75-L'Après
-1 Janvier 2062-
[PDV Viviane]
Nous pourrions méprendre ce plan avec le fil de notre vie. Retenue par une corde usée, nous propulsons la pièce en l'air, en équilibre. Pile, vous vivez. Face, vous mourrez.
Mes murmures sont des prières et mes silence des cris d'agonies. Nous nous devons de réussir mais pour cela une étape doit être réalisée à la perfection : la chute du Mur. On pourrait ce croire devant le titre d'un bon roman ou devant Game Of Thrones mais non, vous êtes bien dans notre monde. Bienvenue en 2062. La dernière année.
- Vous avez bien compris ? Amanda commandera à l'aide d'Ayden l'opération pendant que Vi et moi nous traverserons la frontière, énonce Kevin.
Mes dents claquent sous le rappel incessant du vent. Ayden, Amanda et Snow, nous ont rejoins peu après les directives de Connor. Nous connaissons son plan mais, lui, ne connait rien du notre.
Notre leadeur a pris la décision de ce concentrer sur la nouvelle source de nos problèmes. D'après lui, il faut éliminer au plus vite ses groupes dissidents avant que l'inévitable arrive. Que cache le Mur ? Sur qui tomberons-nous quand l'édifice s'effondrera ? Combien de soldats nous attendrons ? Une brigade ? Une armée ? Trop d'inconnues entre en compte dans notre calcul plus qu'incertain.
- Je reprends pour voir si tout et clair dans mon cas. Je devrais grâce à la tablette mettre hors service les caméras de l'Enceinte quand le Mur tombera avec l'aide d'Amanda.
- Tout à fait, félicite Kevin.
Or, une chose chiffonne Ayden.
- Quelque chose ne va pas ?
Le ton remplit de fierté de mon ami me pique.
- J'ai peur qu'une tablette et une ligne de code soit ridicule face à plus d'un quart de la France. Certes, je me débrouille en informatique et Nick m'a passé un ou deux tuyaux mais je ne suis pas sûr d'y arriver. La tâche est ardue.
- C'est pour ça que je te confie cette mission, nous nous devons de rester des fantômes. Nick te fait confiance alors je te fais confiance.
- Depuis quand suis-tu l'avis de ton frère ?, m'étoné-je.
Amanda le toise comme s'il était un extraterrestre. De ce que j'en sais, entre elle et Nick, un lien puissant s'est instaurer. Normal, qu'elle veuille le protéger comme s'il était son fils. A l'inverse, Nick la considère comme ça mère.
- Euh ... Oublie ce que je viens de dire, balaye-t-il.
- Quand tu le verras, tu ne lui sauteras pas à la gorge ?, s'inquiète la mère d'Alix.
A travers ses mèches blanches, son visage reflète celui d'une femme dans la fleur de l'âge.
- Nous ne sommes pas encore là, se contente-t-il.
Je lui envoie mon coude dans les côtes.
- Aïe !
- Ça t'apprendra à jouer le malin.
Les derniers détailles se peaufinent. Ils rentrent dans une oreille et ressort par l'autre. Ma main ébouriffe le pelage de la chienne, son museau mouillé humidifie mon poignée. Une sourire retrousse mes lèvres.
- Viviane ?, me sonne le malencontreux blessé.
Je me détache des deux magnifiques billes du canidé. Ils sont profondes et expressives.
- Oui, pardon ... Tu disais ?
- Tu es prête ?
- Prête pour quoi ?
Kevin souffle.
- A présenter tes excuses à Connor. Il ne doit se douter de rien.
- Ah, oui ça.
Je les quitte et rejoins l'intérieur du restaurant accompagné de ma fidèle amie . Une bouffée d'air chaud m'accueille à bras ouvert. Je m'y blottis le temps de retirer mon blouson que je porte depuis mon arrivée.
Noa s'approche, non sans, jeter un regard derrière elle.
- Connor est stressé ses derniers temps. Tu tiens le coup ?
- C'est pas comme si je pouvais passer outre toute cette merde. Comme tout le monde, nous faisons avec.
- Tu y crois toi à cette prétendue fin ?
- Cette aventure a été magnifique, elle sommeillera pour toujours dans mon cœur, mais on nous l'a dit : toutes bonnes choses ont une fin.
- J'ai quand même du mal à me représenter le monde d'Après.
- C'est donc ainsi que nous l'appellerons, l'Après ?
- J'aime bien, pas toi ?
- Si.
Nous nous engluons dans la contemplation du calme religieux des rues enneigées. Le dernier hiver. Le dernier mois. Les derniers instants de l'Implosion.
Je coupe cours à notre discussion et retrouve Connor, attablé. Il regarde l'écran de télévision qui diffuse les dernières informations. Les titres défilent sur un fond criblé d'images de provenances diverses. C'est la première fois que je vois cette chaine, l'arrière plan vers et le présentateur vêtu de noir pique mon intérêt.
- A l'actualité aujourd'hui, nous apprenons que le gouvernement espagnol est tombé après des mois de révolte sanglante. Plus de cent milles personnes ont trouvé la mort au nom de la liberté.
S'ensuit des propos qui ne seront jamais prononcé par les médias français, tous au main de Leferts. Encore un pays de libre et une journée qui s'achève. Le journaliste continue son reportage avec un récapitulatif chronologique de l'année passée. En un an, le pouvoir était tombé alors que nous nous avançons un peu plus dans la dictature. Plus de trois longues années nous séparent de notre train de vie ennuyeux.
Vous me demanderez, sans doute, pourquoi tout le monde a basculer dans cette tendance dictatoriale ? Je vais vous répondre. Premièrement, nous sommes des moutons. Deuxièmement, le nationalisme. Troisièmement, le pouvoir.
Nous pensons les guerres mondiales et le nationalisme de l'extrême loin derrière nous mais non. Telle la mort, fantomatique, sous sa cape, notre destin nous attendez au tournant. Nous sommes des aveugles sans cannes ni chiens guident, nous prenons le mur de plein fouet. Notre esprit s'embrument et met un temps incalculable pour réaliser la situation.
- C'est quoi cette chaine ?
Je m'installe sur la chaise à la droite de Connor. A la même taille, nous sommes des égales.
- Des journalistes du dark net. Eux peuvent commenter la situation sans craindre des répercussions. Ils font entendre leur avis sans filtre, comme avant.
Notre discussion trop solennelle tord mon estomac, ballonné.
- Je suis désolé. J'ai pensé à moi avant les autres.
- Tu n'as pas à t'excuser, je me suis emporté moi aussi.
- Ne dit pas ça. Ça fait des jours que je mange et dors la boule au ventre, il est impératif que tout s'arrête. Je veux que Nick rentre avec nous, sain et sauf.
- Je ne me fais pas de soucie pour lui, Nick est un garçon intelligent, il sera aussi bien manier son passé que son présent.
- Et s'il les torture ?
- Ne t'en fait pas, je lui rendrais la pareille fois mille.
Je pose ma main sur la sienne.
- Merci, soufflé-je.
Un oiseau voltige devant la baie vitrée.
- La société de demain sera propice à l'entente et à la prospérité.
- L'Après, le rattrapé-je de justesse. C'est comme ça que nous l'appellerons.
- Alors je veux que l'Après permette à tout le monde de s'accepter tel qu'il l'est. Je pourrais enfin renouer avec une partie de moi refoulée. Aimer qui je veux et dire ce qui me chante.
Je resserre notre contact.
- A l'Implosion.
- A l'Implosion, reprend-t-il dans un murmure ...
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