78-Le bourgeon

-4 Janvier 2062-

[PDV Viviane]

Le tambour dans mon cœur ne cesse de réclamer son due. Du sang. Il envoie, pompe, projette une quantité astronomique de globule rouge pour maintenir mon organisme en état de marche.

Après avoir tressauté, la caméras, fixée sur le torse d'Ackim se stabilise. Je reconnais l'intérieur du van volé. Mon cerveau fait l'inventaire des dernières images. La boule dans ma gorge se renforce.

Ils étaient trois. Ils ne sont plus que deux.

On croirait entendre l'une de ses phrases d'accroche cinématographique. Mais sommes-nous dans un film ? La fiction se confond avec la réalité et la différenciation des deux est de plus en plus ardu.

Il est mort. Loïs, mon meilleur ami d'enfance, mon ancien centre de gravité, vient de rendre l'âme. L'angle privilégié par notre ex-soldat me condamne à d'atroces supposition. Le coup de feu est parti, Ackim n'a pas bougé et plusieurs minutes après Connor a abattu cette femme.

Les signes crèvent les yeux. Aux miens, cette célèbre tête blonde représentait des moments joyeux et léger. Guitare à la main, nous jouions pour les plus démunie. Nous laissions dans notre passage une vague de sourire et d'applaudissement. Mon oreille perçois encore se claquement de main si particulier. Il me comblait de joie.

Loïs avait un cœur en or. Définition même de l'altruisme, il donnait sa nourriture à un enfant affamé et se privé lui-même des plaisir d'un bout de pain frais. Je regrette cette époque de maraudeurs qui n'a duré qu'un été.

Loïs m'avait toujours soutenu et aidé. Il m'arrivait un problème ? Il arrivait, tel un prince sur son cheval blanc, me secourir. Combien de fois m'a-t-il ramassée à la petite cuillère après une journée de dur labeur ?  Je ne les compte même plus.

Le soir, quand toute mes forces avaient fini dans la cueillette de tomates, il me nourrissait comme le ferait un père et me bordait. Ces nuits là, je dormais d'un sommeil profond.

Je porte ma main à ma bouche et pousse un petit cri pour étouffer mes larmes. Je renifle et me retourne. Le regard de mes amis me met mal à l'aise. Me considère-t-on comme une gamine à pleurer ?

Amanda, un main derrière le dos, m'accompagne près de l'escalier. Il demeure sur ces lattes de bois des combinaisons trop grande ou trop petite pour nous trois.

- Ça va allez.

Ce n'était pas une question mais sa voix me réconforte. Je me plaque contre sa poitrine. Amanda est arrivée à l'Implosion quatre mois après "l'exécution" publique d'Alix. Chagrinée et révoltée, elle a rejoint l'Implosion pour venger sa famille. Son mari puis sa fille. La fatalité de son existence l'a mené sur le sentier du trépas. 

- Elle ..., pleurniché-je. Elle l'a tué.

L'étreinte de ses bras se resserre. J'enfouis mon nez dans son tee-shirt aux senteurs forestières. Depuis son arrivée et son lien de parenté avec Alix, Amanda est devenu une mère pour l'Implosion.

- Loïs était mon ami. Pourquoi ... Pourquoi lui ?

Ma plainte réveille les fantômes de la bâtisse.

- Nous ne pouvons gagner aucune partie face à la vie. Par un moyen ou un autre, elle réussi à biaiser le jeu.

Ces mots, les plus magnifiques jamais entendu, s'enracine dans ma tête.

- Maintenant, toi seule peut choisir entre te relever ou sombrer. Es-tu forte, Viviane ? Es-tu prête à défier une fois de plus cette entité ?

Je ravale ma salive.

- Tu as pourtant dit qu'elle était invincible, relevé-je.

- Pour le moment, personne ne dit que tu es forte qu'elle.

Je me décale et relève mes épaules.

- Loïs était peut-être derrière Ackim. Nous ne savons rien pour le moment, nous attendrons leur retour.

Mes larmes se calment et ma tête se dresse.

"Je suis Viviane du secteur 5 et partisane de l'Implosion. Ecoute-moi bien le vie, je viens te défier. Cette fois-ci, je contrerai tes attaques et te ridiculiserait."

Elle m'indique de la tête que nous devons rejoindre les autres. Je m'accroche à sa présence.

Au pied des baie vitrée, une foule se regroupe. Le leadeur dicte ses ordres, fusil à la main et drapeau sous le bras. La façon dont ils sont plié m'empêche de voir le motif. Le premier est vert et le second bleu ciel.

Nous avons perdu trop de temps et cela me rend folle. Voir cet attroupement réveille mes principes et mon opinion. Quand mon tempérament se manifeste, il prends la forme d'un tornade classé F6 sur l'échelle de Fujita. Le rouleau venteux balaie tout sur son passage, ma raison n'existe plus.

- Je viens avec vous, déclare Amanda.

Kevin ouvre la bouche mais elle le rattrape.

- Ce n'est pas discutable. Deux bras de plus vous sauverons peut-être la vie. Je viens, répète-t-elle comme pour inscrire l'idée sur un bloc de marbre.

- Ok mais suis-moi pour récupérer les affaires.

Kevin et Amanda monte donc au premier étage.

Mes pieds me porte vers la baie vitrée condamnée. Sa texture lisse et froide fait naître une infime brûlure sur la pulpe de mes doigts.

