Elle aurait dû se réjouir d'avoir éliminé un imposteur, mais elle était trop choquée pour ça. De plus, elle était sûre et certaine que Maël n’était pas l’assassin de Justine. Méline, tout aussi ébranlée qu’elle, secoua la tête et alla murmurer quelques mots à Léa. Lana la suivit, plongée dans ses pensées. Elle sentait grandir en elle un désir de vengeance, des sentiments primaires enfouis depuis trop longtemps se réveillaient et une brutale envie de frapper le coupable jusqu'à ce que mort s'ensuive s'empara d'elle.

Une alarme stridente la tira de ses sombres réflexions. Elle regarda sans comprendre les gens qui fonçaient vers le réacteur.

- Lana ! cria Méline par-dessus le vacarme ambiant. Un des imposteurs a saboté le réacteur, il faut le réparer !

- À quoi ça sert de tous y aller ? cracha Lana, énervée.

- De ne pas paraître suspect. De toute façon, j’ai une quête là-bas.

Lana céda et se laissa guider par son amie tout en rumiant sa vengeance. Quand elle arrivèrent au réacteur, Dario, Raphaël, Léa et Mattéo s’affairaient déjà pour couper l’alerte.

Tout à coup, l’alarme cessa. La tablette de Lana clignota et elle vit s’afficher : “Réacteur normal”. Elle poussa un haussa les épaules puis attendit impatiemment que Méline dévérouille les collecteurs. Elle voulait à tout prix sortir de cet endroit maudit, là où son amie avait trouvé la mort. Si seulement son fantôme pouvait parler… Ou mieux, si seulement elle pouvait ressusciter ! Elle connaissait forcément l’identité d’un des imposteurs restants. Avec Méline et Léa, elles pourraient démasquer le dernier ! Et elles seraient sauvées.

Mue par une irrésistible impulsion, elle s’approcha de la trappe de ventilation par laquelle le tueur s’était enfui. Là, un détail attira son attention. Un bijou brillait sur le sol terne. Elle s'accroupit pour l'observer et s'aperçut qu’il s’agissait de la boucle d’oreille que Justine portait le matin même. Et juste à côté se trouvait… une touffe de cheveux ?

En un éclair, elle comprit. Justine avait dû arracher des chevaux à son agresseur et jeté sa boucle d’oreille à côté pour qu’on puisse les remarquer. Sans ça, Lana n’y aurait jamais fait attention. Elle ramassa délicatement le tout et se releva. “Je te vengerais, Justine. Je te le promets.”

Une voix s’éleva derrière elle :

- Qu’est ce que tu fais ?

Surprise, la jeune fille faillit lâcher son précieux butin. Elle se retourna face à Méline et lui exposa sa théorie. Son amie l’approuva mais l’avertit :

- C’est bien beau tout ça, mais ça ne va pas trop nous aider à démasquer l’imposteur. À moins de se balader partout dans le vaisseau en demandant à chaque personne qu’on croise : “Hé, on a trouvé des cheveux qui appartiennent au tueur de Justine. Tu permets qu’on compare avec les tiens pour savoir si tu es imposteur ?”

Lana soupira, découragée par sa logique incontestable. Elle rangea avec précaution l’indice dans une poche de sa combinaison.

- D'accord, se résigna-t-elle. J'ai deux quêtes à l'électricité, tu viens ?

- OK, moi aussi j'ai une quête là-bas.

Lana sortit de la salle d'un pas vif. Soudain, les lumières s'éternisent et elles furent plongées dans le noir. Lana trébucha. Et pour cause : elle pouvait à peine voir à cinquante centimètres devant elle ! La panique la saisit. Le coeur battant, elle s'accrocha à l'encadrement de porte en s'efforçant de garder son calme.

Depuis toute petite, elle ne supportait pas l'absence de lumière. Son cerveau imaginait pour elle toutes sortes de monstres cachés dans l'ombre. Elle entendit un bruit à sa droite et fit quasiment un bond sur place, terrifiée.

- Lana ? l'appela Méline d'une voix où perçait la peur. Où es-tu ?

