CHAPITRE DIX-NEUF

— Chéri ?

— Mmph.

Je baille un bon coup avant de me lever pour notre routine du dimanche avec ma mère. Sauf que mes volets s'ouvrent et que mon père, Lucas et Tristan débarquent dans ma chambre. Il n'en faut pas plus pour que je me rappelle que c'est mon anniversaire et qu'ils me gueulent tous le fameux «Joyeux anniversaire !». Mon père vient alors passer une main dans mes cheveux tandis que Lucas me saute dessus et reste contre moi. Je fixe alors Tristan, qui habituellement aurait fait de même bien qu'en moins enjoué, et je lui fais signe de venir. Il m'offre alors un petit sourire avant de venir près de moi. Au début, il ne bouge pas puis il me serre fort contre lui et me sort un «désolé» qui paraît sincère.

Le journée commence très bien.

*

— Je crois qu'un truc incroyable s'est passé aujourd'hui ; mon frère m'a pris dans ses bras. J'ironise même si c'est vraiment important pour moi.

— J'imagine que tu parles de Tristan ?

— Ouais. T'as vu comment il t'ignore à chaque fois ? C'est franchement détestable !

— C'est pas grave, il est encore jeune.

Noah me sourit avant d'appeler Moon qui est encore parti trop loin. Il est vraiment trop drôle à voir ce chiot avec sa queue qui ressemble plus à un petit plumeau et ses oreilles qui pendent dans tous les sens. Sacrée petite bête.

— Tu sais combien il y a de personnes ce soir ? Me questionne mon copain, marchant à mes côtés.

— Un peu près ouais. Je sais qu'il y a Dan, évidemment puisque c'est chez lui, Antoine, Stan, Pierre, Baptiste, Erwan.

— C'est qui Erwan déjà ?

— Un gars de mon athlé.

— Charlène et tout ça ne viennent pas ?

— J'y tenais pas particulièrement non donc j'espère que Dan aura compris le message. Et puis il y a normalement quelques gars de la classe qui viennent aussi.

— OK, ça marche.

— Merci de venir en tous les cas, Je lâche.

— Ça me fait plaisir, c'est tes dix-huit ans quand même !

— Ouais, je sais mais je sais aussi que ce n'est pas l'amour fou avec mes potes donc si merci.

— C'est rien. On se pose là-bas ?

Noah désigne des roches et nous nous y rendons, suivis de Moon.

— T'as jamais fêté de St Valentin du coup ?

— Ouais, c'est ma première année en couple.

Parce que oui, je suis né le 14 février. Alors, pour moi, ce jour, c'est mon anniversaire et je ne me suis jamais intéressé à l'autre sens, pas avant aujourd'hui en tous les cas.

— Je crois que je préfère passer ma journée avec toi et de profiter de toi plutôt que de t'acheter des trucs à la con.

— Ta phrase commençait bien jusqu'à la fin, Sourit Noah, mais je pense la même chose en fait. Ça me va tout à fait d'être juste avec toi. En plus, je trouverais ça vraiment ridicule de s'offrir des trucs.

— Sérieusement ? Parce que je t'avais acheté un truc en fait.

Noah me lance un regard embêté tandis que je lâche un rire. Mon copain arbore alors un air soulagé avant de me sermonner :

— T'es débile, j'ai vraiment que j'étais le petit ami indigne qui n'avait rien offert à son copain.

— J'ai déjà eu mes cadeaux d'anniversaire.

— T'es sûr que tu veux pas échanger d'ailleurs ?

— Mais non, c'est parfait.

Et c'est vrai, il m'a offert le coffret de Kyle XY et de Shameless. Au moins, on arrêtera de regarder en streaming. Noah m'a également offert un paquet de dragibus XXL. Il n'y avait que lui pour m'offrir ça et je suis ravi. J'aime beaucoup le bracelet avec une encre qu'il m'a également acheté , c'est sobre et discret mais parfait pour moi. J'ai de la chance d'avoir Noah. Et ça me le confirme une fois de plus lorsqu'il vient poser sa tête sur mon épaule comme il le fait souvent. Je l'entoure alors de mon bras et dépose un baiser sur son front.

J'ai vraiment de la chance.

