Chapitre 17. Je t'aime aussi
Malaïka
Je prends la route et retourne au bureau. Une fois arrivée je monte dans mon espace personnel qui par moment me sert de forteresse.
je me nettoie intensément la bouche, puis m'installe et continue à travailler quand on toque à ma porte. J'invite la personne à entrer.
C'est Amani. Il a un paquet avec lui. Il entre et verrouille la porte.
Je me lève et vais vers lui.
Il me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement. Son doux regard sur moi me réchauffe le cœur, et être dans ses bras, me procure une sensation de calme, de réconfort, de sécurité. Je voudrai que ça ne s'arrête pas, mais je sais qu' à tout moment, je risque de le perdre lui aussi. Je chasse ces pensées négatives, qui m'ont arraché une larme que j'essuie très vite, avant de me remettre face à lui.
-Tu m'as manqué, me dit-il serré contre moi.
-Tu m'as manqué encore plus.
On reste l'un contre l'autre quelques minutes. Je souris. Je me sens bien dans ses bras. Je respire son odeur en fermant les yeux. Il se détache et prend son paquet qu'il avait préalablement déposer sur le bureau.
-Comme je sais que tu n'as pas mangé, je t'ai apporté quelque chose.
-Tu lis dans mes pensées. J'ai une faim de loup.
L'odeur des bitoyo envahit mes narines. Hum cette odeur, je ne m'en lasserai jamais. Il m'arrive de bénir Dieu d'avoir donner du génie à l'être humain pour créer ce procédé de salaison qui rend ce poisson à la chaire fine si savoureux.
J'ouvre le paquet et sort les différents pots en plastique qui contiennent la nourriture. Les bitoyo sont fris, baignant dans une sauce tomate bien faite, accompagnés de bitekuteku cuites de manière à garder ce vert qui éveille les sens. Pour aller avec , Amani a prit de la chikwangue et petit plus il a prit des safu avec. Le tout accompagné de deux bonnes bières. Oh comme je l'aime en ce moment.
On s'installe et mange tous les deux, le goût salé du poisson relève celui de ces légumes, et se marie parfaitement avec celui des Safu, et la Chikwangue, de sa quasi-neutralité, vient compléter ce mélange parfait. On parle et on rit beaucoup. C'est fou, quand je suis avec lui je me sens libre, heureuse. Une fois fini je range tout dans le paquet et le met dans la poubelle de mon bureau. On se lave bien les mains, pour effacer l'odeur tenace des bitoyo.
-Je dois y retourner. On dîne ensemble ce soir? demande-t-il en me fixant du regard.
-Va pour un dîner ce soir.
Il se rapproche et m'embrasse. Je lui rends son baiser. Il se détache à contre cœur, avant de soupirer.
-Je t'aime Mika, me lance-t-il.
Je ne réponds rien et le serre simplement contre moi. Il s'en va après cette étreinte, et il me manque déjà.
Ça fait trois mois qu'Amani et moi on est ensemble. On se voit beaucoup, on sort beaucoup et il m'enlève très souvent. Ses escapades sont toutes aussi originales que décontractantes. Il n'est pas tous les jours à l'entreprise et malgré ses nombreuses occupations, il s'arrange pour m'accorder du temps. L'un de nos petits rituels, dîner ensemble autant que l'on peut. Les jours où il ne travaille pas chez Faraji Mining, il m'attend en bas, à quelques mètres de l'entrée, très souvent adossé à sa voiture pour m'inviter à dîner.
Rachid va de mieux en mieux. Il peut se lever et se tenir debout mais ne peut pas encore marcher tout seul. Il parle plus couramment et je passe beaucoup de temps avec lui.
Avec Rodrigue et les autres, on continue à se voir au QG. Rodrigue ne se décourage pas il me « harcèle » toujours. Mais je le fais souffrir du mieux que je peux et je me délecte de le voir si misérable, si mal à cause de moi. Par moment il me fait pitié mais je me ressaisis vite. Amani est son ennemi juré et si il ne tenait pas autant à ses plans, il y a longtemps qu'il s'en serait débarrassé.
Ce matin, Amani est venu me chercher à la maison pour m'emmener au travail. On fait un détour par Zawadi trucking, il a des documents à récupérer. On est dans son bureau quand le téléphone sonne. C'est la réception. Ils annoncent l'arrivée de Marlène Ekofo. Amani me regarde en posant sa main sur le bas du combiné.
-Marlène est ici, me dit-il tout bas.
-Laisse la monter comme ça on saura ce qu'elle te veut. Lui réponds-je.
Il demande à ce qu'on la laisse monter.
Amani
Je demande à ce qu'on laisse monter Marlène. Mikaïla recule et se met du côté gauche de l'armoire de mon bureau. Elle pose son index sur sa bouche en me regardant. Je comprends qu'elle veut que Marlène ne sache pas qu'elle est là. J'acquiesce et m'assieds derrière mon bureau et lui envoie des baisers. Ce qui la fait sourire. Elle m'en envoie aussi. Quelques minutes plus tard, Marlène fait son entrée.
-Eh bien, je ne m'attendais pas à te revoir depuis ton dernier numéro.
-Il fallait que je te voie, me dit-elle en s'approchant.
-Que fais tu de la décision du tribunal m'interdisant de t'approcher ? répliqué-je.
-Arrête pas de ça entre nous. Alors comme ça tu travailles avec Mikaïla ?
-Qu'est ce que ça peut te faire ?
-Sachant que tu as des sentiments pour elle, ça vous rapprocherait.
-Et ?
-J'ai toujours eu des sentiments pour toi tu le sais n'est ce pas ? demande-t-elle en s'asseyant sur mon bureau en face de moi.