Les exclamations s'accroissent tout comme le nombre de personnes. L'homme, plus en hauteur grâce à une cagette, s'époumone à réclamer vengeance. L'attroupement martèle haut et fort ses opinions.

Ces gens vont donner leur vie pour une cause juste. Ils ne sont pas les premier, au non bien au contraire, ils seront les derniers. Cependant, suis-je prête à voir tout ce monde courir vers l'au-delà ?

Nos amis sont probablement mort à l'heure où je parle et l'Enceinte dois être bourrée de soldats près à contrattaquer. Et si c'était un piège ? Tout le monde sait que le Mur regorge d'armes parée à abattre quiconque s'y approchera de trop prêt.

Et c'est là que mon imagination s'emballe.

Ayden a mis au point ses bombes destructrices mais qui dit que, personne du côté du gouvernement, ne dépasse son génie ? L'idée fait son chemin un peu trop vite.

- Vi, où vas-tu ?

J'évite son bras et m'élance de l'autre côté de la porte. La chienne me suit mais je lui ordonne de s'assoir, elle m'obéis. Elle me lorgne, l'air suppliant. Le vent frais me griffe le visage. Ce rapide changement de température transit mon organisme.

Dehors, le vent et les cris augmente de volume. Je me fraie un passage et sème des regard noirs. Un cou de coude plus un jeu d'épaule plus tard, je repousse une bonne vingtaine de personne. Au premier rang, je coupe cours à ma course. Le bout de mes rangers pile face à une caisse. Je devine avec une certaine facilité ce qu'elle contient.

- Ce soir, nous vengerons notre famille ! UnS fois cette muraille à terre, personne ne pourra plus contester notre précarité  !, s'enhardit le garçon.

Entre deux âge, la barbe trop longue et les cheveux au niveau des épaules, je repousse sa totale présence sur ce piédestal. Ses yeux sont aux niveaux des miens, nous sommes sur un pied d'égalité.

- Que fais-tu ? Ta place n'est pas là.

A cette distance, je sens son odeur qui me soulève l'estomac. J'écarte ses veines tentative pour me faire descendre.

Une bourrasque de vent emporte ma tignasse et révèle mon visage. Ces yeux s'arrondissent. Sa force décroit.

- Vous ne pouvez pas y aller. Ils n'attendent que ça.

- Retourne à ta place ma mignonne, quémande-t-il avec une politesse désobligeante.

Dans la foule, je découvre des visages familiers, des frères d'armes, parmi des inconnus, comme l'homme à ma droite. Le brasier ardent qui coulent dans mes veines commande mon geste. La paume de ma main rejoint dans un claquement singulier sa joie assombrit par la crasse.

- Le fait que je sois une femme ne vous permet pas de m'appeler ainsi !

Cette fois-ci, je prends la liberté de m'adresser à tout le monde, pas qu'à nos anciens partisans.

- Derrière ce rempart se cache des armes chargées à bloc. Elles vous fusilleront dès que vous serez à portez de tire. Pensez à vos enfants, à votre famille ...

Je perds de l'assurance. Ils ne m'écoutent pas, ils préfèrent pailler des mots submergé les uns par les autres.

L'homme revient à la charge. Il avance vers moi, je recule. Sa puanteur me redonne la nausée. J'oublie la marche qui me sépare du sol et manque de m'étaler. Il continue sa provocation alors qu'une demi-lune se dessine.

- Justement, c'est à eux que nous pensons. N'en as-tu pas marre de vivre au jour le jour sans savoir si demain tu auras assez de vivres pour nourrir ta famille ? Nos vêtements sont sales, les poubelles s'entassent et nous mourrons de fatigue. Le gouvernement nous a promis un vaccin contre l'Epidémie. Il est arrivé trop tard.

- Et nous ? L'Implosion s'est vous.

- Désolé mais l'Implosion a claqué par deux fois sans rien faire avancer. Nous avions espoir en vous. Vous nous aviez sauvé de la Troisième Guerre Mondiale mais qu'en est-il des Rejetés ? Instaurer un nouveau gouvernement nous intéresse plus. Au diable, la Constitution !

Il se gratte la gorge et régurgite un crachas à mes pieds. Au bruit de sa bouche, je comprends que ce n'était pas volontaire. Sa salive, rosie, atteste d'une maladie qui le détruit de l'intérieur.

- Renan nous a utiliser pour mener à bien sa  vision du monde. Ne vous inquiétez pas, le mal a été vaincu, la France restera à jamais le berceau de la République mais pour cela, nous nous devons d'appliquer la justice.

- Renan est mort ?, métonné-je.

- Un ami a découvert son journal. Il projeté d'asservir le peuple français à une terreur que nous avons connu par le passé. Il voulait faire disparaitre la Démocratie pour un état totalitaire et assujetti à son image.

"La France bourgeon de la nouvelle vague dictatoriale". Je vois déjà les titres placardé contre les murs des maisons décrépies. Heureusement, ils ont agi à temps.

- Que voulez-vous ?

Telle est la question. La fameuse, la magnifique, la suprême question.

- Ce que nous voulons, réfléchit-il ...  La vengeance. L'Enceinte doit souffrir et voir ce que nous sommes devenu. Ce n'est plus une question d'avenir mais d'équité.

La foule se met en mouvement. Quatre personne emporte le cageot où réside la bombe. La rue se vide pour ne laisser qu'une poignée d'individu. Je maintient ma tête haute.

Il me tourne le dos. Deux minutes suffisent pour drainer l'information. Cet homme n'a pas tout à fait tord. Il a même raison ...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top