Chapitre 7. Comme Mikaïla
Malaïka
Je revis la scène de tout à l’heure dans mon rêve, cet homme m'embrassant le visage et ses collègues m'entourant. je sursaute, et me réveille en sueur tout haletante. Je m’assieds, mon dos contre la tête de lit. Je passe mes mains dans mes cheveux. Tout soupçon de sommeil a disparu.
Quelle journée ? Je ne pouvais pas m'imaginer pire. Ma chute aux enfers continue et risque d'être longue. J'aimerai tellement que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve, que je me reveille dans ma chambre à Elisabeth ville. Que je voie ma mère entrain de servir le petit déjeuner, en parlant avec mon père. Qu'elle lève les yeux vers moi comme à son habitude, avec un sourire chaleureux, rempli d'amour, m'invitant à m'asseoir, avant de me demander si j'ai bien dormi.
Je m’allonge et rêvasse, perdue dans mes pensée. J'entends sa voix dans ma tête, ses multiples recommandations.
" Ne rentres pas trop tard chérie, n'y vas pas, pas question de te laisser faire ça,..." j'en souris. Il m'arrivais de l'appeller madame non.
Mon visage se décompose en même temps que mes larmes n'arrivent. Elle me manque tellement. Je donnerai n'importe quoi pour l'entendre me dire "non" à nouveau. Je voudrai la rejoindre. Je n'aurais jamais cru qu'une telle douleur pouvais exister.
Mon estomac me ramène à la réalité, il me fait comprendre que ça fait un moment déjà qu'il n'a pas servi. J’ai passée toute la journée sans rien avaler. Je reste des heures éveillée mais je fini par me rendormir.
Je suis réveillée de bonne heure le lendemain. Après m’être douchée et habillée, je suis invitée à descendre dans le salon. Ingrid et deux femmes de ménage m’y attendent. Je descends les marches, ma main droite sur la rampe, qui n'est autre qu' un demi mur, orné de bas reliefs coloré, avec une lisière en bois massif.
Cette maison est vraiment incroyable et tout ce luxe, on aurait dit un palais princier. Des teintes naturelles, comme celles de ma chambre, avec un soupçon d' ocre. Des couleurs différentes mais très bien agencée, un vrai travail de maître. Des fresques sur les mur, la plus part en couleur or.
Des grands tabourets portant un grand vase de porcelaine chacun, alignés devant chacune des colonnes qui soutienent le plafond voûté aux peintures réalistes. De beaux rideaux égayent les fenêtres. Un parterre de marbre avec des motifs sobres. Des meubles styles louis XIV ou louis XV. Des lustres de crystal pendent aux sommets de chaque voûte.
Mes yeux se perdent dans l’immense pièce quand une femme de ménage me dirige vers Ingrid.
Mikaïla se lève toujours très tôt, me dit Ingrid. Elle prend toujours une douche froide sauf les samedis où elle prend un bain moussant parfumé.
Mikaïla prend du café au lait et deux croissant pour son petit déjeuner. Elle déjeune souvent avec son père et dîne seule ou avec ses amis.
Mikaïla se tient droite, elle a fière allure et marche d'un pas assuré.
Toute la matinée elle m'a bassinée avec des Mikaïla par ci, Mikaïla par là. J'en ai marre.
Plus on évolue, plus elle semble s’attendrir. Elle essaie de me mettre en confiance, elle me dit de ne pas avoir peur et que tout ira bien.
Elle doit avoir la cinquantaine. Elle est de teint clair et a un accent Luba. Elle n’est pas très grande, elle doit faire moins d’un mètre soixante cinq. Malgré son air rigide, elle a un cœur tendre, comme une mère. Je me sens plus à l’aise avec elle.
—Comment se fait-il que vous sachiez autant de choses sur elle?
—Je travaille au domicile de son père depuis quinze ans déjà, me répond Ingrid.
—Et vous n'avez pas l'impression de le trahir?
—Tout ce que je ressens pour lui c'est de la haine.
Elle marque une pause et souffle avant de poursuivre. Son visage exprime une profonde douleur.
—Il a vendu ma fille à un Belge qui faisait affaire avec lui.
—Oh mon Dieu ! C’est horrible ! Comment? Je veux dire.... il sait que vous savez?
— Non et ça me donne un avantage sur lui. Assez bavardé reprenons.
Nous reprenons notre cours. Quelques heures plus tard, c’est au tour de Mélanie. Elle doit m'apprendre tout ce que je dois savoir sur Rachid et tous les proches de Mikaïla.
C'est épuisée que je tombe sur mon lit le soir. Maintenant que j'y pense, je n'ai pas vu Rodrigue aujourd'hui. Je n'ai pas eu l'occasion de le remercier de m'avoir sauvé. Tiens Boris non plus je ne l'ai pas vu. Lui il peut bien crever.
