9-A découvert
-12 Septembre 2061-
Chacun de mes mouvements ont leur utilité : ne pas croiser Kevin. Je quitte avec minutie le fourgon blindé, sans perdre Amanda de vue, et me glisse dans le second. Le petit abris en taule couvre la moitié du deuxième engin, qui avec la mousse, ne est plus aussi propre qu'avant.
Patient, j'attends Viviane. Dans le rétroviseur, je l'aperçois discuter avec mon frère avant qu'elle n'arrive. Une pointe inconnue pique ma poitrine. Elle a pris le temps d'enfiler un pull léopard et un jean noir, troué à son genoux gauche, ainsi que d'apporter un sac.
Elle revient et jette son sac derrière nos fauteuils.
- Il faudra que tu te changes.
- Pourquoi ?
J'observe ma tenue et remarque l'impératif. Ma mémoire a zappée l'entièreté de la situation, mon haut taché et déchiré ne passe pas.
Mon amie allume le moteur.
- Tu as dit à Kevin que je t'accompagnais ?
- Non, personne ne le sait et il vaut mieux que ça reste ainsi. Penses à mettre la casquette et la capuche, il ne manquerait plus qu'on te voie.
Je me racle la gorge, soudain mal à l'aise.
- Euh ... En parlant de ça ...
J'enjambe les fauteuils et ouvre le sac. Il y a un pantalon aussi noir que le sien et un sweat de la même couleur.
- Je t'écoute ?
Vivian empreinte le premier chemin en direction du secteur 6. J'enfile rapidement les vêtements et reprends ma place tout en ajoutant ma casquette.
- Quand on a eu l'accident, on est tombés dans une embuscade. Deux soldats nous attendaient.
- Ils vous ont vu ?
Ma voix se fait hésitante.
- O ... Oui.
Ses épaules s'affaissent.
- En plus de l'attaque, les drones doivent grouiller de partout maintenant !, me fâche-t-elle.
- C'était aussi le cas avant, ajouté-je pour détendre l'atmosphère, un sourire au coin des lèvres qui s'imprime sur les siennes.
Sous les branches d'arbres, des goutes percent et s'écrasent sur le parebrise d'une transparence incroyable. Même l'odeur du cuir neuf embaume l'habitacle.
- Ne soit pas cynique, on dirait un enfant.
Elle m'envoie un coup de coude dans les côtes. Je fais semblant d'avoir mal et nous rions en parfaite harmonie, ce qui répand une vague de frissons sur ma peau blanche.
Je préfère ne rien ajouter. Viviane est le genre de personne qu'on ne contredit pas.
Deux heures suffisent pour arriver à la limite du 6. A cause du souffle de la bombe, des arbres sont couchés et côtoient les pâquerettes. Nous longeons la délimitation de barbelés, surplombant une vallée de logements précaires. Sur la plupart, la peinture écaillée a été soufflée, les vitres explosées et certains murs se sont effondrés. Il n'y a pas un chat dans ces rues sombres bordées de fondations grisâtres.
Cinq cents mètres plus loin, nous nous arrêtons à proximité d'un immense bâtiment. Cet entrepôt réhabilité en hôpital est le seul du secteur. La taule grise a été laissée comme telle et des portes rouges comme la croix en forme de plus parsèment ses côtés. Chaque secteur à son unité médicale. Je descends de la voiture et accompagne la portière pour réduire son bruit au minimum.
- On a pas beaucoup de temps, observe Viviane.
A des kilomètres, au-dessus des maisons, des drones patrouillent sans répit. Je saisis le sac qu'elle me tend et l'enfile sur mon épaule droite. Je repousse les barbelés pour laisser un passage assez grand pour nous. Mon sweat s'attache mais je le retire d'un coup sec sans causer de trous, merci.
L'herbe haute qui s'étend sur trois cents mètres, nous protège d'éventuels soldats. Je les repousse, un coup à droite, un coup à gauche, priant pour qu'elles ne renferment pas de quelconques bestioles de type serpents. Viviane ouvre la marche jusqu'à une porte secondaire. Son grincement me fait serrer les dents, j'espère que tout le monde est parti, dans le cas contraire, nous sommes démasqués avant même d'avoir franchi le pas de la porte.
