51-Tu m'as manqué
-12 Décembre 2061-
Quatre jours. Cela fait quatre-vingt seize heures que j'imagine les bras de Viviane autour de mon torse. Ce besoin, vital, m'aidera à retrouver l'entièreté de mon sourire. L'équipe et moi avons attendu qu'une bonne journée passe pour retrouver le van et ouvrir les voiles.
Aujourd'hui, nous rentrons, enfin.
Mes muscles, endoloris, me supplient de me poser un instant, de les laisser tranquille, mais, ses derniers temps les ont mis à rude épreuve. Mes pieds douloureux rêvent de trouver une semelle douce pour soigner leur mal.
Les arbres défilent. Couverts de neige et dépourvus de feuilles, je regrette l'automne et attends le printemps. Léni conduit et ne quitte pas la route des yeux.
Entre les courbatures aux jambes et mon asthme, mes nuits étaient tendues.
- Nous y retournerons ne t'en fait pas.
L'asiatique m'envoie un coup de coude dans les côtes, pile entre la quatrième et la cinquième.
- J'aurai dû rester, juste pour trouver ce qu'avait Alix, soupiré-je.
- Arrête un peu de te morfondre, il est temps que Viviane te remonte le morale mon vieux. Alix est endormie et elle ne risque rien. Si tu veux, au minimum, nous pouvons attendre que la semaine passe avant d'y retourner mais ce sera dangereux, bien plus que ça ne l'a été.
- Je sais et c'est ce qui m'inquiète pour tout te dire.
- Nous n'avons croisé aucun garde depuis notre retour ici et ça me parait un peu étrange, je ne te le cache pas. Mais si tu tiens à rejoindre l'Enceinte une nouvelle fois, je serais de la partie.
Il tend sa main entre nos deux corps et je la saisis d'une poigne de fer qui vivifie mon sourire. Cette discussion allège mes sombres pensées.
La couleur rougeâtre du Hangar apparait et Léni coupe le contact.
La journée s'annonce belle et éclairée, malgré, la neige. Le ciel est sans nuages et invite mon cœur à faire la même chose.
Je pose un premier pied à terre mais une furie plonge dans mes bras avant que je comprenne ce qui m'arrive. J'inspire son odeur vanillé sous le regard aiguisé de Léni qui sourit. Les autres disparaissent se mettre à l'aise.
- Ta finis de nous regarder ?, fâché-je Léni.
- Pff ... T'es pas marrant.
Il part sur ses mots. Que peut-il bien y avoir d'ironique là dedans ?
- Tu m'as tellement manqué, lui murmuré-je à l'oreille.
Ses cheveux lâchés au vent se frottent à mes lèvres.
Le second van a disparu et l'extérieur du Hangar est vide.
- Et toi donc ! Quatre jours !, s'exclame-t-elle le timbre montant vers les aigües.
Elle recule d'un pas mais garde une main sur mon épaule pour se soutenir, sa blessure reste toujours d'actualité.
- Si je me fis au sourire victorieux et provocateur de Léni, je pense discerner une victoire.
Pour toute réponse, je me penche et goute à ses lèvres qui m'avait manqué.
- Eh, oh, les amoureux.
Je me retourne et découvre Ackim, la noirceur de sa peau accentué à cause de la neige, assit, les jambes pendantes, sur le bord du van. Il nous observe, un sourcil plus élevé que l'autre. Ne va-t-on pas pouvoir, enfin, être seuls ?
- Oui, c'est à toi que je m'adresse Roméo. Je me demandais juste, comme ça, où je devais aller ?
Ne vont-ils pas enfin arrêter avec ses surnoms ?
Un sourire forcé ronge ses lèvres et je fais un signe de tête pour qu'il me suive. Je le préfère sans cette grosse armure que nous avons laissé dans une baïne à ordures. Nous montons la légère bute, Vi a encore du mal à marcher mais l'essentiel est qu'elle arrive à tenir debout.
- Tu sais où est Connor ?
Vi me regarde et désigne le premier étage.
Quand nous rentrons dans le Hangar, je suis surpris pas sa grandeur. Pourquoi y a-t-il si peu de monde ?
- Y a une fauche ou ...
Mes mots meurent.
- Non, Connor a demandé à ce qu'un minimum de personnes restent, il avait peur que les soldats rappliquent pour exploser une nouvelle fois les murs.
La taule atteste de la fusillade qui a valut à l'Implosion d'être considérée comme éteinte.
Sa tête a proximité de ma poitrine l'avertit de mon asthme persistante.
- Tu siffles ?
Après tant de temps dans cet état, je n'y faisais plus gaffe.
- Oui, j'ai oublié mon médicament et ça ne veut pas s'arrêter.
Y repenser provoque une quinte de toux, je couvre mes postillons.
Nous montons les escaliers et je frappe à la porte de Connor après avoir demandé à Vi de m'attendre dans la chambre. Notre leadeur ouvre la porte, des cernes creusent le dessous de ses yeux.
Le regard de Connor déshabille Ackim qui ne sait plus sur quel pied danser.
- Ackim, je te présente Connor. Connor, Ackim.
Je fais aller et venir ma main entre nous.
Le silence s'installe et les deux hommes se regardent mutuellement. Cela peut paraitre étrange, mais je ne me sens pas à ma place, comprimé, par une pression invisible.
- Bon ... Euh ... Je vais vous laisser discuter et tout et tout ...
Je recule, les mains toujours en mouvement, vers la fin du couloir. Je cours les dernières mètres pour disparaitre loin de cette situation pour le moins déconcertante.
Vi est par terre et annote sur une feuille une suite de mots tout droit sorti d'un de ses bouquins savants.
Depuis qu'elle me l'a rappelé, ma gène est de plus en plus présente, oppressante. Je soulève des livres, des habits à la recherche de mon inhalateur.
- Tiens.
Sa main me tend le petit objet bleuté.
- Merci.
J'appuie sur le bouton et inspire à plein poumons.
- D'habitude ça ne dure pas si longtemps, souligne-t-elle.
- C'est rien, la rassuré-je une fois le produit bien au fin fond de mon organisme.
Je lui propose ma main qu'elle saisit pour revenir devant mes yeux. Elle est si belle avec sa peau métisse, ses tâches de rousseurs et ses yeux noisettes ... Je me noie dans son regard.
- Tu es sûr ?
- Si je te le dis.
Nos deux souffles se mélangent et je cède à la tentation sucrée de sa peau contre la mienne. Mes lèvres fondent sur les siennes et nous demandons toujours plus de l'autre. Je recule vers le lit mais me prends les pieds dans l'un des manuels ouverts et tombe à la renverse sur le lit.
- Aïe, se plaint-elle, une main sur sa hanche.
En-dessous d'elle, je place ma main sur la sienne pour la retirer et voir comment va sa blessure.
- Laisse tomber.
Elle replonge, ses mains dans mes cheveux. Elle sait comment me détourner d'une idée fixe.
Mes lèvres contre les siennes, la passion nous enflamme. Elle m'avait manqué, pas qu'elle, tout son corps entier ...
Hey !
Un chapitre plus doux pour revenir vers les choses sérieuses. Qu'en pensez-vous ? Des idées sur la suite ?
La suite sort Dimanche. ^^
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