-11 Septembre 2061-

Ces mots ont jeté un vent polaire sur mon être tout entier. J'ai l'impression d'être observé, que, là où j'irai, ils me retrouveront. Mon piédestal s'effondre et fait ressurgir une peur qui depuis longtemps avait disparu.

Je me sens bête, comment ai-je pu imaginer que l'Implosion représenterait une couverture suffisante ? Certes, je veux faire tomber ce pouvoir totalitaire qui nous fait sombrer dans une guerre certaine et venger toutes les victimes de l'Expansion, mais, pour cela, je dois rester en vie et me trouver des alliés de taille.

Je suis mal à l'aise, là où Kevin trouve une famille, je trouve des personnes qui m'acceptent sans vraiment me connaitre. Je ne peux pas considérer l'Implosion comme ma famille, ils ne le sont pas, pas tant que je garde ce secret en moi.

Des fourmis s'étendent le long de mes jambes, il faut que je marche mais la fatigue n'est-elle pas trop forte ? Je me penche vers l'avant et propulse mon poids sur mes deux jambes flageolantes. Elles se stabilisent en quelques instants, or, je ressemble plus à un nourrisson qui apprend à marcher qu'à un garçon de dix-neuf ans.

- Attention !

Amanda me rattrape par le bras alors que je pars vers l'avant. Le sol est-il vraiment droit ?

- Je peux y arriver, merci.

Mon ton, plus sec que je ne l'aurais souhaité, la froisse sans gravité.

- Je ne voulais pas t'effrayer, je cherchais juste à être sincère et à t'avertir des dangers que mon mari a ignoré, s'explique-t-elle.

Je pose ma main sur la sienne qui me retient. Cette femme est tellement loin de ma mère. Elle est douce, à l'écoute et prévoyante. Le souvenir que je garde de ma mère est celui d'une femme cachée derrière son mari, sans réelle opinion.

Oui, la peur m'étouffe mais, au moins, ces mots ont été clairs. Elle ne s'est pas cachée derrière des filtres. Grâce à elle, je réalise la merde dans laquelle je suis.

- Nick, si tu as besoin de parler, je serais là pour toi.

Je m'avance et la prends dans mes bras. Mon corps précédemment refroidi imprime sa chaleur corporelle. Amanda est plus que ma mère n'a jamais été. J'imprime son odeur teintée de rose et son touché réconfortant. Loin de sa présence, je pourrais m'effondrer, plus je passe du temps avec elle, plus j'en deviens dépendant. Sa présence autant physique que mental me fait réaliser un manque inconscient.

Au loin, les rotations des hélices d'un drone me ramène à la réalité. Il est suivi de pas précipités.

- Il faut y aller !

La portière s'ouvre et je me détache d'Amanda.

- Maintenant !, crie Kevin en allumant le moteur.

Je rejoins l'arrière du van, tandis que, Amanda reprend sa place. Je n'ai pas le temps de fermer la portière que nous roulons déjà.

- Qu'est-ce-qui se passe ?, demande-t-elle soudain paniquée.

- La bombe a mis le pays en état d'alerte. Je pensais qu'en contournant nos routes habituelles nous ne tomberont pas sur eux. Malheureusement, je pense que l'un de leurs drones nous suit et je ne serai pas étonné d'apprendre qu'il a démasqué Nick !

L'énervement dans sa voix est palpable.

- Comment ça démasqué ?, dis-je d'une voix la plus innocente possible.

Je pensais pourtant avoir fait le bon choix en allant le chercher ...

- Les soldats sont partout et de toutes sortes. Courir dans les rues sans aucun camouflage sur ton visage c'était comme crier "je suis Nick, l'un des gars les plus recherchés du pays" !

La vitesse du véhicule m'impressionne, nous esquivons les arbres sans même les remarquer.

- Désolé ! Tu aurais préféré que je te laisse là-bas ? Tu serais mort à l'heure où on parle !

Son égoïsme et son manque de reconnaissance m'agace. Comment puis-je avoir un frère qui me ressemble autant physiquement mais qui est si différent mentalement ?

