Chapitre 15. Retour à la réalité

Malaïka


J'ai passée une excellente journée, je suis sur un petit nuage. Mon sourire est aussi large qu’une nouvelle lune. Je me sens revivre, même l’air de cette prison dorée me semble changé, il passe mieux dans mes poumons.
Je me sens comme une fleur en pleine éclosion.

J'entre dans la maison et prends des nouvelles de Rachid. Une des infirmières me dit qu'il progresse bien et que s' il continuait comme ça, il se rétablirait rapidement.
Je vais dans sa chambre le voir. Il n'est pas encore endormi, il est allongé sur son lit.
Son torse est  surélevé par des oreillers. Il regarde la télévision quand j’entre. Je m'approche de lui, lui fait un bisou sur le front et lui pose quelques questions sur sa journée. Bien sûr il ne répond pas spontanément mais arrive à aligner quelques mots.

Les sons des machine à côté de lui me rappellent l’hôpital, les nuits blanches que j’y ai passée. J’aurai tout donné pour que ce soit mon père à la place de Rachid. Peu importe si c’était le prix à payer pour le revoir, pour le prendre dans mes bras, pour lui dire combien je l’aime.

Le sourire de Rachid m’arrache à mes pensées. Son visage s’illumine quand il me voit. Il me regarde et semble vouloir dire beaucoup de choses.
Ses yeux me parlent, mais je ne comprends pas ce langage. Si seulement je pouvais.


Quelques minutes plus tard, je monte dans ma chambre. J'y dépose mes affaires en chantonnant. Ma bonne humeur ne me quitte pas. Un bruit étrange attire mon attention . Je prends un vase pour me défendre en cas de besoin. J'avance un peu et je me fais plaquer au mur, laissant tomber le vase.


—Rodrigue? Que fais-tu ici?


Il me regarde sans rien dire avec un regard passionné, exprimant un désir profond. Tout en lui en ce net moment exprime le désir. Il semble embrasé de l’intérieur. Il passe sa main droite dans mes cheveux, toujours en me fixant dans les yeux.

Ma respiration s’accélère tant je fais des efforts pour me libérer de son emprise. Lui, arbore une respiration sensuelle. Il me retient de toutes ses forces, et respire mon parfum dans mon cou.
Je panique de plus en plus. J’ai peur qu’il ne commette une folie. Il relève la tête et m'embrasse. Comme si sa vie en dépendait. Et comme un reflexe, je lui mords la lèvre inférieure. Ce qui lui fait lacher son emprise et je le repousse de mes deux mains.
Il recule et touche sa lèvre, il remarque qu’il y a du sang sur ses doigts. De mon côté j’essuie mes lèvres et ramasse un morceau de porcelaine pour me défendre, quand il revient vers moi. Il colle son front contre le mien.
Au même instant, une femme de ménage vient demander si tout va bien car elle a entendu du bruit.

—Tout va bien mademoiselle Mikaïla? J'ai entendu du bruit venant de votre chambre.

—Tout va bien Stella j'ai juste fait tomber un vase.

—Je peux nettoyer si vous voulez.

—Ce n'est pas la peine Stella je vais le faire. Bonne nuit.

—Bonne nuit mademoiselle.


Je repousse à nouveau Rodrigue mais il me replaque au mur. Il faut vraiment que je mette au sport, mes muscles ne sont pas en état de riposter à ses attaques.


—Je n'en peux plus Malaïka. Je ne supporte plus d'être loin de toi. Tu me hantes, et je n'arrive plus à réfléchir. Tu me rends fou. Je... je t'aime.

Je suis bouche bée face à cette déclaration, mes yeux sont grandement ouverts.


—Pardon? dis-je stupéfaite.

—Je t’aime Malaïka. Je n’en peux plus d’être loin de toi. Je suis fou de toi.


Il semble troublé dans ses émotions. Je ne l’avais encore jamais vu comme ça, aussi vulnérable. Lui qui d’habitude ne laisse rien paraître, semble absolument désarmé. Ses yeux me supplient, m’implorent de daigner lui accorder grâce.


—Ce n’est pas possible! dis-je d'un ton ferme.

—Si Malaïka. Tu es dans mes pensées tous les jours. Je meurs à petit feu loin de toi et quand je te vois avec lui j’ai des envies de meurtre.

—Prouve moi ton amour et je te promets de te laisser une chance.

