60-Il était une fois ...

-23 Décembre 2061-

Ce doit être la millième fois que je relis cette phrase, tapée un peu plus tôt et envoyée à Leferts : "préparez Alix". Par ces mots, je croyais montrer à Leferts à quel point je suis détermination face à son projet mais à la place je parais évincé de toutes émotions. Je ressemble à un robot près à faire tout son possible pour réussir sa tâche.

Après de longues minutes, un éclair me vient.

- Inter, repasse moi le test numéros trois.

L'ordinateur éclipse mon mail et démarre une séquence vidéo de dix heures.

- En accéléré, s'il te plaît.

Inter n'est pas juste un réseaux social. C'est une intelligence artificielle française qui nous aide dans notre vie de tout les jours tel Jarvis dans Iron Man. Les techniciens ont réussi à l'améliorer et le réseaux social à vu le jour, il s'est diffusé mondialement et a volé la vedette à tous les autres applications. Au revoir Snapchat, Facebook, Instagram ...

Ce troisième test avait été le plus concluant. Les cellules combattaient le virus avec agressivité, le gros cylindre vert grossissait avant de se démultiplier. Mon marché a beau être simple en apparence, dans la réalité il ne l'ai pas. Certes, je dois créer un virus plus virulent mais sans pour autant éveiller les soupçons. Il doit tuer mais pas trop.

Un bâillement s'échappe de mes lèvres, je devrais dormir mais c'est au dessus de mes forces. Je n'ai pas la combattivité suffisante pour endurer un cauchemar et mon cerveau hyperactif refuse de se laisser blairer par la silhouette de Morphée.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis ...

Une idée me percute et je l'inscris sur un calepin, une autre se joint à elle. Il faut que je trouve le moyen de mélanger l'Epidémie avec d'autres virus. Sras, Covid-19, Peste, Ebola, VIH ... Mon catalogue grossit de seconde en seconde.

Le cliquetis de la serrure m'extrait de mes idées folles, la porte s'ouvre mais personne n'attend devant. Je jette un coup d'œil à l'horloge, au-dessus de la porte, et constate qu'il ne me reste que deux heures avant l'intervention de l'Implosion. Qui parlera ? Connor ?

Un message clignote sur l'écran, je le sélectionne : "Tu as une heure, au bout du couloir, dernière porte sur ta droite". Je le remercie pour tant de confiance.

Je sors de mon laboratoire et profite de cette liberté -limitée- retrouvée. Mes bras bougent sans limite.

Un long couloir, traversé par d'immenses tuyaux, m'accompagne jusqu'à une porte, volontairement, peinte en rouge. Une odeur de désinfectant emplit l'espace rétrécit par deux murs en béton brut. Face à la porte rouge, une bleue -pour ne pas changer- aguiche ma curiosité.

Un regard de part et d'autre du couloir m'assure que je suis seul. J'avance vers le hublot vitrifié. Mes pointes de pieds se tendent pour me soulever à la bonne hauteur. Un espace de cent mètre carré abrite une forme grise, en métal. Mon nez se colle sur la vitre et répand un nuage de buée que j'efface aussitôt. Plus je regarde cette boule d'acier plus j'y vois une capsule. Serait-ce possible qu'il en reste encore une ?

Je tends l'oreille mais mes cils ne captent aucun claquement de chaussure. Je saisis la poignée et réfléchit un instant. Me voit-il ? Est-ce un test ? Dois-je le faire ? De toute façon, après notre accord, je pense être en droit de mettre mon nez là où ça ne me concerne pas.

La poignée s'abaisse et je découvre éberlué une navette, la même qui a ramené Alix ici. Je décide de rester sur le pas de la porte et éviter de prendre trop de risque.

Cette capsule peut signifier beaucoup. En dehors du fait que l'Expansion puisse se reproduire avec des personnes enlevées dans l'Enceinte -ce que je doute fort étant donné qu'il n'y a qu'un Bunker-, je vois une porte de sortie si les choses se compliquent. Neufs personnes, désignées, pourraient se voir attribuer une seconde chance.

Je frotte mes yeux rougis pour me retirer ces nouvelles pensées de la tête. Je n'étais pas venu pour ça.

Mes pieds me trainent au delà de la porte rouge. Alix, allongée sur un fauteuil vert, se débat à la mort jusqu'à ce que j'arrive. Ses yeux me projettent des éclairs que j'esquive. La tête basse, je rejoins le plan de travail et déplace les objets pour m'occuper. Suis-je capable de lui faire endurer ce calvaire ? 

Mes coudes frappent le dessus en marbre alors que je m'y étale à moitié, les mains dans mes cheveux. Je tire les pointes grasses dans l'espoir qu'une idée vienne illuminer la question.

- Nick libère moi.

Sa demande se perd dans le cliquetis des chaines qui retiennent ses bracelets de cuire.

Ma gorge est sèche.

- Nick.

Ma langue molle.

- Je t'en pris, s'étouffe-t-elle dans un sanglot.

Mon cœur se tort.

Nick, il est temps de prendre ton courage à deux mains et de suivre le chemin, sinueux, que tu empreinte.

Je repense à la décision de Léni qui a choisi que je devais continuer à maintenir cet accord.

