Lana remarque aussitôt le siège vide de Gabriel, mais elle était trop chamboulée pour y prêter pleinement attention. Malgré sa détresse, elle eut le temps de se faire une réflexion : Maël et Florian n'étaient sûrement pas imposteurs, vu que Gabriel était de leur côté. À moins qu'un autre imposteur qui s'en soit occupé. Ou alors, ils se moquent de perdre des soutiens.

Méline se racla la gorge pour obtenir l'attention. Bouleversée, elle annonça :

- On a trouvé le corps de Justine dans le réacteur…

- Et vous n'avez pas fait de rapport tout de suite ! l'interrompit Léa. Vous êtes restées plantées là sans rien faire !

- Je regardais si elle était encore en vie ! se défendit Lana. Elle a été étranglée par un imposteur qui s'est enfui par la trappe de ventilation !

- Ça, on n'en sait rien, objecta Léa.

- Justement, si, intervint Méline. Si vous voulez bien me laisser finir…

Les deux jeunes filles en bleu clair et en violet se fusillèrent du regard. Sans leur prêter attention, Méline continua :

- On allait au réacteur, Lana et moi, mais les portes se sont verrouillées. Et là, on a entendu la voix de Justine… elle suppliait l'imposteur d'arrêter… quand on l'a appelé, elle nous a dit…

Elle s'arrêta.

- "Ne faites pas confiance aux apparences ! L'imposteur est…", rapporta Lana. On a pas entendu la suite, juste un horrible bruit étranglé…

- Les portes se sont rouvertes et on l'a rejoint, c'est là qu'on a vu les marques sur son cou. L'imposteur a dû s'échapper par la trappe de ventilation après l'avoir étouffée, conclut Méline.

- Votre histoire tient debout, admit Raphaël, songeur. Lana est innocente, c’est sûr, je l’ai vu se soumettre à l’analyse. Moi, j'étais à la salle d'électricité. Et vous ?

- Avec toi répondit Dario. Et Mattéo.

- C'est vrai, confirma ce dernier.

- J'étais à la navigation, déclara Maël. J'y ai vu le corps de Gabriel, mais je n'ai pas eu le temps de faire un rapport car Méline l'a fait avant moi.

Il regarda Léa, Matias et Grace d'un air suspicieux :

- Et vous ?

- Au... au moteur du haut, répondit Léa, visiblement perturbée, et ensuite je suis descendue au réacteur.

- J'étais au boucliers pour les activer, fit Matias.

Tous les regards se tournèrent vers Grace qui ne s'était pas encore exprimée. Elle ne prononça qu'un seul mot, le regard braqué sur Maël :

- Menteur.

Une tempête de murmures se répandit autour de la table. Maël comprit au bout de quelques que c'étais lui qu'elle accusait.

- Moi, menteur ? Et pourquoi d'abord ?

- Parce que, répondit placidement Grace, j'étais à la navigation avec Gabriel, qui était d'ailleurs en parfaite santé quand je l'ai quitté. Il finissait une tâche quand je suis sortie. J'ai croisé Maël qui me regardait d'un air louche, alors je me suis dépêchée. J'ai vu Matias aux boucliers, et je suis allée à la salle de communication.

- Gabriel était déjà mort quand je l'ai aperçu ! protesta Maël. C'est plus probable que tu l'ai tué avant de partir !

- Et tu peux nous décrire sa blessure ? demanda gentiment Matias.

- Bien sûr, s'enorgueillit le garçon en combinaison blanche. Il a clairement été poignardé dans le dos.

- Comme Anh, chuchota Lana, plus troublée qu'elle ne voulait l'admettre.

- Plus précisément au niveau du cœur, avec un poignard noir et arge…

Maël s’interrompit brusquement et fixa Grace qui s’exclama d’un air triomphant :

- Je savais que c’était toi !

Matias hocha la tête.

- C’est évident, tu es tombé dans le piège comme un débutant.

- Quoi ?! Mais… N’importe quoi ! Ça ne peut pas être moi !

L’assemblée suivait attentivement l’échange. Grace expliqua :

- Souvenez-vous, il a dit qu’il a aperçu le corps de Gabriel, mais qu’il n’a pas eu le temps de faire un rapport. Dans ce cas, comment se fait-il qu’il puisse décrire précisément sa blessure ? Soit parce qu’il l’a observé plus longtemps qu’il ne le prétend et sans déclencher de rapport, soit parce que c’est lui qui l’a tué ! Dans tous les cas, il ment et il est coupable !

- C’est faux ! Je ne faisais que faire des suppositions et…

- Arrête ton cirque, Maël, le coupa Raphaël. Personne ne te croit. Tu t’es trahi tout seul.

- Toi ? s’étonna Maël. Mais je croyais que tu me soutenais… On est amis, non ?

- L’amitié n’a rien à voir là-dedans, rétorqua-t-il implacablement. Je ne veux pas d’un ami qui me poignarde dans le dos à la première occasion.

- Littéralement, souffla Méline. Anh aussi a été poignardée dans le dos. C’est toi qui l’as tuée !

Elle appuya sans hésitation sur le bouton “Maël” de sa tablette et tout le monde l’imita. Le résultat s’afficha : 9 votes contre Maël et 1 contre Raphaël.

- Je te hais, cracha le condamné à l’intention de son ami en combinaison bleu foncé.

- Arrête de rager, Maël. Ce que je déteste par-dessus tout, c’est ceux qui prennent plaisir à faire souffrir leurs victimes.

Ses paroles semblaient avoir un sens profond, mais Lana n’eu pas le loisir d’y réfléchir car, avec l’aide de Matias et de Grace, Raphaël amena Maël à côté d’un sas d’éjection, en haut de la cafétéria. Le sas s’ouvrit à leur approche. Lana observa le vide, fascinée par les petites étoiles qui brillaient dans le noir.

Grace obligea l’accusé à la regarder en face et gronda :

- Je t’avais bien dit que tu payerais pour la mort de Anh.

Et elle le balança dans le vide sans autre forme de procès. Lana consulta sa tablette, où la phrase suivante s’était inscrite : “Maël était un imposteur. Il reste 2 imposteurs”.

Alors, elle se rappela : c’était lui, l’éclair blanc qu’elle avait aperçu dans le couloir de la communication.

Joueurs restants (9) : Lana, Méline, Léa, Grace, Dario, Raphaël, Florian, Mattéo, Matias

Imposteurs restants : 2

Équipiers décédés (4) : Anh, Antonin, Justine, Gabriel

Imposteur décédé (1) : Maël