- Tu sais très bien que tu ne dois pas sortir en ville, si Connor t'envoie en mission sur des lieux qu'il juge sûrs, c'est pour une bonne raison !, contourne-t-il ma question.

- Pardon si pour une fois je n'ai pas pensé qu'à moi !

Je fais exprès d'appuyer cette phrase pleine de faux sous entendus. C'est bien la première fois en deux ans que nous haussons le ton.

- Kevin attention !, prévient Amanda.

Elle tend son bras vers l'avant pour amortir un probable choc. Mes yeux se détachent de mon frère pour fixer la route délimitée par deux traits creusés par les pneus. Un chêne, frêle, se tient devant nous. Kevin n'a pas le temps de freiner que nous le prenons de face. Mon corps, éjecté vers l'avant, bute sur le fauteuil d'Amanda. Nous virons la tête la première sur le tronc sec. Je me prends plusieurs des valises entreposées dans le fond du van.

Ce dernier se stabilise dans un grincement métallique que je ne parvins pas à entendre. Je m'effondre sur le flan droit et mes yeux se closent cinq minutes avant de ce rouvrir. Mes oreilles s'habituent peu à peu aux bruits étranges qui appartiennent à tout sauf au cycle régulier de la nature.

Les arbres figés font taire les oiseaux. Seuls des pas bruissent les feuilles. Le van, couché sur la droite, me laisse apercevoir ce qu'il reste des vitres. Des gouttes de sang tachettent l'angle des arrêtes. 

- Ils sont là, annonce une voix inconnue cachée sous un casque.

Je réagis plus au sang qu'aux voix étrangères. J'angoisse à l'idée de retrouver le corps inerte de mon frère quelques mètres plus loin. Je me redresse, avec une difficulté jamais vu, et tape dans le verre avec mon pied pour me frayer un passage assez grand.

- Les mains en l'air !

Mes yeux se tempèrent à la luminosité extérieure et je découvre mon frère à genoux en train de se faire passer les menottes. Un regard à ma gauche me fait prendre conscience du corps d'Amanda qui ne bouge plus. Ses vêtements se colorent de rouge, par endroit.

Un soldat s'avance pour mettre les menottes à mon frère, alors qu'un autre, pointe son arme sur lui. Il ne semble pas s'inquiéter d'Amanda.

Je jette mon dévolu sur une arme à mes pieds et vise en direction des deux gardes. C'est étrange qu'ils ne soient que deux, d'habitude pour des missions de ce genre ils sont quatre, mais, je pense que la bombe a réduit leur effectif au strict minimum.

Je ne prends pas le temps de vérifier si l'arme est pleine et l'installe contre le véhicule. Elle pèse des tonnes, son calibre est plus lourd que d'habitude, j'arrive à peine à la hisser sur la taule rabougrie. Le fusil m'offre un viseur qui me permet de bien choisir la future place de la balle.

J'inspire, un œil fermé, et tire sur le premier. Touché en plein cœur, il s'effondre. Je m'attarde sur le second affolé par la situation. Il perd son sang froid et avec une justesse chaotique, s'empare de son pistolet attaché à sa hanche gauche.

La tête dans le viseur, je presse la gâchette mais rien ne part.

Démasqué, l'homme en uniforme s'approche de moi et se jette à ma figure. Je me débats avec difficulté et parviens à me faufiler loin de ses bras. Je cours vers Kevin mais je suis plaqué au sol. Le soldat me retourne face à lui et plaque son arme contre mon bandage qui se trempe sous l'afflux de mon sang. Je saisis l'arme par le canon pour la retirer mais sa force est supérieure à la mienne.

- Ta cavale n'aura pas duré longtemps.

Je cherche ses yeux puis la détonation ébranle le calme des lieux ...

Bonjour,

Une possible relation (amicale) entre Amanda et Nick ? Les rapports entre les deux frères s'amélioreront-ils ? Qui a été touché ?

La Bande Annonce est en médias.

N'hésitez pas à participer, je répondrai avec plaisir !