CHAPITRE NEUF
" Bonjour. Voudrais-tu bien m'expliquer les mathématiques que j'ai loupées en début d'année. Merci d'avance, Noah. "
Je crois que je relis bien trois fois le SMS tant je suis étonné et surpris à la fois. Il a osé. Il a osé et il veut que nous nous voyons.
Son message est très cordial et ça ne m'étonne pas vraiment de lui. Je suis content qu'il ose enfin. Vraiment. Je rédige alors rapidement une réponse entre deux bouchées d'une purée à la texture douteuse :
" Salut ! Pas de problème pour moi. Je passe ce soir après les cours, ça te vas ? "
Je range mon téléphone et continue mes conversations avec les autres autour de la table. Je me mets à chercher Noah du regard, mais ne le trouve pas parmi les autres élèves du self. Je finis par me concentrer à nouveau sur les personnes qui m'entourent.
Après les cours, je rentre en vélo comme j'aime le faire malgré la fatigue de la journée. J'hésite à aller directement chez Noah. En réalité, je ne suis pas le plus fort en maths, je me débrouille juste. J'espère qu'il ne va pas s'en rendre compte parce que je n'ai pas envie de passer pour un imbécile face à lui.
Je finis par attendre vingt minutes chez moi avant de frapper à sa porte. Il ouvre presque instantanément et c'est le malaise entre nous deux.
Je lui souris grandement. Il me sourit timidement. Et nous continuons de nous regarder.
— Je peux rentrer ?
Il se décale pour réponse et je pénètre dans sa maison.
— J'ai installé mes affaires dans la salle à manger.
Je hoche la tête et le suis, mal à l'aise malgré moi. Heureusement ou pas, il semble tout aussi anxieux que moi.
— Donc tu voulais que je t'explique les mathématiques ?
— Oui.
— D'accord. Tu n'as qu'à me dire ce que tu veux qu'on voit ensemble.
Nous commençons alors. L'ironie, c'est que nous finissons par tous les deux bloqués pendant une demi-heure avant de trouver la solution à un exercice. Je lui avoue alors :
— En fait, je suis peut-être pas le meilleur prof'.
Je lâche un petit rire et il sourit.
— En fait, j'avais déjà compris les maths, jusqu'à cet exercice du moins.
Il semble super gêné et je continue de rire. C'est un rire franc et qui brise enfin la glace entre nous deux. Il me rejoint alors et je crois que ça nous fait du bien à tous les deux. Je lui demande alors :
— Tu veux pas faire autre chose que des cours ?
— Je ne dis pas non.
— Super alors.
Je me lève et il fait de même. Je suis étonné lorsqu'il me demande :
— Tu as un vélo ?
— Euh, ouais ? je réponds, un peu confus qu'il me pose cette question.
— Je t'attends devant chez toi.
C'est comme ça que nous nous retrouvons chacun sur notre vélo à se courser. Je ne sais même pas où nous allons, mais j'avoue que je m'en fiche. Je passe juste un bon moment et en plus avec lui.
— T'aimes nager ?
— Oui, ça va. Attends, pourquoi tu me demandes ça ? ! je m'étonne ne voyant pas piscine sur notre route.
Et pour toute réponse, Noah accélère davantage.
— Noah ! je m'écrie. Attends-moi !
Il se retourne et son sourire me procure une vague de bien être sans que je ne comprenne pourquoi. Peut-être parce qu'ils sont rares ses sourires et qu'on ne les voit pas assez. Cette sensation est violente mais positivement. J'use de mes cuisses et le rattrape ensuite.
Tout se passe rapidement lorsque nous arrivons près d'un petit lac. J'ai juste le temps de voir Noah sauter de son vélo et sauter tout habillé dans l'eau. Je l'observe, sur le cul qu'il ait osé. Wow. Je ne le pensais pas du tout comme ça et je n'en reviens pas. Ce mec est vraiment un ovni. Sa tête sort de l'eau puis il se positionne comme une étoile de mer.
Je le rejoins alors, mais après avoir enlevé mes chaussures, mon portable et ma ceinture. Le reste, je m'en fiche et je pense que Noah préfère que je conserve mes vêtements tout comme lui. Je copie sa position et observe le ciel. Jamais, je n'aurais pensé faire ça et pourtant je ne me vois le faire qu'avec lui. Il y a qu'avec lui que je m'en fiche de paraître bizarre ou étrange parce que c'est une anomalie à lui-même, dans le bon sens du terme.
