47-La fin de l'innocence
-10 Décembre 2061-
L'immense salon sent un parfum ambré dégagé par des bâtonnés disposés dans une soucoupe en cristal. Les meubles s'enracinent dans le sol depuis des années. Le canapé en cuir, la table en verre, le tapis ...
J'entre, sur mes gardes, mais ne remarque aucun bruit. Un silence sans fond nous absorbe. Nous commençons par le salon, vide, puis la cuisine. Ses meubles noirs marbrés par des racines blanches me tapent à l'œil.
Mes deux doigts s'alignent et désignent la deuxième partie du complexe. Un long couloir sépare des chambres, une salle de bain, un bureau et d'autres pièces sans réelles utilités.
Arthur se place à droite de la première porte et moi à gauche. Sa main ouvre la porte et je m'engage, l'arme chargée. Personne.
Nous continuons notre route et à la troisième porte rouge, mes jambes refusent de répondre. Je me souviens être venu dans ce bureau aux couleurs anciennes.
Sibylle me dégage et prend ma place, la porte s'abat sur le mur opposé. Boom. Mon arme pique du nez, mes jambes ne sont plus les seules à perdre leur assurance.
Le regard clair d'un homme de la quarantaine me percute. Si l'armure ne me maintenait pas autant, je m'effondrerai à ses pieds. Il m'est impossible de répondre, pas face à cet homme qui ne m'a jamais fait de mal directement. Leferts l'ainé est mon objectif, pas lui.
Léni me réveille d'un coup d'épaule.
- Tu fous quoi là ?
Je fais appel à toute ma concentration pour aligner trois pas. La moquette taupe absorbe le bruit métallique de mes semelles. Ces cheveux grisonnant, cause du stress, ressortent sur la tapisserie blanche aux quelques traits linéaires effacés. Son bureau en acajou s'impose dans cet ensemble de deux meubles. Le premier supporte des livres et le deuxième de la paperasse présidentielle. Les gros pieds du bureau tassent le tissu du tapis molletonné d'un léger beige.
Cet homme, Alfred Leferts de son vrai nom, est le dernier d'une tribut de quatre enfant. L'une de ses deux sœurs dirige une grande banque tandis que l'autre règle des affaires secrètes en tant ambassadrice. Le premier d'entre eux, Leferts -il n'est connu que par son nom- dicte la Section Scientifique et de l'Expansion.
- Nikolas, mon frère se demandait quand tu allais revenir.
Ce nom m'horripile, mes poils hérissement, le président et Leferts sont bien les derniers à insister pour m'appeler ainsi.
Son timbre, calme, précis et complaisant, le distingue de son frère. Il reste assis, les mains jointes sur un cahier A4.
- Croyez-moi, je rêvais de revenir parmi vous, ironisai-je.
L'homme, ridé, ballait ma remarque d'un revers des doigts.
- Je m'en doute. Je regardai cette photo, nous nous retournons pour la découvrir, et me remémorai cet instant. Il était magique, plus particulièrement pour toi, Nikolas ...
Mon dos imprimé sur le dossier de la chaise, je me sens tout petit face à cette assemblé. Une centaine, si ce n'est un millier d'hommes et de femmes, prennent place dans la salle de conférence. A côté du président siège Leferts et d'autres grands noms de la science. Ma taille rétrécie de plus belle.
Ce premier se dresse, un peu avant la fermeture des portes, pour surplomber toutes ses oreilles. Un garde m'a placé avec six autres camarades au premier rang, en évidence.
- Mesdames et Messieurs, je vous remercie d'être présent en ce jour. Comme vous le savez tous, nous avons recruté des jeunes esprits vifs et neufs pour encadrer notre prochain projet. Pendant ces cinq années, nous avons autant appris d'eux que de nous. Ces enfants sont nos yeux et nos cerveaux. A présent, ils superviseront avec l'aide de chercheurs expérimentés l'Expansion.
Une main zèbre l'assemblé.
- Oui, je vous écoute.
Leferts mitraille son frère, normalement, il n'a pas le droit de laisser quelqu'un prendre la parole à ce stade de la réunion, mais, le président aime suivre ses propres règles. Il veut être proche de son peuple et interférer avec lui, mais, ce n'est pas de l'avis de son ainé.
La femme rousse se lève.
- Les enfants sont-ils formés à ce qui les attend avec l'Expansion ?
- En effet, ces cinq ans ont contribué à les modeler et à les préparer à ce qui va suivre. Aujourd'hui en atteste.
Elle se rassit et la main du président nous désigne.
- Vous avez ici devant vous les six sélectionnés. Pour vous montrer gages de notre mission, nous vous les présentons pour les gratifier.
Un nom s'élève, celui d'un de mes camarades qui part rejoindre le président. Après une suite de présentations de mes compagnons, il ne reste que moi.
- Nikolas du secteur 7.
Des murmures couvrent le silence passé, je suis le seul Rejeté.
Une grimace rejette ce surnom. Mes jambes marchent d'elles-mêmes et me guident jusqu'aux représentants de notre nation. Dans sa main, un cadre avec un diplôme me sourit.
- Je vous présente Nikolas, un prodige découvert lors d'un test à l'extérieur. Il est le seul à avoir réussit haut la main les épreuves. A douze ans, il devient le leader de ce petit groupe et protégé de la Section Scientifique. Il est la pupille de notre état et notre espoir à tous.
- Est-ce l'enfant ?
Leferts, sur le point de se lever, est retenu par un infime geste.
- Oui, c'est bien lui qui a donné le nom de Nytron à cette planète.
La cérémonie se termine après deux heures debout comme des piqués. Mes jambes me font souffrir. Nous recevons l'éloge de diverses personnes, des applaudissements, des remerciements mais je ne les écoute pas. Je veux partir, ma place n'est pas ici mais dans l'Expansion même ...
J'affiche un faux sourire à côté de camarades oubliés.
La colère s'empare de moi et s'explose la photo sur le sol. Le verre constelle la moquette.
- Non, ses souvenirs sont montés de toutes pièces. Je n'aurais pas dû être là, comme vous.
- Où était-elle ?questionne le président.
- Moi ? Avec ma famille. Vous ? Ailleurs mais pas ici, pas à une place gardé au chaud pour son frère. Vous êtes comme les premiers ministres, là pour sauter au premier problème. Comme moi, vous savez qu'une plage paradisiaque vous attire plus que le poste de président. Leferts fait passer ces instructions à travers vous car la population vous préfère.
Mon courage se reconstruit peu à peu et mon arme reprend sa place, bien droite.
- Sachez, je n'ai rien contre vous, vous n'êtes pas la source du problème mais vous y contribuez.
Mes camarades savent qu'ils ne doivent rien tenter car il est pour moi.
- Moi aussi. Je vous appréciais mais l'heure est venue d'avancer. Je veux faire tomber Leferts et vous êtes sur notre passage.
Je m'approche et installe le canon à un mètre de son cœur. Il me fixe, me glace mais j'y fais abstraction. Mes paupières se closent, je dois le faire mais je ne peux pas le regarder dans les yeux. Pas lui.
Dans l'obscurité la plus totale, la détonation rompt mon innocence ...
Hey !
Que pensez-vous de ce chapitre ?
N'hésitez pas à régir !
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