William's family
« I can see you're scared of your emotions
I can see you're hoping you're not hopeless
So why can't you show me ? Why can't you show me ? »
In The Dark — Camila Cabello
L'intérieur de la demeure des Lewis ressemblait trait pour trait à leur appartement français. Le style épuré me rappelait le salon dans lequel je passais mes soirées. On y retrouvait le même genre de tableaux colorés sur les murs, que les parents de William disposaient avec minutie, et les nombreuses photos éparpillées un peu partout.
Je contemplai avec soin chacune d'entre elles, rendant son sourire à mon petit ami miniature figé dans le temps pour l'éternité.
Will et son frère étaient les principaux occupants des cadres photo, l'un malicieux, l'autre plus froid et bougon. Plus les garçons vieillissaient et plus leurs traits de caractère si différents semblaient ériger un fossé entre eux. La complicité que l'on pouvait autrefois deviner dans leurs positions, leurs regards, semblait avoir totalement disparu sur la fin.
Le visage d'Andrew se faisait plus dur au fil des ans alors que celui de William semblait s'illuminer chaque fois un peu plus, comme si l'un avait aspiré l'énergie positive de l'autre, comme des jumeaux maléfiques.
Je tombais aussi sur des portraits de famille si joyeux que c'en était immersif. Une fois de plus, seul le regard indifférent et presque froid d'Andrew détonnait, ce qui le rendait déstabilisant et mystérieux.
Ce garçon avait l'air de tellement souffrir.
Il finit d'ailleurs par disparaître des cadres photo, par des portraits de son frère seul qui semblait avoir perdu tout son sourire comme s'il avait pris la personnalité d'Andrew au moment de sa mort. Je reconnus immédiatement l'éclat mélancolique de ses yeux et son visage fermé, la même apparence qu'il affichait à chaque fois que l'on abordait un peu trop ses problèmes, Antoine, ou le passé.
William s'était arrêté devant un portrait de son frère. Durant une micro seconde il eut l'air complètement ailleurs. Sentant que je l'observais il se reprit instantanément et chercha autre chose à regarder. Il posa alors ses yeux sur un cadre vide qui sembla presque l'électrifier. Il détourna immédiatement le regard et rejoignit sa mère comme si de rien n'était.
Je restai là un instant à fixer les nombreux cadres vides que je n'avais pas encore remarqués et me demandai quel horrible sentiment ils avaient pu refermer, quels souvenirs de famille les Lewis avaient voulu oublier.
Je repensai à Andrew que je n'avais jamais connu et ne pus empêcher mon cœur de se serrer de compassion, pour lui et tous ceux qu'il avait laissés après sa mort.
Je respirai un grand coup et rejoignis Marie et son fils dans la pièce d'à côté. Nous arrivâmes dans le salon où nous attendait le père de William, si classe et distingué dans toute sa simplicité que j'en fus intimidée.
Si j'avais pensé jusqu'alors que Will était le portrait craché de sa mère, je compris en cet instant qu'il était le parfait mélange des deux : surtout au niveau du regard. Si le bleu de Marie, au premier abord parfaitement similaire avec celui de Will, semblait pétiller en toutes occasions on pouvait apercevoir derrière les iris sombres et calmes de Monsieur Lewis le côté tourmenté que possédaient les deux frères, mais que William s'efforçait très souvent de refouler.
Sans avoir eu le temps de me présenter, je fus tirée de ma torpeur quand une fille sublissime aux longs cheveux roux se jeta littéralement dans les bras de mon petit ami.
La greluche se pencha sur lui et écrasa ses lèvres de toutes ses forces sur sa joue. Will semblait avoir quant à lui oublié jusqu'à mon existence, trop occupé à se justifier auprès de miss perfection qui n'avait apparemment pas été mise au courant de son retour. Et non je ne suis pas jalouse... mais je fus malgré tout bien contente qu'il n'ait pas pensé à la contacter.
Apparemment, Will ne l'avait pas non plus prévenue avant de quitter l'Angleterre ce qui l'avait mise en rogne. Elle enchaîna alors sur une succession de phrases plus rapides les unes que les autres rendant son anglais incompréhensible à mon oreille de française.
Je ne pus m'empêcher malgré moi de lui décocher un sourire, cette fille me rappelait étrangement quelqu'un, peut-être Julie version anglaise. La jeune fille l'intercepta et sembla enfin me remarquer.
Ce qu'elle fit alors m'étonna au plus haut point.