Nous finissons par changer de position et nous nous challengeons sur des longueurs. Je le bats pratiquement tout le temps, cependant il a l'air de s'en fiche. Je l'observe sortir de l'eau, enlever ses chaussures et chaussettes comme moi tout à l'heure. Je nage encore un peu puis le rejoins. Nous nous asseyons l'un à côté de l'autre et il me surprend en me sortant :
— Il y a pas de " s " à "ça te vas". Le sujet de aller, c'est " ça ".
Je réalise, bien qu'au bout de quelques secondes, qu'il fait référence à mon message de ce matin. Certains l'aurait peut-être pris un peu mal, mais je ne peux m'empêcher de le trouver encore plus fascinant. J'ironise alors :
— Il n'y a pas qu'en maths que je suis nul.
Nous regardons en face de nous et je casse l'ambiance apaisante en laissant échapper :
— J'ai envie de pisser.
Il ne dit rien et je me sens franchement con, mais heureusement il finit par répliquer :
— Moi aussi.
Moment gênant où Noah part à l'opposé de mon arbre et que nous nous faisons dos pour pouvoir soulager nos vessies. Nous nous posons ensuite au soleil afin de nous sécher. J'ai tellement de choses dont j'ai envies de lui parler que je ne sais pas par quoi commencer. Il m'arrache les mots de la bouche lorsqu'il déclare calmement :
— Pourquoi tu restes avec moi ?
— Pourquoi je le ferais pas ?
Il change de position et se met comme la fois où nous étions sortis de l'hôpital : les genoux contre son torse et ses bras les encerclant. Ainsi, il a l'air d'un petit garçon mais d'un mignon petit garçon. Il réplique alors, comme si c'était censé être évident :
— Parce qu'il y a plus intéressant que moi.
Je reste bloqué un instant. Je comprends qu'il le pense vraiment et que son attention n'est pas que je le rassure.
— Pas pour moi alors.
Je rougis sans le contrôler lorsqu'il se retourne vers moi, un air intrigué et surpris au visage. Je rectifie, un peu mal à l'aise :
— Je veux dire, n'importe qui te trouverait intéressant. Il n'y a pas de raison pour qu'on ne le pense pas.
Il tourne de nouveau la tête et regarde l'eau. Je lui demande alors :
— Ça te dérange si j'enlève mon haut pour qu'il sèche ?
— Fais ce que tu veux. Tu peux aussi enlever ton bas s'il te gêne.
J'ai envie d'exploser de rire, mais je réalise qu'il n'y a pas du tout de sous-entendu pour lui. Je me permets alors de me retrouver en boxer et pose mes vêtements au soleil. Malgré le fait que je sois largement moins vêtu que lui, je me sens bien avec lui et pas vraiment gêné de cette semi-nudité. Je l'observe. Lui et ses boucles mouillées qui partent dans tous les sens. Lui et son tee-shirt noir à manches longues qui lui collent au torse. Je n'avais jamais vu les réelles formes de son torse. Du moins, sans ses sweats ou pulls trop grands.
— Tu aimes bien le style " vêtements trop grands " ? je tente d'ironiser, bien que je me pose réellement la question au fond.
Je ne crois pas qu'il relève mon ironie et se contente de hausser les épaules.
— Je prends juste ce qu'il y a dans mon armoire. C'est pas un style, c'est juste ce que j'ai. il rajoute.
— Tu as que des couleurs sombres ? je lui demande sans méchanceté.
— Non, mais c'est pas compliqué à assortir et puis je passe inaperçu au moins. il hausse les épaules.
— Tu trouves ? Je ne veux pas t'embêter en disant ça mais le fait que tu t'habilles pratiquement que de noir te fait remarquer autant que quelqu'un d'habillé en couleurs.
Il me regarde, perplexe et je rajoute :
— C'est comme si t'envoyais un message aux autres, du genre " je ne vais pas bien, ne venez pas ". Du coup, les gens te remarquent plus que si tu portais un simple jean/sweat.
— Je n'avais pas vu les choses comme ça. Je ne cherche pas à ce que les gens pensent ça de moi. Je veux juste me fondre dans le masse et me cacher.
— Je sais.
Il se tourne vers moi et observe quelque chose près de ma joue. Ou alors, il ne veut simplement pas me regarder dans les yeux, comme toujours.
— Tu as un problème avec mes yeux ? j'ose lui demander, profitant qu'il ait l'air de plus parler que d'habitude.
