Chapitre 2
Chapitre 2 :
A chaque inspiration et expiration, elle sentait cette brulure familière due à sa côte cassée. Il était si facile de lui briser les os alors qu'elle était sous alimentée, et tout ce dont elle avait droit était la petite portion d'eau qu'elle s'accordait lorsqu'elle se tenait debout.
Tout résidait dans le verbe « tenait ».
A présent qu'une de ses côtes lui faisait un mal de chien, elle n'arrivait plus à se relever. Autrefois, elle n'avait qu'à forcer et user le peu de ses forces qui lui restait pour tenir sur pieds, mais maintenant, c'était bien pire.
Et puis, le froid mordant de la nuit s'insinuant à travers la fenêtre brisée ne lui avait pas fais de cadeau. Avec un système immunitaire aussi faible que le sien, elle s'était mise à éternuer en début de soirée, et n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit pour combattre la douleur que lui procurait son thorax. Elle n'avait pas eu le courage non plus de ramper pour attraper le drap sale qui était à l'autre bout de la pièce.
Tout ce qu'elle avait pu faire, c'était rester allongée sur le sol, les yeux ouverts à se demander comment faire passer cette torture plus rapidement. Cette femme avait cru qu'elle avait été en mesure de casser la fenêtre et le volet, et pourtant, elle devait savoir qu'il était impossible vu l'état de faiblesse dans lequel elle était. Elle aurait du se douter de quelque chose, mais ce ne fut pas le cas.
Au lever du soleil, la jeune fille avait vu les rayons du soleil pénétrer doucement dans la pièce, et elle découvrit le parquet sale sur lequel elle reposait. Elle osa bouger sa main gauche et vit la saleté incrustée dans sa peau, ce qui la fit grimacer. Le drap qui était à l'autre bout de la pièce n'était en fait qu'un morceau de tissu complètement couvert de cambouis, et de taches de sang. Le vent pénétra à nouveau dans la pièce faisant trembler son corps, et elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même, gémissant sous la douleur que lui procurait sa côte cassée.
La sorcière ne sembla pas apparaitre une seule fois dans la matinée, alors que le vent avait cessé de venir déranger la jeune fille. Cette dernière s'était légèrement assoupie, mais se réveilla aussitôt en entendant du bruit. Ses yeux s'ouvrirent rapidement, comme si elle redoutait de faire face à la femme qui la maintenait dans cette pièce.
Mais la surprise se refléta aussitôt sur son visage, lorsqu'elle vit quelqu'un d'autres que la vieille femme se tenir face à elle. Il fit un pas dans sa direction, alors qu'elle l'observait de la tête aux pieds. Il était grand, et massif. Ses cheveux châtains étaient ébouriffés dans tous les sens, et ses yeux verts la fixaient avec intensité. Il portait un gilet gris ouvert sur son torse et elle devinait un t-shirt blanc en dessous. Il fit un autre pas dans sa direction, et elle sembla enfin reprendre ses esprits lorsqu'elle esquissa un mouvement pour reculer, mais elle le vit lever les mains en l'air en s'arrêtant.
- Je te veux aucun mal, dit-il doucement.
Sa voix était comme elle se souvenait, et elle avait vraiment l'impression de rêver. La douleur la faisait-elle halluciner à ce point ? La vieille allait surement surgir à un moment ou un autre à travers cette porte, et...
- Elle est sortie, fit-il en la faisant sortir de ces pensées.
Elle n'avait pas remarqué qu'elle s'était mise à fixer la porte, et elle reporta son attention sur l'intrus qui se trouvait dans sa chambre.
- Je veux seulement t'aider...
Il se remit à marcher doucement dans sa direction, et elle le suivit du regard sans bouger, jusqu'à ce qu'il ne l'atteigne et ne se baisse pour se mettre à sa hauteur. Les yeux verts du jeune homme parcoururent son corps, et elle le vit serrer les dents, avant de sentir une main chaude prendre la sienne. C'était la première fois qu'elle sentait quelque chose d'aussi grand et chaleureux l'envelopper de la sorte.
- Ça va aller, la rassura-t-il.
