Chapitre 3. Enlevée

Malaïka

Je reviens peu à peu à moi. J'ai un mal de tête atroce, j'ai très mal un peu partout, et je peine à bouger, Je suis peut-être restée trop longtemps dans cette position? Je me sens faible. Je sens que je suis en mouvement, sûrement une voiture. J'entends deux hommes discuter, mais je les entends de loin, comme s'ils étaient à plusieurs mètres de moi.

—Il s'en est fallut de peu. On aurait pu perdre sa trace. Et cette guerre qui éclate aujourd'hui !

—Tu crois qu'elle fera l'affaire?

—Tu l'as bien vu comme moi.

—C'est vrai c'est impressionnant comme elle lui ressemble.

Un peu plus tard, après avoir beaucoup rouler, la véhicule s'arrête. Les hommes descendent. L'un d'eux me porte comme un sac à patates et me pose sur un lit.

—Il va falloir partir très vite les hostilités pourraient s'étendre jusqu'ici.

—Oui. Je crains que la république du Katanga ne survive pas à cette attaque.

—Il va falloir vite rejoindre Léopold ville...

Je suis éveillée, mais je sens mes membres très lourds. J'ai très mal au crâne. Malgré la douleur, je fais un effort pour me redresser. Ils sont deux, l’un est grand et robuste, avec un visage qui ferait fuir n'importe qui de censé. Il est vêtu tout en noir avec des gants en cuir. Tandis que l’autre n'est pas très grand, il a un visage sympathique et semble avoir une situation financière aisée. Il est bien habillé pour un simple kidnappeur. Sa chemise bleu ciel dépasse par le col de sa jacket noire, un pantalon noir et des chaussures croco. Il a une montre luxueuse à son poignet gauche, l'une de celles qu’avait mon père. Son agréable parfum embaume la pièce.

Ils ne m'inspirent pas confiance, et l’idée d'être et de rester seule avec eux me terrifie au plus haut point.

—Où suis- je? Qui êtes-vous?

Personne ne me répond. Ma voix est bien faible pour me faire entendre. La peur la fait trembler par-dessus le marché. Je me souviens alors de ce qui s'est passé, j'ai perdu ma famille et l'homme que j'aime. J'éclate en sanglots.


—Elle s'est réveillée, dit l'un d'eux.

—Si elle continue à pleurer comme ça elle va vite se déshydrater.


L'un d'eux me tend une bouteille d'eau. Mais je la repousse.


—Qui êtes-vous? Pourquoi suis- je ici? J'ai perdu toute ma famille aujourd'hui. Je vous en prie laissez- moi au moins les pleurer en paix.

Personne ne réagit. Ils semblent ne pas m'écouter. Peu après, l'un d'eux m'adresse la parole.

—On ne te veut aucun mal. Calme-toi, tente de me rassurer le petit.

—Laissez moi m'en aller, dis-je en larme.

—Et pour aller où? Toute la ville est à feu et à cendre. Tu vas te faire tuer.

—Mais qui êtes-vous et que me voulez-vous?

—Tu vas vite le savoir, dit-il en me tendant à nouveau la bouteille d'eau.

Je la saisie, j'ai la bouche sèche, donc je prends une gorgée, puis une autre et je finis par vider la bouteille.

—Tu devrais te reposer demain nous avons un long chemin à faire.

L'autre homme, le plus grand, me donne à manger.

Très affamée je mange comme une petite sauvage. Après tout, je n'ai plus rien à perdre. Même si c'est empoisonné je m'en fou.
Quand je porte le sandwich à ma bouche pour la troisième fois, je remarque que mes mains sont sales. Je regarde le reste de mon corps. Je suis dans un sale état et mes douleurs ne s'en vont pas. Je mange les larmes aux yeux, tristesse et peur y sont mêlés. Une fois fini, je me recroqueville sur moi.

Comme si cela n'était pas suffisant d'avoir perdu les miens aujourd'hui il faut en plus que je me fasse enlever. Mais qui sont-ils ? Et que me veulent-ils ? Je les observe, ils parlent entre eux. A chacun de leurs mouvements brusque, je me crispe. J'ai peur d'eux, de ce qu'ils peuvent me faire.

