Quand l'amour et l'amour se rencontrent

« We all need that someone who gets you like no one else

Right when you need it the most

We all need a soul to rely on, a shoulder to cry on

A friend through the highs and the lows. »

Alone part 2 - Alan Walker

          Je me réveillai ce jour-là avec un mal de tête atroce. Et non, cela ne venait pas du fait que je m'étais redressée subitement, me cognant malencontreusement la tête au plafond. Celui-ci descendait juste au-dessus de mon lit, ma chambre se situant sous les combles de la maison.

Je repoussai ma couette pour ne pas étouffer de chaleur et me dirigeai d'un pas trainant dans la salle de bain à l'autre bout de la pièce. Comme chaque jour, lent, inutile et lassant, je me préparai pour partir au lycée, encore dans les vapes.

J'entendis résonner le réveil de mon frère, Alex, de l'autre côté du mur. S'en suivit un fracas monumental signifiant probablement que l'appareil n'était plus de ce monde.

Alex avait dix-huit ans depuis près de cinq mois, nous étions tous les deux en terminale au lycée Simone Weil. C'était un garçon très calme, d'environ une tête de plus que moi. Ses yeux bruns, assortis à ses cheveux, lui donnaient un air ténébreux qui me faisait souvent rire et donnait lieu à beaucoup de chamailleries. Il avait pourtant acquis ce regard-là trois ans plus tôt, durant une période peu réjouissante de notre vie, qui ne donnait lieu à aucun badinage entre nous. Déstabilisé par les tragiques événements, ses notes avaient dégringolé jusqu'à son redoublement.

Égoïstement, j'étais contente de l'avoir chaque jour près de moi dans les couloirs parfois sombres du lycée. Pourquoi ? Parce qu'il ne me restait que lui depuis la mort de nos parents.

          Nous vivions tous les deux chez notre tante, Noémie, que j'aurais pu appeler « tata chérie d'amour » si je m'étais réveillée un tantinet plus sarcastique.

Noémie avait été désignée comme notre tutrice légale à la mort de nos parents. Notre relation s'était fortement dégradée depuis l'accident et malgré la promesse que je m'étais faite de respecter le choix de mes parents, j'arrivais de moins en moins à accepter son comportement sans broncher.

Sa dernière folie avait été de me pousser dans les bras du fils de sa meilleure amie, Antoine Lacombe, pour l'empêcher de succomber sous l'effet d'une hypothétique dépression chronique qui le suivait, soi-disant, à la trace.

Antoine s'était amouraché de moi, s'accrochant à ma personne comme à une bouée de sauvetage qu'il n'hésiterait pas à enfoncer sous l'eau si ça lui permettait de garder la tête à la surface. Noémie avait passé des mois à me travailler au corps et à me menacer de tout et n'importe quoi pour que je cède. À ma plus grande honte, elle avait fini par gagner quand j'avais accepté, il y a un an environ, de laisser une chance à Antoine.

Évidemment je m'en mordais aujourd'hui les doigts, coincée dans cette situation sur laquelle j'avais parfois l'impression de n'avoir aucune emprise.

          Antoine était ce que l'on pourrait appeler un « gros dur du lycée » : populaire, sportif, beau, adulé, mais qui, lorsqu'on lui cherche des embrouilles, préfère répondre par la force plutôt que de trouver un terrain d'entente... macho et peu réfléchi. Un stéréotype tout droit sorti des séries américaines. Une personne à l'opposé des valeurs qui comptaient à mes yeux.

J'avais conscience que ça ne pouvait plus durer et je réfléchissais depuis un bon moment au moyen de mettre un terme à cette mascarade sans m'attirer trop de problèmes. J'en étais venue à la conclusion qu'il n'y aurait pas de solution miracle. Le mieux que j'avais à faire, pour mon bien être personnel, était de miser sur la franchise et de rompre avec lui le plus rapidement possible.

J'espérais en tous les cas me tromper et que les réactions des uns et des autres ne seraient pas trop excessives. J'espérais avoir la force de ne pas reculer. Que dirait ma tante ? Avait-elle le droit de dire quoi que ce soit ? Se servirait-elle du souvenir de mes parents pour me faire culpabiliser ? Et eux que diraient-ils s'ils pouvaient encore parler ? N'était-ce pas mal de se débarrasser du garçon qui m'avait épaulé pendant mon deuil trois ans plus tôt ? Il avait tellement changé... ma tante avait tellement changé... que nous était-il arrivé ?

          Je secouai la tête pour reprendre mes esprits. Une tâche bien plus ardue m'attendait dès à présent et elle méritait toute ma concentration : pénétrer dans la chambre mitoyenne et tout mettre en œuvre pour réveiller mon chauffeur attitré.

Je fus étonnée de ne pas trouver Alex dans son lit, mais à la fenêtre de sa chambre, en train d'observer la rue avec un « regard de la mort qui tue » plaqué sur le visage.