Il prend plusieurs respirations puis grimace :
— Pas particulièrement.
— Regarde-moi dans les yeux alors.
Je ne sais pas ce que je cherche en lui demandant ça. Une réponse, peut-être. Pourtant, il tourne furtivement la tête vers le petit ruisseau et me crache sans que je ne m'y attende :
— Ça te fait rire en fait que je ne veuille pas te regarder dans les yeux ? T'aimes te sentir supérieur et le plus fort de nous deux, hein ? Que je sois juste le pauvre petit débile qui ne comprend rien à la vie ?
J'écarquille les yeux, ne comprenant pas sa colère soudaine. Même sa colère, tout court. Je tente de l'apaiser, mais il me coupe directement en continuant de s'énerver :
— Mais le minable dans l'histoire c'est toi, Édouard. T'es même pas capable de fermer ta gueule quand on te le dit de le faire. Je ne sais pas ce que t'essayes de faire en traînant avec moi mais ne crois pas que ça t'excuse.
Il respire frénétiquement, les joues rouges de colère, et serre les poings comme s'il allait exploser. J'ai tellement du mal à réaliser la situation que je lâche de mon calme habituel :
— Je ne pensais-
— Je m'en fous ! Je m'en fous de ce que tu as pu penser ou de ce que tu penses ! Je, m'en, fous !
Je sursaute face à la violence et la haine que ces mots me procurent. Il me regarde bien droit dans les yeux et je sens un frisson me parcourir tout le long de la colonne vertébrale. Je n'ai pas l'habitude qu'on me parle ainsi et ça me fait tout drôle. Il me balance ensuite d'une fureur que je ne lui connaissais pas :
— Quoi que tu dises, ça ne change rien. Tout ça, c'est de ta faute ! J'avais une chance de m'en sortir, une chance, mais il a fallu que tout le lycée soit au courant. T'es qu'une pauvre merde. Tu comprends ? C'est de ta faute et uniquement de la tienne.
Il appuie sur mon torse avec sa main et tremble tellement il est nerveux. Je suis figé et je n'arrive même plus à réagir. Et puis, sans que je ne comprenne quoi que ce soit, il me pousse de ses deux mains si fortement que je tombe en arrière sur le sol. Je sens ma tête rencontrer le sol bien plus fortement que je ne le pensais. Je l'entends ensuite partir puis je vois ses roues de vélo s'éloigner tandis que je reste cloué par terre.
Secoué ne serait pas assez pour décrire comment je me sens. C'est un mélange de mauvaises émotions que je n'ai pas l'habitude de ressentir. Je ne sais pas quoi faire alors je reste allongé contre l'herbe puis ferme les yeux.
" c'est de ta faute "
Je ne m'en rendais pas compte et maintenant qu'il me l'a fait remarquer, je suis dégoûté. Dégoûté de ce que j'ai fait ou pas fait en l'occurrence.
— Fait chier !
Je tape du poing contre la terre et me relève immédiatement. Je me rhabille en un temps record et saute sur mon vélo. Je pédale, mais je ne sais même pas où je veux aller ni ce que je veux faire ni comment je me sens. J'ai tellement merdé.
J'espère qu'il rentre chez lui et qu'il va bien. C'est bête mais c'est vrai. Je continue de pédaler malgré le froid que je ressens à cause de mon corps et de mes vêtements encore mouillés. Je finis pas arriver près d'une plage durant laquelle je suis allé cet été. Il n'y a pas grand monde et le bruit des vagues me fait déjà presque sourire. Je cache mon vélo dans un buisson puisque je n'ai pas d'anti-vol puis je me dirige vers le sable.
Je ne sais pas exactement pourquoi je ressens le besoin d'être ici mais j'y suis. Je finis par tremper mes jambes dans l'eau tout en faisant des courts ricochets et parfois même des longs. Je regarde le soleil se coucher sans m'inquiéter de l'heure jusqu'à ce que mon téléphone vibre.
Simplement ma mère qui me demande encore où je suis. Alors je rentre, sans grand enthousiasme. Nous mangeons puis j'envoie un SMS à Dan. Plus tôt dans la journée, il m'avait parlé d'une fête d'une amie d'Amandine et j'ai finalement envie d'y aller. Mon ami finit par comprendre que j'ai envie de sortir et je m'en réjouis. Bon, j'ai quand même un problème et pas un petit : réussir à convaincre mes parents de sortir un soir de semaine. Autant dire, impossible.
