pas à t'en vouloir.
- Pourtant je m'en veux.
Noah continue de pleurer dans mes bras et je sens une ou deux larmes couler le long de mes joues également. Je ferme fortement les paupières pour ne plus pleurer mais ça ne le peut pas. J'aimerais tellement que tout cela ne lui soit pas arrivé et que ce soit juste une erreur.
- Faut se dire que maintenant c'est fini et que t'es plus fort que lui, ok ?
Noah relève la tête vers moi et ça me donne juste envie de frapper ce Owen pour lui avoir fait tant de mal. Je ne suis pas dans le genre violent mais il le mériterait bien et ce depuis longtemps. C'est trop simple et complètement injuste de faire du mal à quelqu'un puis de partir comme si rien ne s'était passé, laissant le blessé à terre.
- Je ne suis pas fort, j'aimerais sincèrement l'être mais je ne le suis pas. Je fais juste chier tout mon entourage avec mes problèmes, réplique-t-il injustement.
- Tu nous fais pas chier, tu ne me fais pas chier. Tu ne dois pas penser ça, Noah. On t'aime, je t'aime.
- Je n'y arrive pas. J'en peux plus. J'ai l'impression d'être bloqué en moi et qu'il n'y a plus d'issus. J'en peux plus.
Et quand il pleure «j'en peux plus», j'entends surtout "j'en peux plus de la vie" parce que c'est clairement ça que ça veut dire. Et ça me déchire le cœur qu'il n'arrive pas à voir la vie sous un autre angle et que je n'arrive pas non plus à le lui faire voir. Je sais pourtant que ça prend du temps mais parfois j'aimerais accélérer les choses et que cet été ne soit plus qu'un très loin souvenir. Il faut cependant apprendre à vivre et à composer avec ce genre d'événements.
- Baisse pas les bras, t'as déjà beaucoup parcouru.
Noah me fixe et je me perds dans son regard abattu. Je m'y perds parce que le simple fait de le regarder fait battre mon cœur déraisonnablement plus fort. C'est ce genre de petites choses qui me fait d'autant plus réaliser qu'il est vraiment spécial pour moi et que je l'aime, tout simplement. Ça ne m'était jamais arrivé de ressentir quelque chose de comparable et je me retrouve dans de beaux draps maintenant.
Je viens délicatement saisir le visage de mon copain de mes mains et essuie ses larmes. Étonnement, il vient faire la même chose avec les miennes avant que nous ne venions coller nos fronts.
Nous restons alors aussi simplement que cela soit à nous regarder droit dans les yeux, les larmes disparaissant. Nous nous regardons avec sincérité à travers les difficultés de la vie. Ça arrive forcément mais ça ne change pas la douleur.
Au moment où je pose mes lèvres sur celles de Noah, la boule de mon ventre se fait moins violente. Notre contact est doux et me fait vraiment du bien.
- Je t'aime, je lui dis et il me fixe tristement.
Ses mains se glissent dans ma nuque avant qu'il ne m'embrasse de nouveau. Ma bouche se perd ensuite sur sa mâchoire, sur son épaule puis dans son cou. Nous finissons par nous serrer dans les bras et Noah revient déposer plein de petits baisers sur ma clavicule gauche. Le contact est chaud et affectueux et me fait complètement frissonner. Son souffle reste vibrer contre ma peau et je me sens comme vivre sous ses baisers.
- Est-ce que c'est vrai quand tu dis que tu m'aimes ou c'est pour me rassurer ? me demande-t-il malgré notre un an de relation.
- Je le dis parce que je le ressens alors c'est totalement vrai, n'en doute pas.
Pourtant la lueur de ses yeux marrons laissent penser qu'il arrive encore à en douter.
- Ne doute pas, petit gars.
Noah se laisse aller contre mon épaule avant de devenir m'embrasser. Il y a vraiment une atmosphère différente cette fois-ci entre nous deux. Comme si nous étions dans une bulle coupée de tout et qu'il n'y avait plus que le moment présent qui existait.
