86-L'ironie du sort

-4 Janvier 2062-

J'inspire un grand bol d'air frais. Un larme ondulent sur ma pommette.

Je ne suis pas un capitaine, je suis un passager clandestin qui dès qu'il a rejoint la terre ferme souffre du mal de mer.

Qu'est-ce-qui est vrai ? Cette scène m'est étrangère. Thomas était parti un matin, après un accord mutuel avec son père. Il a disparu sans rien me dire mais quelque mois plus tard, je le retrouvai dans la bunker.

Je me saisis de la petite statuette du bar sur roulette. Le bronze pèse son poids.

Les yeux de mon mentor papillonnent.

- Comment faites-vous pour manipuler mon esprit ? Ce souvenir n'existe pas. Ne pouvez-vous pas être réglo pour une fois ?

Je le menace. L'objet l'attend derrière ma tête s'impatiente, il aimerait tant déformer ce visage perfectionner par les mensonges. Un masque ne saurait cacher sa véritable personnalité, en revanche, une arme le pourrait. Chez cet homme, l'intérieur est encore plus pourri que l'extérieur.

- Tu as inversé les puces.

Sa colle arrache une mince couche de poil. L'objet scintille d'une teinte bleuté, sa couche transparente me permet de voir le mécanisme technologique. Un "D" noir s'impose sur la face.

- J'ai aidé à la création de ces puces et du sérum. Par conséquent, leur utilisation m'est familière. L'erreur que tu viens de commettre ma permise de te rendre un souvenir. Je l'avais caché de peur que tu devienne un Exilé.

- Alors tout ça est vrai ?, balbutié-je.

L'émotion me submerge. Mon navire coule devant mes yeux et je crains que ma barque ne supporte pas le choc de l'ouragan.

Je viens une nouvelle à regretter cette tentative ratée et mon exécution prévu mercredi. La vie, c'est comme des montagnes russes. Il y a des montées, des descentes, des loopings ... Comment puis-je stopper la machine ? Puis, Vi fait irruption dans mon esprit. Elle est là, pas très loin et moi seul sait quel est le bouton "stop".

- Je t'ai protégé.

Sa voix atone me donne la frousse.

- Vous avez juste repousser l'inévitable.

Si mes souvenirs n'avaient pas été modifié, j'aurais peut-être pût profiter de ma famille. Kevin n'aurait pas rejoint l'Implosion et j'aurais sauver Alix à ce diner. Je suis la poussière de l'univers, qui une fois atteint l'engrenage, se glisse entre les écrous et fait tout imploser.

Oui, bon, j'avoue que mon melon grossit à vu d'œil.

- Qu'avez-vous modifié d'autre ?

Savoir que ma mémoire a été trafiquer me donne envie de vomir. Un seul souvenir ne changera pas qui je suis mais si tout un pan de ma mémoire a été transforme, cela signifierait que je ne suis pas Nick. Un imposteur aux yeux de tout le monde. Le pire dans tout ça, c'est que j'aurais réussit à me tromper moi-même.

- Uniquement ce souvenir. Nick, je te considérai comme mon propre fils, toutes les cartes étaient entre tes mains pour réussir.

Je souffle, soulagé, mais ma poigne s'affermit un peu plus sur le trophée. Mon imagination esquisse un croquis plutôt plaisant.

L'arme du crimes git sur le sol, poisseuse de sang. Leferts, évanouie sur son fauteuil, le crâne fracturé, succomberait dix minutes plus tard d'un arrêt cérébrale.

Je suis Nick du secteur 7.

- Que comptes-tu faire de moi ? Le système explose en mille morceaux et personne n'est capable de les rattraper.

- La mort reviendrait à faire de moi un meurtrier ..., réfléchis-je à haute voix.

- Parce que tu ne l'es pas déjà ? L'Expansion a fait de nous tous des meurtrier, me coupe-t-il.

Le trophée entame une descende vertigineuse.

Par ses mots, je mobilise un effort monstrueux pour garder mon calme. Il me faut des propos cohérents et pas un sac d'injures. J'énumère mentalement les issues, je connais leur débuts mais pas leur fin. C'est à moi de la créer.

