73-Sosie
[PDV Viviane]
Cageot dans les bras, je décharge une nouvelle cargaison, fraiche de ce matin. Le 8 était calme aujourd'hui, les rues se peuplaient de familles affamées et de sans domiciles sur le point de dormir à tout jamais. Ce secteur frôle la pire crise humanitaire de France, pire que le 9. L'Epidémie les a ravagé. En moyenne, sur une famille de quatre individu, un sortait vivant de ce calvaire.
Au dessus de nos têtes, le soleil picote ma peau couverte de perles de sueur. J'inhale la parfaite odeur des tomates cueillies ce matin. Enfin ... Volé ce matin, à l'arrière d'une grange, pour être plus précise.
Je me suis permise une petite virée dans la ville. Hormis, la perpétuelle saleté imprégné dans les rues des Rejetés, un détaille a changé, une affiche est apparue. Cliché des films américains, la tête d'un garçon qui regarde droit devant lui fait l'objet d'une récompense astronomique. Arrêtée devant ce visage, j'ai longtemps cherché à qui il me faisait penser. Kevin. Qu'a-t-il fait pour une telle récompense à qui le livrera à ses ravisseurs ?
Un regard autour de moi, je vérifie que personne ne me regarde et pique une tomate cerise.
- Viviane !, m'appelle Léni le bras en l'air pour que je le remarque dans cette foule de sympathisants.
Surprise, je manque de recracher le fruit sucré. Je le mâche le plus vite possible et l'avale.
- Oui ?
Du pouce, j'efface une graine coincé au coin de ma bouche.
- Bonne récolte ce matin ?
- Ça va, on a de quoi tenir deux jours si aucun sympathisants n'arrive.
- J'en doute, chaque jour en moyenne deux personnes arrives.
- Je repartirai demain chercher des vivres, mais, aujourd'hui, on a eu de la chance, les légumes et fruits frais commence à manquer. J'ai peur que nos vols consécutifs attirent l'attention.
- En tout cas, il doivent être bon, remarque-t-il.
Mes joues s'empourprent. Mentir ne doit pas être moins point fort, de plus, c'est pas comme si je n'avais pas une tâche de tomate sur mon poignet. Je le frotte contre mon pantalon moutarde, un forme s'évase dans le léger tissu volant au vent.
- J'ai croisé Kevin en partant, il voulait te voir. Il est revenu de sa mission avec quelqu'un.
- Qui ça ?
- J'en sais rien, il avait un sac sur la tête mais il a bien souligné le fait qu'il veut que ce soit toi qui le rejoigne. Il t'attends dans la première salle à ta gauche en rentrant.
- Merci.
J'expédie le cageot dans ses bras et ignore ses protestations.
A cette heure, le hangar grouille de sympathisants, un arc-en-ciel vivant orchestre les préparatifs de la journée. Près de la porte de derrière, Connor étiquette chacune de mes trouvailles et désigne l'endroit où il faut les entreposer.
Je m'apprête à frapper à la porte mais elle s'ouvre avant. Kevin, les cheveux fraichement coupé et les yeux affolés, surveille les environs tel un voleur. Quelque chose ne va pas.
- Promet-moi de ne pas crier ou avertir quiconque. Il faut que j'aille en parler à Connor mais je ne peux pas le laisser seul.
J'hausse un sourcil.
- Bonjour, rectifié-je son manque de politesse.
- Viviane, je ne rigole pas c'est important.
Son ton, ferme, m'alerte.
- Promis, dis-je sans vraiment y croire.
Il ouvre la porte, j'entre devant lui. La pièce, exiguë, se résume à des tables de secours et des chaises. L'une attire mon attention, un garçon, même taille que Kevin mais à la corpulence plus réduite, se tient assis, un sac en tissu sur le visage. Je m'approche aussi délicatement qu'un chat. Ses vêtements sont couverts de boues séchées.
Sous le regard vigilant de mon ami, je saisis le tissu, rêche, et le retire d'un coup sec. Dans les premiers instants, je remarque son épaisse touffe de cheveux qui lui arrive aux oreilles et cette forte odeur de sueur. Beurk !
Puis, lorsque sa tête, je se relève, je découvre l'impensable. Je recule et me heurte à une chaise.
- Qu'est ... Je ne veux rien savoir, déclaré-je catégorique. Je ne sais pas dans quoi tu viens de te fourrer mais il est hors de question que je participe à ce ...
Je ne trouve aucun mot approprié pour qualifier la situation.