— Je suis prête, murmurai-je.

           Il acquiesça en silence et me congédia d'un geste de la main sans lâcher une seule seconde sa cible du regard. Je haussai les épaules, mais préférai le laisser à ses songes. Je refermai donc la porte de son antre derrière moi et descendis pour l'attendre dehors.

Je n'eus pas le temps d'empoigner ma veste que je sentis un souffle désagréable dans mon dos. Le parfum de Noémie me picota les narines et me permit de la reconnaître avant même qu'elle ne me prenne dans ses bras. Un gloussement émana du tréfonds de sa gorge sans que je n'en comprenne la signification. Je l'observai indécise.

— Alex, mon petit cœur, tu ferais mieux de descendre. Il n'est pas bon d'arriver en retard, s'écria-t-elle en direction de l'escalier.

          Noémie tendit l'oreille, attendant qu'Alex se manifeste. Une fois satisfaite, elle m'accorda à nouveau son attention. Elle me fixa gentiment de ses yeux verts, puis se baissa à ma hauteur pour embrasser ma joue.

— Bonne journée ma chérie, souffla-t-elle en accompagnant ses paroles d'un sourire tendre.

          M'avait-elle appelé ma chérie ? Et ce sourire, je ne lui connaissais pas ? Pendant que j'essuyais, tant bien que mal, ma joue que ses lèvres avaient marquée, mon frère passa derrière moi et me glissa à l'oreille :

— Antoine t'attend dehors... rejoins-moi dans la voiture. Au fait, bon anniversaire !

          Bon anniversaire ? C'était mon anniversaire ? Ce détail m'était complètement sorti de la tête. Je m'approchai rapidement du calendrier mural qui trônait dans le salon afin de vérifier l'information. Nous étions effectivement le 28 septembre, je venais d'avoir dix-sept ans et j'avais bien l'intention de fêter cette occasion par une séparation.

Malheureusement pour moi, l'affection subite de Noémie n'avait rien à voir avec la date du jour et elle risquait de s'évaporer dès lors que je m'offrirai mon cadeau d'anniversaire personnel. J'entendis les gloussements de Noémie s'éloigner et eus le temps de la regarder jeter un œil dehors. Je suivis son regard et tombai sans étonnement sur mon petit ami assis sur le capot rutilant de sa Mercedes. 

Prenant mon courage à deux mains, je me précipitai presque dans sa direction pour ne pas me laisser le temps de me dégonfler. Je ne tardai pas à arriver à sa hauteur tandis qu'il suivait chacun de mes gestes, ses lèvres étirées par un sourire diabolique.

— Antoine, il faut qu'on parle, dis-je simplement.

          La phrase classique qui aurait fait tilt chez n'importe quel individu normalement constitué n'eut pas d'effet sur lui. Il ignora d'ailleurs totalement ma demande en buvant une gorgée de 1664, comme si de rien n'était. Un fin filet de boisson coula le long de son menton. Il s'empressa de l'essuyer avec la manche de son sweat-shirt pour enfin me porter attention.

— Bon anniversaire poupée, me lança-t-il.

          Je m'avançai un peu plus en soupirant : il me prenait vraiment pour une abrutie. Je n'avais pas l'intention de laisser retourner une nouvelle fois la situation. Il était temps que ça cesse avant que je ne sorte de mes gonds.

Il se redressa à mon approche, sa canette de bière toujours en main. Il la serrait fort comme si sa vie en dépendait et l'odeur d'alcool, dont il empestait, prouvait d'ailleurs que cette dépendance n'était pas une fiction. Après un long silence, et une dizaine d'entortillages de doigts, je finis par reprendre la parole :

— Ne m'appelle pas poupée, tu sais que je déteste ça. Tu as bu non ? ne puis-je m'empêcher de demander de manière totalement rhétorique.

— À peine ! railla-t-il, avant de s'avachir de nouveau sur sa voiture.

— Tu viens me chercher en voiture complètement bourré... génial. Tu te rends au moins compte de ce que tu fais ?

          Pour toute réponse, il leva ses fesses de son capot éclatant et se rapprocha de moi, encore et toujours, supprimant ainsi la distance de sécurité que j'avais laissée entre nous. Je devais à présent lever les yeux pour entrevoir son visage, sa bouche à quelques centimètres de la mienne. Je ne flanchai pas.

— C'est toi qui me perturbes bébé ! Et ça, dit-il en indiquant sa canette, c'est notre compagnon de route.

          Il leva sa main vers mon visage me faisant instinctivement reculer de trois pas. Ces gestes étant ralentis par l'alcool il resta le bras planté en l'air, s'attendant vainement à toucher ma peau.

— Tu me prends pour qui Antoine ? J'en ai assez ! Je te le répète, il faut qu'on parle !

— On a beaucoup mieux à faire que parler.