Je sors sur mon balcon et examine la hauteur qui me sépare du sol. Comment je peux faire sans m'étaler sur le sol et me péter un os ? !
C'est de cette manière que je me retrouve les chaussures aux mains, à descendre les escaliers. Je ne pensais jamais être ce genre de gamin à sortir en douce et pourtant je le suis. Je sens que ça va être la soirée des conneries et pourtant je fonce tête baissée. Je passe par le garage et remets mes Nike une fois dehors.
Dan est déjà à attendre dans sa voiture qu'il a eu à ses dix-huit ans. Ça a ces avantages d'avoir redoublé. Je monte dans le véhicule et le tchèque avant qu'il ne démarre son Audi.
— Je suis étonné que tu veuilles sortir à vrai dire, déclare-t-il perplexe avant de me jeter un coup d'œil.
Je hausse les épaules et réponds :
— Je ne voulais pas rater l'occasion. Il y aura qui que je connais ? je m'intéresse pour changer de sujet.
-— Amandine, Charlène, Baptiste et Pierre, et Stan, le gars de notre classe.
— Cool, il est sympa comme mec. Antoine ne vient pas ?
— Non, pourquoi ?
Dan m'observe d'une curieuse façon et je lâche :
— Non, comme ça.
Le châtain sourit en coin et je me demande ce qu'il pense ou mijote. C'est une vipère ce mec. Nous arrivons dans un quartier de maisons et entrons dans l'une d'elles. Il y a tout ce qu'il faut : musique, bouffe, alcool, personnes. Stan nous rejoint et me salue gaiement. Nous parlons ensuite tandis que Dan s'éclipse, allant sûrement chercher sa Amandine.
Nous prenons un premier verre avant d'aller un peu danser. Finalement, je bois plus vite et plus que je ne l'avais imaginé. Et ça se voit vraiment lorsque Charlène vient à ma rencontre et que je lui déballe que de la merde.
Elle porte une robe d'une couleur que je ne saurais décrire et qui est découpée sur le côté, dévoilant sa hanche gauche. En tous les cas, la couleur du tissu fait ressortir ses cheveux roux. Je les trouve tout d'un coup très attractifs et passe ma main dedans.
— J'adore tes cheveux.
Charlène lâche un rire un peu aigu et réplique :
— On me le dit souvent.
Et je ne sais pas ce qu'il me prend mais je crois que je l'embrasse. Enfin, ça doit être moi parce que je ne vois pas pourquoi elle le ferait. Elle ne me repousse pas, bien au contraire et glisse sa langue dans ma bouche. Le bruit de la musique tape dans mes veines et me rappelle l'alcool qui y circule.
Le baiser devient moins innocent et elle finit par me demander :
— On se trouve un endroit tranquille ?
Elle m'allume du regard et tout ce que trouve à faire, c'est de saisir sa main et de la suivre. Elle finit par ouvrir une porte et elle nous engouffre à l'intérieur. J'imagine qu'il s'agit d'un bureau à l'aménagement de la pièce mais ne m'en préoccupe pas plus que ça. Charlène revient à la charge et embrasse déjà mon cou dès qu'elle a enlevé mon sweat à fermeture. Elle pose également ses mains sur mon torse qui est simplement recouvert d'une chemise blanche maintenant.
En réalité, je n'aime pas sa manière d'être si pressée. Je lui relève le visage et l'interroge :
— T'es sûre ? Je veux dire, ça va pas trop-
Elle ne me laisse pas le temps de finir qu'elle lance un " chut " avant de s'accroupir. Je la regarde déboutonner mon pantalon et le baisser jusqu'au genou. Je sens une panique m'envahir et ma tête se renverser en arrière. Qu'est-ce que je fais ?
Est-ce que j'en ai réellement envie ?
Je n'en sais rien. Je n'en sais rien et même mon sexe ne semble pas se décider aussi car il est complètement " éteint ". Charlène me regarde et m'interroge alors une fois qu'elle m'a baissé mon boxer :
— T'as pas envie ?
— C'est juste l'alcool, ça me, ça me coupe l'envie.
Je ferme les yeux jusqu'à ce que je la sente me prendre dans sa bouche. Je me sens mal à l'aise. L'impression d'être sale et de faire quelque chose de sale m'envahit de la tête aux pieds. Je ne prends aucun plaisir alors je repousse assez rapidement Charlène qui me fixe d'un air grave et choqué. Je me dépêche de remettre mon pantalon et déguerpis sans un regard de plus à la pétillante rousse qui ne sait plus quoi dire.