Mes yeux se baladent dans la pièce. Nous sommes dans une sorte de grange qui semble être abandonnée. Il y a des toiles d'araignée un peu partout. La lumière n'est pas à son zénith et je suis sur un lit de fortune fait de paille. Il fait sombre dehors remarqué-je par ce qui fût autres fois une fenêtre, devenu un trou béant, à moitié bouché par des toiles d'araignée.

Je veux rester éveillée, il faut que je me sauve. Mais mon corps en a décidé autrement. Mes yeux se ferment petit à petit, mes paupières sont de plus en plus lourdes. En peu de temps, je m'écroule sur le lit de paille.

L'un des hommes me réveille. J'ouvre progressivement les yeux. J'entend des chants d'oiseaux et remarque que c'est l'aube, à travers l'ancienne fenêtre. Je me redresse.

—On doit y aller!

—Mais où? demandé-je toujours aussi  appeurée.

—Nous devons être à Léopold ville à la tombée de la nuit.

—Mais pourquoi faire? Je ne bougerai pas d'ici.

L'autre homme lève les yeux au ciel, et passe à nouveau le linge sur mon nez. Je me débat mais l'autre m'immobilise et je m'écroule.

Pour complètement me neutraliser, ils m'endorment plusieurs fois.
Je me réveille dans un lit, dans une chambre luxueusement décorée. Je reviens peu à peu à moi et je constate qu'il y a des gens autour de  moi. Ça m'effraie et je m'assieds instinctivement sur le lit. J'ai visiblement été lavée et changée. J'ai des petits pansements ça et là. Comme je me regarde étonnée l'un des hommes prend la parole.


—C'est une bonne qui t'a lavé et changé.

—Qui êtes-vous? Que me voulez-vous? Où suis-je?

L'un des hommes qui m'avait enlevée, le plus petit, prit la parole.

—Je suis Rodrigue et voici Boris.

—C'est vous qui m'avez enlevé, pourquoi?

—Voici Ingrid et Mélanie et au fond c'est Gaspard.

—Où est ma robe? Rendez la moi !

—Elle est déchirée. Elle a été jetée, répond Mélanie.

—Rendez la moi je vous en prie, dis-je en larmes.

Cette robe est la dernière chose que m'a offerte mon Père, c'est tout ce qu'il me reste de lui.

—On verra ça plus tard. Regarde cette photo, m'ordonne Rodrigue en me la tendant.

Je la regarde.

—Mais, mais c'est moi. Pourtant je ne me,.... non attendez ce n'est pas moi. Certes on se ressemble mais non. Qu'est ce que je dois comprendre? questionné-je confuse.

—Elle s'appelle Mikaïla Faraji. L'unique fille du célèbre homme d'affaire Rachid Faraji, ajoute-t-il.

—Et?

—Tout le monde autour de toi est là pour t'apprendre à devenir elle, poursuit-il.

—Pardon? c'est une blague j'espère.

—Pas du tout. Son père a quelque chose que nous voulons. Et tu vas nous aider à le récupérer.

—Vous êtes fous ou quoi? Vous vous prenez pour qui? dis-je d'une voix toujours aussi tremblante de peur.

—Je ne savais pas comment m'y prendre jusqu'au jour où je t'ai vu lors de l'un de mes voyages à Elisabeth ville. Alors j'ai su. Je t'ai suivi pendant un moment pour connaître ta routine, ajoute Rodrigue.

—Il n'est pas question que je fasse ce que vous me demandez. Vous ne pouvez pas m'y forcer.

—Oh que si, dit Boris posant son arme sur ma tempe gauche.

Je sens mon sang se glacer au contact de l'arme et de ma peau. Une douleur soudaine prend vie dans mon ventre. Je me met à transpirer. Jamais je n'ai été aussi proche d'une arme. Je tremble et j'ai la gorge sèche. La peur s'empare de moi et me paralyse.

—vous allez me tuer? dis-je de ma voix tremblante.

—Seulement si tu nous y obliges! Tu n'auras qu'à nous donner ce dont nous avons besoin ensuite tu sera libre. Une année, deux ans tout au plus. Ça dépendra de tes compétences, me répond Rodrigue.

—Et qu'est ce que vous voulez? fis-je d'une petite voix.

—Le contrôle de l'une de ses entreprises. Nous voulons en avoir les rennes, répond Rodrigue.

—Mais c'est de l'escroquerie! dis-je indignée.

—Ça va vite se transformer en meurtre si tu ne coopères pas, dit Boris en enlevant la sécurité de son arme.