          Il me reluqua, m'adressant un regard qui se voulait aguicheur, un sourire d'entière satisfaction se lisant sur ses lèvres. Puis, comme si je n'avais rien dit, il s'approcha pour de nouveau combler l'espace nous séparant. Je retins un haut-le-cœur quand l'odeur de l'alcool et du tabac emplit à nouveau mes narines, et m'empressai de le repousser lorsqu'il se pencha pour m'embrasser.

Je ne pus m'empêcher de penser à toutes ces filles, ne le connaissant que de visu, qui pourraient tuer pour qu'Antoine leur prête ne serait-ce qu'une seconde d'attention. Moi, j'aurais tout donné pour pouvoir le gifler.

Il est vrai qu'il cachait bien son jeu : des traits angéliques, un sourire à rendre jaloux Apollon, une carrure assurée et rassurante. Mais ses yeux gris encadrés de longs cils et sa peau hâlée par le soleil de la côte cachaient bien d'autres desseins que ceux de la générosité et de l'empathie. J'avais appris à mes dépens que sa beauté se résumait à une enveloppe hermétique refermant la crétinerie dans toute sa puissance.

Reprenant mon courage à deux mains je choisis d'utiliser une méthode simple, mais efficace : lui balancer des phrases bateaux et pas très compliquées qui devraient vite lui faire passer le message :

— Antoine, ça ne peut plus marcher entre nous.

          « Comme si ça avait marché un jour », pensai-je avant de me ressaisir.

— Je suis désolée, mais j'en ai assez de faire semblant. J'ai essayé de rectifier le tir, je t'assure, mais je ne ressens plus rien pour toi. Je ne suis pas celle qu'il te faut, continuai-je.

— Je te demande pardon ? gronda-t-il.

          Je sentis la colère monter en lui, comme la lave d'un volcan proche de l'explosion. Il fronça les sourcils, noircissant ainsi les traits de ses yeux, et sa peau se teinta d'un rouge de mauvais augure. Ses poings se resserrèrent autour de sa canette de 1664 qui crissa légèrement, se déformant sous la force de ses doigts. Je tremblai instinctivement face à la réaction presque maléfique de son corps. Je cessai de respirer un instant, telle une proie face à son prédateur, puis je réussis à reprendre mes esprits. Je savais qu'il fallait que cette conversation finisse vite, pour pouvoir partir avant qu'il ne réagisse.

— C'est fini, oublie-moi.

              En quelques mots ce fut terminé, expédié comme une lettre à la poste. Si seulement cette lettre pouvait ne pas avoir d'accusé de réception.

Je fis demi-tour courant presque pour rejoindre le garage de Noémie, le laissant planté là en espérant qu'il ne me suivrait pas. Dans un élan de frayeur, je jetai un coup d'œil en arrière afin de savoir si je devais, ou non, accélérer le pas. Antoine n'avait pas bougé et me regardait m'éloigner la bouche grande ouverte comme s'il venait d'apercevoir un ovni. Je devais sûrement y être pour quelque chose... de toute façon il m'aurait déjà oubliée d'ici une heure avec une de ses nombreuses admiratrices. Il ne perdrait pas de temps pour les entraîner sous ses draps comme il avait tenté, tant de fois, de le faire avec moi.

          La porte automatique du garage s'ouvrit en timing parfait avec ma fuite maladroite. Je sautai presque sur le fauteuil passager, au côté de mon frère, qui démarra immédiatement. Une fois loin de mon ex, la tension de mon corps ne tarda pas à retomber et je me laissai dévorer par une vague assez surprenante de fatigue.

Je fermai les yeux un instant, la tête reposant sur mon siège. Le regard insistant d'Alex m'extirpa de mon cocon au seuil de la porte de Morphée. Je soupirai légèrement, cherchant l'énergie qui me serait nécessaire pour répondre à ses questions, puis je lui racontai la discussion que je venais d'avoir avec Antoine tout en gardant résolument les yeux clos. J'entendis quelques rires nerveux. Même dans le noir je savais que son mimétisme reflétait de l'inquiétude, cette inquiétude que je craignais plus que tout, cette inquiétude qui me tenaillait les tripes. Mais mon frère m'approuvait, avait attendu cet instant avec impatience, et rien que pour ça je lui fis face lui offrant le sourire le plus rassurant que j'avais en réserve pour lui faire oublier son anxiété passagère. Nous aurions tout le loisir d'avoir la frousse lorsque ma tante apprendrait la nouvelle de la bouche de sa chère Madame Lacombe : puisqu'il était hors de question que je la mette au courant. Je n'allais quand même pas volontairement me condamner à mort.

          « Plus qu'un an », pensai-je en essayant d'apercevoir la mer au loin. Dans un an j'aurais dix-huit ans, je trouverai un job et je pourrai enfin partir ! « Tout se passera bien », songeai-je alors que le lycée se profilait à l'horizon : un bâtiment sur deux petits étages, tout dans la longueur.