*

Je souris en voyant que Noah et moi portons tous deux des chemises mais pas portées de la même façon. De mon côté, c'est chemise blanche retroussée aux coudes avec un jean et de son côté, c'est tee-shirt blanc avec chemise à carreaux ouverte et slim noir. En vrai, quand je le vois habillé comme ça, je me dis que ce n'est pas possible que ce soit mon copain. Je veux dire, il est genre vraiment beau et ce qu'il dégage ne peut m'attirer que davantage. Je souris d'ailleurs à Noah avant de l'embrasser chaleureusement.

— T'es super beau, Je le complimente tandis qu'il cache sa tête dans mon torse.

— Dis pas ça alors que tu portes cette foutue chemise qui moule tes muscles.

Je souris avant de lui rétorquer :

— T'as vu les jambes que te fait ce slim ?

— Les jambes, bien sûr. Il me semble bien avoir vu ton regard un peu plus haut que sur mes jambes.

— Cramé, Je lâche un rire, T'as mis un slim aussi.

Noah rit à son tour avant de m'embrasser. Je passe alors ma main dans ses cheveux en batailles tandis qu'il se décroche de moi.

— Faut pas que t'arrives en retard à ton propre anniversaire quand même. Surtout qu'il faut qu'on prépare un peu.

— Pas faux. En route !

Waktin Tudor Jones-Super Evil (média)

Merci à mère qui nous amène. Le trajet se passe assez rapidement et elle nous souhaite une bonne soirée avant de me lancer un clin d'œil. Je secoue la tête avant que Noah ne me prenne la main. Je sais qu'il est assez anxieux à propos de cette soirée. Je ne le blâme vraiment pas et espère que tout le monde fera un effort. Je frappe à la porte de Dan et il vient m'ouvrir en souriant.

— J'attendais la star du jour !

— T'as pas plus beauf comme phrase ? Je me moque.

Il sourit de toutes ces dents avant de me prendre dans une accolade et de me dire «c'est bien parce que t'as 18 piges, hein». Il salut brièvement Noah puis nous allons à la cuisine aider à installer. Noah et Dan se lancent parfois quelques regards et je me demande ce qu'ils pensent. Ça doit être étrange comme situation pour eux. Noah a apprécié Dan à un moment donné et je me retrouve être le meilleur ami de ce dernier maintenant. Pourtant, Dan tente de tous nous mettre à l'aise et ça marche plutôt bien. Il réussit même à faire rire Noah.

Les autres gars finissent par arriver les uns à la suite des autres et m'accueillent tous très chaleureusement. Les uns par de longues accolades et d'autres en me portant ou même en me mettant une claque aux fesses sous le regard d'abord surpris puis amusé de Noah. Heureusement qu'il n'est pas du genre jaloux sérieusement. Je retrouve des gars de classe que je n'avais pas vus depuis le début des vacances d'hiver.

— Tu veux quelque chose à boire ?

— Je veux bien un Vodka-Sprite.

Je dois faire une tête étrange lorsque Noah me répond ça parce qu'il réplique :

— Bien le droit de se faire plaisir, non ?

— Bien sûr, petit dévergondé.

Je lui claque un baiser sur la joue avant de m'éclipser sous son regard amusé. Je lui prépare alors sa boisson avant de me servir un punch. Je tombe sur Antoine qui parle avec Liam de notre classe et ils me mettent dans leur conservation. Je finis par me rendre compte que je n'ai toujours pas donner à Noah sa boisson et je file directement, inquiet de l'état où je vais le retrouver. Je sais qu'il n'a pas deux ans mais les gens qui sont dans cette maison ne portent pas tous Noah dans leur cœur alors j'ai quelques appréhensions là dessus. Étonnement mais bien heureusement, tout a l'air d'aller car il n'est pas seul. Dan se tient à ses côtés et mon copain a déjà un verre à la main. Je m'approche alors d'eux et m'excuse :

— Désolé d'avoir mis tant de temps.

Je rends le verre à Noah qui me remercie avant de poser le sien. Je louche pour regarder ce qu'il y avait à l'intérieur et je suis contente de remarquer qu'il s'agissait seulement d'eau. Du moins j'espère, je suis peut-être naïf de penser ça alors qu'il y a plus d'alcools que de diluants.

— Je crois que Pierre et Baptiste te cherchaient, M'indique Dan avec un sourire qui n'annonce rien de bon.

— Je ne le sens pas, Je lâche avant de lancer une grimace qui fait rire Noah et de partir chercher mes deux potes.

Pas difficile de les repérer avec leurs perruques farfelues et leurs peintures de couleurs partout sur leurs membres. Lorsque ces deux-ci me repèrent, ils se jettent sur moi et veulent que je les suive pour me déguiser. Mon Dieu.