Il retira doucement ses bras, et l'allongea correctement sur le sol, malgré les quelques gémissements qu'il parvenait à percevoir alors qu'elle faisait en sorte de les réprimer du mieux qu'elle le pouvait. Elle ne le connaissait pas, mais elle ne fit rien. C'était comme si elle s'était résignée, comme si elle se fichait vraiment de ce qui pouvait lui arriver aux mains de cet étranger.
Il écarta doucement ses bras et passa une main doucement sur son abdomen, touchant sa côte cassée, arrachant une grimace de la part de la jeune fille.
- Pardon... c'est de ma faute si elle t'a frappé hier...
La jeune fille ne dit rien, continuant à examiner le visage qui lui faisait face. Elle pouvait percevoir un grain de beauté sous l'œil droit, et un début de barbe pousser.
- Faut que je te sorte de là... comment quelqu'un peut-il frapper quelqu'un de cette manière ?
Il semblait parler à lui-même, alors qu'elle se décida enfin à bouger. Elle tenta de se mettre assise, mais gémit en sentant la douleur se propager dans sa cage thoracique.
- Doucement !
Un bras la soutint, alors qu'il l'obligeait à rester allongée sur le sol crasseux.
- Est-ce que tu as mangé ?
Le dernier mot résonna dans sa tête, alors que son ventre se réveillait de sa torpeur pour se manifester face à cet étranger, qui esquissa un petit sourire en entendant le gargouillement résonner dans la pièce. Il se leva, avant de se rapprocher de la fenêtre, puis jeta un coup d'œil plus bas.
- Karl ! Balance mon sac !
Le jeune homme qui se trouvait plus bas, obéit, et l'étranger qui se trouvait dans la chambre l'attrapa aisément, avant d'ouvrir le sac, et d'en sortir des barres de chocolat, et une bouteille d'eau. Il se rapprocha à nouveau de la jeune fille qui ne pouvait pas quitter des yeux ce qu'il tenait. C'était comme si son cerveau avait compris ce que cela signifiait. Il retira le sachet avant de lui tendre avec un sourire. Elle le prit aussitôt et le fourra dans sa bouche, savourant chaque miette, et cherchant à graver ses saveurs dans sa mémoire.
- Doucement ! Doucement ! Tu vas t'étouffer !
Elle l'écouta, alors qu'il lui tendait la bouteille d'eau ouverte, et elle avala le tout d'une traite. Son estomac émit un petit son pour montrer sa satisfaction, et l'étranger émit un petit rire, alors qu'il s'était assis à côté d'elle en l'observant manger. Puis, il reprit un air sérieux, alors que son regard parcourait le corps maigre de la jeune fille, parsemé d'hématomes. Il aimerait l'aider, la soigner, mais il savait qu'il ne pouvait pas. Non seulement, il était entré par effraction deux fois dans cette demeure, mais en plus de ça, il savait que s'il la soignait, il ne ferait qu'empirer sa situation. Il avait passé la nuit à chercher une solution pour la sortir de là même s'il ne la connaissait pas. Il ne pouvait pas laisser quelqu'un souffrir de cette manière alors qu'il était au courant de ce qu'il se passait. Il avait voulu alerter la police, faire passer une annonce anonyme en disant que quelqu'un était maltraité, mais Karl l'en avait empêché, lui disant de ne pas s'en mêler.
Mais il n'avait pas réussi à la sortir de cette pensée, alors il avait réussi à convaincre son ami de venir ici, de surveiller les aller et retour de la sorcière qui vivait ici, et il en avait profité pour revenir dans cette pièce. Il se doutait bien que la jeune fille était mal nourrie, et avait pris de quoi lui remplir le ventre, et avait même pensé à prendre de quoi la soigner. Mais là encore, il ne pouvait pas la soigner. Une côte cassée était bien au-delà de ce qu'il avait pensé pouvoir faire, et il était certain que s'il lui mettait des pansements par ci et par là, elle finirait par être battue de nouveau à cause de lui.
Il se sentait vraiment coupable.
La veille, elle s'était fait frapper par sa faute. Par ce qu'il avait voulu fouiner dans cette maison où personne n'osait entrer, parce que Karl lui avait dit que ce serait facile, et qu'il gagnerait un peu d'argent.
