57-Regrets
-15 Décembre 2061-
[PDV Viviane]
Sept heure pointe le bout se son nez à l'horizon et emporte l'orage loin de nous. Les gros nuages noirs ont arrêté de toner après mon départ et ont déversé un rideau de pluie dense toute la soirée.
Je frictionne les cheveux un peu trop long de Snow et me lève pour rejoindre l'extérieur. J'ai besoin de prendre l'air pour évacuer un peu du stress qui me donne la nausée. Mon ventre retourné dans tous les sens m'empêche de ressentir la faim.
Posé sur une chaise, un paquet de cigarette attend de trouver preneur. Il me zieute, le regard emplit de souvenir. Il me rappelle l'époque où je fumais après avoir travaillé dans un champ de pommes de terre. C'était une sorte de réconfort et j'ai bien envie de brûler cet objet nocif pour apaiser la peur panique qui me détraque l'estomac.
Je saisis la cigarette et le briquet en regardant autour de moi pour vérifier qu'elle n'appartient à personne. Je les range dans la poche droite de mon pantalon crasseux et pousse la porte. Je maudis son grincement qui me vrille les tympans.
L'air frais et humide me cingle le visage. Je m'avance vers une forme humaine qui m'est familière. Ces cheveux bruns au vent, il est assis sur un rondin de bois, un buisson dans le dos. Je le rejoins mais ma blessure endolorie me rappelle que je dois prendre appuie sur son épaule si je veux être à sa hauteur.
Kevin me salue d'un sourire aimable qui n'avait pas ensoleillé son visage depuis longtemps. Cependant, je ne tarde pas à saisir les petites rides sur son visage, quelque chose le travaille.
- Je croyais que Connor ne voulait plus que tu surveilles le soir ?, dis-je.
L'incident de l'autre fois lui a valu d'être mis à l'écart. Notre leadeur l'éloignait le plus de son frère pour éviter une nouvelle engueulade entre ses deux faux-jumeaux. Il était tellement à l'écart que je ne le croisais nul part. Un jour, Loïs m'a dit qu'il le voyait partir avec un petit groupe chercher des provisions.
- J'avais besoin de prendre l'air et à force d'insister, il a cédé pour me laisser la plupart des gardes.
- La plupart ?, soulevé-je.
Je retire de ma poche le briquet et la cigarette, il s'empare de ce premier avant que je ne puisse faire quelque chose et l'allume par alternance. La flamme s'épanouit et disparait aussi vite qu'elle réapparait.
- Toutes les nuits et une ou deux en journée.
Si je ne connaissais pas aussi bien Kevin, je ne douterais pas de sa générosité mais il déteste monter la garde. Cet acte à une autre visée.
- Et toi, tu ne t'es pas enfermé dans ta chambre à ce que je vois, remarque-t-il.
Sa phrase me fait regretter ce sourire que j'essaie de maintenir.
"Pense à la lumière, Nick va revenir", me répété-je à moi-même.
- J'essaie de positiver.
- Pardon mais je t'ai plus souvent connu pessimiste qu'optimiste.
- Et moi je t'ai connu avec plus remords, repris-je sa tournure de phrase. Où est donc passé le Kevin qui partait tous les quatre matins s'assurer, clandestinement, que ces parents se portaient bien ?
- Ma mère, rectifie-t-il.
Je tends le bout du papier blanc vers la flammèche, elle se consume et je la porte à mes lèvres. La fumée épaisse bourre mes poumons d'une saveur qu'ils avaient oublié. Je tousse et recrache la fumée.
- Ça veut faire la dure ?, me juge-t-il.
Vexée, je lui envoie un coup de coude dans les côtes, puis, lui tends la cigarette. Il frotte son flanc gauche et je distingue un sourire espiègle sur son visage. Il prend le bâtonnet incandescent qu'il porte à ses lèvres. Le bout s'illumine d'une léger rouge qui réchauffe nos doigts.
- Où t'as trouvé ça ?, dit-il la fumée lui sortant du nez et de la bouche.
- Sur une chaise devant la porte.
- Tu l'as volé ?
Il me taquine, ça fait bien longtemps que je l'avais pas vu aussi détaché des faits. Un ange nous survole et je décide de plonger les deux pieds dans le plat.
- Pourquoi es-tu devenu si sombre ? Quand tu es arrivé tu ne ressemblais pas encore à ce Kevin là.
J'ai besoin de me changer les idées et éviter de me ronger les ongles. Il retiens un pans de ses lèvres entre ses dents.
- A vrai dire, je ne le sais pas moi-même. A l'époque, je sortais avec Alix on menait la belle vie quand j'y repense. Un jour, elle devait venir manger chez moi mais elle a été arrêtée alors qu'on s'apprêtait à servir le plat. Je suis resté en retrait, impuissant comme mes parents, je n'ai rien tenté, je les ai laissé faire comme un imbécile.
- Tu n'as rien à te reprocher.