— Les gars, à moins d'être vraiment bourré mais genre vraiment, je ne me ridiculiserais pas comme vous et surtout pas à ce point là.

Pierre explose de rire tandis que Baptise réplique :

— C'est pas tous les jours qu'on a 18 ans et ça a coûté une blinde tout ce qu'on a acheté alors tu vas pas faire ton compliqué, mon gars.

C'est comme ça que je me retrouve avec une sorte de combinaison super collante et moulante orange ainsi qu'avec une perruque blonde et une écharpe "18 ans". En bref, le rendu est dégueulasse et j'ai l'air ridicule mais grâce à l'alcool que j'ai ingurgité, ça commence à me faire rire. De toute façon, au bout d'un moment, tout le monde finit déguiser, même et surtout Noah.

— Arrête de te moquer de moi, Tente de m'empêcher Noah alors qu'il rit aussi.

Faut dire qu'il a eu la combinaison de cochon. Ça lui donne tout de même un petit air assez adorable.

— Mon petit cochon.

Noah et moi s'esclaffons aussitôt et je me colle à lui pour danser. Je sais que j'ai un peu bu et que lui aussi mais je crois que ça va tout de même le faire. Les musiques s'enchaînent et, après avoir dansé, je finis par embrasser Noah sans même me soucier des autres. Nous nous lâchons qu'au bout d'un nombre incalculable de baisers et je lâche, totalement satisfait et heureux :

— L'avantage de sortir avec un garçon, c'est que lorsque c'est une soirée entre mecs et bah t'es le seul qui a son copain.

— Tu sais que t'es complètement con ?

— Ouais, je sais.

Je suis con mais c'est surtout que je ne tiens pas trop l'alcool non plus n'étant pas un fervent habitué. Noah m'embrasse de plus belle et nous commençons à danser de manière plus osée tous les deux. C'est complètement n'importe quoi, un cochon et un mec en combinaison orange en train de danser ensemble comme des débiles. J'aurais honte plus tard, pour le moment, c'est fun et ça me va complètement.
Cependant, les petites lumières et la musique s'éteignent soudainement et je me demande ce qu'il se passe. Je tiens fortement la main de Noah jusqu'à ce que nous entendions :

— 🎵 Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire !🎵

Et voilà que tous mes potes se mettent à chanter, enfin brailler, en mon honneur avant de me soulever dans tous les sens. Le gâteau est apporté et je souris en voyant l'effort qui a été donné. C'est pour ça que Noah m'a demandé quel était mon gâteau préféré l'autre jour. Chose à laquelle j'ai répondu tarte aux pommes et aux fraises, naturellement.

Je souffle mes 18 bougies et les gars font péter du champagne qui sort de je ne sais où. Heureusement qu'ils ont rallumé les lumières pour y revoir quelque chose. S'en suit les déballages de cadeaux. La moitié des cadeaux est tout de même des blagues qui me feront sourire longtemps tandis que l'autre moitié me sera plus utile.

La musique bat son plein lorsque Baptiste propose de faire des batailles de sumo. Ça promet surtout avec tout l'alcool qui a circulé tout le long de la soirée. Je me retrouve ainsi à combattre contre Antoine qui ne lâche pas l'affaire et je finis alors par perdre l'équilibre, ayant assez rapidement un rappel de ce que j'ai bu plus tôt. Les combats continuent de s'enchaîner et je ne suis pas du tout enchanté lorsque Baptiste et Noah se retrouvent confrontés. Baptiste n'a pas intérêt d'oublier que c'est un jeu.
Le combat est un peu difficile avec le costume très encombrant mais Noah n'est pas totalement déméritant. Il y a bien un moment où l'un finit par mettre l'autre à terre et c'est Noah qui se retrouve au sol, écroulé de rire. Mes yeux s'ouvrent pourtant en grands lorsque Baptiste vient tendre la main vers Noah et l'aide à se relever avant de lui faire un tchèque puis une tape amicale dans le dos. En vue de la tête de Noah, il est tout aussi surpris que moi. C'est pourtant une action globalement pas exceptionnelle mais étant donné que c'est Bastien qui l'a fait envers Noah, ça le devient clairement. Je souris derrière mon verre avant de penser à toute autre chose.