Je déglutis péniblement, et ma sueur passe à un débit plus élevé. Je tremble de partout et ferme les yeux, retenant mon souffle.

—On se calme Boris! On va te laisser te reposer. Dès demain on commencera ta formation, dit Rodrigue en tournant les talons.

Boris retire son arme et je souffle. Mon coeur tambourine dans ma poitrine. Ma respiration commence à se régulariser. Mes larmes coulent. J'ai eu très peur et je ressens un énorme poids dans ma poitrine.

—Mais vous n'avez pas de cœur? Je viens à peine de perdre ma famille et l'homme que j'aime et vous me bombardez d'ultimatums, dis-je d'une voix tremblante en éclatant en sanglots.

Rodrigue se retourne et vient vers moi.

—Je n'en savais rien. Je suis vraiment désolé. Prends le temps qu'il te faudra. On commencera ensuite, me dit Rodrigue avec une mine triste.

Il se lève et s'en va vers la porte.

—Merci.

Il me regarde, hoche la tête puis sort de la pièce. Je pouvais entendre Boris râler.

—On a pas assez de temps pour ce genre d' enfantillages, râle Boris.

—Cette fille vient de perdre sa famille elle a besoin de temps, réplique Rodrigue.

—Ne te ramolli pas frangin, dit Boris en s'éloignant.

Je me recroqueville sur moi et m'endors après avoir considérablement mouiller l'oreiller. Une fois réveillée, je m'assieds sur le lit et regarde autour de moi, découvrant chaque détail de cette prison dorée. Le lit est grand, quatre oreillers ornent la tête de lit. Les teintes utilisées dans la chambre sont naturelles et chaleureuse du bleu sarcelle et du miel ambré.
Il y a deux grandes fenêtres habillés de somptueux rideaux.
Derrière la tête de lit se trouve de haut en bas un rideau de couleur or. Un peu plus loin, il y a une commode.

Je descends du lit et parcours la pièce. Il y a  une garde robe incrustée dans le mur,  un coin salon avec une petite table basse sur un tapis et deux fauteuils Louis XIV. Un peu plus loin, une salle de bain attenante aussi luxueuse que la chambre. Je retourne dans le coin chambre et m’assied sur le lit. Je lève les yeux et découvre un lustre en cristal. Il est magnifique, majestueux.
Des tableaux ornent le mur du côté, de part et d’autres des fenêtres.

Le tepms passe, et je suis toujours aussi déprimée. Je pleure beaucoup, je repense à ma vie avant tout ça, à mes parents, à notre vie. Je revois ma mère sortir ses pâtisseries du four et les déposer tout sourire sur le plan de travail.
Mon père revenait pile à ce moment là du travail. Il faisait un commentaire sur l'odeur qui soit dit en passant était divine. Il donnait un baiser à ma mère avant de m'en donner un sur chaque tempe en me serrant contre lui. Je le revois me dire qu'il m'aime. Je souris inconsciemment.

Je nous revois Hervé et moi, entrain de marcher dans les rues d'Elisabeth ville, il aimait chanter pour moi. Cette fois là il me tournait autour avant de me voler un baiser. Il était tellement mignon.

Mon visage se décompose quand je reviens à la réalité. Ils ne sont plus là, ils sont partis. Je suis seule à présent. Seule avec ces escrocs qui veulent faire de moi l'une des leurs. Je n'ai même pas pu les pleurer dignement, les enterrer. Je me sens complètement vide, je n'ai plus goût à rien.  Je n'ai plus rien que mes souvenirs. J'ai mal à l'âme. La douleur est insoutenable, et pour essayer de l'étouffer, je me recroqueville sur moi dans mon lit. J'aurai dû mourir avec eux. Pourquoi je ne suis pas morte ?

Mélanie entre dans la chambre pour m'apporter un plateau qu'elle dépose sur la table de chevet. Ce qui me sors de mes pensées, mais je reste immobile.

—Tu dois manger, me dit-elle avant de sortir.

Rodrigue et les autres me donnent le stricte nécessaire. Ils me donnent à manger, à boire, de la toilette et de quoi me vêtir. Mais je vois clairement que tous les autres sont mécontent de cette mise en parenthèse de leurs plans. Ils obéissent à Rodrigue, qui leur dicte quoi faire.

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