Elle lâcha mon petit ami et, comme si nous étions des copines de longue date, se précipita vers moi pour me serrer contre elle. Je fus au début incapable d'esquisser le moindre mouvement, quelque peu déconcertée. William explosa de rire derrière moi tandis que je tapotais gentiment le dos de cette étrangère. La rousse relâcha alors son étreinte et commença à tenter de communiquer avec moi à l'allure d'un avion de chasse. Je clignai des yeux n'ayant pas saisi le quart de ce qu'elle tentait de me dire. Voyant que je ne comprenais pas, elle ralentit son flot de paroles et prit le temps d'articuler pour me parler dans un anglais plus à ma portée.
— Tu dois être Sarah, c'est ça ? Les parents de Will, qui n'a pas daigné me donner de nouvelles, n'ont pas arrêté de me parler de toi. Tu es aussi jolie que dans mon imagination. Je suis vraiment ravie de faire ta connaissance. Oh, j'allais oublier, je m'appelle Kate, mais tu peux m'appeler Katty.
Le temps que j'assimile entièrement ce qu'elle venait de m'annoncer, elle était déjà repartie dans son élan et je me surpris à lui sourire sincèrement. Peut-être m'étais-je un peu enflammée finalement.
Kate annonça alors à William que ses potes étaient impatients de le retrouver et qu'il n'avait pas intérêt à se défiler. Elle nous souhaita alors une bonne fin de journée et s'évapora aussi vite qu'elle était apparue.
Finalement, miss perfection alias Kate avait l'air plus sympathique que je ne l'avais cru.
Kate partie, William prit le temps de me présenter son père. La fierté que j'aperçus dans son regard, et qui se refléta dans les yeux de son paternel quand il me présenta comme sa petite amie, me combla le cœur. Je compris qu'il m'acceptait sans même avoir besoin de m'entendre, car il avait parfaitement confiance en son fils. Jack Lewis me posa tout un tas de questions bienveillantes sur moi, ma vie en France, mes projets, prenant bien soin de me parler lentement pour que je le comprenne et que Will n'ait pas besoin de faire l'interprète.
Contrairement à son fils, il ne pratiquait que très peu le français qu'il trouvait très difficile à apprendre. Ça ne l'empêchait pas de se passionner pour la musique produite dans le pays de son épouse. Il adorait également l'écouter parler français avec son fils, mais n'avait jamais été très doué pour les langues étrangères.
La soirée fut des plus agréables, j'avais l'impression d'être comme chez moi. Dire que j'avais eu peur de venir, je comprenais maintenant que ça ait pu faire rire William gentiment.
À vingt-trois heures, j'écourtai la conversation par compassion pour mon amoureux qui semblait proche de l'effondrement de fatigue. Il avait cessé de parler depuis une bonne demi-heure et soutenait tant bien que mal sa tête, qui avait l'air de peser une tonne, entre ses mains. Marie Lewis se rendant alors compte de la « détresse » dans laquelle se trouvait son fils lui proposa de me montrer notre chambre à coucher.
La chambre de mon petit ami était presque vide. Les étagères parfaitement dépoussiérées avaient dû être vidées lors de son départ pour la France.
Des affaires éparpillées sur son bureau semblaient avoir été volontairement laissées en place par Marie Lewis, peut-être pour avoir l'impression que son fils vivait toujours sous le même toit qu'elle.
La pièce, plus petite que sa cousine française, comportait un lit simple dans le coin à gauche, Marie avait installé un matelas à l'allure peu confortable par terre pour que Will puisse dormir. Nous la remerciâmes innocemment bien que nous sachions tous les deux que ce matelas de fortune ne nous serait d'aucune utilité.
Le petit lit suffirait amplement pour nous deux.
Quitte à être serré autant que ce soit pour de bonnes raisons ? Non ? Je n'allais quand même pas le laisser dormir par terre.
Une fois Madame Lewis partie, nous nous attelâmes à ranger nos maigres bagages. Les placards étant presque intégralement libres nous pûmes facilement encastrer le peu d'affaires que nous avions emmené.
— Alors, comment tu te sens ? Tu n'as pas déjà envie de partir en courant j'espère ?
— Bien sûr que non ! Je n'ai jamais été aussi bien accueillie de ma vie ! J'ai l'impression d'être une princesse. Tes parents sont adorables, vraiment !
— Ouais avec toi, rigola-t-il. C'est parce que tu ne les connais pas encore.
Je souris du coin des lèvres, joueuse.
— Puisqu'on en est aux confessions mon amour, c'est une habitude chez Kate d'être aussi proche de toi ?
— Je rêve où tu viens de m'avouer que tu étais jalouse de Kate ? rigola-t-il.
— Absolument pas !
Le lion cessa de faire le lit pour me faire rouler contre lui.
— Tu sais que tu es terriblement sexy quand tu es jalouse angel ?
