Chapitre 16. Rodrigue

Malaïka

Je regarde au loin, je vois Rodrigue nous espionner. J'étouffe un rire. Ça le fait mal de me voir avec Amani. Et je ne vais pas louper une occasion de le faire souffrir. Je m'approche d'Amani, je lui caresse le visage et pose mes lèvres sur les siennes. Je l'embrasse tendrement. Il est surprit et ne réagit pas.


—Je suis désolée, pardon je....


Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'il prend mon visage en coupe m'embrasse à son tour, passionnément, comme s' il avait attendu ce moment toute sa vie. C'est tellement agréable que je me sens emporter.
Une fois nos lèvres séparées, il me regarde et caresse ma joue de sa main droite.


—C'est la plus belle surprise qu'on m'ait faite, mais tu es sûrement sous le choc après l'attaque de tout à l’heure. je ne veux pas que tu le regrettes après, me dit-il avec un visage heureux, mais à la fois inquiet.

—Je ne regrette rien. Ça fait un moment déjà que j'en avais envie.

—Je t'aime Mikaïla Faraji, rappele-t-il en posant son front contre le mien, soutenant ma nuque de sa main droite.


J'enroule mes bras autour de lui et on s'embrasse encore. On se sépare peu après.

—Je ne peux pas en dire autant pour l'instant excuses-moi.

—Ce n'est pas grave ça viendra j'en suis sûr. Merci d'être honnête avec moi, me dit-il en me regardant dans les yeux.

—Il se fait tard, rentre maintenant.

—Oui. Mais je veux te voir entrer dans la maison avant.


Je lui fais un bisou sur la bouche et entre dans la propriété, puis dans la maison. Il monte dans ma voiture démarre et s'en va.

J'entre dans la maison, puis dans ma chambre. Depuis le passage de Rodrigue, je verrouille la fenêtre. Rachid dort déjà m’a dit Ingrid. Pas la peine de le déranger. Je descends manger quelque chose puis monte me coucher.

J'ai un grand sourire aux lèvres. Je suis heureuse d'avoir pu embêter Rodrigue mais surtout d’avoir embrassé Amani, de m'être enfin rapprochée de lui, depuis le temps qu'il m'attire. Il est mon rayon de soleil dans cette tempête qu’est ma vie en ce moment. Mes sentiments à son égard sont un peu confus, mais je sais que j’ai besoin de lui, et en même temps, j'ai peur de le perdre.


Amani


Je me gare et entre dans la maison. Mon sourire ne me quitte pas. Je suis heureux mais tellement! Elle m'a embrassé d'elle même, on s'est embrassé. J'ai l'impression de rêver. Je monte me doucher.

Quand je sors de ma douche, je trouve Zed sur mon lit. Ça me fait sursauter. Je ne m’attendais vraiment pas à le voir et je suis surpris du silence avec lequel il s’est retrouvé là. En général il est très bruyant. Un vrai cyclone on ne peut pas le louper au passage.


—Eh mais ça ne va pas d’entrer comme ça ! Tu m’as fait peur !

—Jamais content celui là. Je croyais que le silence, le calme c’était ton truc, dit-il avec une fausse expression de déception.

—Tout compte fait je te préfère bruyant.

—Voilà ! Ça c’est la bonne attitude. Il ne faut jamais essayer de changer les gens. Ça nous retombe toujours dessus.

—C’est une visite de courtoisie, familiale, professionnelle ? Professionnelle dans ma chambre ? fis-je en pouffant.

—Professionnelle mon cher cousin. On ne te voit plus beaucoup au bureau ces derniers temps. Qu’est-ce qui se passe ?

—Je vais signer un partenariat avec Faraji Mining. Il y a beaucoup à faire avant de signer les contrats.

—La Faraji t’a de nouveau mise dans sa poche hein ?

—Arrête Zed ne l’appelle pas comme ça !

—Tu la défends en plus ? Après qu’elle t’ai jeté comme une vulgaire pelure de banane ? Oh moi je n’oublierai jamais  ce qu’elle t’a dit ce soir là…..

—Arrête Zadio ! C’est du passé tout ça.

—Mais oui bien sûr. Comme c’est pratique! Hum! Il y a tellement de femmes en ce bas monde. Tiens claire la réceptionniste, elle n’est pas mal hein et Lauren. Tu sais celle de la compta aux yeux de hibou….

—Kazadi tais toi s’il te plaît.

—Oh toi tu es… comment on dit déjà des gens qui aiment souffrir ? Maso ? Comment un aussi bel homme que toi cours après cette espèce de dragon investit dans un corps féminin.

