77.1-Me bello

Pour garder l'aspect qualitatif de ce chapitre et de votre lecture, j'ai pris la décision de le couper en deux parties distinctes. Si ce chapitre était resté en une seule partie, il aurait fait plus de 3 000 mots, maintenant, il n'en fait plus que 1 800 (77.1) et 2 200 (77.2).

-4 Janvier 2062-

[PDV Connor]

Dimanche. Sur les sept putain de jours qui compose une semaine, il a fallut qu'on tombe sur celui là.

Ce septième jour représente beaucoup pour moi. C'était le jour de la messe. J'y allais avec mes parents quand il était encore en vie. Nous priions, dégustons l'hostie et bénissons nos morts.

"Que Dieu vous accompagne vers de plus verts pâturage. La nuit, brillez comme les étoiles dans le ciel, et le jour, veillez sur les vivants, derrière vos nuages".

Un dimanche, l'Implosion est naît dans ce vaste Hangar perdu au milieu du secteur 7. Je l'avais fait pour mes parents, révoltés de la première heure. Puis et venu le tour d'Alix.

Et oui, la fameuse rousse qui nous a bien fait tourner en bourrique. Ma plus vielle amie. Un jour, je l'ai aimé, ce Hangar était fait pour nous. Un futur toit pour nos futurs enfants. Mais n'imaginez pas que je regrette ce dimanche là. Je ne l'effacerai pour rien au monde. Sans elle -sans lui- je ne serais pas là, assis dans le van avec le garçon que je pense aimer.

L'amour, aussi complexe soit-il, représente la seule chose dont je me méfie. Elle m'a étreint comme le fond des parents aimants avant de disparaitre prématurément.

Si Alix n'avait pas eu sa place dans mon cœur et si elle ne m'avait pas rejeté, Ackim ne serait pas là.

Mon plus gros défaut est mon altruisme. Je fais confiance à des gens -beaucoup de gens- mais je pars du principe qu'en l'accordant, les gens en feront bonne usage. Vous pouvez contester ma vision mais cela ne changera rien.

Je suis tel que je suis. Un garçon, noir, qui apprécie beaucoup un autre garçon qu'il a connu il y a peu ...

-2 Janvier 2060-

La neige a du mal à fondre sous des immenses branches d'arbres. Devant nous, les sympathisants prennent place en arc de cercle. Ackim et moi présidons cette réunion de dernière minutes.

Jamais je ne me suis passé de l'avis de mes "amis" et ce ne sera pas aujourd'hui que cela changera.

Par petits groupes, des visages familiers émerges de la pénombre des bois. La forêt qui bordent le secteur sept et celle qui nous séparent toux.

Les feuilles craquent, un crapaud croasse et un oiseau s'invitent.

Une bonne centaine de personnes nous rejoignent. Les derniers de l'Implosion ... Les mots de Nick hantent encore mes pensées les plus profondes. L'Implosion. Morte.

Devant moi, ils sont les derniers à voir le visage de celui qui a créée l'Implosion. Un visage voué à disparaitre dans l'ombre comme je l'ai toujours voulu. A bout de bras, j'ai porté mon projet. Des habitants l'ont rejoint et l'on porté à leur tour. La diffusion a été massive mais de courte durée. Rien ne dure très longtemps de nos jours. La vie est comme un papillon d'une rareté sans pareille. Elle est éphémère et la frôler du bout du doigt pourrait la rendre poussière.

- Pourquoi nous avoir convier Connor ?, demande un homme de la trentaine.

Je suis toujours surpris de leur allégeance. Même déçu ou oublié, ces quelques personnes restent fidèle à un gamin d'à peine vingt ans.

"Pourquoi suivre quelqu'un d'aussi jeune?, me dira-t-on. La réponse est pourtant simple. Nous sommes le soleil levant. Nos rayons anéantiront le moindre petit nuage. Nous sommes un espoir sans faille. Eclatant. 