Mélanie m'a confiée que Rachid aurait fait décapiter sa mère. Cet homme doit être terrible. Je commence à le détester. Mes yeux se baladent dans la pièce, mais la fatigue a raison de moi, et je m'endors très vite.
Le lendemain, réveil matinal à la Mikaïla, petit déjeuné à la sauce Mikaïla bref tout à la Mikaïla. Cet après midi, Gaspard m'apprend à monter à cheval comme Mikaïla et un peu plus tard à danser comme elle. La journée se termine sans voir l'ombre de Rodrigue et Boris.
Une semaine vient de passer et je sais un nombre incalculable de choses sur Mikaïla. Toujours pas de traces de Rodrigue et Boris. C'est tant mieux. Je me sens plus à l'aise comme ça. Il faut dire que les saut d'humeur de Boris ne me manquent pas du tout et les regards étranges de Rodrigue encore moins.
Un mois est passé, je marche comme Mikaïla, je parle comme elle.
Sois plus hautaine me répète Ingrid Mikaïla est très hautaine.
Une question me démange depuis le début.
—Où est la vrai Mikaïla?
—Ne pose pas de question dont tu n'aimerais pas entendre la réponse, me dit Ingrid.
—Elle a eut un accident de voiture. La coupe Rodrigue en entrant dans la pièce.
Toujours tiré à quatre épingles, avec son air sûr de lui et imperturbable. Il ne laisse paraître aucune once de faiblesse. Sa démarche est fière, on dirait un top model. Il est plutôt bel homme, mais son côté criminel me fait le détester.
—Et elle est morte? questionné-je.
—Malheureusement oui. Mais son père ne le sait pas. C'est notre avantage. Il est dans le coma depuis la mort de sa femme et tout le monde croit que Mikaïla est allée se recueillir un moment. Répond-il.
—C'est triste!
—Non ! C'est la justice divine, réplique-t-il.
—Je parie qu'à toi aussi il a fait du mal.
—Tu le saura en temps voulu. Alors Ingrid comment ça se passe?
—Tout se passe bien mais on a un petit souci. Elle a une marque de naissance assez flagrante sur l'épaule droite.
—Il faut la faire partir ou du moins la masquer, lui dit Rodrigue.
—On a prévu de la masquer avec du maquillage.
Depuis le moment où ils ont évoqué ma marque de naissance, je suis déconnectée de la réalité. Je replonge dans mes souvenirs, les yeux fixés dans le vide. Je pense à Hervé et mes larmes coulent sans que je ne m’en rende compte. Je n'aimais pas cette marque avant mais Hervé disait que c'était la marque de notre amour. Il aimait y déposer des baisers. Je le revois encore m’encourager à ne pas la cacher pour aller à la piscine. Ou encore m’encourager à ne pas en avoir honte. Il disait, pense à moi quand tu la vois, souviens toi que mon amour est aussi indélébile qu’elle.
—Ça va Malaïka? Malaïka? m'interpelle Ingrid.
Elle me touche l'épaule et je sors de mes pensées. J'essuie vite mes larmes et leur demande de m'excuser. Je sors prendre l'air dans le jardin, un jardin magnifique et bien entretenu. Les variantes de vert se marient parfaitement avec le multicolore des fleurs. Une petite fontaine est plus loin au centre. Je vois un chat traverser un lit de fleurs à côté, essayant d’attraper un papillon en plein vol. Je trouve ça mignon et ça a le mérite de m’arracher un sourire. Je m’accroupis et essaye de l’attirer vers moi.
—Viens mon mignon. Allez ! Viens me voir.
—Elle s’appelle Cathy, me dit Rodrigue arrivant par derrière.
J'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas tout à l’heure?
—Non ne t'inquiète pas. Je repensais juste à .... laisse tomber.
Cathy vient enfin vers moi. Je la porte et me redresse tout en la caressant.
—Au fait je n'ai pas eu l'occasion de te remercier pour l'autre soir. Tu m'as sauver la vie. Merci
—Mais de rien.
—A qui appartient cette maison ?
—Elle est à moi.
—Elle est belle et tu n'y vis même pas, quel dommage !
—Mes activités sont en ville et faire des allers retours me demanderai beaucoup plus. Alors je préfère rester là bas.
Rodrigue
Elle sourit à Cathy en la caressant, et moi je fond devant ce sourire qui, en plus d'égayer ma journée, met mes sens en émois. Sa chevelure descend sur ses épaules nues, j'ai envi de les caresser, d'y poser des baisers. Son petit haut s'arrête à la lisière de son pantalon, qui dévoile délicatement ses courbes. Bon sang qu'est-ce qui m’arrive ? Jamais je n'est été aussi envoûté par une femme. Réveille toi Rodrigue ! Reprends toi !
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