- Tu es de leur côté, c'est ça ? Tu as menti à l'Implosion depuis tout ce temps.

Ces accusations m'assomment davantage quand je repense aux critiques de mon frère.

Le mensonge me poursuit, c'est mon démon, mon ombre, et je doute qu'un jour, quelqu'un accepte de voir de la vérité dans mes paroles, à part Vi. Pendant trop longtemps je me suis noyé dedans, maintenant, je patauge dans des sables mouvants.

- Après tout ce que j'ai fait pour toi, je pensais que tu comprendrais. Vous êtes tous les mêmes de toute façon. J'ai accepté tellement de sacrifice pour vous et voilà comment vous me rendez la pareille. Pour vous je suis un menteur, un espion. Dans tous les cas, ça vous à toujours arrangé.

Mes mots tranchent l'air qui refuse de remplir mes poumons. L'atmosphère s'alourdit.

Je me retourne l'aiguille d'une machine dans la main. Je tire un tabouret sur roulette et déclipse l'une de ses menotte pour l'attacher sur le côté droit de façon à ce que son dos me fasse face. Alix se rend compte de l'agressivité de ses paroles, elle n'essaye pas de ce débattre, heureusement, car je n'aurais jamais fait le poids.

- Pardon, j'ai parlé sans réfléchir.

- Cela n'explique en rien le fait que tu pensais ce que tu as dit.

- Même, j'aurais mieux fait de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de l'ouvrir.

- Après, je peux comprendre ta colère.

Son regard s'adoucit.

- Vraiment ?

- Thomas t'a ramené de force ici, tu perds la tête pour une raison qui m'est encore inconnue et tu te retrouves à la case départ.

- Tu n'as pas tout à fait tort.

Je soulève son tee-shirt bleu pour avoir accès au bat de son dos, un coton de désinfectant pigmente sa peau d'un bronzage artificiel qui la fait frissonner.

- Que fais-tu ?, dit-elle d'une petite voix.

- Je te prélèves de la moelle osseuse.

Son dos reviens vers le rembourrage du fauteuil.

- Non, il en est hors de question.

Je stoppe mon mouvement, la seringue d'anesthésiant en évidence. 

- Je ne peux pas faire autrement, avoué-je en laissant retomber les pressions de mes épaules et des muscles de ma main.

- On a toujours le choix.

- Ça dépend pour qui. Moi je ne l'ai pas et je l'ai jamais vraiment eu. Je me suis piégé dans ma bonne fois et regarde où ça m'amène. Je vais devenir l'un des pires meurtriers de l'histoire avec cet accord à la con.

- Quel accord ?

- Je vais devoir trouver une amélioration à l'Epidémie et ta ponction me permettra d'avancer mes recherches.

Les chaines de ses menottes se tendent, ses yeux se teintent de rage.

- Comment as-tu pût accepter une chose pareille ?

Sa voix aigüe, trop forte, fait bourdonner mes oreilles. Par peur, je recule le tabouret.

- Nous savons pertinemment qui seront les premiers touchés, complète-t-elle.

- Je ne peux accepter de tuer mes amis, l'Implosion allait être décimé.

- Même !

Mes pensées dépassèrent le stade de la conscience.

- Tu n'es pas hors de tout reproche non plus. Tu as poignardé Vi et assassiné des gens.

- Ne met pas ça sur mon dos, je n'y suis pour rien. C'est dans ma tête, il y a quelque chose et je sais pas ce que c'est ...

Ses yeux vitreux déversent du regret à l'état liquide.

- Justement.

Je me lève et plaque mes deux mains de part et d'autre d'un coin de la pièce. Mon souffle chaud s'efforce à reprendre son court tranquille.

Un bon quart d'heure s'écoule avant que je puisse y voir clair. Dans mon dos, Alix renifle. J'expire un long filet d'air et me retourne. Mon amie se tord le cou pour cadrer son regard dans le mien.

- Tu as raison. En plus d'être folle, je n'ai jamais été innocente comme tu l'as été. Je ne pense qu'à moi et laisse les autres se débrouiller comme ils le veulent. Ça se trouve, la fille qui tue s'est celle que je suis réellement. Alix n'est qu'une façade.

Ses paroles appliquent une pommade sur mon cœur. Je pose mes fesses sur le tabouret et lui injecte la seringue avant d'enfoncer l'autre aiguille, beaucoup plus grande. Elle grimace et serre les mâchoires sans rien dire. Les petites roues du tabouret glissent pour que je puisse prendre ses mains dans les miennes.

- Je vais te raconter une histoire. Il était une fois, une fille rousse enlevée et enfermée dans un bunker. Elle a tout essayé pour fuir mais heureusement, elle est tombée sur un garçon qui ne s'avère pas être celui qu'elle croyait. Ses paroles ont éveillé ce qu'il a ignoré par le passé et à rallier les Rejetés à la résistance. Cette rouquine a fait plus en quelques semaines que tout le monde en quelque années. A leur yeux, elle était une lumière, un espoir, la voix qui promettait un avenir plus serein en se battant ensemble ...

Hey,

Votre avis ? Je dois avouer que je ne suis pas peu fière de la tournure de mes phrases ...

Rendez-vous Dimanche ou Lundi pour la suite.

Merci ^^

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