- Je t'aime aussi, Éd, genre vraiment et c'est complètement flippant.
- On est deux alors.
Ses doigts qui trituraient mon sweat se posent finalement sur mes hanches et les caressent à travers mon sweat. J'apprécie la façon qu'il a de me traiter et d'autant plus lorsqu'il joue avec sa langue contre la mienne. Mes mains se posent sur sa peau découverte du cou et je viens le parsemer de baisers langoureux. Nous nous laissons totalement submerger par nos contacts mutuels et je lâche un soupire lorsqu'il passe sa main sous mon haut, au contact direct de ma peau.
Il sent la chair de poule qui me traverse tandis que ses doigts découvrent mon torse.
- Je...
Noah lève son regard vers moi et je comprends la fin de sa phrase. Nous enlevons alors ensemble mon sweat bordeaux tandis qu'il lâche aussitôt :
- T'es beau, même magnifique.
Je sens le rouge me monter aux joues tandis qu'il revient parcourir ma peau de ses doigts froids. Le haut de mon copain finit également par être enlevé et le contact de nos deux torses nus est complètement nouveau et vraiment trop agréable. L'embrasser de cette manière si intime et amoureuse est juste un privilège et mon cœur pulse comme il ne l'a jamais fait.
- T'es vraiment beau.
Noah sait que ça me gêne d'être complimenté ainsi alors il n'insiste pas. Ses mains finissent par se glisser jusqu'à mes poches arrières de pantalon et je lâche un mélange entre un gémissement et un petit cri à ce contact. Lorsque Noah malaxe mes fesses, ma tête s'affale sur sa tête et je mordille son épaule.
- Noah, Je balbutie lorsque ses doigts froids touchent ma chaire.
J'ai l'impression de franchement exploser tant cela fait longtemps que je n'avais pas été touché ainsi. Je tente de contrôler mes bruits mais c'est impossible lorsque Noah me touche ainsi. Mes doigts sont pressés contre ses hanches et mon érection commence à être assez imposante pour être visible.
- Noah, je commence à-
- Moi aussi, me coupe-t-il.
Je relève la tête pour l'observer un peu interdit tandis qu'il arbore un petit sourire absolument craquant.
Noah et moi avions déjà parlé du fait qu'il avait du mal, voire ne se sentait jamais, exciter ou attirer. Alors qu'il le soit maintenant, c'est quand même quelque chose.
Il prend ainsi une de mes mains et la pose sur son sexe, à travers son pantalon. Et effectivement, je sens une bosse qui se forme. Je la caresse alors doucement et mes mouvements en amènent Noah à faire de même avec moi.
C'est tout naturellement que nous enlevons nos pantalons tant le besoin de l'autre est présent et absolument vital à ce moment. Le brun lâche un soupire lorsque nos deux sexes se rencontrent à travers nos boxers tandis que je commence à me frotter légèrement. Mes hanches se retrouvent de nouveau agripper et je sens les ongles de mon compagnon me griffonner. Je ne tiens absolument par rigueur tant le contact de nos sexes est agréable. D'autant plus lorsque Noah sort son sexe et que celui-ci est dressé contre son abdomen. Cette vision ne fait que m'exciter davantage et je suis étonné de l'impact aussi fort que le brun a sur moi. Je finis par alors enlever mon boxer tout comme le sien que nous jetons dans la chambre. Noah commence par me malaxer et je viens faire de même avec sa chaire.
- Bordel, soupire le brun à plusieurs reprises.
Je me suis jamais senti autant en émoi et je me demande si c'est le fait que nous n'ayons jamais eu de rapport mais aussi que ça fasse longtemps que je n'en ai pas eu tout court. Au fond, je crois surtout que ce soit le fait que j'apprécie autant la personne avec qui je le fais. C'est absolument magique et divin et j'ai en ai le ventre retourné lorsqu'il soupire :
- J'ai envie qu'on fasse l'amour.