J'opte donc pour la carte Leferts. Subtilité et mesure.

- Comment imaginiez-vous votre fin ? Vous voyez vous sur une île paradisiaque ? Dans une maison à la campagne ? Ou entouré de mouton en haut d'une montagne ?

- La mort nous rattrape tous mais sache qu'il n'y a pas de plus belle fin que celle qu'on choisit. Etant donné que tu me poses la question, je vais te répondre en toute franchise.

Il desserre le noueux de sa cravate rayé au couleur de son drapeau. Le bordeaux prend le dessus sur les rainures blanches.

- Je voyais ici, le soleil se couche à l'horizon et les étoiles émergent. Les luminaires s'éclairent en quinconce. A loin, le Mur sombre comme tant de Rejetés ont sombré. Une nouvelle nuit de calme pour ma trente cinquième année à la tête de ce pays. Les habitants de l'Enceinte se sente redevable car j'ai ôté un poids de leur poitrine. Le danger n'existe plus, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de pays. Ce soir là, entouré d'une bonne bouteille, je m'endormirai devant ma création.

La scène fait saigner mes yeux.

La porte s'ouvre. Mon bras s'engourdit à cause du poids de la statuette. Kevin entre en premier suivit par Vi, Léni et Alix. Cette dernière ne cherche pas à enfouir son dégoût, si Kevin ne lui tenait pas son poignet, elle l'aurait dégommé d'une balle dans le cœur. 

Vi entrelace sa main dans la mienne pour me retirer l'arme de mon hypothétique crime.

Leferts est cerné.

- Qu'allons-nous faire de lui ?, demande-t-elle. Les Rejetés vont commencer à investir la ville. Il risque d'être dilapidé si nous n'agissons pas au plus tôt.

- Il a bien mérité son sort, laissons leur, propose Alix.

Des postillons rageux pleuvent sur le sol. Kevin est obligé de mettre tout son poids pour retenir son ex-copine.

Je médite son dernier tableau. La discussion et les dernières révélations m'aide à peindre une nouvelle toile. Certes, elle n'appartiendra pas à l'avenir de la France au sens large, mais se restreindra à celui de Leferts.

A cet instant, mon rôle n'est pas de méditer sur un futur prochain. L'Implosion où les Rejetés se chargeront de tout ça, néanmoins, mon travail reste de trouver une place à ce rat ...

Je bute sur se dernier mot, fort inspirant.

Et la lumière fut ...

- Nous allons l'enfermé dans l'antre de sa création. Quoi de mieux pour un génie que de tester en grandeur nature son œuvre, expliqué-je. Leferts va croupir dans le Buker jusqu'à ce que les choses aille mieux. Il aura droit, comme tout homme, à un jugement équitable.

Fière de ma réponse, Vi m'encourage d'une pression sur ma main. Sa chaleur corporelle, augmenté durant le combat, imbibe mon organisme d'une bouffée de confiance.

- On le descends, avertit Kevin.

Avec Léni, ils le prennent sous les aisselles et le traine dehors.

Comme nous le disons si bien : loin des yeux, loin du cœur. Le mien se vide quand la porte se ferme. Le trophée s'échappe de mes doigts et rebondit sur le sol. La moquette se troue.

Il suffirait d'une innocente allumette pour embraser cette section. Avant, elle était synonyme d'espoir, aujourd'hui, elle m'inspire du dégoût.

- Pourquoi le gardes-tu en vie ? Des partisans à sa cause pourrait le libérer, m'interroge Alix.

Son avis sur la question crève les yeux.

- Je suis de son avis, ajoute Vi.

Ça m'étonne d'elle, ma copine a toujours eu un différent avec Alix. Pourquoi ? Je ne sais pas.

- La mort ne règle pas tout. La rivière se transforme en torrent de sang, illustré-je.

- Nick, je te comprends mais Leferts mérite la mort. Le sang appelle le sang, récite Vi.