Le soleil commençait juste d'apparaître lorsque mon frère se gara à notre place habituelle au fond du parking. La température de l'air était glaciale. Une légère brise marine souffla sur ma peau, dont les poils se hérissèrent, lorsque j'ouvris la portière de la voiture. Le soleil avait beau briller, splendide, je ne parvenais pas à en sentir la chaleur.

Alex, lui, avait simplement revêtu un T-shirt manche longue qu'il avait remonté au niveau de ses coudes, mais ça ne le gênait pas le moins du monde. « Il est dingue ». Je lui fis un signe de la main pour le remercier, remontai la fermeture éclair de ma veste en similicuir, avant de me précipiter à l'intérieur du bâtiment.

La chaleur des lieux m'irradia instantanément, déclenchant d'agréables picotements aux extrémités mes doigts. Je patientai ainsi un instant, au calme dans un coin du hall d'entrée du bâtiment, pour laisser le temps à mon corps de retrouver sa contenance. Mon moment de répit fut de courte durée, rapidement coupé par la sonnerie retentissante du début des cours et l'océan de soupirs des lycéens l'accompagnant.

Ma meilleure amie, Julie, me repéra à l'autre extrémité du hall et me hurla un grand « JOYEUX ANNIVERSAIRE » avant de me rejoindre en courant. Elle me saisit par le bras et m'entraîna vers la salle d'histoire d'un pas rapide, me racontant sa soirée de la veille en détail. Je ne l'écoutai que d'une oreille essayant de slalomer entre les élèves pour atteindre, sans commettre d'accidents, notre salle à l'autre bout du corridor.

Nous fîmes une halte à l'entrée, pile le temps pour moi de respirer un grand coup et de plaquer un sourire parfait sur mon visage, un sourire faux qui voulait dire que « tout allait bien dans le meilleur des mondes ». Julie fut la première à passer le pas de la porte, en trottinant presque, de très bonne humeur.

Je pénétrai à mon tour dans la pièce, et me dirigeai directement vers le porte-manteau pour me débarrasser de la veste qui m'avait bien servi à l'extérieur.

Il ne me fallut alors qu'une fraction de seconde pour me retourner et me figer sur place en le voyant. Je me sentis tellement mal et tellement bien en le regardant, complètement déboussolée, comme si mon cœur n'allait jamais arrêter sa course folle, comme si j'étais dans un rêve éveillé, comme s'il était sorti de mes pensées les plus douces ou de mes cauchemars les plus secrets. Je me sentis à la fois nauséeuse et excitée, une foule de sensations auxquelles je n'avais jamais goûté.

Je me reculai un peu contre le porte-manteau, à l'abri des regards, pour mieux le contempler. Je me surpris à fixer indécemment ses cheveux blonds en bataille, indomptables, dans lesquels il passa sa main pour masquer la gêne qu'il devait ressentir à se trouver debout face à des personnes encore inconnues.

Lorsqu'il retira sa main de sa chevelure, et que celle-ci reprit sa forme naturelle, quelques mèches dorées caressèrent son visage passant paisiblement devant l'iris turquoise de ses yeux. Les traits presque familiers de son visage étaient d'une régularité incroyablement parfaite. Le T-shirt blanc col V qu'il portait lui allait à merveille. Le textile dessinait parfaitement les lignes de son torse, dont on apercevait facilement la musculature. La carrure céleste de ses épaules faillit m'arracher un soupir qui resta coincé dans ma gorge quand le nouveau, sûrement agacé par mes lourdes observations, tourna son regard dans ma direction.

Je détournai immédiatement les yeux, rougis, et fis mine de chercher quelque chose dans ma veste. Par miracle, mon portable était resté dans la poche de celle-ci. Je le saisis, comme si de rien n'était, et le glissai dans la poche arrière de mon jean avant de rejoindre ma place.

           Je remarquai alors qu'Antoine avait déserté notre table, pour mon plus grand plaisir, pour s'asseoir aux côtés de Kelly : une fille aux longs cheveux blonds et au beau visage saupoudré de maquillage tel un petit sucre d'orge... ou un cupcake un peu chimique et coloré. Elle le regardait, la mine pleine d'espoir. Antoine ne lui prêtait étrangement aucune attention. Son regard s'était figé dans le temps, au tableau, qu'il regardait avec mépris.

Je ne m'attardai pas sur mon ex-prétendant, préférant retourner mon attention sur le nouveau que je ne méprisais pour ma part pas du tout. Je fus assez surprise de constater que je n'avais pas rêvé : il était toujours là, devant la classe, écoutant la prof d'histoire lui expliquer quelque chose d'inaudible pour le restant des élèves. Il était bien là et magnifiquement parfait.

Je n'avais qu'une chose à dire : Antoine avait du mouron à se faire et vu la tête qu'il tirait il devait certainement s'en douter.