—Comment ? Que veux tu que je fasse?

—Libère moi, sors-moi de ton plan.

—je ne peux pas, dit-il en baissant la tête.

—Si, tu peux. C'est toi qui as initié tout ça, de la même manière tu peux tout arrêter ou au moins trouve un autre moyen !

—Il t'a emmenée où? demande-t-il jaloux.

—Ce ne sont pas tes affaires.

—Tu nous as fait peur on t'a cherché partout.

—Vous avez eu peur que je m'échappe encore une fois? Va t’en d'ici Rodrigue. Tu ne peux pas dire m’aimer et me faire autant de mal en même temps.


Je croyais qu'ils avaient toujours un œil sur moi. Ils ne sont pas si vigilants que ça. Je pourrais donc m'échapper si je m'y prends bien, Pensé-je, une lueur d’espoir me traverse.


—Malaïka je t'en prie j'ai besoin de toi, dit-il en rapprochant nos visages à nouveau.

—Tant que je serai ton otage, il ne se passera rien entre nous. Maintenant tu sors d'ici et tu ne remets plus jamais les pieds dans ma chambre.

Je le pousse de toutes mes forces et me dégage de lui.


—Va t’en ! lui dis-je encore.


Il me fixe d'un regard intense en reculant et il sort par la fenêtre.
Dès qu’il sort, je cours vite fermer la fenêtre, et je tire le rideau.

Je reprends mon souffle, ma main est sur ma poitrine. Il m’a fait peur, très peur.  Je me laisse glisser sur le sol. Mes mains tremblent. Je réalise à peine ce qui vient de se passer. Je me recroqueville sur moi. Je reste dans cet état un bon moment.

Quand je suis enfin calmée, je me lève et ramasse les morceaux de porcelaine qui restent du vase que j'ai cassé tout à l'heure. Il m'a fait redescendre de mon petit nuage. L'espace d'un instant je les avais tous oubliés, mais la réalité me rattrape. Je suis encore sous leur joug. J'essaie tant bien que mal de m'endormir. Sans m’en rendre compte, je suis déjà au pays des rêves.


Le matin je me lève de bonne heure je petit dejeune avec Rachid dans sa chambre. Il est souriant quand il me voit. Ça me fait culpabiliser à chaque fois, ça me brise le cœur.  Les valeurs que m’a transmises ma chère mère font la guerre à tout ce cinéma à l’interieur de moi. Je suis mal, et je me sens rongée de l’interieur. J’en ai d'atroces maux d’estomac. Ces gens vont finir par avoir raison de moi. Je fais de mon mieux malgré tout pour rester naturelle avec lui.

Il a l’air d’être quelqu’un de bien, il ne mérite pas tout ça. J'assite au début d'une de ses séances de rééducation, puis je sors après l’avoir dit au revoir en déposant un bisou sur son crâne.  Une fois dehors je vois Amani qui m'attend. Je me souviens que je n'ai pas récupéré ma voiture.

—Salut! Tu vas bien?

—Oui et toi? Tu es radieuse aujourd'hui.

—Merci c'est en partie grâce à toi.


Il me sourit franchement et m'invite à monter. Ce que je fais. Il démarre et on se met en route. Une fois arrivés, nous montons chacun dans son bureau et Mélanie entre dans le mien.

—Alors comme ça vous avez des rendez-vous qui durent des journées entières?

—Je ne suis pas d'humeur Mélanie. Excuses-moi j'ai beaucoup de choses à faire, lui lancé-je sechement.

—Ok, me dit-elle avant de sortir de mon bureau, ne voulant pas incister vu mon humeur.

En temps normal, on se serait bien entendu, on aurait même pu être amis. Mais ils me sortent tous par les yeux. J'en ai marre de tout ça. J'ai l'impression que je vais craquer. Je verse quelques larmes et je pense à ma vie avant cette guerre. Je pense à mes parents, à Hervé, et ça me rends très triste. Je penses, je refléchis à une manière de me sortir de là mais je n'en trouve aucune pour l'instant. Entre la violence de Boris, les sentiments de Rodrigue, leurs surveillance et toutes ces valeurs morales qui me font la guerre, j'ai l'impression de suffoquer.

J'essuie mes larmes et me met au travail. Dans tout ce tumulte, Amani apparaît comme une oasis au milieu du désert. Je souris quand je pense à la journée d'hier. Je prends une grande respiration et m’affale sur mon fauteuil.