Il n'aurait jamais pensé qu'il tomberait sur ça.
Voyant son état plus clairement que la veille, il n'avait qu'une envie, la sortir de là, mais pour l'emmener où ensuite ? S'il appelait la police, il risquait de se faire embarquer dans l'affaire pour effraction, mais son cas pourrait être allégé s'il la sauvait, non ? Il tentait de se convaincre qu'il devait le faire.
Il sentit quelque chose tirer son gilet, et sortit de ses pensées. Comme la veille, sa petite main avait attrapé le tissu à sa portée et elle avait tiré pour attirer son attention, alors qu'elle l'avait vu plongée dans ses pensées.
- Oui ?
Elle ne fit qu'hocher la tête faiblement, comme si elle cherchait à le remercier. Il serra les poings et sortit son portable de l'arrière de son jean. Il composa le numéro des secours pour les appeler. Il ferait une bonne action. Il sauverait l'âme de la jeune fille. Cependant, son geste fut arrêté par la jeune fille qui tira à nouveau sur son gilet pour attirer son attention. Il vit le regard curieux qu'elle lui portait, et il soupira, avant de ranger son portable dans sa poche.
- Ton prénom... Tu pourrais me dire ton prénom ?
Elle ouvrit la bouche et tenta de dire quelque chose mais aucun son n'en sortit. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait dit quelque chose de vive voix. C'était comme si elle était toujours restée dans cet état. Quant à son prénom... elle ne se rappelait pas non plus en avoir un... et il sembla remarquer sa détresse.
- Je peux t'appeler Alice ? lui demanda-t-il en remarquant sa détresse.
Elle hocha la tête doucement, sentant une sensation étrange la parcourir. C'était la première fois que quelqu'un la nourrissait, et faisait en sorte de la mettre dans une posture qui l'aiderait, mais qui lui donnait également un prénom.
- Parfait, Alice. Moi, c'est Logan.
Elle passa le prénom du jeune homme plusieurs fois dans sa tête, en se disant que ce prénom lui allait à merveille, et eut un semblant de sourire qu'il remarqua. Il voulut dire autre chose, mais il entendit le sifflement de Karl, ce qui le mit sur pieds immédiatement.
- La vieille est de retour. Je dois y aller.
Elle sentit de la déception, mais également à nouveau cette peur qui vint lui nouer le ventre. Elle vit Logan récupérer tout ce qu'il avait laissé, et les fourra dans son sac, puis jeta un coup d'œil à la jeune fille qui se trouvait toujours allongée au sol.
- Je vais te sauver, Alice.
Elle aimerait croire à ses mots, mais elle ne dit rien pour le contredire, alors qu'elle savait que ce serait impossible. Les sifflements se firent plus persistants, et il mit son sac à dos dans son dos. Il s'abaissa et caressa doucement le visage de la jeune fille, ne voulant pas la quitter de cette manière, et alors qu'il percevait des pas venir de l'autre côté de la porte, il se dépêcha de partir. Il descendit et retrouva Karl qui attendait les bras croisés.
- Alors ?
- Laisse-moi appeler les flics.
- Rien de bon n'en sortira.
- Mais elle, elle sortira de cet enfer.
Ils se turent en entendant des injures, et Logan serra les poings.
- Ecoute ce que cette salope lui fait subir !!
Karl grinça des dents.
- Aucune personne au monde ne devrait subir ce qu'elle subit !
- Pourquoi est-ce que tu t'impliques tant avec elle ?! Tu ne l'as vu qu'une seule fois et tu veux jouer au prince charmant ?!
- Tu verrais son état, tu ne dirais pas ça.
- Alors quoi ? Tu vas appeler les flics, et te faire passer pour le gentil gosse qui l'a sauvé ? C'est pas de cette manière que tes parents changeront d'avis sur toi !
- Je me fous de mes parents pour le moment !
- Si tu veux appeler les flics, ce sera sans moi !!
Et Karl partit en laissant Logan en plan, près de la demeure qui cachait tant de monstruosité.
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Hello !
A votre avis, que va faire Logan ? :3
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Lil' 28.02.2016 ©
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