J'embrasse Noah comme réponse tandis que je demande :
- Tu as des préférences pour les places ?
- J'en sais rien, je veux juste qu'on le fasse.
Ça ne m'aide franchement pas ce qu'il répond mais ça n'empêche pas que j'en brûle d'envie tout de même.
- Je crois pas que je sois prêt à être au-dessus peut-être, pas ce soir en tous les cas.
- On va pas le faire comme ça alors.
J'embrasse son front amoureusement tandis que nous nous embrassons encore une fois. Je meus mon bassin contre le sien tandis que je préfère demander :
- T'es sûr que tu veux qu'on fasse ça ?
- Franchement, j'ai jamais été aussi sûr que maintenant. T'as des capotes par contre ?
J'ai un moment de doutes avant de me rappeler qu'il y en a dans la salle de bain.
- En vrai ? ! rit légèrement le brun croyant que nous n'en avons pas.
Je l'embrasse une dernière fois avant de faire un aller-retour à la salle de bain.
- Je préfère, lance t-il.
Je viens me placer entre ses jambes et embrasse son bas ventre avent de poser mes lèvres sur son aine. Je descends à ses cuisses où je tente d'ignorer les cicatrices et je le sens vraiment fébrile face à mes mouvements.
- Arrête de me torturer, petit con.
On peut le dire, nous sommes un peu plus détendus maintenant et je n'aurais jamais cru que la soirée finirait ainsi.
Je vais faire l'amour avec Noah pour la première fois et c'est, c'est juste inattendu. J'en perds d'ailleurs mes mots et tout comme mon bon fonctionnement mental.
Je suis content d'avoir découvert que ma relation amoureuse avec Noah n'est pas uniquement basée sur le sexe et que mon amour pour lui n'a jamais été basé sur ça ni fixé là-dessus. J'en suis content et tout de même un peu surpris.
J'en découvre beaucoup sur moi avec lui et je trouve ça incroyable qu'il le fasse.
La suite de la soirée et même de la nuit mètreront beaucoup de choses en évidence sur moi, ma relation avec Noah mais surtout sur Noah. J'ai l'impression que cette nuit est une autre facette de notre relation. Je sais en tous les cas que partager ce genre de moment avec lui est juste incroyable et que je n'ai jamais autant apprécié avant lui.
C'est le paradis de faire l'amour à quelqu'un qu'on aime après en avoir eu envie.
Lorsque je papillonne des yeux, une odeur de pâtisserie envahit directement mes narines. Un peu étonné, je me lève avant de découvrir Noah, déjà douché et habillé, qui cuisine dans la pièce prévue à cet effet.
- Tu sais cuisiner toi ? je me moque tout en déposant un baiser sur sa joue.
- Les gaufres, c'est pas trop compliqué.
Je lui souris tandis qu'il dépose le mets chaud sur une assiette.
- T'as bien dormi ? Je m'enquis.
Noah met plusieurs secondes à répondre quelque chose :
- J'ai pas mal cogité.
- Et ça a donné quoi ?
Je me colle contre le meuble de cuisine derrière moi et attends sa réponse patiemment. C'est souvent quitte ou double avec lui et c'est d'ailleurs parfois surprenant.
- J'ai réalisé que j'avais perdu une année de ma vie à déprimer et à ne pas aller bien. Une année à me priver de tout ce que j'avais envie et j'en ai marre. J'ai pas envie qu'Owen me détruise encore alors qu'il n'est même plus là. Je n'ai plus envie de ça.
Je hoche la tête et mon copain continue :
- Alors, ça prendra peut-être du temps mais je veux vraiment changer.
Je lance un petit sourire à Noah qui me le rend tout aussi petit.
On ne peut pas sourire grandement suite à ce qu'il a vécu mais on peut sourire parce qu'il décide de s'en sortir.
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