Le soir arrivé, j'ai fini mon service, Amani aussi. Il vient me proposer de dîner avec lui, et j'accepte. Etre avec lui me fait du bien et c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment. On y va chacun au volant de sa voiture. On arrive. C'est un petit restaurant assez sympa. Ils ont des tables en plein air et on en prend une.


—Alors ta journée? me demande Amani.

—Bien et la tienne?

—Bien aussi. Les avocats ont fini d'étudier les contrats. On va pouvoir les signer dès demain si tu n'y vois pas d'inconvénient.

—Demain c'est parfait, fis-je avec un sourire.

Un serveur vient prendre nos commandes et s'en va. Il revient peu après pour nous apporter ce que nous avons commandé.


Amani


Je trouve Mikaïla plus reposée. Ça me fait plaisir. J'ai l'impression que le temps s'arrête quand je suis avec elle. Je la regarde, un vrai délice pour mes yeux. Elle me parle de sa journée. Je me laisse bercer par sa voix. C’est fou l’effet que cette femme a sur moi.
Je redescends sur terre quand elle m'annonce qu'elle doit aller aux toilettes. J'hoche faiblement la tête et elle s'en va.

Ça fait quinze minutes qu'elle est partie. Je commence à m'inquiéter. Je décide alors de la suivre. Arrivé au couloir qui mène aux toilettes, je la vois se faire violenter par un homme. Il la plaque au mur. Elle se débat et se libère mais il l'attrape le poignet. J'accours.


—Eh laissez la tranquille! crié-je.


Il ne bouge pas. Alors je le prends par le col de sa chemise et le jette par terre avant de le rouer de coups. Il réussit à s'enfuir et je me retourne vers Mikaïla qui est toute tremblante.


—Mika tu vas bien? Il te voulais quoi ce type?

—Je... je.. n'en sais rien.. je..

—Calme toi. Je suis là, dis-je en la prenant dans mes bras, ma main droite trouve l'arrière de sa tête et caresse ses cheveux.

—Je veux rentrer, me dit-elle.


Je demande à ce qu'on nous emballe nos plats à peine entamés et je monte avec elle dans sa voiture. Je prends le volant. Je viendrai recupérer la mienne plus tard. On roule et je m'arrête un moment pour essayer de la calmer.


Malaïka


Je suis au restaurant avec Amani, je vais aux toilettes. Après m'être soulagée, je sors pour rejoindre la table quand Boris me barre la route.


—Alors, comme ça tu disparais toute une journée sans prévenir? C'est toi qui dictes les règles maintenant? Pour qui tu te prends?

—Laisse moi partir Boris. Tu pourra piquer ta crise au QG pour l'instant laisse moi passer.

—Tu n'as pas d'ordre à me donner puis d'ailleurs ton sauveur habituel n'est pas là. Je vais me faire le plaisir de te corriger.


Il me giffle et me cogne contre le mur. Je suis sonnée.  Je me débat et me libère de lui mais il m'attrape le poignet et me ramène vers lui. Au même moment j'entends la voix d'Amani. J'ai mal à la tête et n'ecoutes pas ce qu'il dit. Il arrive en courant et se charge de Boris qui finit par s'enfuir après plusieurs coups.


Amani


Je la sens plus calme. J'ai eu peur pour elle en la voyant se faire violenter. Et si je n'avais pas e été là? Oh mon Dieu je n'ose pas imaginer. Tout ceci ne doit plus se repeter. Il faut trouver une solution. On est garés au milieu de nulle part. Mikaïla regarde dehors. Je me sens mal pour elle et je ne veux pas aggraver la situation.


—Que voulait-il?

—Je n'en sais rien. Sans doute me voler quelque chose, me répond-elle.


Je la prends dans mes bras et lui frotte le dos avec ma main pour la reconforter. Je la sens de plus en plus calme.


—Tu peux me raccompagner s'il te plaît? me demande-t-elle.


J'aquiesce et on reprend la route. Arrivés devant chez elle, elle descend. Je la suis.


Malaïka


Arrivés à la maison, je descends et Amani fait de même.


—Ça va? me demande-t-il.

—Je vais bien merci. Tu peux rentrer avec ma voiture il se fait tard. Je la récupererai demain.

—D'accord pas de soucis.

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