Nous avançons à petits pas, Viviane tient un fusil prête à tirer sur le moindre mouvement suspect. Je me sens un peu exposé sans rien pour me protéger. Les couloirs, éclairés par un groupe électrogène de secours, me rappellent ceux de mon ancien "chez moi". Blancs, propres, vitrifiés, des tuyaux un peu partout ... Un frison me parcourt.
Seules différences notables sont les bancs et fauteuils bleus ciels ou verts clairs positionnés sous les fenêtres.
Plus l'on avance, plus cet endroit me rend claustrophobe, mon cœur se presse tout en battant à un rythme effréné. Les souvenirs, enfouis pendant deux ans, remontent douloureusement à la surface. Plus mes yeux clignent, plus ils apparaissent. Je revois Alix, Thomas et les sept autres personnes dans ce bunker, le corps de Colombe et leurs visions ...
Je m'arrête, essoufflé et m'appuie contre l'un des murs.
- Tout va bien ?, s'inquiète Viviane en remarquant mon absence près d'elle.
- Je ... Je ...
Aucun mot ne sort, mes poumons manquent d'air et sifflent. Elle s'approche et plaque sa main dans mon dos.
- Si ça va pas, tu peux attendre dehors, je me débrouillerai.
- Non ... C'est bon, je vais y arriver.
Je me détache du mur et reprends la marche jusqu'à une porte vitrée qui donne sur des frigos réservés pour les poches de sang. J'en déduis la présence de médicaments. Viviane ouvre la porte ainsi que mon sac. Je regarde chaque étagère et prends une grande partie des médicaments sans même regarder leur noms. On ne sait pas ce qui nous attend demain et autant avoir de quoi l'affronter. Je vide les placards en laissant un ou deux tubes ou plaquettes.
- Il faut qu'on y aille.
Je prend une dernière poignée d'instruments chirurgicaux et saisis l'un des inhalateurs enfuient dans le sac pour calmer mes sifflements. Pschitt, une dose libère mes poumons.
- On remballe, annonçé-je.
Cette fois-ci, j'ouvre la marche. Les couloirs sont calmes, presque trop calmes, ce qui fait imaginer à mes oreilles toutes sortes de bruits. Mes mains tremblent. Mon estomac est noué. Je ne suis pas habitué à ce genre de situation.
Je m'engage dans le dernier couloir quand nous tombons nez à nez avec un homme au cheveux grisonnant.
Mon cœur cesse de battre. Il tient un arme, volée surement, et nous menace avec.
- Qui êtes-vous ?
Viviane n'a pas attendu pour le tenir en joue.
- Lâchez votre arme, demande-t-elle en retenant sa peur.
- Qui êtes-vous !
Son ton est plus ferme.
- De simples citoyens.
Je baisse la tête, me rappelant, qu'elle est mise à prix pour la cacher un maximum sous ma casquette. L'homme réajuste sa prise.
- Nous ne vous voulons aucun mal. Nos familles ont été blessées dans l'attaque. On est juste venus prendre les médicaments qu'il nous faut, complète-t-elle dans l'espoir d'être plus persuasive.
- Pourquoi il ne parle pas !
- Il est muet.
Sa réponse me surprend autant qu'elle. Je tente de redresser ma tête pour paraître plus crédible mais mon regard me trahit. Ma tête, affichée un peu partout, est connue de tous à présent, surtout des Rejetés qui rêvent de la bourse qui leur sera offert.
Il entame un pas en arrière où un bouton est fixé sur le mur. Je ne veux même pas savoir à quoi il sert.
- Ne bougez plus !, m'exclamé-je.
C'est la menace de trop, il se retourne et plonge sur le bouton. Malheureusement, il est arrêté dans sa course et s'effondre en se tenant le ventre ...
***
Hey !
Voici un petit aperçut du monde extérieur et des relations entre les individues.
Sont-ils démasqués ?
La suite arrive Mercredi.
Merci à tout ceux qui manifeste leur enthousiasme vis à vis de cette histoire, ça me ravie tellement. ^^
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