46-La tanière du loup
-10 Décembre 2061-
La musique bat son plein comme les cris d'alcooliques trop déchirés pour prononcer un mot sans l'écorcher. Je finis ma gorgée de Crintch avec une grimasse de dégoût. Cet alcool découvert par une distillerie est le résultat d'un mélange audacieux de cranberrys, de canne à sucre, de jean et d'autres ingrédients. Au premier passage, il laisse sur notre palais un goût sucré et tendre mais gorgée après gorgée son goût se détériore, c'est pourquoi, il est servie dans un shoot.
Ackim termine son jean tonique pour réhydrater sa gorge sèche. Nous parlons depuis des heures du bon vieux temps et de l'extérieur. Il a tenu à en apprendre un peu plus sur l'Implosion et nos objectifs, bien évidement, je lui ai fait part de nos intentions sans entrer dans les détails.
- Quand tu m'as joint pour la première fois tu m'as dit que les choses devenaient étranges ici. Tu voulais dire quoi ?
- La Section Scientifique tourne à plein régime, je n'arrive pas à savoir pourquoi mais ça ne sent pas bon. En plus, les disparitions inexpliquées se multiplient, en deux semaines, cinq enfants et adultes se sont volatilisés.
Ces craintes me font imaginer le pire : le retour de l'Expansion à une échelle massive.
- A quoi penses-tu ?, essayé-je de deviner en mettant en sourdine mes peurs.
- La famille Leferts est imprévisible. Toutes possibilités pourrait nous mener droit dans le mur.
- Penses-tu à l'Expansion ?
Il fallait que je sois certain. Ces lèvres se pincent.
- Probable.
- Nous devrons agir vite alors pour éviter la mort de personne innocente par l'Expansion.
- Je suis d'accord mais une chose à la fois, il est l'heure.
Il se redresse, abandonne un léger pourboire et remonte sa manche. Sa tête passe les lianes perlées et fait signe aux autres que la fête est finie. Ils se résignent à rejoindre la porte.
Personne ne demande quoi que ce soit, le danger est partout comme les oreilles. La foule a déserté la place remplie de quelques fêtards qui font éclater leur enthousiasme à la figure des autres marcheurs. Notre route se vide progressivement jusqu'à arriver à une porte en fonte.
Les lumières de l'Enceinte pollues la nuit et éclipse la fine dentelle lunaire.
Ackim écrase son doigt sur la plaque numérique qui scanne son empreinte et s'ouvre derrière lui. Mes yeux planent jusqu'à trouver une caméras pointée dans notre direction.
- Euh ... Et les caméras ?
Ma voix, trop forte, résonne dans l'espace vite. Mon ami barre sa bouche d'un doigt et chuchote :
- Je ne suis pas le seul à prêter alliance à la résistance. Un ami s'en est chargé.
Nous continuons jusqu'à une petite salle où nous trouvons une dizaine de combinaisons entassées les unes sur les autres. A côté, des casques s'alignent au garde à vous.
Je m'extrais de mes vêtements inconfortables et plonge dans cette couverture ambulante. L'épaisseur de l'uniforme me rend ridicule. Je ressemble à un saucisson. Comment font-ils pour ne pas transpirer ?
- Appuyez là si vous avez trop chaud, l'ensemble est fait pour s'adapter à la température de votre corps et celle de l'extérieur.
Je presse le bouton sur mon épaule et un faible souffle s'évacue de ma combinaison, je descends de deux centimètres.
Ackim part se munir de fusils qu'ils nous distribuent. Ces armes sont bien plus sophistiqués que les nôtres et pèse des tonnes. Ma musculature médiocre ne tiendra pas longtemps ce parpaing. Je détaille ma tenu et découvre un crocher qui et fait pour relier l'arme à la combinaison. J'enclenche le clic et savoure une partie du poids disparu.
- Maintenant vous me suivez et surtout ne l'ouvrez pas, cela pourrait vous compromettre.
Il nous emmène à un van qui cocotte le cuir neuf. Ne servent-elles que deux fois avant d'être remplacées ?
Le moteur démarre et le véhicule traverse le secteur 2 par les souterrains jusqu'au cœur même du 1. Je me perds dans une contemplation nostalgique des lieux quand nous réémergeons. Je me revois trainer tard dans la nuit et m'assoir au pied d'un des rares arbres, frêles, de l'Enceinte ; courir d'un bâtiment à un autre, emporter par une idée de génie ...
Je constate que je n'ai pas encore coupé le cordon, il pend à moitié rompu.
Ackim éteint le moteur à un patté d'immeuble de la propriété de la famille Leferts. Ils habitent face au building qui affiche avec fierté sa couleur : Section Scientifique. A quelques pas, la Section Technologique, Santé, Agricole, Politique ont élu domicile.
- Nous sommes arrivés à destination. Nick tu fermes la marche, je veux Sibylle et Arthur derrière moi, Léni sera devant toi, m'adresse-t-il la parole.
J'opine et installe le casque qui émet un bruit de pression une fois clipsé. Je pensais ressentir une gène à cause de son imposante mais en fait non.
Ackim, arme rangé, traverse deux rues avant de déboucher sur celle qui donne sur un immense immeuble qui brille comme les étoiles dans le ciel -bien sûr, quand aucun lampadaire ne vient parasiter leur beauté-.
Au pied de l'énorme boule à facette blanche, un soldat fait les cents pas, il a plutôt l'air de s'ennuyer et je parie qu'il rêve de passer la soirée dans les bras de sa femme et de ses enfants.
Ackim le salue du chef. Le soldat lui répond mais lui barre la route.
- C'est pour quoi ?
- Nous avons un produit à transférer, il a été apporté à M.Leferts dans la matinée.
Sa jambe repart sur la droite et nous laisse passer. Au trot, nous grimpons les escaliers, ce simple effort assèche mes poumons, j'aurais dû penser à prendre mon inhalateur. Nous tournons autour d'un ascenseur et je me demande pourquoi nous ne l'avons pas emprunté. Six étages plus loin, Ackim s'arrête et contrôle la droite puis la gauche du couloir. Les murs d'un beige taupe soulignent la finesse des lieux avec quelques cadres d'animaux sauvages comme des lions et des suricates qui ont disparu depuis seize ans. Les moutons de poussière ont déserté les lieux qui sentent les produits ménagés.
- R.A.S.
Mes pieds me font souffrir, il faut qu'on fasse une pause mais le moment n'est pas opportun. Mon ami se plaque à côté d'une porte en verre flouté par un filme. Ses mains se méprennent en geste que nous observons avec sérieux. Ou presque ...
Un fou rire me traverse, je ne comprends pas un traitre mot.
- Pardon mais des mots seraient plus ... Explicite ?
Ses épaules s'affaissent.
- A l'heure qu'il est, il est seul dans la pièce, allez-y, je vous attends là, je monte la garde.
Mes mains, soudain moins sûres, s'emparent de l'arme. Mon groupe me fait signe d'avancer. Je suis le seul à connaitre les lieux. Une main sur la poignée de la porte, je sens mon cœur prendre son envole. Un sifflement s'échappe de mes lèvres.
Mince.
Un dernier regard en arrière et la poignée tombe ...
Bonjour à tous,
Alors qu'annonce la suite des évènements ?
Merci pour votre soutiens et vos commentaire auxquelles je réponds dès que possible ^^.
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