Je commence à fatiguer lorsqu'il est quatre heures du matin, que l'alcool commence à descendre et que j'ai décidé d'arrêter d'en prendre et que nous jouons au billard et au flipper dans la pièce prévue à cet effet. Noah est assis entre mes jambes tandis que je suis affalé contre un meuble à regarder Dan battre un à un chaque gars qui tente de le défier. C'est un spectacle aussi drôle qu'impressionnant. Je sens Noah qui s'avachit complètement contre mon torse alors je lui caresse distraitement la nuque d'une main.

— Tu veux dormir ? Je questionne à l'oreille de mon copain.

— J'avoue que je commence à être crevé là.

— Ouais, moi aussi. J'avoue avant d'examiner la pièce.

Je souris lorsque je vois Stan et Antoine endormis et avachis l'un sur l'autre et je me dis que c'est peut-être le moment de dormir, effectivement.

— Hé Dan, J'interpelle ce dernier, on fait comment pour dormir ?

— Vous pouvez prendre une des chambres d'amis.

— OK, parfait merci. On va aller se coucher avec Noah.

S'en suit encore des conversations avec les gars et des remerciements avant que nous nous dirigions finalement vers la porte. Et, juste avant que je ne la ferme dernière nous, j'entends Dan se moquer :

— Salie pas mes draps cette fois !

Noah me lance un regard curieux et je comprends que c'est peut-être le moment de lui avouer malgré le fait que ce soit inconfortable.

— On en parle en haut ?

— OK. Répond t-il prudemment, semblant comprendre que ça ne doit pas être une simple histoire de vomi sur des draps.

Nous prenons une des chambres libres et nous asseyons sur le lit deux places.

— Il s'est passé quelque chose entre Antoine et moi, une fois, plus tôt dans l'année, J'annonce honnêtement et je l'espère ne pas trop directement pour Noah.

— Dans le genre sexuel, j'imagine ?

— Ouais mais on a pas couché ensemble. Je n'ai jamais su si je devais te le dire ou pas mais ça semble le bon moment maintenant. En tous les cas, nous avons mis les choses au claire avec Antoine et il n'y a rien entre nous.

Je résume mais c'est mieux que je ne parle pas de ce que Antoine a avoué éprouver envers moi. Noah ne dit rien et a la tête baissée, les mains croisées entre elles nerveusement. Le silence continue avant que je ne le rassure de nouveau :

— Mais maintenant, je suis avec toi et c'est toi que je veux et pas lui donc tu n'as pas de soucis à te faire.

— OK, je sais. On dort ?

— Oui, bien sûr. J'en peux plus de mon costume.

Noah sourit bien que pas de la manière la plus heureuse que je lui ai connue. Je ne sais pas ce qu'il pense de ce que je viens de lui dire. Est-il jaloux ? inquiet ? Je n'arrive pas à me débarrasser de mon habillement orange et Noah est bien obligé de m'aider. Je finis alors un boxer devant lui et il vient m'embrasser avec empressement.

— Moi aussi, j'en peux plus de ma combinaison qui m'étouffe de chaleur.

À son tour d'enlever son habillement de cochon mais il reste tout de même, un tee-shirt et son pantalon que Noah avait gardés en dessous. Tu m'étonnes qu'il avait chaud avec tout ça !

— T'étais mignon pourtant, mon petit cochon.

Noah lâche un petit rire avant de me faire taire par un baiser. Un baiser qui s'enchaîne avec d'autres et encore d'autres. Noah devient vraiment plus entreprenant et il finit par nous faire aller sur le lit, lui assis sur mon bassin. Je sens que mon rythme cardiaque n'est plus le même et je me laisse complètement aller jusqu'à ce que je réalise qu'il y a un truc qui ne va pas, pas bien du tout même.

— Noah ?

Celui-ci ne me regarde pas et continue d'embrasser mon torse.

— Attends, Noah ?

Je le force à lever la tête et je n'arrive pas à trouver d'émotions sur son visage, même pas une once de plaisir. Je viens l'embrasser avant de le serrer fortement dans mes bras.

— T'as pas à faire comme les autres, je m'en fous, Noah.

Il ne parle toujours pas et je comprends que j'avais raison. Je suis vraiment le roi des débiles bordel mais quel idiot.

— C'est pas ça, c'est difficile à comprendre.

— Alors explique-moi. Il faut que tu me parles.

Je lui caresse doucement son dos à travers son tee-shirt et nous restons un moment ainsi. Je crois qu'il comprend que j'ai vraiment besoin qu'il parle et qu'il réduise ses silences.