Un éclair vengeur voile sa vision. Quelque chose est arrivée, je le découvrirai bientôt mais pour le moment, il me reste une case à cocher.

Ma liste devient une métaphore du temps. Elle diminue inévitablement.

M'évader. Chek.

Retrouver Vi. Chek.

Régler nos divergences avec Kevin. Check.

Arrêter Leferts. Check.

Le prochain point s'avère être la montagne la plus haute : ma mère. Rien qu'à y penser, mon cœur bloque sur ces pensés.

La situation n'est-elle pas ironique ? J'ai créer ce qui a détruit ma mère. 

Au fond, je suis persuadé qu'elle nous a déjà quitté mais je me force à garder espoir.

- Personne ne mérite de mourir. Nous trainons assez de fantôme.

- J'espère que tu maitrises la situation, hésite Alix.

- Elle est entre mes mains, ne t'inquiète pas, mentis-je.

Nous grimpons dans l'ascenseur. J'abandonne le bureau de mon ancien mentor, et ses tapisseries encrées dans ma mémoire. Les battants se ferment et m'ôte d'un poids. L'enfant d'autrefois, remplit d'erreurs et de mensonges, s'envolent vers un passé clos à jamais. La clef scelle les grilles de cet univers remplit de songe s'envole. Un colombe dans la nuit.

Au rez-de-chaussé, nous réorganisons l'espace pour qu'il paraissent le moins suspect possible. Les corps séparé de leur conscient remplissent un bonne part du hall d'entrée. Je croise les doigts pour qu'il se réveille après notre départ.

Léni et mon frère nous retrouve après quelque minute.

- C'est bon, il est enfermé. Normalement, sous la trappe, personne ne mettra la main sur lui, nous renseigne-t-il.  Par contre, si on le retrouve amoché, j'y suis pour rien.

Il lève les bras. Je scrute mon frère munit de sa plus belle innocence.

- J'avais besoin de passer mes nerfs, se protégè-t-il.

- Parce que la fusillade ne t'a pas suffit ?, tance Alix. C'est un coup de chance que nous soyons tout en vie et en un seul morceau.

- Elle a raison. La chance nous lâchera dès la première occasion. Si ça se trouve, la fusillade étaient du gâteau face à ce qui nous attend. Le retour sera compliqué.

Viviane m'étonne de plus en plus.

- Comment allons-nous faire pour rentrer ?, s'informe Léni.

- Nous devrons nous diviser. Il reste toujours trois véhicule dans le bâtiment en cas de besoin. Nous prendrons le premier et l'autre groupe le deuxième. Nous passerons pas les sous-terrains.

- Je vais avec Léni, décide Kevin.

- Non, j'ai besoin de toi à mes côtés, confié-je. Il nous reste une dernière course.

Il acquiesce.

- J'irai avec lui ne vous en faites pas, concède la rousse. A deux nous parviendrons à passer la frontière. Où nous retrouverons-nous ?

- Chez Noa, statut mon frère.

Je me tourne vers Vi. Son attention virevolte loin de nous. Tracassée, je sens qu'elle retient une dure réalité.

 - D'accord mais je veux savoir une chose avant de partir : où est ma mère ?

Mon reflet apparait dans les yeux de ma copine à l'instant où Alix prononce ses mots. Mon esprit se ferme, imperméable, à de mauvaises nouvelles. Il est comme l'estomac d'un enfant après un gouté d'anniversaire. Remplit de sucres -ici, les mauvaises nouvelles- il refuse d'ingurgiter quoi que ce soit d'autre.

- Chez Noa, divulgue Viviane.

Sa voix est lointaine, faible et chevrotante.

Le radiateur du groupe, Kevin, place sa main en évidence. Prêt à réchauffer l'ambiance, il entame :

- A l'Implosion.

Nous recouvrons sa main d'exclamations pensives et de paumes polies par la bataille.

Le pire rampe à nos pieds. L'heure est venu de laisser le monde au bien vouloir d'un hypothétique dieux. L'Implosion réside dans nos mémoires mais nos cœurs nous mène vers les seuls personnes qui nous serons toujours fidèle : notre famille ... 

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