Chapitre 18. Avant l'orage
Malaïka
Tout vas bien entre Amani et moi. Je bénis le ciel de l’avoir rencontré. Il est ma bouée de sauvetage, mon oasis dans le désert, ma bouffée d’air frais, mon miracle. Je ne peux pas m’empêcher de sourire quand je pense à lui.
On a prévu de passer le week-end ensemble je ne sais pas encore comment ça va se passer. Une surprise comme d’habitude, elles ont toujours été agréables de toutes façon. Donc je ne m’inquiète pas.
On part cet après midi. On a écourté nos journées de travail respectives pour l’occasion. Je rentre me rafraichir et récupérer mes affaires. Amani vient me chercher vers quatre heure. Je dis au revoir à Rachid à qui j’ai dis que je passe le week-end avec des amis. Je rejoins Amani et on démarre.
—Où on va cette fois ?
—Tu verras mais je suis sûr que tu vas aimer.
Amani met de la musique. Avec beaucoup d’enthousiasme on chante dessus. Ce rythme et ces paroles me font me déhancher sur mon siège. C’est l’un de mes chanteurs préférés.
Un soudain sentiment de de tristesse mêlé à de la nostalgie s’empare de moi. Maintenant que j’y pense, c’est l’une des chansons sur lesquelles on dansait Hervé, Djibril, Stella et moi, lorsqu’on se retrouvait quelque part à l’occasion des fêtes de fin d’année, après nos fugues respectives.
Automatiquement je replonge dans mes souvenirs. Je nous revois danser sur cette chanson, je revois Hervé me chuchoter quelques mots doux à l’oreille avant de déposer plein de baisers sur ma marque de naissance. Je sors de mes pensées quand Amani dit mon nom. Enfin celui de Mikaïla.
—Mika ça va ? Tu pleures !
—Excuses-moi je ne m’étais pas rendue compte. C’est que cette chanson m’a rappelé beaucoup de souvenirs….
—De ta mère ? s’enquiert-il avec précaution.
—Oui, mens-je.
—Je suis désolé, dit-il en arrêtant la musique.
—Tu ne pouvais pas savoir.
J’essuie mes larmes. J’essaie de ne plus penser à ça et fais de mon mieux pour changer de tête. Amani s’est donné du mal pour organiser ce weekend surtout que c’est quelqu’un de très occupé. Sacrifier tout un week-end pour lui c’est sacrifier des réunions stratégiques et des dîners d’affaires importants. Il a dû tout reporter et il n’a pas besoin de préciser qu’il sera extrêmement occupé dès la semaine prochaine. Je fais un effort pour lui, pour nous, parce que je veux aussi passer du temps de qualité avec lui.
Je me calme et sors un livre de blagues que j’ai acheté à la librairie non loin de l’entreprise. Je lis quelques blagues et on en rit. C’est deux heures après qu’Amani se gare.
—Amani on est au milieu de nulle part !
—Je sais. C’est fait exprès.
—Pourquoi ?
—Pour nous déconnecter de la ville et de tout ce qui s’y rapporte. Madame, bienvenue dans la préhistoire, dit-il en sortant péniblement un lourd sac de son coffre.
—Dans la préhistoire tu dis ? Attends ! Ne me dis pas que….
—On va vivre en pleine nature, de la pêche et de la cueillette. Comme de vrais sauvages. Ne t’inquiète pas j’ai ramené quelques vivres. Il faut qu’on installe la tente la nuit va tomber.
Je l’aide à monter la tente, et à installer deux trois choses à l’extérieur dont une table et deux chaises démontables. Une fois fini, nous dînons. Un vrai repas, sans doute le dernier du week-end.
Nous parlons un peu de tout , puis on se couche sur la grande couverture que l’on a étalé près de la tente.
Regardant les étoiles, Amani me raconte ses souvenirs d’enfant. Certains sont très drôles, on est mort de rire. On passe une bonne soirée.
Très vite on s’endort sur notre couverture. Ce n’est que trois heures plus tard que nous allons dans la tente après nous être fait réveillés par des gouttes d’eau venues d’en haut.
La tente est grande, très spacieuse On pourrait y tenir à six. Elle est très étanche aussi. La pluie refroidit ses parois, mais n’arrive pas à s’infiltrer. On y a rangé toutes nos affaires.
Je me blottis contre Amani et je dors comme un bébé épuisée.
Amani
La journée s’est bien passée. Sauf au moment où Mikaïla a pleuré. J'ai de la peine pour elle. Ça ne doit pas être facile pour elle en ce moment.
On est dans la tente et elle se blottit contre moi. Je la serre bien dans mes bras. C’est la première fois que l’on dort ensemble. Elle s’endort aussitôt et je ne tarde pas à faire de même, après avoir déposé un baiser sur son front.
Le lendemain, on fait la grasse matinée. Une fois réveillés, on petit déjeune, sandwiches et jus de fruits et un peu plus tard, on descend à la rivière pour se baigner et pêcher pour le déjeuner et le dîner.
