66-Cendres
-25 Décembre 2061-
[PDV Viviane]
La lumière clignote entre les branches et reproduit les soubresauts de mon cœur. Est-ce un mirage ? Au départ, y croire me parait impossible. Ils ne peuvent pas être là. Mais, plus les minutes passent plus leur réalité me frappe. Ils sont là.
Paralysée, je tourne sur la plante de mes pieds, le regard dans le vide, Ayden s'approche.
- Viviane, qu'est-ce-qui se passe ?
Ma bouche, pâteuse, refuse d'avaler la moindre goûte de salive.
Un regard vers la fenêtre et la lueur refait surface. Mon ventre se tors et je tombe à terre pour vomir. Pourquoi est-ce-que je n'arrête pas de vomir ?
- Beurk, commente Snow.
Ayden n'ai pas du même avis et viens repousser mes cheveux dans mon dos. A l'aide d'un effort surhumain, je ravale le goût amer qui miroite dans ma bouche.
- Courez, chuchoté-je.
Sommes-nous en sécurité ? J'ai l'impression que derrière chaque mur ce cache un ennemis prêt à nous éliminer.
- Quoi ?
- Courez !
Ma voix, rauque, ébranle le calme intérieur de mon ami. Je fais transférer par mon regard tout la crainte qui monte en moi, le brun comprend assez vite. Sa tête va de Snow à moi.
- On va pas te laisser là, m'avertit-il.
Un bras sous mon aisselle, il me relève sans mal mais je suis encore sous le choc. Un million d'issue s'entrechoque dans ma tête. Il n'y avait qu'une lumière dehors mais cela signifie-t-il qu'elle est la seule ? Une fois encerclé, nous serons foutus.
Je retrouve un peu de ma force et le pousse vers son frère en lui envoyant les clefs du van, gardées au chaud dans ma poche.
- Allez-y je serez juste derrière.
Ayden prend le carton, en plus du sac et son frère. J'enchaine un pas puis un autre et jette sur mon dos les deux sacs qui me donne l'air d'une tortue. Mon dos se ploie sous le poids mais je le gaine. Pas plus de deux cents mètres.
La ferraille répercute nos pas dans tout l'habitacle, le temps ne nous permet plus d'être discret. Snow oublie la dernière marche et la dégringole sur les fesses, ça ne semble pas l'arrêter, il se relève et cours vers la chaise près de la grande porte. Avant de partir, Connor y a laissé deux fusils.
Le roux m'envoie en l'air l'arme et je la saisis pour repartir vers la pièce ou en entrepose nos provisions.
- Viviane qu'est-ce-que tu fais ? Il faut y aller !
La force d'Ayden surpasse la mienne, il parvient à garder sa panique au plus profond de lui pour protéger son frère. Moi, j'en suis incapable. Elle tremble.
- Allez au van, je vous rejoins.
Plongée dans mon monde, sa réponse me passe au dessus de la tête. Le sol défile à pleine allure sous mes pieds, j'entre en trombe dans la réserve et dévalise la pièce. Je fouille et projette dans tout l'espace ce qui ne m'intéresse pas. Il me faut juste un briqué et un ... Mes pupilles se dilatent quand je le vois. J'arrache le bidon d'essence de sa cachette et l'ouvre. Un mince filet se répand sur le sol terreur. Je projette quelque gouttes sur les mur et commence à déballer une boite à allumettes. J'en retire une et la coince entre mes dents. Il ne me reste que la moitié.
Je cours, projette, baigne ma nouvelle maison de ce liquide qui, bientôt, se transformera en un jolie feu de joie. Réduire en cendre le Hangar ne me plait pas mais qui sait ce qu'il recache ? Connor serait d'accord avec moi, il voudrait que le Hangar parte en fumée plutôt que de léguer de nouveau secret à Renan.
Arrivée devant la porte, le bidon tombe et projette des éclaboussures sur mes chaussures. L'essence embaume l'espace, j'inhale cette odeur que j'aime tant. Quand je pense que ce produit ne sert qu'à une chose : détruire. Il détruit des vies, la planète et le Hangar.
Je frotte la petite flammèche rouge sur le côté grattant de la boite et elle s'enflamme. Un minuscule brasier rouge consume le bâtonnet. Entre mes doigts, elle ondule, je profite de sa clarté qui m'aveugle, et m'échappe. Le ruban rouge touche une goute de l'essence qui s'embrase.
La chaleur de l'espace effleure mes tissus, elle est agréable quand on sait que dehors l'hiver nous attends. Je me détache de ce magnifique spectacle et sort sans prendre la peine de fermer la grande porte. Dans dis minutes, elle sera de cendres.
Je trotte jusqu'au véhicule, une main sur la poignée de la portière, je scannes les environs. Les oiseaux entame à cœur joie une mélodie réchauffée par l'incendie. Entre deux arbres, mon regard plonge, je crois avoir distinguer une ombre.