—Zed arrête. S’il te plaît. Elle a changé depuis la mort de sa mère. Je t’assure c’est une nouvelle personne.

—Hum, fit Zed sans conviction. Donc tu l’aimes toujours !

—Oui, dis-je rêvassant. Elle m’a embrassé aujourd’hui.

—Quoi ? Oh la machiavélique !

Cette nouvelle le fait sauter du lit. Il se met en face de moi à genoux pour être à ma hauteur.

—Ecoute Amani. Je connais un bon exorciste. Je peux le contacter pour toi si tu veux.

—De quoi tu parle Zed, m’enquis-je en riant.

—Elle t’a envoûté ! Et ce baiser je suis sûr que c’est un moyen de te tenir en laisse. Pour être sûr que tu vas bien investir, fit-il d'un air sérieux.

—Mais où tu va trouver toutes ces idées farfelues.

—Dans mon cerveau de génie. Ecoute moi cousin cette fille ne te mérite pas.

—Zed, je l’aime et tu devrais t’y faire. Tu ne me fera pas changer d’avis.

—Très bien. Je t’aurai prévenu. Pour ne pas te frustrer, je vais faire semblant d’être heureux pour vous. Mais je serai là aussi s’il faut te ramasser à la petite cuillère. Tu pourras toujours compter sur moi.

—Merci, lançé-je en ricanant.

Il se lève et va ouvrir mes tiroirs, puis ma garde robe. Je le regarde stupéfait.

—Je t’en prie ne te gêne pas, lui lançé-je.

—Il me faut quelque chose pour dormir, dit-il en continuant de fouiller.

—Parce qu’en plus tu dors ici ?

—Ouais. Pour te soutenir. Tu as peut-être envie de parler de ta chérie ?

—Non !

—Ce n’est pas grave je reste quand même, dit-il après qu’ un de mes pyjamas ait enfin trouvé grâce à ses yeux.

Il se change et tous les deux allongés sur mon lit, nous parlons de tout et de rien. Zed est très comique de nature. Il me raconte sa journée avec beaucoup de piquant. Un peu plus tard, comme à son habitude, il s’endort sans crier gare. Un vrai numéro celui là.

Je suis allongé sur le dos, les yeux au plafond. Mes pensées vont vers celle que j’aime et je souris en repensant à son baiser. Le sommeil vient alourdir mes paupière et en un rien de temps je m’endors.


Rodrigue


Elle l'a embrassé. Ils se sont embrassés. Je n'ai qu'une envie, celle de lui mettre une balle dans la tête.

Une fois qu'ils sont partis, je remonte dans ma voiture et démarre en trombe. Je roule comme un fou et je m'arrête au milieu de nulle part, avant de descendre de la voiture. Je crie et donne un coup de pied à la portière côté chauffeur.
Je suis remonté à bloc. J'ai mal mais tellement. J'ai l'impression de ne pas pouvoir respirer. Je me laisse glisser contre ma voiture, assied par terre, mes mains sur la tête.
Qu'est ce qui m'arrive enfin? Je ne me suis jamais senti comme ça. Je suis mal, je suis vraiment mal. Beaucoup plus tard, je me remet en route pour chez moi.

Le lendemain, je demande à Ingrid de dire à Malaïka qu'elle doit impérativement venir me voir au QG aux alentours de midi.


Malaïka


Après avoir petit déjeuner avec Rachid, je sors de la maison et aperçois Amani adossé à ma voiture. Je m'avance vers lui.


—Salut!

—Salut ! Tu vas bien? me répond-il.

—Oui et toi?

—Je vais bien aussi.

—Tu vas encore jouer mon chauffeur aujourd'hui?

—Ça te dérange?

—Non pas du tout, lui dis-je souriante.

—Je vais passer récupérer ma voiture à la pause. Je dois m'occuper de mes autres affaires. Je ne serai pas au bureau toute la journée.

On monte dans la voiture.


—Mika pour hier soir je.....


Je place mon index droit sur sa bouche pour le faire signe de se taire.


—Je ne regrette rien et toi?

—Moi non plus, me répond-il.
Ça fait quoi de nous? ajoute-t-il.

—Deux adultes qui s'apprécient et qui passent du temps ensemble. Je n'aime pas trop les étiquettes.

—Moi je les adore, répond-il.
Mais pour l'instant on va dire ça, ajoute-t-il.