Pour toute réponse, je lui mordis violemment l'épaule telle une bête sauvage. William me colla un peu plus, passant ses jambes autour de moi pour m'empêcher de partir. Il enfouit sa tête dans mes cheveux et resta comme ça, un instant sans bouger.
— Ne t'inquiète pas pour Katty, murmura-t-il dans ma chevelure, c'est juste une amie.
J'eus envie de lui dire qu'il était bien naïf, puis je me souvins de l'hospitalité de la jeune fille et sentis en moi une pointe de culpabilité. De toute façon, j'avais confiance en lui, et même si ça me tuait d'avouer que j'étais jalouse, je continuerais à lui faire confiance tant qu'il me prouverait que je le pouvais.
— Mais je ferai attention si ça peut te rassurer.
Alors celle-là, je ne l'avais pas vu venir. Je me mis mécaniquement à lui gratter la tête encore choquée par sa déclaration, sans doute anodine, mais qui me semblait tout droit sortie d'une autre planète.
Ce genre de réaction de ma part me faisait quand même un peu peur, elle me prouvait que, malgré moi et malgré le petit nuage sur lequel je vivais actuellement, je n'avais toujours pas oublié ce qu'avait été ma relation avec Antoine.
Je décidai alors de changer de sujet.
— Tu sais que j'adore quand tu parles avec ta mère.
William se redressa curieux.
— Et pourquoi donc mademoiselle ?
— Je pense que tu ne t'en rends pas compte, mais tu prends un accent anglais quand vous parlez tous les deux. Et je trouve ça irrésistible Mister Lewis.
Je me relevai pour finir le lit, mais William, qui ne semblait pas en avoir envie, me fit littéralement retomber à côté de lui.
Il commença alors à m'embrasser à m'en faire perdre la tête, d'abord doucement, suçotant tendrement ma lèvre inférieure, puis je sentis sa langue franchir mes barrières pour approfondir notre baiser.
Ses mains remontèrent délicatement le long de ma cuisse provoquant chez moi des bouffées de chaleur horriblement agréables. Je laissai ses mains expertes se balader sur mon corps et se perdre dans mes courbes les plus intimes.
Il entreprit alors d'enlever son T-shirt, le désir montant en nous de plus en plus fort et incontrôlable quand, dans notre fougue, nous nous étalâmes de façon très glamour par terre.
Je me retrouvai, grâce à Dieu, face contre terre sur le matelas de complément. William n'eut pas cette chance et s'explosa le dos sur le sol avant d'éclater de rire.
— WILLIAM LEWIS, cria une voix féminine à l'autre bout du couloir ! Je croyais que tu étais fatigué ! Si tu casses toute la maison, c'est toi qui rembourseras !
— Dire que tu la trouvais cool, murmura-t-il tout doucement, n'osant plus faire un bruit de peur de déclencher les foudres de sa mère.
Je me moquai gentiment de lui, qui ressemblait à un petit garçon effrayé de se faire gronder, et l'aidai à se relever.
— Ne te plains pas, le taquinai-je, tu as vu ma tante ?
— Ouais... ce n'est pas faux...
Je le serrai dans mes bras et l'embrassai, mais le repoussai gentiment quand il essaya de reprendre où nous nous en étions arrêtés. Avant que les choses ne dérapent à nouveau, je lui tournai le dos pour finir de faire ce satané lit.
— Viens m'aider au lieu de faire cette tête ! lui dis-je sans avoir besoin de le regarder pour visualiser son visage de moineau dépité.
— Je comprends : tu veux me rendre fou, c'est ça ? demanda-t-il aux portes du désespoir.
— Mais non idiot ! D'un, je n'ai pas envie de me faire prendre par ta mère en pleine action qui plus est le premier jour de notre rencontre et, de deux, tu as l'air complètement épuisé. Si tu voyais tes cernes...
— C'est vrai que je suis complètement crevé, dit-il en bâillant.
Il m'adressa alors, dans toute sa splendeur, un clin d'œil irrésistible avant de s'installer, confortablement, sous la couette que je venais juste de mettre.
— Eh ! C'est mon lit ! râlai-je.
— Oh, mais il y a largement assez de place pour deux !
Il souleva la couverture et s'enfonça un peu sur la gauche du matelas pour me laisser de la place. Je vins m'allonger dans ses bras posant ma tête contre son torse bien plus confortable que l'oreiller. Il se cala un peu plus contre moi, cherchant sa position.
— Good night my love, me dit-il simplement avant de m'accompagner dans un long sommeil bien mérité.
*****************
Les voyages font grandir...
Vous ne trouvez pas ?
Un peu douceur pour vous accompagner dans cette petite soirée, cette douce journée,
J'espère que ce petit chapitre vous aura plu,
Lily <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top