Je me cogne aux personnes et je cherche des toilettes en demandant à des gens où elles se trouvent. Dès que je les trouve, je m'enferme à l'intérieur. Je pousse une expiration, comme si je m'étais retenu depuis trop longtemps. Mes idées ne sont plus claires et je ne sais plus quoi faire. Je me lève, titubant un peu, puis me rince le visage.
Fini les conneries, je rentre maintenant. Je suis décidé à le faire jusqu'à ce que je réalise que je ne peux pas rentrer sans Dan. Et merde. Je n'ai aucune idée d'où je suis comparé à chez moi. Je tente alors d'appeler Dan qui, bien sûr, ne répond pas. Je trouve heureusement Stan qui m'avoue, lui aussi, vouloir partir.
Nous choisissons de rentrer grâce à nos jambes malgré notre équilibre précaire. Je finis par questionner Stan :
— Tu comptes dormir chez moi ?
Il se met à glousser avant de me pouffer :
— C'est mon plan, ouais. Si tu savais comme j'habite loin.
— T'habites plus près que de chez moi en fait.
Nous nous regardons et ça suffit pour nous rendre hilares.
— Couillon. je lui lance, en lui tapant l'arrière de la tête.
C'est lorsque nous arrivons devant chez moi que ça devient beaucoup plus fastidieux.
—On rentre comment ?
— Par le garage, j'ai mes cl- Merde. Merde ! Mais quel con !
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me dis pas que tu as oublié tes clés ou un truc du genre ? râle-t-il.
— Mais si, bordel ! J'ai oublié mon sweat là-bas. C'est cette satanée Charlène. À fourrer ses mains partout aussi !
Je ne fais que beugler tandis que Stan est mort de rire. Il déclare même :
— Faut que je pisse.
Et ce con le fait sur ma pelouse ce qui me fait d'autant plus marrer.
— C'est bon ? T'as fini de vider tes couilles, réservoir ?
Il revient vers moi tout en fermant avec classe, sarcasmes, sa braguette.
— On fait comment du coups ? On va pas attendre ou dormir dehors et puis je ne me sens pas de rentrer chez moi.
Je le regarde, aussi dépité que lui, et espère que le bon Dieu fasse quelque chose pour nous. Je suis censé faire quoi au juste ? Je choisis encore une décision conne et sonne à ma propre maison. Évidemment, l'incompréhension se lit sur le visage de mon père lorsqu'il me découvre avec Stan.
— Mais qu'est-ce que vous faîtes ici, dans cet état là, à une heure du matin ?
Me père adore poser des question où ils sait déjà la réponse et ça m'exaspère depuis que je suis né. Du moins, depuis que j'ai la capacité de comprendre. Stan et moi nous regardons puis je lance :
— Je vais me coucher.
Je commence à m'avancer mais mon père me repousse en s'énervant :
— Comment ça " je vais me coucher " ? Tu as crû que c'était quoi ici, un hôtel ? Monte et on en parle demain mais crois-moi, ça va mal aller pour toi, gamin.
Je soupire et le dépasse en attrapant Stan par la manche qui a l'air d'être complètement crevé. Je le fais monter jusqu'à ma chambre puis m'affale sur mon lit. Je passe mes mains sur mon front et jure en soufflant :
— Putain.
— Tu l'as dit, mec.
Je me tourne vers lui et me redresse avant d'ironiser :
— Bon, c'est pas comme si on avait cours demain.
— Nan, pas du tout.
Nous rions comme les imbéciles que nous sommes puis baillons. J'enlève mes vêtements pour rester en boxer et Stan fait de même avant de venir se glisser sous ma couette. Je le rejoins et éteins la lumière.
— Tu vas prendre cher demain, putain.
— T'imagines même pas. je grimace, en pensant à ma mère. T'as même pas tes affaires de cours pour demain, je lui fais ensuite remarquer.
— Tant pis. La flemme de passer chez moi avant les cours, je suis mort.
— C'est claire.
Nous ne disons plus rien avant que je ne lâche bêtement :
— Bonne nuit.
— Ouais, toi aussi.
Je l'entends rire puis marmonner avant qu'il ne bouge et ne fasse plus un bruit à part respirer. Le problème c'est que j'ai conscience qu'à mon réveil, je vais prendre vraiment cher alors du coup je n'ai pas vraiment envie de dormir.
Et la seule bonne idée que je trouve à faire, c'est de prendre mon téléphone et de lui envoyer des messages.
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