Sur ce il dépose un baiser sur mes lèvres et on démarre en route pour l'entreprise. Une fois arrivés, il reçoit un appel urgent pour son entreprise. Il se dépêche d'y aller en prenant un taxi.

Je suis dans mon bureau travaillant et Ingrid m'informe par Mélanie que Rodrigue veut me voir à midi au QG. Je soupire et autour de onze heure, je me met en route.
J'arrive et le cherche partout dans la maison sans le trouver. Je reviens sur mes pas et Il m'attire par le bras dans mon ancienne chambre.


—Pourquoi tu fais ça?

—Quoi?

—Ne joue pas les innocente. Je t'ai vu l'embrasser hier.

—Et alors?


Il se rapproche et me plaque au mur. Je roule les yeux fatiguée de ses manières de faire.


—Tu vas me rendre fou Malaïka.


Il s'arrête en scrutant des yeux mon visage.


—C'est lui qui t'as fait ça?


Il doit surement parler du bleu que j'ai vainement essayer de cacher avec du maquillage.


—Non, c'est ton chien de garde!

—C'est Boris qui t'as fait ça?

—Oui et si Amani n'était pas intervenu, j'aurais sans doute finie à l'hôpital.


Il s'éloigne de moi un moment, sa main droite sur sa tête et sa gauche à sa taille.


—Je vais le tuer celui là. Je vais finir par le tuer, marmone-t-il, avant de revenir vers moi.

—Pourquoi tu m'a demandé de venir?

—Il fallait que je te vois, que je te touche, dit-il en me caressant le visage.

—Rodrigue tout ça ne nous mène nulle part. Tu connais mes conditions, dis-je en le repoussant.


Il se replaque contre moi. Et je roule de nouveau les yeux en soufflant.


—Je ne peux pas arrêter Malaïka. Je ne peux pas.

—Pourquoi? Que t'as fait Rachid pour que tu sois aussi acharné?


Il recule et s'assied sur le lit la tête baissée. Après un lourd silence, il me répond avec une douleur profonde dans sa voix.


—Elle s'appelait Anita. Je l'appelais Nita. Mes parent sont morts quand j'étais très jeune. Je n'avais qu'elle, ma grande sœur. Elle était tout pour moi et elle prenait soin de moi. Elle a eût le malheur de tomber sous le charme de Rachid. Il semblait l'aimer aussi. Ils étaient heureux jusqu'à ce qu'on apprenne que Rachid s'était marié avec Honorine, la mère de Mikaïla.

Ça l'a brisée. Elle était enceinte de lui. Elle a eût un fils dont il n'a jamais voulu entendre parler. Elle n'a pas supporté tout ça et s'est donnée la mort.

—Je suis vraiment désolée, dis-je en posant ma main sur son épaule, avant de m’asseoir à côté de lui.
Je ne savais pas c'est vraiment horrible.

—Voilà pourquoi je ne peux pas abandonner. Je fais ça pour mon neveux. C'est lui que je veux placer à la tête de cette entreprise.

—Je comprends ta motivation mais ça ne justifie pas ce que tu me fais subir.

—Malaïka je...

—Rodrigue par moment je ne sais plus comment je m'appelle. Je stress tout le temps. J'ai peur de faire une erreur. Je vis un véritable enfer. Je vis la peur au ventre. Peur d'être démasquée, de me faire arrêter, je ne vis plus. Tu peux comprendre ça? Je me réveille avec des sueurs froides. Parfois j'ai l'impression de devenir folle, lui dis-je en me levant, mon visage exprimant toute ma frustration.


Il se lève et s'approche de moi, il semble être touché par ce que je viens de dire et il en souffre. Il prend mon visage en coupe, puis m'embrasse. Je le laisse faire. Je lui donne un baiser mémorable qui j'espère va le hanter toute sa vie. Je me détache de lui peu après.


—Je ne peux pas, lui dis-je.

—Quoi Malaïka? dit-il son front contre le mien.

—Je ne peux pas dans ces conditions. Je te comprends et tu dis m'aimer mais si ta haine est plus forte que ton amour au point de m'infliger de telles souffrances, alors on a plus rien à se dire.

Je me libère de lui et vais vers la porte mais il me rattrape par le poignet.

—Attend Malaïka! Attend s'il te plaît.

—Quoi?

—Comprends-moi je t'en prie.

—Seulement si tu me comprends aussi, dis-je avant de sortir pour rejoindre ma voiture.

Il est mal, je peux le voir et mon baiser n'a rien arrangé. C'était un peu le but, le faire souffrir et il n'a encore rien vu.













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