- J'ai besoin de votre avis. Les groupes dissidents, mené par Renan, s'apprête à frapper le seul rempart qui nous sépare de l'Enceinte. Etes-vous avec eux ?

Volontairement, mon avis se tait.

Les têtes se tournent et des murmurent grondent. La délibération sera compliqué et longue. Le temps ne me permet plus de donner la parole au premier venu.

- Ceux qui sont pour lève la main, tranché-je.

Ma voix, forte, fait vibrer ma cage thoracique. Ackim se tient derrière moi comme je lui ai demandé. A mes côté, les gens se poserait des questions. Comment ce fait-il qu'un petit nouveau se tient à sa droite alors que nous non ?

Tel un raz-de-marré, des bras s'insurgent. Je le savais. Un noir, un blanc, un rose, un jaune, l'arc-en-ciel est réunit et l'avis incontestable.

J'ai perdu. Nous avons perdu. L'Implosion est morte mais pas moi ...

-4 Janvier 2062-

Je mets sous cloche la petite voix qui me redonde la même scène. La colère rougissait mes mots alors que Viviane en rajoutait une couche. Depuis le temps que je la connais, je sais qu'en temps normal, elle pèserait le pour et le contre mais maintenant ... Elle fera ce qu'il faut pour rétablir la situation et c'est ce qui me fait peur.

Relayé au second plan, la corde s'échappe de mes mains. Sa surface étrangement lisse glisse sur la mienne, polie.

- Tu es sûr d'avoir choisi le bon combat ?

Mes veines se réchauffent.

- Pourquoi, y en a-t-il un autre plus important ?

Ma phrase, plus cassante que je ne le voulais, n'applique pas l'effet que j'escomptais.

- Connor, je suis un soldat et j'ai été formé pour le combat. Je vois où est notre véritable place.

- Ici, Renan a volé nos hommes et notre combat. Son coup de poignard nous a achevé.

Le rouge me monte au joue. Je fixe la route.

- Tu te fourres dans une idée reçu. Pourquoi es-tu si persuadé que ton ennemis est Renan ? Oui, il a pris les devant. Oui, il a fait le contraire de ce que tu allais faire mais la chute du Mur ne pourrait-elle pas être le souffle de renouveau pour l'Implosion.

J'inspire et m'implore de refouler cette rage qui menace de sortir à tout instant. Vi m'a mis hors de moi. Ackim me met hors de moi. Et je me mets hors de moi. Voilà les effets de la pression sur mes épaules. Si je voulais agir si doucement c'était pour éviter la casse.

- Si tu m'apprécie un tant soit peu, tu me suivrais.

- Je t'apprécie plus qu'il ne le faut. Mais je veux connaitre tes motivations ? Dit-les moi et je t'accompagnerais aveuglément.

Sa main touche mon bras, mes muscles se détendent.

Un panneau file à toute allure derrière nous. "Bienvenue au secteur 9", souffle ma petite voix.

- Quand Nick a parlé à la télévision, il a dit tout haut ce que je craignais. Mon enfant vivote et son cœur va lâcher d'un instant à l'autre. Mais, j'ai beaucoup réfléchit et je sais qui l'a tué. Je dois faire la même chose à Renan. Il faut que je le détruise au bord de la gloire.

- Pourtant, dès le premier jour, tu m'as dit qu'être le centre de l'Implosion ne intéressait pas. As-tu changé d'avis ?

- Non, je réclame la justice. 

Oeil pour oeil. Dent pour dent.

Une heure plus tard, nous arrivons devant une immense zone industrielle désaffecté. Une cheminée brumeuse sort de la première porte que je vois.

Nous descendons du véhicule, armés jusqu'au dent. Nous savons tout les deux que notre mission est suicidaire.

Ackim m'étreint la hanche et pose un rapide baisé sur mes lèvres. Mon coeur s'arrête puis repart. C'est toujours le même effet. Bom, silence. Bom, silence ...

