38-Retour à la maison
-5 Décembre 2061-
La capsule, un œuf en aluminium gris, fume sur le sol froid, sa porte s'écroule dans un bruit effrayant. J'avance, dubitatif, vers l'entrée plongée dans la pénombre. Mon sang palpite dans mes veines, à la fois d'excitation et d'appréhension. D'où vient-elle ? Que cache-t-elle ?
L'endroit spacieux mais restreint donne sur une petite entrée jointe d'un pièce qui regroupe neuf cloches frigorifiques. La situation se déchiffre dans ma tête comme dans un calculateur. Cette caisse ne m'est pas inconnue. Dissimulée durant mon engagement dans l'Expansion, je n'avais pas eu la chance de la voir de mes yeux.
Je passe ma main sur l'une des cloches en verre couverte autant par la poussière que d'un fine couche de glace. L'empreinte de mes doigts laissent de longs sillons qui rappellent le chemin escarpé de ma vie. La pression du dernier sarcophage libère un souffle de dépressurisation. Une enveloppe, posée avec précision sur le couvercle, tombe quand il se redresse. Je m'approche au plus près et découvre un corps projeté vers l'avant.
Ses cheveux roux ont perdu de leur couleur artificielle apparue de façon inexplicable. Sa peau colorée avec légèreté se détache de ses vêtements blancs. Si elle était restée allongée, je l'aurais confondue avec une morte, mais, son teint n'a rien à voir avec la pâleur d'un mort. Ses yeux, bruns, cherchent dans toutes les directions un visage connu. Je m'avance pour poser une main sur son épaule mais mon geste reste en suspens. De loin, je n'avais pas remarqué la rougeur du blanc de ses yeux, injectés de sang. Je recule.
- Nick, s'étonne-t-elle.
Elle se touche le visage sans comprendre la situation.
- Alix, répété-je embrumé.
- Je suis morte. Ça ne fait aucun doute, ils m'ont tué ...
Ses gestes précipités et sa courte respiration m'implore de lui venir en aide. Je plaque mes mains dans les siennes.
- Non, impossible !
Elle essaye de se dégager mais ma poigne l'emporte.
- Non, calme-toi, tu es bien en vie. Et tu es à la maison, sur Terre.
- Mais, il y a quelques minutes, j'étais ...
Sa voix se meure.
- Oui, je sais, sur Nytron mais c'est fini. Ce ne sont que les effets secondaires de la cryogénisation.
Elle se penche vers l'avant et je la prends sous mon épaule. Ses jambes, encore, engourdies par ce long voyage parviennent avec difficulté à supporter son poids. Je la traine jusqu'à la sortie ou elle s'effondre sur les feuilles mortes. Elle en prélève un poignée et la porte à son nez. Elle hume l'odeur si particulière comme si c'était la septième merveille du monde. Ses épaulent s'affaissent et tressautent. Ma poitrine se presse, je m'abaisse à son niveau et pose ma main sur les restes végétales. Elle pose son regard rougit sur le mien.
- Je te croyais mort ...
- Il m'en faut plus si tu veux me tuer.
- Comment as-tu fait ?
- Leferts m'a interrogé après que tu te sois enfuit, je lui ai baragouiner une histoire et la nuit venue je suis parti. Ça n'a pas été facile mais j'ai réussi.
Un long silence s'installe, je n'ose pas retirer mon contact qui semble la calmer, sa poitrine se soulève et se baisse à intervalle régulier. Elle ne renifle plus.
Mon regard descend jusqu'à un collier qui ressemble plus à une fiole, remplit d'une épaisse poussière.
- Qu'est-ce-que c'est ?, désigné-je.
Sa salive s'écoule avec difficulté.
- Des cendres, dit-elle.
- Celle de qui ?
Mon cœur craint le nom qui sortira, je croise les doigts pour que ce ne soit pas Thomas. Le pauvre, il ne mérite pas une telle fin.
- Aela.
L'image de cette petite de douze ans me revient en tête. Je me souviens avoir été outré que Leferts enlève une enfant si jeune. J'entends encore ses petites phrases mignonnes, l'attention qu'elle portait à Alix, son regard plein d'admiration et sa bouille.
- Je suis désolé.
- Nous le sommes tous quand quelqu'un meurt. Caleb l'a massacré ...
Ses yeux se perdent dans le vide. Je me redresse et lui tends ma main. Les siennes pressées contre ses bras nues me donnent froid. J'enlève mon manteau et lui enfile sur ses épaules courbées.
- Je reviens, lui indiqué-je.
J'entre une nouvelle fois dans la capsule pour allez chercher la lettre et la glisse dans ma ceinture pour qu'Alix ne la voit pas.
- On peut y aller.
Une main derrière sur dos, je la soutiens durant le trajet.
- Où allons-nous ?
- Au Hangar, c'est l'endroit le plus près et le plus sûr pour toi.
- A l'Implosion ?
- Oui.
- Tu les as rejoints ?
Ses questions anodines la transforment en une enfant de dix ans. Elle ressemblerait presque à Snow mais en un peu plus faible.
- Oui et non. Ils m'ont trouvé alors que je me cachais dans l'un des laboratoires du Mur.
- Qui ?
- Kevin, m'irritè-je.
- Tu t'es réconcilié avec lui.
Je retiens mes dents de trop grincer.
- Pas vraiment. C'est plutôt le cahot entre nous deux ... Disons qu'il est une vrai ...
- Tête de mule ?, complète-t-elle avec son premier sourire.
- Exactement.
- Laisse le mijoter, je le connais assez pour savoir qu'il reviendra le moment venu.
Pour l'instant, ce n'est pas trop mon embrouille avec mon frère qui me chagrine mais celle avec Viviane. Ma curiosité creuse dans une quête aux réponses quasiment perdue d'avance.
- Quel jour sommes-nous ?
- Le 5 Décembre 2061.
Elle s'arrête.
- Ça fait deux ans !, s'étonne-t-elle.
- Oui, deux années compliquées mais la troisième le sera plus encore.
- Comment ça ? Dit moi tout, je veux savoir tout ce que j'ai raté.
Je pars donc dans la récitation d'un compte pas si utopique que ça. J'explique les grandes lignes de mes liens familiaux, de mes nouvelles amitiés avec Ayden et Snow, de l'imaginaire troisième guerre mondiale. Je complète mon récit par l'annonce de sa résurrection à tous les habitants du secteur 7.
Cependant, j'omets mon histoire avec Viviane.
Ma bouche s'assèche au bout d'une heure de marche. Les exclamations des sympathisants commencent à parvenir jusqu'à nos oreilles. Nous débouchons sur le Hangar, plein de vie.
Les yeux d'Alix se mettent alors à pétiller ...
Hey,
Comment réagiront les autres en voyant Alix ? Etes-vous content de son retour ?
N'hésitez pas à commenter, je réponds avec plaisir.
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