Je l’entraine à la rivière en courant, main dans la main. L’air à contre courant nous fouette le visage et nos rires ne font que rendre plus parfait ce tableau de bonheur.
Mikaïla heurte un buisson dans sa course. Une multitude de papillon en sort et se répandent dans l’air. Elle s’arrête pour admirer le spectacle. Elle est émerveillée et ne manque pas de verser quelques larmes.
Les papillons multicolores volent au dessus de nos tête. Les doux rayons de soleil traversent la colonie en plein vol, ce qui donne l’impression que certaines ailes brilles.
Je me rapproche d’elle et essuie ses larmes qu’elle n’a sans doute pas dû remarquer. Je la trouve bien sensible depuis nos retrouvailles. Ça ne lui ressemble pas mais bon les gens changent.
Les papillons sont tous partis. Mika affiche une moue de déception. Je lui fais un bisou sur la joue, ce qui lui arrache un sourire. J’aime la voir sourire, ça me réchauffe le cœur.
Je l’enveloppe de mon bras droit et nous reprenons la route vers la rivière.
Nous arrivons enfin à la rivière, un sourire se dessine sur mes lèvres. Rien a changé. Ce décor parfait que j’ai toujours apprécié est toujours là. Bien que la nature ait repris ses droits à certains endroits.
J’ai quelques flashback et mon sourire devient plus large.
On dépose nos affaires sur la rive.
—Tu a l’air de bien connaître les lieux, me fit-elle remarquer.
—Oui. Je venais très souvent avec mon père. Des fois ma mère venait aussi avec nous. On y passait des journées ou des week-end.
—Ça devait être amusant, dit-elle en retirant son pantalon.
—Très. Une fois Zed est venu avec nous. Il avait très peur de l’eau à l’époque tu l’aurais vu, une vrai poule mouillée. Il a passé tout le week-end à nous regarder nous amuser mon père et moi.
Je reste en culotte et plonge dans la rivière. Mikaïla ne tarde pas à me rejoindre. On se baigne en sous vêtements, en nous amusant dans l’eau et en s’embrassant de temps en temps.
Peu après, on sort de l’eau et on enfile des vêtements secs. On s’installe côte à côte au bord de l’eau, nos cannes à pêche à la main. On reste là un bon moment, mais on a toujours rien. Pour amuser la galerie, je raconte ce que je faisais avec mon père quand on allait pêcher.
—Mon père me faisait faire une danse pour avoir du poisson. On l’avait baptisée la danse du poisson.
Je me lève et la montre à Mikaïla. Elle éclate de rire. Je la prends par la main et l’entraine avec moi dans ma danse folle. On finit dans la rivière complètement mouillés à rire comme des petits fous. On reste là un moment. Mikaïla se redresse quand elle voit que sa canne à pêche laissée sur le bord bouge.
—Ça mord ! crie-t-elle.
On sort de l’eau et on la remonte. Surprise ! Un bon gros chinchard. Quelques secondes après c’est la mienne qui se met à bouger. Décidément cette danse du poisson fait toujours effet. On ramène notre butin à notre campement, j’allume du feu avec du bois et des allumettes. Et avec quelques barres métalliques, on installe un grill de fortune, avant d’y mettre les poissons préalablement vidés.
—Eh ben on est bien équipés pour des préhistoriens, me dit Mikaïla avec le sourire.
Ce sourire que j’aime tant voir, celui qui m’a rendu accro, celui pour lequel je donnerais tout. Je reste dans mes pensées un moment, je remercie le ciel de me donner d’être avec elle, de pouvoir la voir et l’étreindre à souhait. Je souris inconsciement.
Malaïka
Amani est très surprenant. Je ne m’attendais pas à tout ça. Je le vois sourire perdu dans ses pensées.
Il est tellement mignon. A vrai dire, je ne pensais pas pouvoir retomber amoureuse si tôt. Qu’est- ce que j’ai dis ? Amoureuse ? Je me surprends moi-même. Je pense à lui pratiquement toute la journée et je veux être tout le temps avec lui.
J’ai peur d’aimer et de perdre.
La mort m’a pris mes parents et Hervé et l’escroquerie risque de me prendre Amani. J’essaie de ne pas penser aux choses facheuses et me reconcentre sur Amani. Son sourire m’intrigue, mais en même temps, me réchauffe le cœur.
—A quoi tu penses ? demandé-je.
—A la chance que j’ai de pouvoir être avec toi.
Il m’étreint et m’embrasse tendrement. Je l’aime cet homme mais tellement ! On est encore plus proches. Les baisers deviennent de plus en plus passionnés et intenses. Amani me porte jusqu’à la tente où on continue de s’embrasser, de se caresser. C’est très agréable. Je me sens emportée, mais je redescends vite sur terre.