Nous dévalons la pente boueuse. Mes chaussures s'enfonce dans le sol jusqu'au cheville. De vrai marré cage, pas étonnant que la zone soit fermée. Cœur tambourinant, j'ouvre la marche, par delà les hautes herbes jaunes.

Depuis notre arrivée, une chose me frappe mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Expert, Ackim me double, je me garde de le réprimer. La joue collée contre l'arme, il vise un endroit puis un autre. Il n'y reste qu'une seconde, c'est ni trop ni pas assez et je dois avouer que cette situation le rend sexy.

- R.A.S. C'est si ..., cherche-t-il les bon mot.

Cette piste ravive ma mémoire.

- Calme, complété-je.

Un chat mange dans un poubelle retournée. Les taules grises grince sous les rafales de vent. Il n'y a pas personne, pas un bruit, pas une parole. Ils ne sont quand même pas parti ? Ma place de leadeur répond à la question. Renan ne se risquerait pas sur le champ de bataille. Tout le monde sait que le sang coulera.

Seul, je baisse ma garde.

- Quelque chose cloche, soulève Ackim.

- Entrons dans l'entrepôt, nous ferons les conclusions ensuite.

Vêtu de vêtements de récupération au motif marron, mon compagnon se fond dans la masse. Depuis le secteur 5, Ayden est au première loge pour voir la scène grâce à la caméras fixé sur la poitrine d'Ackim. Un bijoux que nous avons détourné de son ancien uniforme.

Un ras me coupe la route, une chaussette dans la bouche. Que peut bien faire un rat avec une chaussette ? Derrière le bout de tissu, une trainée de sang se diffuse sur le sol en ciment. La façon dont il s'étale, je comprends qu'il est encore chaud. Je contourne la tâche sans la quitter des yeux.

- Ackim ?

L'inquiétude perce ma voix et la fait faillir.

Connor, reste fort.

Je tape le dos de mon camarade et me retourne. L'infime couleur écarlate vient de se transformer en torrent. La rivière couleur sang se déverse à nos pieds. Le bout des bottes d'Ackim patauge dans le liquide gluant.

Connor, ne vomit pas.

- Quelqu'un nous a devancé, déchiffre-t-il.

Tel un agent des force spéciales, il rentre dans le bâtiment. Sous mes semelles, une chose inconnu les collent au sol. La lumière est éteinte mais je sens cette odeur. Elle me prend le cœur. Ça sent la mort.

L'ancien soldat se décale vers la porte et trouve l'interrupteur. La lumière artificielle inonde la grande pièce. Elle fait le double de l'Hangar.

Des corps. Tant de corps cache la véritable couleur du sol. Un bras par-ci, un pied par-là. Un massacre.

Je soulève mes pieds et avance, de nouveau, aux aguets.

- Qui aurait pût faire une telle chose ?

- Je ne sais pas.

Ackim veut alléger l'atmosphère.

- Quand tu parlais de tuer Renan, tu ne parlais pas de ça ?

Du bout de son arme, il fait tourner un visage inanimé vers le sien. Les yeux émeraudes de la blonde, devenue rousse, fixe un vide inatteignable. Je ne peux plus me retenir plus longtemps et me détourne pour vomir.

Je répands le maigre contenu de mon estomac sur une autre personne. Choqué, je tombe sur le sol et me cogne sur un homme. Son visage est encore chaud. Un filet de sang goutte le long de sa mâchoire. Plic ploc. Plic ploc. La mélodie s'insinue au plus profond de mes souvenirs.

Ce clapotis, je le connais. Il ressemble en tout point à la fusillade. Il y a deux ans, quand Alix était venu se réfugier, une descente a dévasté le Hangar. Les balles ont épingler la taule et les résistants de la première heure.

Le sang, toujours du sang. Et ce bruit. Plic Ploc. A mes oreilles, il devient une horrible berceuse qui me transcende ...


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