Ses cheveux bruns. Ses yeux noisettes. Cette fossette. Cette bouche. Je les connais depuis un an. Je tourne mon attention sur l'auteur de la situation, campé près de la porte.
- Viviane, tu ne comprends pas. Laisse-moi t'expliquer.
Une pointe de panique traverse ses paroles. Les miennes le sont encore plus.
- M'expliquer ? Les choses sont claires, ce garçon te ressemble à deux gouttes d'eau malgré son sourcil, alors, je t'en pris Kevin, ne fait pas l'innocent. Cet otage n'est pas humain, c'est scientifiquement impossible.
- Tout ne l'est pas. Imagine la pire des situations, je peux t'assurer que ce n'est pas ça.
- Laisse moi récapituler, tu n'as pas de frère. On a un inconnu retenu en otage dans cette pièce ...
Je m'arrête pour laisser vivre mon imagination. Un théorie émerge mais elle me semble incongrue.
- Un sosie, soufflé-je.
- Quoi ?
- Ce garçon et ton sosie. Il vient de l'Expansion, c'est un espions, on va ...
- C'est mon frère, me coupe-t-il.
- C'est une boutade, j'espère, m'épouvanté-je. Depuis quand as-tu un frère ? Et j'aimerai bien savoir pourquoi ta tête est mise à prix ?
- Depuis toujours et ce n'est pas ça tête mais la mienne, s'exclame le détenu.
Nous pivotons vers lui.
- Je m'appelle Nick et je suis le grand frère de Kevin, nous avons neuf mois de différence.
- Mais ... Vous êtes pareil ?
- La nature fait bien les choses, remarque-t-il.
Kevin me dépasse et prend le relais de l'interrogatoire.
- C'est quoi cette histoire d'affiche ? N'étais-tu pas perché dans ta tour d'ivoire ?
- Les choses ne sont pas simple.
- Oh, que non, elle ne le sont pas, rétorque du tac au tac Kevin.
- Répond, ordonné-je.
Comme monsieur loyal, il réponds avec un sourire limite espiègle. En quelque sorte, il est fier de l'effet qu'il fait à son frère.
- Tu devrais être content Kevin, tu as devant toi l'Exilé numéros vingt-trois ...
-1 Janvier 2062-
Je me réveille, le dos ankylosé. Mon lit a perdu de son confort avec le temps. Je me lève et oublie le rêve de cette nuit. Ma nausée s'est atténuée.
Dans la cuisine, Ayden prépare le petit déjeuné avec nos dernières conserves.
- Bonne année, me fête une nouvelle fois le brun.
- Bonne année.
Snow nous rejoint, un livre entre les mains. Je plisse les yeux pour mieux voir le titre et déchiffre le titre presque effacé : Harry Potter. Mes joues se retrousse, cette trouvailles fait partie de mes affaires éparpillé dans ma chambre. Je me souviens à quel point j'adorai cette saga, elle m'a donné le goût de la lecture. Ce premier tome a été le départ de ma collection de livres. Je suis contente qu'il l'ait trouvé.
- Qu'est-ce-qu'on fait aujourd'hui ?, demande Snow.
Ses yeux injectés de sang après avoir autant lu se pose sur nous.
Je jette un rapide coup d'œil au tas de déchés entreposé dans un coin de la maison. Hier, nous avons décidé de faire le vide dans le souk que j'avais mis.
- Nous n'avons plus rien à manger et nous ne pouvons rester ici comme des électrons libres. Nous allons marcher jusqu'à chez Noa pour retrouver Connor, Ackim et Kevin.
A l'unanimité, les garçon approuve mon idée. Ayden nous sert une boite de lentille. Je l'avale en tordant un peu du nez. Des lentilles le matin, ce n'est pas un très bon compromis.
Le repas fini, je pars avec un sac vider ce que je pense utilise d'emmener avec nous. Je termine par la salle de bain. Je repousse la dernière porte et saisis une boîte en carton. Sur le devant est inscrit des informations qui relate de son utilisation. C'est un test de grossesse, neuf. Mon cerveau plante une fraction de seconde.
Mes parents voulaient un autre enfant, avant d'être emporté par la maladie. Je devais avoir une petite sœur ou un petit frère ... Ma poitrine se serre et je m'assois sur le sol glacé. Une larme silencieuse s'écrase sur l'emballage. Je renifle.
Une vague percute mon estomac mais je tiens bon. Je ne vomirais pas aujourd'hui car, aujourd'hui, l'Implosion n'implosera pas, elle va reprendre son expansion ...
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