- Si, Alix s'était transformé en Nick et j'ai revu ce jour où ils l'ont emmené. J'étais dévasté, persuadé d'avoir perdu mon frère. Alors, une sorte de colère a vu le jour et je la déverse sans filtre sur Nick.
- Pourtant il est de retour comme Alix. Dans d'autres circonstances, il apprécierait de te revoir comme avant.
- Je sais. Quand je suis rentré cet après-midi, Connor m'a averti qu'elle était là mais il a refusé que je la vois. D'après lui, elle aurait changé ou un truc du genre.
L'image de Nick agonisant resurgit, je saisis la cigarette et la consume un peu plus en espérant qu'elle en face de même avec ma mémoire.
Sur un chêne, un corbeau croasse sur l'une des branches dépouillée de vie. Il s'envole et l'un de ses congénères le rejoint. Ils tournoient sur eux avant de piquer du bec vers la cime des arbres.
- Elle m'a poignardé, je relâche la fumée.
- Elle ne ferait jamais un chose pareille pas quand elle a toute sa tête.
Le retour de son ex-copine ne le dérange pas plus que ça. Il n'est pas étonné, ni surpris.
- Justement elle ne l'a plus.
Il reprend la cigarette brûlé à sa moitié.
- Je suis surprise de ta réaction, tu apprends qu'Alix est de retour et tu ne réagis presque pas.
- Ce n'est pas ça. Au fond, j'espérais qu'elle revienne, je priais le seigneur pour la revoir une dernière fois et lui donner les reste des réponses qu'elle attendait.
Je me plonge dans le silence. Dois-je le lui laisser entrevoir une lumière qui peut rapidement disparaitre ? Alix ne reviendra sans doute jamais, comme Nick ...
- Ils reviendront, annoncé-je plus pour moi que pour lui.
Ça fait du bien d'exprimer ce qu'on se répète tout bas.
Je lui laisse finir la cigarette qu'il consomme jusqu'au trait orange, il l'écrase sous son pied. Son regard disparait loin de moi et j'en viens à me demander à quoi il pense. Je l'observe, trop longtemps, et découvre des détails physiques qui le distingue de Nick, outre son sourcil.
Kevin est plus large des épaules, plus musclé. Son nez prend plus de place entre ses yeux un tout petit peu plus foncés. Ces deux là se concurrence mais mon cœur a déjà trouvé preneur.
Les rayons du soleil lèchent ma peau, c'est le signal qu'il me fallait pour me détourner du brun. Je ferme les yeux et me délecte de cette sensation. Je me sens vivante, trop vivante, pour que ce soit réel.
Mes idées noires basculent vers Nick. Est-il sauvé ? Que va-t-il tenter -car je le connais assez bien pour savoir qu'il va saisir l'occasion d'être enfermé dans la Section Scientifique, avec Leferts- ? Quand sera-t-il de retour ? Pense-t-il à moi comme promis ? En tout cas, moi oui.
- Je peux te poser une question ?, demande Kevin nerveux.
Son pied tambourine le mégot aplati comme une crêpe.
- Oui.
J'ouvre un œil pour suivre ses paroles.
- Tu penses que Nick me pardonnerait ?
Mon cœur s'arrête. Ai-je bien entendu ? Kevin, le garçon le plus rancunié que je connaisse veut revenir sur ses pas. Il passe une main dans ses cheveux qui sont tout aussi en bataille que les miens.
- Je ne suis pas dans sa tête, remarqué-je ne voulant pas mettre la charrue avant les beuhs. Pourquoi changer d'avis maintenant ?
- Je reviens de chez mes parents. Nick avait raison et je n'ai rien vu. Je suis aveugle.
- Ne dit pas ça.
Je presse son genoux entre la main.
- C'est pourtant la stricte vérité. Nick n'était que le réceptacle de ma colère injustifié. Je ne veux pas qu'il meurt en sachant que je le déteste. Je regrette, tu ne sais pas à quel point.
Il frotte ses mains l'une contre l'autre. Mes mots me manquent. Que pourrais-je lui dire ? Je ne sais même pas ce que signifie avoir un frère ou une sœur.
- Qu'est-ce-qu'on va faire maintenant qu'on a vendu nos meilleurs équipiers ?, me questionne-t-il pour dévier de sujet.
- Préparer un plan d'attaque, nous devrons deviner les prochains coups du gouvernement pour les éviter. Ce ne sera pas aisé avec tout ses attentats sauvages mais nous réussirons. Après tout ce qu'on a enduré, il le faut. Et dois-je te rappeler que nous avons Ackim de notre côté ? Il connait tous les plans d'attaque de l'armée.
- Et s'ils restent prisonniers de l'Enceinte ?
- Nous irons les chercher une fois qu'ils seront tous sains et saufs ...
Bonjour à tous,
Kevin à enfin droit à son moment. Que pensais-vous de ses raisons ?
Samedi sonnera l'arrivé du prochain chapitre.
Bonne journée et merci pour votre soutient.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top