52-L'inévitable

-13 Décembre 2061-

La chaleur de sa peau contre la mienne me supplie de rester. Dos au mur, j'observe le désordre qui se mêle aux nuages noirs qui peuplent le ciel.

Une pile de feuilles grossit à vu d'œil près d'un tas de tissus mélangé. Les pages sont cornées, froissées, déchirées mais toutes couvertes d'encre bleue ou noir. Je n'arrive pas à comprendre le plaisir qu'elle éprouve à noircir des pages alors que ça ne lui servira, sans doute, à rien.

Un bras sous sa tête et un autre sur son ventre, je réfléchis aux derniers dangers qui s'élèvent de l'Enceinte. Que préparent-ils ? Pourquoi enlever des gens de tout âge confondu et non plus des adolescents ? Ces mystères sont troubles et m'attirent un peu plus vers l'endroit le plus protégé du pays.

Je m'embrouille en espérant voir le Mur sombrer, les habitants se mêler sans aucune distinction, l'Implosion victorieuse.

Cependant, mon retour dans l'Enceinte à sonner l'arrivée de combats intérieurs. Mon passé me revient tel une flèche et se plante dans mon cœur et, plus précisément, dans mes poumons. Le sifflement empire et je suis désespéré, le médicament n'a pas agit.

Vi, plongée dans un sommeil profond émet un léger bruit et s'enroule dans la couette, près du précipice et loin de mes bras. J'en profite pour me faufiler hors de la chambre comme un chat. Je m'habille en moins de deux avec un pull marron et un jean taché de peinture rouge.

Deux heures après le levé du jour, je me penche du rebord de la rambarde et surplombe les sympathisants, déjà sur le pied de guerre. Eux, au moins, ils ne chôment pas en se prélassant dans un lit. Ils ne sont plus qu'une trentaine à charger dans un des vans, rentré dans le Hangar, des poches entières de munitions. On dirait qu'ils préparent une guerre. J'espère, dans le silence, que nous n'aurons pas besoin de tant de métal pour gagner la partie. De plus, mon instinct me souffle que ce ne sera pas un grand combat, il ne se réalisera pas avec des hordes de citoyens.

Alix doit déteindre sur moi car je me sens éveillé par mon courage, enflammé à l'idée de faire souffrir Leferts, pourtant, jamais je n'ai été si rancunier. Je tiens cet homme pour unique responsable. Responsable de mes malheurs familiaux. Responsable de mon engagement vers ce côté sombre de la force. Responsable du rejet perpétuel du mon frère. Responsable de tout ces morts et de l'Epidémie. Mais, je ne dois pas oublier mon rôle dans tout ça ...

Je descends les marche avec la ferme intention de vider l'inhalateur si ça peut couper cet anneaux qui enserre mes poumons. Il grossit, s'épaissit, enfle. Je lâche une quinte de toux et entre dans la salle de réunion plié en  deux.

Ayden vaque à sa tâche et pianote l'écran, épaulé, par Snow. L'élève écoute avec attention son maître.

Saluer attendra, je me jette sur un sac, oublié derrière la porte. J'y ai rangé toutes sortes de médicaments au cas où. Je capture l'objet de mes désirs mais quelque chose ne va pas, à quelques centimètres de ma bouche, entrouverte, il tremble. En vérité, ce n'est pas lui mais moi. Ma main gauche vient maintenir sa sœur pour retrouver un peu de stabilité. Rien à faire. Mes doigts gelés m'alertent, quelque ne va pas.

Je rejette cette idée et avale le contenu de gaz du médicament. Je sais que ce n'est pas bon, néanmoins, je n'en peu plus.

Le bruit de la pression intrigue Ayden qui se retourne, imité par Snow. Ses yeux s'arrondissent.

- Fait attention, c'est pas bon pour toi.

- Dit ça ... A mes poumons.

J'avale ma salive, frigorifié. Sa bouche s'ouvre mais je le coupe avant :

- C'est bon, ça va passer.

Au fond, je ne peux m'empêcher de mentir pour les protéger. S'il m'arrive un quelconque malheur ce sera bien fait pour moi. Le karma sera venu me chercher.

Je me relève et m'approche des deux frères. La tablette affiche le tweet d'un utilisateur certifié : le gouvernement. Je porte l'appareil sur mes genoux et m'assis sur les deux tables installées pour le matériel informatique.