Une explosion retend et je me recroqueville. Un vif panache de fumée s'évade du Hangar après s'être illuminé. Mes yeux demeurent braqué sur l'orée de la forêt. Une tache plus sombre me fait face. On se regarde, se toise.
Le temps ralentit. Les sons se tuent mis à part celui de ma respiration et de mon cœur qui joue le tamtam. Seconde après seconde, je ne me vois pas réagir, mon instinct à pris le dessus. Un premier sac tombe par terre et soulève un vague nuage d'eau, le deuxième le rejoins. Face à moi, une branche craque. C'est le signal. Mon arme se redresse et je tire sans visée sur l'ombre à cent mètres de mois.
Dix balles déchire la sérénité de la forêt endormi. Touché, pas touché ? Je me fiche de la réponse. La portière s'ouvre et je m'engouffre. Les deux sacs suivent ma grande arrivée.
La porte claquent et je fais vrombir le moteur, j'espère que cela les effrayera. Mon pied écrase la pédale d'accélération et je file direction le secteur 5.
Mes cheveux, comme mes vêtements, collent à mon corps couvert de sueur. Dans notre dos, la taule résonnent et éclatent. Les flammes s'élèvent et embrasse les étoiles. Mes mains moitent me contraignent à mettre toute ma force entre mes deux mains. Le volant glisse et m'échappe par moment.
Ayden et Snow observent l'incendie alors que je fais un effort monstre pour ne pas percuter un arbre. C'est fou comme ce côté de la forêt est escarpée. Mon esprit brûle d'envie de penser à autres choses.
- Pour ... Pourquoi t'a fait ça ? Et nos affaires tu y as pensé ?
- Je suis désolé pour tout tes bidules informatiques mais tu préfères quoi : qu'ils volent notre matériel ou qu'il périsse avec l'incendie ?
- Tu as raison, se contente de dire Ayden.
Il se tourne et ébouriffe les cheveux de son frère.
- C'est dommage, j'aimais bien cet endroit moi, commente le plus petit des deux frères.
Snow se cantonne à ces quelques mots. Il range son angoisse derrière un silence encore plus effrayant.
Nous pensant loin du danger, je diminue ma vitesse.
- Snow, dans les caisses à côté de toi, tu peux me sortir un chargeur.
Il ne répond pas mais je vois la tristesse qui baigne ses yeux. Cet enfant n'aura jamais un toit sûr. Je passe mon arme à mon ami qui réarme le fusil.
Un kilomètre plus loin, un bruit alerte Ayden.
- Tu as entendu ?
Je détourne mon attention des arbres frêles.
- Quoi ? Non, je n'ai ...
Ma gorge se serre. Il y a effectivement un bruit étrange, j'écrase la pétale de frein. Nos têtes partent vers l'avant. Le moteur souffle mais calme son ronron. Nous tendons l'oreille.
Je descends ma fenêtre et prête l'oreille. Je ne sais pas si je rêve ou si mes cils créés des bruit imaginaire. Craquement de feuilles gelées, gazouillement d'oiseaux et ... Un bruit qui ressemble à un cailloux jeté sur une vitre mais ce non sont pas des cailloux, ce sont des balles.
- Tu as entendu ?, reprend Ayden.
Un, deux, trois, dix balles résonnes à tour de rôle contre le van. Mon pied s'immobilise à deux centimètre de l'accélérateur. Mes phares éclairent jusqu'à cinq mètres devant moi, une ombre, humaine, se ressort du décors. Elle avance. A quelque pas d'elle, une dizaine d'autres corps nous entour.
Mon cœur redouble d'effort pour me fournir l'apport suffisant en sang. Snow pousse un petit cri qui me ramène à la réalité.
- On est foutu, constate Ayden soudain la voix débordante de panique.
- A bon, tu crois ?, frôlé-je l'ironie.
Leur canons se dressent dans notre direction.
- Avance !, s'affole Ayden.
Je l'écoute alors qu'une pluie de balles fendent l'air qui nous sépare. Elles rebondissent sur la carrosserie et le parebrise. J'essaye de remonter ma vitre mais elle explose. Les débris de verre s'étalent sur mes jambes et entaille la joue.
Je fonce, je ne réfléchis plus. Trois tâches humain percutent le nez du van.
Snow continue à crier et alimente mon angoisse. Je roule en ligne droite à vitesse maximale.
Deux heures plus tard, nous sommes à la limite du 7 qui borde le secteur 5.
- Prenez nos affaires, on continue le chemin à pied.
- Tu es folle ! Avec toute nos bagage les habitants vont comprendre.
Sa voix est plus aiguë.
- Et tu crois qu'une voiture cabossé de troue de balles s'est moins voyant ?
- T'a pas tout à fait tord, avoue-t-il.
Je coupe le moteur et sors avec les deux garçons. Les deux sacs sur le dos, mon fusil caché derrière, je fais signe à Ayden et Snow de me suivre. Il faut qu'on arrive chez moi avant le levé du soleil. Ça risque d'être chaud ...
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