Je revois Hervé dans les mêmes conditions. Je me crispe. J’ai l’impression de le trahir. Mais ce n’est pas possible il est mort. Bon sang il faut que je le laisse partir. Amani semble avoir compris que quelque chose ne va pas parce qu’il s’arrête.
—Ça va Mika ? demande-t-il avec une respiration saccadée.
—Désolée, excuses-moi, dis-je avant de sortir de la tente.
Il ne tarde pas à me suivre dehors. Je respire un bon coup et me passe la main nerveusement dans les cheveux. Il arrive par derrière et me prend dans ses bras.
—Eh calme toi. Ce n’est pas grave si tu n’es pas prête, me dit-il avant de déposer un baiser dans mon cou.
—Je suis désolée.
—Ce n’est pas grave, repète-t-il.
Ça me fais du bien de l’entendre dire ça, mais il faut que je laisse partir Hervé je ne peut pas continuer comme ça. Je dois le laisser s’en aller. Même si je l’aime toujours.
L’odeur du poisson brûlé me sort de mes pensées.
—Oh non les poissons!!!
Amani éclate de rire.
—C’est pas vrai on les a oubliés, dis-je en me précipitant pour les retirer du feu.
—Qu’est ce qui te fait rire ?
—On est sûrement les pires préhistoriens que l’on puisse trouver, dit-il en riant.
—Ce n’est pas drôle notre dejeuner et notre dîner viennent de partir en fumée. On va devoir repartir à la pêche.
Il se met à rire de plus belle.
—Mais Amani !
—Tu es très mignonne à t’inquieter comme ça. J’ai tout prévu ne t’affole pas.
—Quoi tu as pu avoir d’autres poissons ? Quand ça ?
Il entre dans la tente sans rien dire, je le suis intriguée. Il ouvre un sac .
Je pensais qu’il y avait des vêtements dedans et non. Je suis surprise d’y voir des boîtes de conserve, du pain, des boissons, des biscuits, des chocolats bref à manger pour au moins cinq jours.
—Je n’arrive pas à croire que tu m’aies fait pêcher sachant que tu avais prévu tout ça. Je croyais que tu n’avais prévu que le dîner d’hier et le petit déjeuner d’aujourd’hui.
Il éclate encore de rire. Je me jette sur lui, une mine de fausse colère au visage. On tombe à terre en riant tous les deux. Je suis sur lui. Il met mes cheveux sur le côté, avant de lâcher un je t’aime sincère et profond qui me fait frissonner. Son regard de braise n’arrange rien. Je me sens complètement perdue dans ses yeux noisette. Je t’aime aussi je lui dis.
Et on s’embrasse à nouveau.
Il se redresse. Je me décale et le laisse se lever. Il me tend sa main pour m'aider à me relever.
—On va faire un tour ? me questionne-t-il, pendant que je saisis sa main.
J’acquisce et prends quelques munitions avant de partir. On marche au milieu des arbres, des herbes et des fleurs qui d’ailleurs embaument l’atmosphère de leurs parfums. On parle , on rigole.
En bonne fille de la ville, je marche prudemment, et mes yeux scannent les alentours anticipant l’apparition d’un quelconque reptile.
Nous prenons un sentier qui nous mène en hauteur et une fois en haut, je suis epoustouflée par le paysage qui s’offre à moi. C’est tellement magnifique que je verse quelques larmes. Amani me regarde tout sourire.
—je n’en attendais pas moins de toi. Tu es très émotive et ça je n’y aurai jamais cru avant. Tu te montre parfois dure et insensible.
—C’est toi qui me fais cet effet, dis-je en revassant, le regard perdu dans ce beau tableau du plus grand des artistes.
Ce paysage est magnifique. Une chute d'eau assez haute s’élevant sur de grands blocs irréguliers de rochers recouverts de verdure. Le son qu’elle émet est apaisant. Elle se verse dans un bassin, faisant énergiquement mouvoir l’eau de celui-ci. L’eau de ce grand bassin est claire, on peut y voir des poissons nager, des coraux se laissant porter par les ondes émises par le puissant jet de la chute, des rochers recouverts d’algues, et les rayons du soleil viennent déposer une brillance dorée sur l’eau.
De la verdure, des fleurs de toutes les couleurs, quelques arbres, des chants d’oiseaux des plus aigus aux plus graves , des papillons aussi colorés les uns que les autres, tout ici a été conçu pour emoustiller les sens. C’est magnifique.
On s’assied au pied d’un arbre et je déballe sur une couverture les quelques biscuits, conserves et boissons que j’ai emmener. On s’installe et on discute tout en déjeunant, avant de plonger dans un silence, laissant les seuls sons de la nature parvenir à nos oreilles.
Amani brise le silence.
—Mon père m’a toujours dit, fils l’argent c’est bien, le travail aussi, mais le plus important c’est de savoir prendre soin de ceux qu’on aime.
Son regard me transperce, me rassure, me dit qu’il m’aime et suffit à lui seul à me faire oublier mes misères. J’aime cet homme.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top