48-Souffle court
-10 Décembre 2061-
A deux reprises, Nick a disparu. Je ne suis plus moi. Je deviens un meurtrier et comme tous ceux qui se respecte, nous ne nous arrêtons jamais à notre première victime. Il y en aura deux. Et comme Alix, mes mains rougiront.
Une part de moi en est persuadée: un jour, le ciel viendra me punir.
Mes oreilles reproduisent encore et encore cette déflagration. Mes sens me quittent, me laissent m'effondrer. Mes souvenirs, ce visage sans vie avec un filet de sang au coin de la bouche, se métamorphose en un ouragan. Il ébranle mes piliers, mes valeurs, mon enfance, mon innocence.
La balle est partie, non par obligation, mais par besoin. Quand les Leferts tomberont, je retrouverai cet enfant, celui que j'étais. Détruire Leferts s'est mettre en cendres une douzaine d'années de ma vie avant de pouvoir en entamer une autre.
Genoux au sol, mes yeux auscultent l'homme parti rejoindre un nouveau monde. Sa peau se refroidit. Ses lèvres bleuissent. Ses muscles se détendent.
Arthur, Sibylle et Léni comprennent ce qu'il vient de se passer. Eux, aussi mettent un instant pour assimiler les évènements. Ce sang froid ne me ressemble pas. Ce n'est pas moi.
Léni passe un bras sous mon épaule pour me redresser. Mes jambes molles perdent toutes leur force, à moitié couché sur le sol, mon regard s'absorbe dans ses deux iris brunes, perdues entre deux mondes. Celui des vivants et celui des morts.
Un casque assombrit ma vision. Un main fini sur le verre qui protège mon visage.
- Nick, tu reviens ?
Mes poumons rétrécissent, perdent de leur volume et je m'étouffe. Le sol ramollit et durcit sous mon poids. Mon corps suent à grosses goutes. Je retire à la va-vite mon casque et repousse les protestations de mon ami.
L'air s'engouffre dans mes narines et j'inspire la fraicheur de la mort. Mes poumons me font souffrir, entre respiration et toux.
Léni m'aide d'une tape dans le dos mais nous savons tous les deux que ça ne sert à rien. Cinq minutes de répit m'offre un retour au calme. Il est imparfait mais c'est déjà ça.
La tension contenue dans l'atmosphère transforme le gaz en liquide huileux qui nous opprime la poitrine. Les membres de l'Implosion ouvre leurs casques.
Je me relève, enfile le miens et nous retrouvons Ackim.
- Vous foutiez quoi, bon sang !, nous gronde-t-il.
Je l'ignore et repars au trot vers la voiture. La détonation a dû avertir les habitants de l'immeuble, nous devons déguerpir avant de nous faire piéger.
- Nick a mis un moment avant d'agir, indique Léni.
- Pardon ? Nick l'a tué ?
- Oui, après un mini pitch qui je dois dire était assez convainquant.
Comment Ackim peut-il encore croire que je sois rester le prodige du gouvernement ? A l'époque, tuer quelqu'un m'était impossible, mais aujourd'hui, violence après violence, mes yeux s'accommodent à ce mode de vie qui m'effraye. Je ne veux pas finir ma vie dans un bain de sang.
Mes jambes ne peuvent rivaliser avec l'endurance de mes amis. Ils me doublent et montent dans la voiture alors que mes pieds se figent une fois le pas de la porte franchit. Le garde en charge de la protection de l'immeuble me regarde et glisse, avec une discrétion totale, sa main derrière son dos. Son corps est projeté contre le mur, je me retourne et détaille la fumée qui monte vers les cieux. Arthur a pressé la détente pour notre bien à tous.
Mes pupilles contemplent, à vingt mètre, le bâtiment vitrée de publicités en tout genre que je fréquentai à l'époque.
- Nick, m'appelle Ackim.
Malheureusement, je comprends que le temps n'est plus de notre côté et qu'Alix devra attendre une prochaine descente.
Un individu se détache de la porte d'entrée de la section scientifique et se penche vers son épaule. Sur la mienne, mon talki walki s'active.
- Mouvement étrange au 15 rue Charles de Gaule.
Mon sang ne fait qu'un tour, j'oublie Alix, le président, Leferts et tout ce qui m'entoure. Je ferme ma fenêtre.
- Comment on va faire pour sortir maintenant ?, intervient Sibylle en passant sa tête entre nos deux sièges.
Ackim augmente le volume de la radio pour s'informer de la course poursuite qui s'annonce.
- Dans deux minutes, une équipe sera là. Dans dix minutes, soyez sûrs qu'ils découvriront le corps. Donc je nous laisse une heure pour mettre le plus de distance et croisez les doigts pour que nous rencontrions personne.
Une trappe dans le sol descend et nous retrouvons les fameux souterrains. La vitesse permet aux pneu de survoler la route bitumée.
- Quand nous arriverons prêt du mur, nous le traverserons à pied, vous vous changerez et nous devrons traverser, à la surface, secteur par secteur, révèle Ackim.
Les appels radios se succèdent et annoncent plusieurs itinéraires, ils semblent nous cerner. Mes palpitations cardiaques s'affolent.
Deux heures plus tard, un véhicule apparait devant nous, nous ne sommes qu'à deux cents mètres du grillage. Je scrute la noirceur du masque de mon ami pour trouver son regard, je l'imagine déterminé, fixé sur sa cible. Les muscles de sa jambe droite de tendent.
- Attachez-vous !
Sa voix, trop forte pour cacher sa peur, nous prépare à l'impacte. La flèche de la jauge de vitesse se penchent de plus en plus vers la droite.
Vingt mètres.
Dix mètres.
Deux mètres.
Impact.
Les ceintures nous lacère le torse pour nous garder en vie. Nous partons vers l'avant pour passer au dessus du convois. Le parechoc se froisse et les vitres explosent.
Dans un boucan explosif, la taule qui recouvre le van glisse sur quatre mètres. Bien réveillé, je ne tarde pas à détacher ma ceinture qui bien sûr résiste. Au cinquième assaut, elle lâche.
- Allez !
Je ne sais pas d'où vient le cris. Tout ce que je sais, c'est que je sors du véhicule qui dégage une fumée noire. Ce n'est pas bon signe.
Je propulse mes jambes vers l'avant et cours sans retenu vers le grillage qui se rapproche. Le véhicule éclate dans une nuée de petites étoiles rouges. Je tombe la tête la première et brise mon casque sous l'impact qui est accompagné d'une balle. Ma tête part à l'avant, déboussolé. Je remercie le gouvernement d'avoir créé des équipements si robuste qu'ils ne laissent pas passer les balles.
Une pluie de munitions escortent notre remonté. Comme les autres, je dépasse la grille et attrape mes vêtements. Arthur ouvre la marche et pousse la trappe sur le côté. Dans ma course, je déclipse mon casque et le laisse sur le sol.
Avant qu'il ne me perde de vue, je me tourne vers eux, les balles dansent autour de moi, et leur adresse un magnifique majeur ...
Bonjour,
Voici la suite assez mouvementé qui vient compenser la mort du président. S'en sortiront-ils ?
N'hésitez pas à réagir sur ce chapitre, je réponds avec grand plaisir. ^^
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