          Cinq minutes s'écoulèrent avant que notre professeur nous demande de nous calmer. Je remarquai alors que je n'étais pas la seule obnubilée par la présence de l'inconnu : tous les regards étaient tournés vers lui attendant une explication.

Il était étonnant de le voir ici : nous n'avions quasiment jamais de nouveaux élèves dans le lycée. La ville n'était pas très grande et l'on y trouvait surtout des touristes en quête de tranquillité au bord de l'eau : peu de gens emménageaient ici, la plupart visant les grandes villes de la côte. Tout le monde se connaissait et un peu de nouveauté ne nous ferait pas de mal.

          L'enseignante nous regarda tour à tour attendant que nos chuchotements cessent. Les murmures s'arrêtèrent enfin et Madame Serin prit la parole.

— Bonjour à tous. Mademoiselle Muller, dit-elle à l'adresse de la voisine d'Antoine qui ne cessait de glousser, je vous prierai de cesser immédiatement vos pitreries, il n'y a absolument rien de drôle.

          Kelly afficha une mine hautaine qui ne plut guère au professeur. Face au silence sévère de cette dernière, ma camarade préféra baisser la tête tout en entortillant nerveusement ses doigts : de simples petits gestes qui entraînèrent le rire de Julie assise deux tables plus loin.

Ma meilleure amie s'étrangla, coupée dans son élan par le regard noir de Madame Serin qui commençait sérieusement à perdre patience. Tandis qu'elle toussait, pour éviter de s'étouffer avec sa propre salive, l'enseignante prit enfin la parole.

— Je vous présente William Lewis. Il est arrivé en France il y a quelques jours et suivra dorénavant les cours dans notre lycée, au sein de cette classe. J'espère que vous montrerez à ce jeune homme toutes les ressources que peut lui offrir notre établissement ainsi que notre belle et vieille France.

          Elle plaça une main sur son cœur, emportée par l'élan de patriotisme émanant son discours. En face d'elle, nous, simples élèves, cherchions tour à tour à éviter l'explosion d'un rire mutuel.

— Montrez-lui à quel point nos élèves sont accueillants...

          Ce fut l'affirmation de trop, qui entraîna malencontreusement des éclats de rire. Tout le monde savait à quel point les nouveaux avaient du mal à se faire une place parmi nous.

Je me souvins de l'arrivée de Julie en ville, environ un an après le décès de mes parents. Je m'étais tout de suite attachée à elle, ce qui lui avait évité pas mal d'ennuis avec certaines personnes qui cherchaient toujours une nouvelle victime à bizuter.

Je ne me fis pourtant pas trop de soucis pour le nouveau, il s'en sortirait très bien... si Antoine ne s'en mêlait pas.

— Monsieur Lewis, continua mon enseignante une fois les rires calmés, vous pourrez vous asseoir à la place libre à côté de Mademoiselle Cartier. Cela vous conviendrait-il, Mademoiselle ?

          Ces quelques mots me réveillèrent instantanément, je levai les yeux en direction de Madame Serin pour m'assurer que j'avais bien entendu. « Si vous voulez m'envoyer à l'infirmerie c'est la bonne solution », avais-je envie de répondre. Au lieu de ça, je hochai frénétiquement la tête, gardant le silence afin de mieux contrôler le malaise insondable qui était en train de monter en moi : une chaleur étrange et étrangère.

Je calai ma tête entre mes bras pour respirer plus calmement. Lorsque le nouveau passa à côté de la table de Kelly, celle-ci s'empressa de lancer un petit commentaire.

— Un vrai canon ! minauda-t-elle juste assez fort pour qu'il puisse l'entendre.

— Un vrai connard ! ne put s'empêcher de scander Antoine avec mépris.

          À peine arrivé et la guerre avait déjà commencé. Sans étonnement Antoine annonçait déjà le ton de leur future relation sans même prendre le temps de le connaître. Le nouveau lui adressa un sourire narquois en guise de réponse et passa son chemin : une grande histoire d'amour venait de naître entre ces deux-là.

Je baissai rapidement le regard pour éviter de croiser celui de mon ex. Du coup, je l'entendis à peine s'asseoir à côté de moi et sursautai lorsqu'il me salua.

— Excuse-moi, dit-il, je ne voulais pas t'effrayer.

          Il se pencha récupérer ses affaires dans son sac à dos Eastpak gris, avant de les étaler sur la table. Il se tourna ensuite vers moi, attendant que je dise quelque chose.

— Ce n'est pas grave, répondis-je, j'étais perdue dans mes pensées... tu t'y habitueras vite. Je m'appelle Sarah, Sarah Cartier.

— Enchanté, moi c'est William, me dit-il avec un sourire éblouissant.

          « Avec un sourire comme ça, il doit sûrement utiliser du dentifrice signal ultra-blancheur », pensai-je avant de ricaner bêtement dans ma barbe. Ça étonna la grande timide que j'étais de le voir en face de moi, tout à fait l'aise comme s'il avait fréquenté les lieux depuis toujours. Il ne semblait pas être du genre à se laisser marcher sur les pieds : un très bon point pour lui et sa survie.