-Et ?
-Si je ne t'ai pas alors elle non plus. Ne me cherche pas Amani. Tu sais de quoi je suis capable.
Elle s'approche de moi et tente de m'embrasser mais je la repousse.
-Toujours aussi ferme, dit-elle en ricanant, avant de se lever.
Tu vas abandonner ce partenariat sinon.....
-Sinon quoi Marlène ?
-je pourrais tourner un nouvel épisode du violeur et de la violée et entre nous tu sais qui on croira.
Je me lève à mon tour et l'empêche de me toucher en retenant son poignet droit. Elle regarde ce dernier, sourit ironiquement avant de reposer ses yeux sur moi.
-Tu ne vas rien faire Marlène et pour ton information, Mikaïla et moi sommes ensemble. Elle a vu clair dans ton jeu et tu ne pourras plus tromper personne.
Sur ces mots, Mikaïla sort de sa cachette en tapant dans ses mains.
-Marlène, Marlène... Eh bien ma chère amie. Je ne m'attendais pas à ça venant de toi.
Marlène est surprise, elle est figée par la soudaine apparition de Mikaïla. Elle reste un moment la bouche ouverte puis se ressaisit.
-Mika ?... tu... mais....
-Tu me déçois beaucoup Marlène, dit-elle consternée. Je suppose que tu comprends que notre amitié s'arrête ici. Va t'en Marlène et si tu oses encore nous chercher des embrouilles, cette fois-ci c'est moi qui porterai plainte pour harcèlement ! ajoute Mikaïla.
Marlène était comme en train de rêver.
-Va t'en Marlène et ne reviens plus ici, lui dis-je.
Sans rien ajouter, elle sort de mon bureau, puis de l'immeuble. Je regarde le mensonge fait chair s'en aller par la fenêtre de mon bureau.
-Je n'arrive pas à y croire, dit Mikaïla bouleversée.
Je la prend dans mes bras pour la consoler. Je lui caresse les cheveux et y dépose un baiser.
-Ça va ?
Elle acquiesce.
-Elle est comme ma sœur et j'ai l'impression d'être poignardée.
-Je te comprends et crois moi j'en suis désolé, dis-je en resserrant mon étreinte.
Après un petit moment, Mikaïla se libère de mes bras.
-On peut y aller maintenant ?
J'acquiesce et on sort. Je ferme mon bureau après avoir récupéré les documents que j'étais venu chercher. On remonte dans la voiture direction Faraji Mining.
En chemin, Mikaïla me souffle qu'elle est soulagée d'avoir tiré au clair cette affaire, que d'une certaine manière, ça l'empêchait d'avancer sereinement avec moi. Je suis heureux qu'elle ait pu découvrir la vérité mais un peu triste quand même de savoir qu'un doute existait en elle. Mais comment lui en vouloir. A sa place je crois que j'aurais quelques doutes aussi.
Peu après, nous arrivons et montons dans nos bureau.
Malaïka
La journée passe vite et le soir je dîne avec Amani. Ça fait quelques temps que je ressens quelque chose pour lui, et savoir qu'il est innocent dans l'affaire Marlène me soulage à un point inimaginable. J'inspire profondément et expire.
Un sourire vient se dessiner sur mon visage quand je repense à la scène de tout à l'heure.
Mais de toute façon je ne suis dans sa vie que pour un moment. Une fois ma mission terminée je disparaitrai. Mon cœur saigne à cette idée.
Je ne veux pas avoir à me séparer de lui, mais que se passera-t-il si il apprend la vérité sur moi ? M'aimera-t-il toujours autant ? Ces pensées me tourmentent, elles m'obsèdent depuis un moment. Que faire ? Aujourd'hui je suis sûr que je l'aime et j'en souffre.
Amani me sort de mes pensées en toquant à ma porte. J'essuie mes larmes rapidement et lui dis d'entrer. Ce qu'il fait.
-Tu es prête ? me demande-t-il tout sourire.
-Oui. Je range quelques affaires et je suis à toi.
Je range et sors avec lui. Nous dinons dans un restaurant ayant des tables en plein air. Chaque table est isolée par une sorte de cloison et joliment décorée, un agréable et intime cocon pour les amoureux comme nous. Nous mangeons en parlant de tout et de rien. Mais ces pensées ne me lâchent pas.
-Ça va Mika ? A quoi tu penses ? m'extirpe-t-il de mes pensées.
-Oh. A rien. Ça va.
-Je te sens triste pourtant. Tu peux tout me dire tu sais.
-Je sais, fit-je avec un sourire triste.
-Je n'aime pas te voir comme ça.
Il prend ma main et l'embrasse.
-Je t'aime Mika.
-Je t'aime aussi Amani. Et c'est ça qui me fait peur.
-Pardon ? Qu'est ce que tu as dis ?
-Je t'aime Amani, répété-je avec un petit rire en voyant l'expression surprise de son visage.
-Tu n'imagine pas ce que ça me fais de t'entendre dire ça, dit-il heureux .
Mais de quoi a tu peur ?
-De te perdre, que tu arrêtes de m'aimer si....
-Tu ne me perdras pas Mika, dit-il en se rapprochant de moi, puis me prenant le visage dans ses mains. Tu ne me perdras pas parce que je t'aime, ajoute-t-il.
-L'amour a ses limites.
-Le mien pour toi n'en a pas, me rassure-t-il avant de me prendre dans ses bras et de m'embrasser passionnément.
J'ai senti tout l'amour qu'il m'a donné à travers ce baiser, et ça m'a fait frissonner. J'aimerais le croire. Mais je sais que quand il saura la vérité, il ne tiendra peut être pas le même discours.
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