— J'aimerais réussir à être comme les autres, à faire des trucs avec mon copains sans passer pour un traumatisé du sexe. À la place de ça, je n'y arrive pas.

— Attends, Noah, on va remettre les choses au clair toute de suite parce que t'as complètement tord et que ce n'est même pas envisageable que tu puisses penser ça un seul instant.

Je lui lève son visage et l'oblige à me regarder droit dans les yeux même s'il ne le veut pas. Il ne peut pas penser ça, il ne doit pas penser ça parce que ce n'est même pas ce que je pense de lui.

— D'abord, on s'en fout des autres parce que je suis avec toi et pas avec les autres. De plus, les autres n'ont pas vécu ce que tu as vécu alors tu ne peux pas comparer sur ce genre de critères. Si je veux avoir une quelconque relation avec toi, je le ferai mais quand tu le voudras et pas dans d'autres conditions. Alors tu ne te mets pas la pression et t'essayes pas de faire comme les autres pour je ne sais quelles raisons.

Noah ne dit rien, ses paupières battantes, mais vient se blottir contre moi. Je le serre alors contre moi en fermant les yeux.

— Pourtant, j'aimerais tellement être normal et que tout soit normal comme avant mais je n'y arrive plus Édouard.

J'entends toute sa détresse à travers sa voix et je l'entends déglutir bruyamment.

— On s'en fout, on s'en fout complètement même. Tu es totalement normal et tes réactions sont complètement normales alors pas une once de pression, même pas un pour cent.

— Putain, je.

Noah relève la tête et m'embrasse. Et cette fois-ci, j'y sens toute la profondeur et pas cette fausseté. C'est du vrai et je préfère largement ça. Il semble se détendre et comme d'habitude, il change absolument de sujet :

— J'ai même pas pris de pyjama.

— Tu as besoin de quoi ?

— Juste un tee-shirt, ça ira.

— Prends le mien alors.

— T'es sûr ?

— Si je te propose, Je lui souris en levant les yeux au ciel et il fait de même.

Nous nous levons et je lui passe un tee-shirt qui était dans mon sac, censé être pour demain matin. Je me retourne automatiquement pour le laisser se changer car je sais qu'il n'aime pas se déshabiller devant moi. Pourtant, il est tellement beau que son corps même sans vêtement doit être pire que beau. Il ne le voit juste pas.

— J'ai fini, M'indique Noah.

Je me retourne alors vers lui et il me lance :

— Ce n'est pas parce que je n'ai pas de bas qu'il faut en profiter pour mater mon cul comme cette aprèm.

— Petit con, Je réplique parce que ce n'est même pas vrai et il rit.  

Son visage est mieux avec ce genre d'émotions positives que lorsqu'il se tracasse ou autres. Pourtant, ça ne dure pas longtemps car il s'assoit de nouveau contre le cadre du lit et réfléchit :

— T'es sûr que tu veux encore dormir avec moi, après la dernière fois ?

— Faut essayer tant que ça ne marche pas.

La dernière fois, Noah m'a réveillé en plein milieu de la nuit car il me repoussait et se débattait en criant des choses incompréhensibles à part les «s'il te plaît» que j'ai compris. J'ai fini par le réveiller et il était en panique, tremblant et transpirant. C'était vraiment perturbant à vivre. Ça me fait réaliser, une fois de plus, que l'été dernier le marque au quotidien et que s'en sortir sera dur. Noah a tout de même finit par s'endormir, mort de fatigue après avoir longtemps pleuré mais il s'est réveillé une heure après et est allé promener son chien. J'avoue que j'ai eu un pincement au cœur en me réveillant seul le matin même si je sais qu'il n'avait rien contre moi.

— J'ai pas envie d'encore te faire mal ou te stresser. C'est tellement merdique.

— Ça va aller, ne t'inquiète pas.

Je viens me mettre à ses côtés et nous allongeons ensuite sous les couettes. Je finis la tête contre son torse et il me masse le visage alors que je m'endors.

Je sens et entends du mouvement autour de moi et je me relève instantanément, m'inquiétant pour Noah.

— Noah ? Je balbutie, encore dans mon sommeil.

— Tout va bien, je vais juste aux toilettes. Me rassure-t-il, ayant compris à ma voix mon inquiétude. Dors, t'es crevé.

Il n'en faut pas plus pour que je me rendorme dans la seconde.

Il n'est pas revenu de la nuit.

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