La jeune fille s'obligea à respirer profondément pour répondre avec le plus d'assurance possible.

- Méline ! Par ici ! Je suis à la porte de la salle du réacteur. Sers-toi de ma voix pour te guider.

Peine perdue. Elle ne parvenait pas à cacher le tremblement dans sa voix chevrotante.

- Méline ? Lana ? C'est vous ?

L'appel de la nouvelle personne montraient clairement qu'elle craignait cette absence de lumière autant de Lana.

- Dario ? s'enquit-elle d'une voix rendue aïgue par l'angoisse. Oui, c'est nous.

- Ah, ouf ! fit la silhouette rouge qui apparut dans son champ de vision. J'ai cru que c'était un imposteur.

- Pourquoi tu nous innocentes ? demanda Lana plus pour masquer sa peur que par réel intérêt.

- Raphaël a dit que tu t'es soumise à l'analyse, Méline était avec toi tout le temps et tu es encore en vie. Donc je suppose que oui, vous êtes innocentes.

Méline les rejoint, les yeux ronds,un air paniqué sur le visage.

- Nous devons aller réparer la lumière.

- Non, surtout pas ! protesta aussitôt Dario. C'est toujours là que les imposteurs font le plus de victimes !

- Alors il faut laisser les autres se sacrifier ? Lâche ! cracha Lana avec mépris.

En réalité, elle n'en menait pas large, mais tentait de ne pas l'afficher. Dario prit un air embarrassé.

- Non, ce n'est pas ce que j'ai dit ! Il faut juste rester prudents et groupés. Je n'ai pas envie que les deux seules personnes que je sais innocentes meurent !

- D'accord, murmura Lana, peu rassurée. Donnez-moi votre main, il ne faut pas se perdre de vue.

Méline et Dario lui obéirent. Ils avancèrent à tâtons dans le noir. Tous ses sens en éveil, Lana eutta le moindre signe de danger. Elle savait que ses deux compagnons en faisaient de même. Heureusement, ils connaissaient la carte sur le bout des doigts. Rasant les murs, ils arrivèrent à la salle d'électricitéa sans rencontrer d'obsatcle.

Devant le poste de contrôle des lumières, Raphaël était occupé à rétablir le courant. Les trois autres l'aidèrent à finir plus rapidement.

Lana accueilli avec un soulagement nerveux le retour du courant dans les lampes électriques. Elle lâcha un petit rire à mi-chemin entre le bonheur et les larmes.

Raphaël lui jeta un regard consterné puis haussa les épaules et sortit. Ensuite, Dario se tourna vers les deux jeunes filles.

- Vous avez des quêtes ici ? Je n'ai pas envie de rester seul, confessa-t-il, penaud.

- Oui, t'inquiète, le rassura Lana.

Après avoir frôlé la crise de panique dans le noir, elle voulait un maximum de compagnie possible.

- Même si on a aucune preuve de ton innocence, ajouta Méline.

Il se mordilla la lèvre inférieure.

- Et bien, j'ai détruit les astéroïdes devant Matias et Grace. Maël aussi m'a vu, mais c'était un imposteur, et de toute façon il n'est plus là… Et j'ai une hypothèse sur l'identité d'un imposteur.

- Qui est-ce ? demandèrent Lana et Méline d'une seule voix.

Pour la première, cela représentait surtout l'occasion de venger son amie défunte.

- Je le dirais au prochain rapport, pour ne pas avoir à tout expliquer plusieurs fois.

Il contourna la table pour accéder à la partie arrière de la salle. Lana échangea un regard lourd de sens avec Méline. Dario n'était sûrement pas un imposteur. Mais que se passerait-il s'il se faisait tuer d'ici le prochain rapport ? Elles ne pourraient pas savoir qui est-ce qu'il soupçonnait.

Un cri venu du fond de la salle les glaça soudain. Elles se précipitèrent pour voir un corps en combinaison marron étendu sur le sol, la nuque brisée.

- Matias… murmura Dario d'une vois étranglée.

Il sélectionna le bouton de rapport sur sa tablette. Aussitôt, tous les survivants furent téléportés dans la cafétéria.