— Excuse-moi si je me trompe, mais tu es anglais ou américain peut-être ? repris-je histoire de réprimer mon comportement de groupie déchaînée qui risquait d'éclater au grand jour.

          Mes joues s'échauffaient à vue d'œil et je savais très bien que je n'allais pas tarder à m'empourprer.

— Oui, je suis anglais. Ma famille vient de Reading. Je ne pense pas que tu connaisses ? C'est à une heure de Londres environ.

          Il se stoppa un instant, l'étonnement se dessinant sur son visage.

— Comment as-tu deviné ?

          J'eus un instant l'impression de déceler un malaise au plus profond de ses yeux, comme si je l'avais démasqué. Il attendit ma réponse ne prenant même pas la peine de cacher sa curiosité. Il semblait s'attendre à une réponse extraordinaire. « Tu vas être déçu », songeai-je.

— S'appeler Lewis ce n'est pas très courant en France... enfin, c'est un nom de famille à consonance anglophone. Et puis Madame Serin a dit que tu étais arrivé en France hier : ça m'a mis la puce à l'oreille !

— La puce à l'oreille ? répéta-t-il intrigué et sans une once d'accent.

          Je ne pus m'empêcher de rire devant sa mine déconfite. Je ne pouvais pas lui en vouloir : lorsqu'on y pense, certaines expressions ont l'air de sortir de nulle part ! Son ignorance sembla l'agacer quelque peu, ce qui me donna fortement envie de le taquiner. Mais, décidant d'être gentille avec lui en ce premier jour je lui appris, d'un ton amusé, qu'il s'agissait seulement d'une expression française.

Mes explications ne semblèrent pas lui suffire, si bien qu'il continua de me regarder fixement en attendant la suite. La curiosité ne cessait de se lire sur les traits de son visage, ce qui me fit doucement rire. Il ne s'en vexa pas le moins du monde et me sourit en retour, tout à fait à son aise.

— Comment t'expliquer... repris-je. Ça veut juste dire que : c'est le détail qui m'a permis de comprendre.

        Sa curiosité enfin satisfaite, il m'offrit le plus beau des regards avant de se détourner comme si de rien n'était. S'il n'arrêtait pas tout de suite, j'allais finir par tomber dans les pommes, et ses yeux... « Concentre-toi, pense à autre chose ! ».

J'eus l'impression hilarante de me trouver dans le remake bidon d'un film californien à l'eau de rose : à pleurer de rire. Tout ce qu'il y a de niais et d'écœurant. Sauf que le héros s'appelait William au lieu de Brian, qu'il n'était pas refait de la tête au pied et qu'il était loin de m'écœurer.

— Tu es plutôt bronzé pour un anglais ! Sans vouloir te vexer, ni sous-entendre quoi que ce soit... me repris-je en me mordant la langue. Comment ça se fait que tu parles si bien le français ?

          « C'est bien Sarah, bon détournement de conversation». William sortit un stylo de sa trousse et commença à recopier les notes que notre professeure d'histoire avait inscrites au tableau. Il n'avait pas l'air de prêter attention à ce que je venais de lui dire et n'avait pas l'air près de me répondre non plus.

Je levai les yeux de ma feuille, apercevant malencontreusement Antoine qui nous tuait du regard, quand que mon voisin de table choisit enfin de me répondre.

— Ma mère est française. Je tiens beaucoup plus d'elle que de mon père : elle est plutôt mate de peau. Elle m'a quasiment toujours parlé français et j'adore ce pays : je pense que ça aide. Pour l'accent, et cætera.

          Il était de nouveau tourné vers moi et me scrutait avec intensité. J'eus peur de l'agacer avec mes questions même si ça n'avait pas l'air d'être le cas... une véritable énigme.

Une chose étrange se produisit alors, je sentis la chaleur du rougissement de ma peau soudainement m'emporter. Il ne s'agissait pas d'un rougissement de timidité ou encore de gêne. J'eus l'impression que l'on venait de m'enfoncer un poignard dans la poitrine et que l'on s'amusait à le retourner pour creuser encore plus loin dans ma chair.

Je connaissais parfaitement l'origine d'une telle douleur, mais je ne l'avais pas ressentie depuis si longtemps qu'elle me cloua sur place. C'était la première fois que ça se produisait depuis environ deux ans. J'étais presque parvenue à oublier cette sensation désagréable.

Comment se faisait-il qu'elle réapparût, là, maintenant ?

— Tu as des parents... murmurai-je un peu malgré moi.

          Bien sûr qu'il en avait ! C'est dans la normalité des choses d'en avoir. La plupart des adolescents n'étaient pas orphelins. Pourquoi j'avais si mal ? Vu le regard qu'il me jeta, il n'eut pas l'air de comprendre où je voulais en venir.