C'est le discours officiel de Leferts, il annonce, trois jours auparavant, notre exploit.

- Mes chers compatriotes. Un acte barbare a été commis entre nos murs. Des représentants d'un groupe de terroristes s'est introduit dans l'Enceinte et a assassiné froidement mon bien aimé frère, je lève les yeux aux ciel. Avant de nous quitter, notre président a laissé des consignes dicté bien avant sa mort et inscrit dans la Constitution.

En arrière plan, nous entendons le bruissement d'une feuille de papier que l'on déplie. Le regard de ce serpent camoufle une joie que lui seul ressent. Il reste droit, froid et solennelle.

Pour tout dire, ce sourire fantomatique me confirme ce que je craignais. Le président était un pion et Leferts l'a avancé sur la table. Il tombe mais est remplacé dans la seconde. J'attends que sa voix annonce l'inévitable, encore un coup et l'Implosion sonnera son glas. Mon cerveau sélection les passages importants.

- Je nomme mon frère à la tête du pays le temps que des élections soient menées dans le respect de la Constitution de la Sixième République ... Il vous épaulera et vous soutiendra dans ces instants instables ...

Je vire la page d'Inter et me perds dans un gouffre de pensée. Des sons perdus viennent trouver échos sur mes cils. Si Leferts devient président, ce qu'il est maintenant, nous n'avons plus le choix, nous devons agir. Je le connais assez bien pour savoir qu'il est un manipulateur hors paire. Il va s'octroyer les pleins pouvoirs sous fausses preuves en clamant que la République est mise en danger par des terroristes car c'est ce que nous sommes des terroristes. Au même titre que ceux qui ont frappé en 2015.

Des mouvements égarent mes pupilles. Une porte se ferme et une main se pose sur mon épaule. Ce contact m'électrocute, je me réveille.

- Pardon, je ne voulais pas te faire peur.

Amanda me regarde pleine de compaction, dos à Alix. Quand je l'a vois, je vois une mère, pas une simple connaissance.

- Je me suis noyé dans mes pensée, c'est tout. Qu'est-ce-qui a ?

Une lumière de tristesse passe dans son regard.

- Je voulais en parler avec toi. Connor m'a dit qu'Alix était ici. C'est vrai ?

Sa tristesse abrite de l'espoir qui me réchauffe le cœur. Sa fille, à trois mètres d'elle, dort. Amanda est-elle prête à voir ça ?

- Euh ...

Mes mots se mélangent et forment une boule étanche dans ma gorge.

- Nick, c'est ma fille ...

Justement ...

Avec mon bras, je l'invite à se retourner. Ses yeux s'écarquillent et se mettent à luire. Un sourire radieux égaille son visage. Elle s'agenouille près d'Alix, une main sur sa joue.

- Pourquoi est-elle relié à tout cet attirail ?

Je ravale une larme mais m'étouffe. Je tousse, crache pour retrouver ma respiration qui ne va toujours pas mieux. Je me retiens sur le bureau, ma gorge est sèche, j'ai froid et mes poumons renonce à s'ouvrir.

Un pli d'inquiétude apparait sur son front.

- Elle ... L'Expansion l'a changé.

- Comment ça ?

Je vide mes alvéoles une dernière fois mais inspirer devient de plus en plus difficile.

- Je ne sais pas encore ce qu'elle a. C'est elle qui a blessé Vi. Thomas a laissé une lettre ou il expliquait pourquoi elle était de retour.

- Et ?

- Elle devient folle, elle perd le contrôle.

- Pourquoi ?

Ma tête s'élance, je comprends de moins en moins bien ses questions. Je souffre, j'ai froid, soif ... Je me propulse sur mes pieds, ils sont comme de la pâte à modelé,ilsl me retiennent que si mon poids repose sur quelque chose de plus solide.

Mes bronches s'ébranlent de nouveau. Une main devant la bouche, j'évite que les postillons ne volent partout. Cependant, ces derniers ne sont pas transparent, ils sont rouges, rouges sang. Ma tête entame un dernier tour de piste et toutes mes forces me quittent. Je tombe et sombre vers l'inévitable ...

Hey !

Que pensez-vous de ce chapitre ? L'avenir de Nick est-il en jeu ?

Mercredi un nouveau chapitre sortira. En attendant, je vous remercie pour tout vos retours !

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