— Oui, j'ai des parents, dit-il simplement. Ça ne va pas ?

— Je... Excuse-moi. C'est stupide, je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Je ne réagis pas comme ça d'habitude, rassure-toi, baragouinai-je. Mes parents sont morts dans un accident de voiture il y a trois ans, lui avouai-je de but en blanc avant de détourner mes yeux en direction du tableau.

          Je m'empressai de prendre la leçon sentant toujours son regard peser sur moi. Il avait l'air de chercher ses mots.

— Désolé, je... je ne savais pas.

          Je m'arrachai à ma copie pour plonger mes yeux dans les siens m'attendant à de l'indifférence. J'y trouvai pourtant une profonde compassion qui me scotcha. Je me mordillai alors les lèvres, plutôt gênée.

Il ne me connaissait pas et je venais de lui confier un de mes secrets les plus personnels — bien que ça ne soit plus vraiment un secret vu que tout le monde était au courant, mais je n'avais absolument pas l'habitude d'en parler à des étrangers et encore moins de me confier.

La tristesse qu'il sembla ressentir pour moi, simple inconnue, me déstabilisa complètement. Je n'avais pas l'habitude que l'on s'intéresse réellement à ce que je pouvais ressentir. D'ordinaire, c'est moi qui tentais de comprendre les autres, pas l'inverse. Ma lèvre inférieure commença à trembler. Je détournai mon regard du sien, avant que mes yeux ne fassent des leurs. La professeure d'histoire nous fixait en attendant que nous nous concentrions.

— Je sais que vous avez hâte de faire connaissance, mais si vous me le permettez j'aimerais pouvoir continuer mon cours. Et, Monsieur Lewis, il n'est pas recommandé de se faire repérer dès le premier jour.

— Je suis vraiment désolé, murmura l'intéressé aussi bien pour moi que pour Madame Serin. »

          II n'ajouta plus un mot et je passai, de mon côté, le reste du cours à regarder ma professeure tout en étant loin, divaguant dans mes pensées.

J'étais, normalement, une élève attentive, mais aujourd'hui, je ne me sentais pas d'écouter un discours sur je ne sais quel grand gouvernant ou régime politique d'un ancien temps. Je ne cessais généralement pas de redoubler d'efforts, faisant de mon mieux à chaque instant, enfermant mon mal être dans les ouvrages de fiction ou les manuels de cours pour oublier mon quotidien. Je me devais de réussir ma vie. Je me devais de les rendre fiers, peu importe l'endroit où ils se trouvaient aujourd'hui, et ce malgré mes nombreuses erreurs.

Mais, à ce moment-là, le cœur n'y était pas, comme si le nouveau avait déjà détruit mes barrières.

          Le reste de la journée se déroula de la même façon. Antoine avait déserté sa place à côté de moi dans quasiment tous les cours. Je n'étais à côté de Julie qu'en espagnol et en science et vie de la terre. Par conséquent, William prit place à côté de moi le reste du temps. Pour le meilleur ou pour le pire.

*

*          *

          Je me couchai tôt ce soir-là, mais ma nuit fut mouvementée. Je pensai à cet inconnu aux cheveux d'or.

Pourquoi avait-il quitté son pays alors qu'il y vivait depuis l'enfance ? Comment se pouvait-il que, dès notre premier échange, j'eusse ressenti de l'amitié pour ce garçon qui m'était encore mystérieux ? De la tendresse presque, comme si j'étais déjà attachée à lui, comme si sa trace avait été écrite quelque part dans mon âme.

Je repensai à notre courte conversation : il était anglais, moi je n'avais jamais mis les pieds en Angleterre. Pourtant c'était un pays que j'admirais d'une façon inexplicable : sûrement pour sa culture et son langage que je trouvais mélodieux.

J'aurais vraiment aimé voyager, mais je n'avais vu de ma vie que la France, pays de mon enfance, pays où ma mère m'avait mise au monde dix-sept ans plus tôt.

J'éteins la lumière après avoir jeté un dernier coup d'œil à la photo de mes parents, trônant sur ma table de chevet. « Bonne nuit », murmurai-je. Je finis par m'endormir au bout de ce qui me sembla être l'éternité. Un sommeil lourd et peuplé de souvenirs cauchemardesques.

          J'avais quatorze ans. Comme chaque semaine, je me réveillai le sourire aux lèvres : nous étions le week-end j'allais pouvoir me reposer, faire ce que je voulais sans me soucier du collège et de tout ce qui le suivait.

Je rejoignis la cuisine pour prendre un petit déjeuner en famille : Alex, moi, maman et papa. Je sentis l'odeur des viennoiseries encore chaudes que mon père était allé chercher dans la matinée. Cette bonne odeur de pâtisseries qui me mit l'eau à la bouche !

Mes parents devaient aller, en fin de matinée, faire un petit tour en ville afin de refaire la garde-robe de mon père : une tâche plus que délicate.

Maman nous proposa, à Alex et à moi, de prendre le bus pour que l'on puisse se rejoindre là-bas afin d'aller tous les quatre au cinéma le soir même. Je me souvins avoir regardé mon frère avant d'acquiescer, légèrement ennuyée. Il ne fallait pas se méprendre, car j'adorai le cinéma ; malheureusement personne n'avait les mêmes goûts cinématographiques dans la famille... ce qui enclenchait toujours de grandes polémiques quand il s'agissait de regarder un film tous ensemble.

          Mon père et ma mère partirent donc et je restai plantée là, avec Alex. Vers midi je m'attelai à préparer le repas : la grande préparation des pâtes au beurre ! Je me mis à « cuisiner » tout en chantonnant un morceau, bien pourri, dont je ne me rappelais même plus le nom, mais qui refusait de sortir de ma tête. Je fis mes devoirs l'après-midi, comme la bonne petite élève que j'étais.

Vers dix-sept heures, je décidai de regarder la télévision. Le bus n'allait pas tarder à passer, mais je m'étais déjà préparée pour notre sortie, j'avais donc encore du temps pour ne rien faire. Je regardai une série télévisée américaine dans le genre de « Friends », quand l'horreur me survint : la série fut coupée par un flash spécial.

Quelque chose de vraiment grave avait dû se passer : deux fous du volant avaient pris l'autoroute à contresens. Ils avaient provoqué un immense accident, la voiture qui avait tout pris était une 308 grise comme celle de mes parents.

Je sentis mon cœur battre dans ma poitrine lorsque je vis le nom des morts. Tout d'abord, je n'esquissai aucun mouvement, complètement choquée et dépassée par les événements. Je clignai plusieurs fois des yeux face à l'écran, complètement déconnectée. De fines perles commencèrent à rouler sur ma peau surchauffée. Ma série se remit en route, et je fus prise de spasmes violents.

En bas de l'écran, l'information de l'accident continuait de défiler sous forme de longues phrases qui me semblèrent inintelligibles. Je ne pus contenir plus longtemps cette douleur lancinante qui venait d'irradier mon cœur m'empêchant presque de respirer. La tête me tourna violemment et je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps : des torrents de larmes sombres qui n'en finissaient plus. Des hurlements, aussi désespérés qu'incontrôlables, s'échappèrent de ma bouche. On aurait dit le son d'un animal, celui d'un animal blessé. Mon petit coin de paradis était en train de s'effondrer : je ne reverrai plus jamais mes parents.

Le téléphone du salon résonna, je savais déjà pourquoi. Je serrai mes genoux contre ma poitrine et ne cessai de me balancer d'avant en arrière dans un geste machinal, comme si tout m'échappait, même mon propre corps.

Mon frère descendit, affolé par mes pleurs et saisit le combiné qui n'avait pas cessé de sonner. En un instant je vis son regard se décomposer. Il marmonna quelque chose à son interlocuteur avant de s'effondrer près de moi. Il fut tout d'abord aussi choqué que je l'avais été, n'osant pas bouger. Puis, il explosa dans une rage folle. Se laissant porter par ses émotions, jurant à n'en plus finir. Dans un moment de lucidité, il se stoppa. Je vis ses yeux rougir à une vitesse affolante.

Le temps semblait ne pas vouloir se mettre en pause pour nous laisser l'occasion de comprendre.

Il me serra contre lui et se laissa aller à son tour. Alex pleurait rarement, c'était un grand optimiste. Pourtant, ce jour-là, il pleura longtemps, tout contre moi qui l'accompagnais dans cette longue plainte douloureuse. Puis, sans qu'aucun de nous deux ne s'en aperçoive, nous nous endormîmes épuisés par le chagrin et par une douleur saisissante.

         Tout s'enchaîna, l'enterrement, le testament que mes parents avaient laissé, l'emménagement chez tante Noémie, Antoine.

J'avais arrêté de voir la vie en rose depuis ce jour-là, cette chienne de vie qui ne cessait de m'infliger des claques pour me garder éveillée. Je sais que j'aurais dû me relever, arrêter de désespérer, mais j'avais parfois l'impression que le destin s'acharnait contre moi, comme si le noir me suivait depuis ce jour.

Pourtant, aujourd'hui m'avait semblé différent. Une lumière nouvelle avait cicatrisé cette ancienne obscurité, une lumière guidée par un sourire éblouissant.

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Une touche d'amour, un peu de simplicité, un peu de clichés,

Je l'avoue, 

Mais j'ai toujours aimé montrer que les moments les plus simples et les plus joyeux peuvent cacher bien des choses,

Ne faites pas toujours confiance aux sourires derrière les masques.

Pour les curieux : je vous invite à tourner quelques pages.

Bienvenue dans ma sombre contrée,

Lily <3

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